Palestine
En direct de Bethléem (Palestine
occupée) :
L’espoir est dans leurs yeux…
Mazin Qumsiyeh
La
résistance doit se construire dans ses
multiples formes
Samedi 10 mars 2018
Nous vivons dans une époque remarquable,
devenant tous les jours plus
« intéressante » encore. Prenons par
exemple, le coup de poing dans l’œil,
des Israéliens, par l’intermédiaire de
leur vassal, Donald Trump, pour le
décider à déménager l’ambassade
américaine dans Jérusalem occupée, le 15
mai prochain, qui est le jour de la
Nakba**quand, contraire au vœu de la
majorité des habitants, l’Etat juif fut
créé par la force des armes.
Génocide lent
Avant et après
cette date, le plus grand nettoyage
ethnique de la 2ème guerre
mondiale commença. La plupart des natifs
de la Palestine, de différentes
confessions, fut mise à la porte et 530
villes et villages furent dépeuplés.
Aujourd’hui, 7.5 millions sont des
réfugiés, 6.3millions vivent sous la
férule directe d’Israël. Les émigrés
ashkénazes, élite blanche européenne,
gouvernent cet Etat d’apartheid. Le 1.6
million de Palestiniens, placés sous loi
martiale jusqu’en 1966 et auxquels il
fut accordé quelques « droits de
citoyenneté » sont, en fait, l’objet
de nettoyage ethnique en tous genres :
démolitions de maisons, expansion des
colonies juives, tout comme d’ailleurs
ceux de Gaza et de la Cisjordanie. Il y
a, à Gaza, un processus méticuleux et
vicieux de génocide lent.
Judaïsation à marche
forcée
A Jérusalem, la
judaïsation est à marche forcée
avec l’application de programmes
interdisant la résidence et, récemment,
par des pressions accrues sur les
Chrétiens et les Musulmans pour les
priver de leurs biens religieux en les
taxant fortement jusqu’à la faillite
afin de se les approprier.
Cette semaine, les
Eglises chrétiennes, dont l’Eglise du
Saint Sépulcre, ont fermé leurs portes
en signe de protestation. Les hommes
politiques du monde entier ne disent mot
et les représentants de l’Autorité
Palestinienne ont émis des supplications
à peine audibles à l’intention de la
communauté internationale afin que le
droit international soit appliqué et le
peuple palestinien, protégé. Mais ils
continuent leur même politique, qui est
déjà un échec, et n’admettent pas avoir
commis d’erreurs. Comme tout individu
logique, concerné par l’histoire, le
sait, on ne mendie pas ses droits auprès
des oppresseurs. On doit les obliger à
abandonner le pouvoir. La résistance
doit se construire dans ses multiples
formes, sanctionnée par le droit
international (v. 4ème
Convention de Genève). Mahmoud Abbas
dont le mandat a expiré il y des années
et dont la santé se détériore, a fait un
discours devant le Conseil de Sécurité
des Nations unies, dans lequel il
concédait que son autorité ne
bénéficiait qu’aux occupant israéliens.
En finir avec la
farce d’Oslo et fonder une véritable
organisation de libération
Aussi le premier et
principal obstacle à la libération, au
retour des réfugiés et à
l’autodétermination en Palestine est le
gouvernement de Vichy à Ramallah. Il y a
longtemps qu’il aurait fallu en finir
avec la farce d’Oslo et fonder une
véritable « Organisation de
Libération de la Palestine », à
savoir, pour plus de clarté, de la
Palestine, toute entière, et non les 22%
« contestés » (Cisjordanie et Gaza)
de celle-ci (selon la terminologie
israélienne) pour lesquels Israël
négocie à longueur de temps ; libération
comme dans liberté sans acceptation de
l’apartheid ou de notions racistes d’un
« Etat juif » (cela incluant le droit
au retour des Palestiniens sur leurs
terres et leurs maisons) ;
organisation , comme des individus
s’organisant pour capter l’immense
énergie de 12.5 millions de Palestiniens
à travers le monde, ce qui requiert une
démocratie participative et non une
clique composée d’une élite comprador
(limites du mandat à 6/8ans pour tous
les représentants).
Remonter le courant
Tous les jours,
ici, nous travaillons la terre en
compagnie de gens dont nous constatons
l’étonnante énergie et les opportunités
incroyables. Nous avons planté 200
arbres indigènes (caroubier, chênes,
pistachier) avec des gens dont l’âge
allait de 3 à 80 ans. La lutte continue
contre des situations particulières…
Nous, Palestiniens avec nos amis
étrangers du monde entier continuons
« de ressentir de la joie en participant
aux chagrins du monde ». Le
printemps en Palestine est magnifique
avec son tapis de plantes colorées, ses
fragrances de bourgeons partout, le goût
des récoltes d’hiver toutes fraîches de
nos jardins ou nos serres et l’esprit de
notre peuple qui défie tous les
contraires … Nous apercevons l’espoir
dans leurs yeux. La vie est toujours
belle. Joignez-vous à nous si vous
refusez de vivre en poisson mort, mais
au contraire préférez remonter le
courant !
Mazin Qumsiyeh
habite à Bethléem. Il est directeur du
Palestine Museum of Natural History
et du
Palestine Institute of Biodiversity and
Sustainability.
On peut le
joindre sur Facebook :
https://www.facebook.com/mazin.qumsiyeh.9
Nota : Le
titre et les intertitres sont de la
rédaction du blog
*Source (version
originale):
We see hope in their eyes
Traduction et
Synthèse:
Xavière Jardez
** La
Nakba désigne l’expulsion
des Palestiniens de leurs villes et
villages par les milices sionistes en
1948. Elle est commémorée le 15 mai de
chaque année.
Les dernières mises à jour
|