Accueil Luc Michel Dossiers Auteurs Communiqués Agenda Invitation à lire Liens Ressources
Dernières mises à jour Les rapports du CPI Le Hamas Les vidéos BDS Ziad Medoukh Centre de la Paix Gaza Université al-Aqsa Gaza Qui? Pourquoi?

Google
sur le web sur Palestine Solidarité

 

 
Centre Palestinien
d'Information



WAFA


 
Invitation à lire





BDS



Solidarité



Produits palestiniens



Eurasie-Afrique


 
En direct d'Iran



Agence syrienne



Agences Russes




 
Radio Chine

Internationale
 
Palestine Solidarité
sur Facebook



Palestine Solidarité
sur VKontakte



 


   


Décodage anthropologique

La barbarie commence seulement

Manuel de Diéguez

Vendredi 16 octobre 2018

En mai 1948, à l'âge de vingt-six ans, j'ai publié un ouvrage au titre pessimiste à l'époque: La Barbarie commence seulement. Le 10 mai 1940, tout le monde avait le sentiment que la guerre déclenchée contre la France inaugurait un long reflux de la civilisation mondiale. Mais la notion de barbarie demeurait imprécise et impossible à cerner: c'était bien davantage le concept de dictature, donc de tyrannie, qui avait fait l'objet des analyses d'Hannah Arendt. Et il est bientôt apparu que la notion de barbarie, au titre de rechute dans la sauvagerie sanglante, donc de retour aux tortures publiques, aux crucifixions, au démembrement sanglant des corps et à l'exposition des chairs jusqu'à décomposition pratiquée en Arabie saoudite, n'avait pas encore trouvé sa place dans la réflexion politique et dans la science de la guerre du monde moderne.

Ma hâte de jeune philosophe d'approfondir le concept de barbarie se heurtait encore à des apories insurmontables. J'avais relu ligne par ligne le Bellum Gallicum de Jules César. Avec quelles armes d'une réflexion de fond sur l'histoire et la politique devais-je traiter la décision du futur empereur romain de couper le poing droit des défenseurs d'Uxellodonum afin de mettre un terme à la résistance de la dernière tribu gauloise insurgée par un acte de cruauté inhabituel du général romain. Il s'agissait de créer un sentiment de terreur et d'horreur dans le but de décourager toute velléité d'insurrection chez les nations gauloises vaincues.

Une réflexion tragique sur l'histoire demeurait radicalement absente de la science historique de type universitaire. Trois quarts de siècle plus tard, la science historique est toujours aussi démunie faute d'une anthropologie des hommes et des nations fondée sur la connaissance de la barbarie propre à la sauvagerie du genre humain. Mais il était admis que le concept de barbarie s'était depuis longtemps évadé du seul territoire de la guerre et des conflits armés en général, pour faire tache d'huile sur la globalité des comportements de l'animal rationale qu'on appelle l'homme.

Il est extraordinaire pour l' auteur de La Barbarie commence seulement, de se voir demander soixante-dix ans plus tard quel est à ses yeux le plus grand changement qui s'est produit depuis 1948 dans la compréhension et la perception de cette question. A mon avis, ce qui me semble le plus surprenant, c'est que les démocraties auto-proclamées défenderesses des droits de l'homme, sont aujourd'hui placées au cœur de toute tentative d'une réponse sérieuse. Est-il de nos jours une démocratie qui puisse se passer de se mettre elle-même sur la sellette ? Est-il concevable qu'un gouvernement anglais, officiellement démocratique, fabrique et utilise des poisons afin d'en imputer la responsabilité à un autre Etat? Est-il concevable que des gouvernements occidentaux, dits démocratiques, créent et subventionnent des armées de "fous de Dieu", les utilisent comme forces supplétives et les expédient ravager des Etats souverains, de l'Afghanistan à la Syrie, en passant par l'Irak et la Libye?

"C'est la vie", s'est récemment exclamé, rigolard, Laurent Fabius, le ministre français qui jugeait que les barbares "faisaient du bon boulot". Si "c'est la vie", c'est donc que telle est la nouvelle normalité politique des démocraties occidentales. La banalisation de la barbarie est en bonne voie.

Dans quelle case une science historique ouverte à la connaissance scientifique du genre humain dans sa globalité, faut-il placer l'exploit macabre de la cour royale d'Arabie saoudite de couper les doigts d'un journaliste, puis de le dépecer tout vif? Dans quelle case d'une connaissance vraiment anthropologique et propre à la science historique situer un massacre religieux fondé sur le culte d'Allah, de Jahvé ou du dieu des chrétiens? Pour cela, il faudrait commencer par rendre réellement scientifique, c'est-à-dire rationnelle, la connaissance des mécanismes psychologiques qui ont conduit aux guerres de religion et aux massacres commandés par une foi proclamée "véritable".

Mais la science historique moderne ignore tout de l'animal religieux en tant que tel et fier de l'être. En réalité, Adam demeure aussi ignorant que du temps de Jules César. L'homme cet inconnu, le titre de l'ouvrage d'Alexis Carrel, demeure aussi précautionneusement emprisonné dans la timide analyse du médecin dont le champ demeure sagement circonscrit au siège des cabinets médicaux. Mais si le monde occidental devait explorer la notion même de science médicale dans toute son extension et dans son entière spécificité, afin de mettre sur la sellette la notion de barbarie, jusqu'à quel point faudrait-il enrichir les connaissances des Esculape de cabinet?

La nouveauté se trouve donc dans le fait que l'Arabie des Saoud dispose de forces spéciales et proprement factieuses et qu'il s'agit de factions calquées sur le modèle militaire ensauvagé officiellement en vigueur depuis les procès de Nuremberg, à la suite desquels les généraux vaincus avaient été jugés et exécutés. C'est ainsi que dans les guerres du Moyen-Orient, les vaincus sont torturés, crucifiés ou pendus. Comment s'étonner de la chute de la police officielle saoudienne dans la barbarie la plus sanglante?

Autre temps: dans ses Mémoires, le duc de Saint-Simon rapporte que l'armée victorieuse rendait souvent hommage au général vaincu s'il s'était courageusement défendu.

Je remarque que, de nos jours, la barbarie est partout, à la fois parareligieuse et paramilitaire et qu'elle ne dispose pas encore d'une réflexion théologique proprement dite et qui serait directement inspirée par le Coran , les Evangiles ou la Thora. Or, depuis la nuit des temps, c'est dans les guerres à dominante religieuse que les massacres sont les plus sauvages.

26 octobre 2018

 

 

   

Le sommaire de Manuel de Diéguez
Les dernières mises à jour



Source : Manuel de Diéguez
http://aline.dedieguez.pagesperso-orange.fr/...

Abonnement newsletter: Quotidienne - Hebdomadaire
Les avis reproduits dans les textes contenus sur le site n'engagent que leurs auteurs. 
Si un passage hors la loi à échappé à la vigilance du webmaster merci de le lui signaler.
webmaster@palestine-solidarite.org




Ziad Medoukh

Analyses et poèmes
 
Toumi Djaidja

Analyses

René Naba

Analyses
 
Manuel de Diéguez

Analyses

Hadassah Borreman

YECHOUROUN

Bruno Guigue

Analyses

Chems Eddine Chitour

Analyses

Mikhaïl
Gamandiy-Egorov

Afrique-Russie
 
Luc Michel

Analyses

Fadwa Nassar

Analyses et traductions
 
Robert Bibeau

Analyses
 
Salim Lamrani

Analyses
 
Manlio Dinucci

Analyses
 
Mohsen Abdelmoumen

Analyses