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La fin du commencement !
Me Maurice Buttin
Me Maurice Buttin, président du CVPR
PO
Samedi 27 avril 2019 +Le projet
sioniste est plus que jamais menacé...
au profit des Palestiniens !
Editorial de Me
Maurice Buttin (revue de presse :
Courrier du CVPR –
Janvier/Mars 2019)*
Au lendemain des
« Accords d’Oslo », naïvement persuadé
de l’honnêteté des dirigeants
israéliens, j’avais écrit dans le
Forum du journal La Croix
deux articles favorables à ces accords.
Reprenant la citation de Winston
Churchill, le 10 novembre 1942, au
lendemain de la victoire d’El Alamein :
« Ce n’est pas la fin. Ce n’est même
pas le commencement de la fin. Mais
c’est peut-être la fin du commencement »,
j’avais retenu les deux premières
assertions comme titre pour ces
articles, le premier le 9 octobre 1993,
le deuxième en mai 1994, après les
« Accords de Taba ». J’espérais écrire
la troisième assertion en faveur des
Palestiniens, qui devaient trouver une «
autorité intérimaire de l’autonomie
(...) pour une période transitoire
n’excédant pas cinq ans (...) menant à
un arrangement permanent basé sur les
résolutions 242 et 338 du CDS de l’ONU »
J’évoquais la
déclaration de Shimon Pérès, ministre
israélien des Affaires Etrangères, après
la signature, le 13 septembre 1993, de
la « Déclaration de principe sur des
arrangements intérimaires d’autonomie » :
« Ce que nous faisons aujourd’hui
est plus qu’urne signature, c’est une
révolution. Les peuples israéliens et
palestiniens, qui ont combattu pendant
près d’un siècle, se sont accordés à
s’engager, de façon décisive sur le
chemin du dialogue, de la compréhension
et de la coopération ».
Oubli de la réalité de l’idéologie
sioniste, ou, plus simplement,
affirmation hypocrite de Shimon Pérès
pour tromper l’adversaire ?
Quoiqu’il en soit,
je n’ai jamais pu écrire la troisième
assertion de W. Churchill...
En effet,
occupation ; colonisation ;
humiliation ; répression ;
arrestations ; discrimination ;
démolition de maisons ; assassinats
ciblés ; arrachage de milliers
d’oliviers ; mur de l’apartheid ;
routes de contournement pour les
colons ; annexion de Jérusalem proclamée
« capitale éternelle et indivisible
d’Israël » ; Gaza, devenu
depuis 2007 une « prison à ciel
ouvert », meurtrie par trois guerres
successives ; victime depuis un an de
meurtres de manifestants non violents,
par des snipers « jouant » au tir au
pigeon ; politique d’apartheid, de
facto, aussi bien en Palestine
occupée que dans l’Etat israélien
lui-même, aujourd’hui de jure,
après la Loi fondamentale du 19 juillet
2018 définissant Israël comme « Etat-nation
du peuple juif », telle a été la
politique des dirigeants israéliens
depuis l’assassinat de l’un des leurs,
le 5 novembre 1995, par leur haine du « traitre
des Accords », le Premier ministre
Y. Rabin – encore que ce dernier, quant
à la reconnaissance de l’Etat
palestinien proclamé le 15 novembre
1988, n’avait pas hésité à écrire : « Yasser
Arafat peut toujours rêver ». Sans
commentaire.
Et bien,
j’emprunterai aujourd’hui la troisième
assertion de W. Churchill pour évoquer
la présente situation de l’Etat
israélien, ce d’autant plus qu’en marge
du Forum Économique Mondial de Davos, en
janvier 2018, le président Donald Trump,
s’exprimant à côté du Premier ministre
israélien a modifié, pour ne pas dire a
rayé de la carte, les règles d’un
éventuel processus de paix israélo-
palestinien en déclarant « nous avons
retiré Jérusalem de la table des
négociations, donc nous n’avons plus à
en discuter » !
Alors,
désormais, quid du devenir d’Israël ?
Ses dirigeants,
Benyamin Netanyahou en tête, mènent
actuellement une politique nationale
sioniste qui est suicidaire pour le
pays : ils s’opposent ouvertement à
l’indépendance de l’Etat palestinien et
envisagent, bien au contraire, de
l’annexer purement et simplement. Il
n’y a plus que les dirigeants
occidentaux qui croient encore à
deux Etats ! (C f. page 26 la réponse de
l’Elysée).
Un seul Etat
demain ? Ce sera un jour, plus ou moins
proche, le triomphe de l’option
binationale envisagée par le Livre blanc
britannique en 1939.
Mais quid alors du
sionisme ? Avraham Burg, ancien
président de la Knesset, a répondu à la
question d’une manière prémonitoire,
dans Le Monde du 11 septembre
2003 : « La révolution sioniste
reposait sur deux piliers : la soif de
justice et une équipe dirigeante soumise
à la morale civique. L’une et l’autre
ont disparu. La nation israélienne n’est
plus aujourd’hui qu’un amas informe de
corruption, d’oppression et d’injustice.
La fin de l’aventure sioniste est à
notre porte... ».
N’est-ce pas criant
lorsque l’on voit Benyamin Netanyahou,
visé par une triple procédure
d’inculpation, décidé coûte que coûte à
rester au pouvoir, aller jusqu’à faire
alliance pour les élections du 9 avril
prochain, avec un parti raciste,
Force juive, héritier du rabbin Meir
Kahane, le père du parti Kach,
classé comme organisation terroriste aux
Etats-Unis ! Lorsqu’on le voit, aussi,
courtiser en Europe des gouvernements
nationalistes de droite, racistes et
antisémites !
Dans son orgueil
démesuré, son appétit du pouvoir, le
Premier ministre et ses thuriféraires « mènent
le pays à un Etat d’apartheid »
écrivait feu Uri Avnery (1) : « Il
n’y a aucune autre possibilité. L’Etat
Nation juif de la mer Méditerranée au
désert, avec une majorité arabe, qui
augmentera inexorablement, jusqu’à ce
que l’équilibre du pouvoir au sein de
l’Etat bascule, que la situation
internationale change, et que la volonté
du « peuple élu » faiblisse. C’est
arrivé dans l’histoire à maintes
reprises et cela nous arrivera. L’Etat
juif se transformera en Etat binational,
avec une minorité juive, qui se réduira
du fait que les Juifs ne voudront pas
vivre dans un tel pays »
Oui, un Etat,
deux Etats, nous sommes bien à la veille
du « commencement de la fin du
sionisme » !
(1)Sur le site de
Gush Shalom le 26 mai 2018
*Me Maurice
Buttin est président du CVPR PO
(Comité de Vigilance pour une Paix
Réelle au Proche-Orient)
_________________
Après les
élections israéliennes
Le projet
sioniste est plus que jamais menacé...
... au profit
des Palestiniens !
Les Israéliens ont
voté ce 9 avril. Si la liste de centre
droit Bleu Blanc de l’ex général Benny
Gantz a quasi fait jeu égal - au nombre
de sièges, 35 - avec le Likoud - 36,- de
Benyamin Netanyahou, c’est bien celui-ci
qui est, à nouveau, sorti vainqueur des
législatives, avec ses alliés de
toujours, d’extrême droite et de droite,
en particulier les deux principaux
partis ultra orthodoxe, Shas et Judaïsme
unifié de la Thora. Le Parti
travailliste, créateur de l’Etat
d’Israël avec David Ben Gourion, est
laminé - 6 sièges -. Les partis arabes
palestiniens, hélas, divisés cette fois,
n’ont plus que 10 sièges : 6 au Hadash-Taal
(Alliance arabe laïc) 4 au Raam Balad
(Alliance arabe islamiste).
Une fois de plus
une campagne électorale axée sur la
sécurité a fait florès. De fait, la
majorité des citoyens israéliens sont
éduqués et vivent dans la peur : une
propagande habile leur ressert en
permanence « Les Arabes veulent nous
jeter à la mer !». Et pourtant qui ne
sait que ce pays, a sur pied l’une des
armées les plus équipées et les plus
fortes au monde, possède la bombe
atomique, vient d’expédier la sonde
Beresheet sur la lune, même si celle-ci
s’y est écrasée et ne remplira pas sa
mission ? Non, aux seuls mots de hamas,
hezbollah (mouvements qui sont
considérés comme des « chevaux de Trois
de l’Iran ») prononcés par Benyamin
Netanyahou, les peurs ancestrales ont
refait surface !
Désormais, la route
est libre, Netanyahou, Premier ministre
pour la 5 ème fois, va pouvoir réaliser
ses promesses électorales et poursuivre
la conquête d’Eretz Israël, comme le
confiait Sharon, en novembre 2001, au
journal Haaretz « La guerre
d’indépendance n’est pas terminée. Non,
1948 n’était qu’un chapitre »...
Cela signifiera, le « commencement de
la fin du projet sioniste ».
« Dans l’un des
discours de Netanyahou, une phrase se
cachait que, semble-t-il, personne n’a
remarquée, sauf moi. Il a dit que la
«sécurité» dans le pays - ce qui veut
dire le droit de recourir à la force
armée de la Méditerranée au Jourdain -
serait de façon exclusive entre les
mains d’Israël. Cela, en termes simples,
signifie une occupation éternelle,
réduisant l’entité palestinienne à une
sorte de Bantoustan » écrivait le
regretté Uri Avnery sur le site du Gush
Shalom, le 27 mai 2017.
Certes,
aujourd’hui, Israël pourrait être
rejoint par une partie des Etats arabes
sunnites, le président Trump nous sortir
prochainement son « Plan de paix du
siècle », et les Palestiniens devoir
vivre pendant 10, 15 ou 20 ans, sous un
régime d’apartheid... mais, demain, des
manifestations de colère populaires -
comme présentement en Algérie - dans
tout le Proche-Orient ; l’arrivée au
pouvoir de nouveaux leaders arabes en
Palestine ou/et dans un pays proche ;
des dirigeants de la Communauté
internationale enfin courageux ; aux
Etats-Unis, aujourd’hui même, des
dissensions apparaissent au sein de
l’AIPAC et des voix nouvelles au parti
démocrate, des étudiants sur les campus
manifestent leur opposition à Netanyahou
et soutiennent BDS ; cette campagne se
généralisant dans le monde, et la donne
changera totalement. L’espoir est là
pour le peuple palestinien !
Trump dans sa
distribution de terres qui ne lui
appartiennent pas pas, Natanyahou dans
son orgueilleuse optique politique «
après moi le déluge ! », ont-t-ils
conscience de la situation d’Israël à
plus ou moins long terme ?
La population
palestinienne, dans son ensemble (Israël
et Palestine occupée, dont Jérusalem-
Est et Gaza) devenue égale en nombre - 6
500 000 habitants - voire supérieure, à
la population juive, Israël redeviendra
un jour plus proche que d’aucuns le
croient ... la Palestine !
Maurice Buttin,
président du CVPR PO
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