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Opinion

Le Dieu des Sorbonne et le Dieu de l'histoire

Manuel de Diéguez


Manuel de Diéguez

Vendredi 20 novembre 2015

Avertissement
1 - Un " Master of Divinity " en Amérique
2 - Le cratère ouvert par le verbe comprendre
3 - Petite histoire anthropologique du sacré
4 - Un pilote fabuleux du cosmos
5 - Pour une laïcité réflexive
6 - Dieu débarque à nouveau dans la politique

Avertissement

Que de changements depuis la guerre de Suez de 1956! En ce temps-là, la foudre atomique marxiste de Moscou et la foudre atomique capitaliste de Washington menaçaient ensemble Paris et Londres de les changer en deux Hiroshima de plus s'ils tentaient d'arracher sa proie au Colonel Nasser qui avait nationalisé le canal.

Et maintenant, les forces aériennes russes approuvent la flotte de guerre anglaise et française engagées au secours de Paris, que l'islam primitif ressuscité voudrait changer en mouton égorgé à la gloire d'Allah. En ce temps Washington passait pour le libérateur de tous les peuples de la terre placés sous le joug du colonialisme. En ce temps-là, toutes les nations de la terre, et d'abord la communauté juive mondiale, s'étaient précipités à Washington, le nouvel épicentre de la planète des songes et du sang.

Et maintenant l'Europe essaie de glisser hors de l'étau de l'OTAN, et maintenant, la France groupe autour d'elle un embryon d'Europe militaire, et cela à l'école même du traité pourtant vassalisateur de Lisbonne. Toute puissance naît d'un victimat ressuscitatif.

Les frêles épaules de M. Hollande supporteront-elles le poids des responsabilités qui l'attendent? Reviendra-t-il de Washington en guide à l'échine brisée ou en serviteur d'une France vassalisée? Les jours qui viennent nous le diront, mais je doute que les circonstances suffisent à changer la stature du chef de l'Etat.

Car le 13 novembre, toute la classe politique française, toute la presse et tous les médias ont assisté dans la stupéfaction la plus sincère au débarquement en plein Paris des mêmes guerriers d'Allah dont Charles Martel avait brisé l'élan à Poitiers en 732. Si l'intelligentsia de la démocratie mondiale devait persévérer à se tenir à l'écart de toute connaissance scientifique, donc anthropologique, des cosmologies mythiques, la laïcité acéphale des modernes demeurerait aussi éloignée de la connaissance du genre humain que l'Eglise du XVIe siècle face à Copernic et à Galilée.

A la suite de l'analyse ci-dessous du personnage imaginaire le plus puissant de la géopolitique, je publierai, le 27 novembre, une lettre philosophique aux grands chirurgiens d'avant-guerre qui aideront la philosophie moderne à retrouver sa vocation médicale originelle.

Puis, le 4 décembre, j'étudierai la signification anthropologique de la notion d'handicapé appliquée aux hommes politiques contemporains. De toute façon, les historiens-anthropologues prendront acte de ce que le 13 novembre 2015 aura enterré à jamais l'inscription qui ornait les cadrans solaires et qui disait: "Omnia creasti, nec minore regis providentia": "Ta prévoyance a créé toutes choses et c'est avec la même prévoyance que tu diriges l'univers".

La nouvelle expansion planétaire de l'islam n'a pas pris rendez-vous avec une seconde bataille de Poitiers, mais avec un approfondissement vertigineux de la connaissance psychobiologique d'une espèce scindée entre le réel et le songe et qui exorcise le silence et la nuit de l'immensité à se donner pour supports de gigantesques personnages imaginaires avec lesquels elle entretient des relations oniriques suivies et structurées en orthodoxies.

Entre temps, la laïcité prometteuse de 1905 a manqué son rendez-vous avec les sciences humaines et s'est rendue aphasique; mais l'heure a sonné pour les démocraties acéphales de se demander ce qu'il en est, dans l'abîme, du seul animal qui se cherche une boussole dans l'infini.

Le 29 octobre, je diffusais à titre présumé posthume les trois résumés des 6, 13 et 20 novembre de mes analyses rédigées d'avance. Je diffuse à nouveau ce résumé.

Rappel du 29 octobre

Le 20 novembre, je traiterai de la réforme européenne de nos Sorbonne, qui sont retournées au Moyen-Age. Comment ce Continent s'est-il enferré dans une scolastique aussi pseudo rationaliste que la précédente? Car la science historique et la politologie du XXIe siècle en appellent au même combat contre les Bridoye et les Trissotin qu'au XVIe siècle.

Mais pour comprendre comment la vassalisation de l'Europe de l'abstrait et de la France des pseudo philosophes de l'histoire en sont venues à pratiquer le culte du sceptre et du mythe américains de la Liberté, il faut tenter de sortir du Moyen-Age d'aujourd'hui, ce qui exige un rapide exposé des fondements d'une anthropologie originelle du sacré. Celle-ci dépose les trois dieux uniques sur l'établi et les observe dans leurs exercices en laboratoire.

1 - Un " Master of Divinity " en Amérique

L'Université américaine a ouvert ses portes à un Master of Divinity censé compatible avec la pensée rationnelle et l'esprit logique du monde moderne. Cette appellation d'une réalité mi-scientifique, mi-culturelle, peut se traduire par "maîtrise es divin", mais elle se révèle pratiquement réservée au Dieu protestant et américain. Les limites imposées à l'exercice de cette discipline par les Réformes conjuguées de Luther et de Calvin répondent à l'étroitesse de l'enceinte dans laquelle les Universités démocratiques du monde entier enferment l'objet de leur prétendue "recherche" sur un sacré "objectivé". Car elles contrôlent avec prudence le degré de profondeur auquel l'anthropologie scientifique se trouve autorisée à descendre.

Depuis leur origine, les Sorbonne ne sont pas explicatrices de leurs cloisonnements épistémologiques, les Sorbonne ne sont pas approfondissantes du type de raison dont elles usent et de leur espèce de savoir, les Sorbonne se contentent de communiquer l'événementiel le plus aisément mémorisable, les Sorbonne lient leur enseignement à la problématique censée placer d'avance la question posée dans le cadre de la tradition pédagogique. Il n'y a pas de motif que le Dieu enseigné aujourd'hui dans les Universités américaines se veuille moins surveillé et moins scolarisé que celui des Bridoison ou des Bridoye de Rabelais: le sujet est trop sérieux pour y compromettre l'autorité peu aventureuse du monde universitaire.

Le Master of Divinity échappe si peu à la règle qui régit le savoir des amphithéâtres qu'il vient seulement, et sous la plume d'un Français (Jean-François Colosimo, Dieu est américain: De la théodémocratie aux Etats-Unis, Fayard 2006) de retrouver du moins l'enseignement de Tocqueville, qui démontrait, il y a près d'un siècle et demi, que le Dieu américain est nationaliste jusqu'à la moelle et que sa fonction patriotique est de témoigner sans cesse sa protection constante et particulière aux seuls Etats-Unis.

Voir : Oraison funèbre de la France , 6 juillet 2013

Aussi, le Zeus de l'endroit passe-t-il son temps à dispenser ses bénédictions à la Maison Blanche où il a siégé jusqu'en 2001. On se vient de la foi la Ministre des affaires étrangères du Président Clinton et qui a publié, en collaboration avec un journaliste, ses mémoires sous le titre Dieu, l'Amérique et le monde. (Madeleine Albright avec Bill Woodward, préface de Hubert Védrine, avant-propos de William J. Clinton ; traduit de l'américain par Monique Briend-Walker, éditions Salvator, 2008. Titre original: The Mighty and the Almighty : reflections on America, God and world affairs)

Voir: La diplomatie américaine et la religion ,A propos de Dieu, l'Amérique et le monde de Mme Madeleine Albright, ex-ministre des affaires étrangères des Etats-Unis , 17 nov 2008)

Par l'expression Mighty et Almighty, Mme Albright reprend à son compte l'antithèse théologique classique entre la puissance humaine et l'omnipotence divine, mais elle s'y prend à l'américaine en situant la puissance divine, Almighty, comme une sorte de continuation naturelle de la puissance américaine sur la terre. Mais ni les trois monothéismes, ni la théologie américaine ne connaissent de réflexion sur le surnaturel en tant que tel: le spirituel n'est que le transphysique, l'au-delà du monde matériel. Aussi tous les temples d'obédience chrétienne sont-ils propices à servir une divinité territorialisée, farouchement sélective et qui s'est choisi, pour le seul bénéfice d'une universalité précautionneusement localisée, le peuple élu le plus approprié à l'exercice de son apostolat.

Car, depuis 1945, l'histoire de notre astéroïde s'est américanisée au point que le globe terrestre a changé les cartes et l'échiquier de Dieu dans les Universités du monde entier. Du coup, l'Europe cogitante, donc exercée à une pratique multiséculaire du Dieu originel, découvre soudainement que la pauvreté de sa connaissance scientifique du mammifère détoisonné interdit purement et simplement à ses historiens et à ses politologues de comprendre goutte aux guerres de religion du XVIe siècle et aux remous consécutifs à la Révocation de l'Edit de Nantes en 1685.

2 - Le cratère ouvert par le verbe comprendre

Comment nos historiographes et nos mémorialistes les plus chevronnés, comment nos géopoliticiens les plus conscients des conséquences de la récente extension de leur discipline aux cinq continents se passeraient-ils plus longtemps de tenter de comprendre pour quelles raisons anthropologiques la France du XVIe siècle s'est déchirée à mort entre, d'un côté, les catholiques et les protestants, de l'autre. Les premiers proclamaient seul "vrai et réel" un sacrifice comportant, primo, la consommation de la chair crue d'une victime humaine censée étendue sur l'autel et secundo, la potion salvifique de son hémoglobine. Les seconds donnaient leur tête à couper et se montraient prêts à se faire massacrer pour soutenir mordicus que la chair "réelle" de Jésus-Christ n'était exposée qu'à titre symbolique sur tous les offertoires et les propitiatoires de la chrétienté.

Mais l'enseignement universitaire a tellement peur de porter le sens du verbe comprendre à la profondeur anthropologique requise par l'examen de l'objet de son observation qu'il rétrécit le champ d'investigation de l'enseignement simiohumain supérieur et le réduit à la connaissance des évènements culturels ou cultuels qui se sont échelonnés d'un siècle au suivant: il faut donc que l'étudiant promu au rang de "docteur du ciel des chrétiens" réduise son attention à saisir du regard un échiquier rabougri, afin qu'il figure le plus glorieusement possible au palmarès de l'excellence doctrinale et universitaires confondues. De même si le professeur de littérature s'avisait, le malheureux, d'expliquer à ses étudiants de quoi il est réellement question dans les abysses des Aventures de don Quichotte ou de celles de Gulliver, on lui reprocherait de substituer un enseignement de la philosophie à celui de la littérature.

Qu'est-ce qu'enseigner la littérature si ce type de connaissance ne fait rien connaître et comprendre ni des cheminements secrets de la création littéraire ou poétique, ni des sentiers cachés qui font, du mammifère détoisonné une bête schizoïde et dont la moitié de la cervelle le fait vivre dans des mondes fabuleux et fantastiques - ceux dont de multiples théologies sont censées tracer les contours doctrinaux? Mais pourquoi tenter de comprendre le XVIe siècle un peu mieux que la loi de 1905, qui ne pensait qu'à libérer l'espace public du spectacle des dévotions?

3 - Petite histoire anthropologique du sacré

Les peuples primitifs étaient obsédés et traqués par leurs dieux. Il y avait des autels non seulement dans les temples, mais encore dans les rues et dans les maisons; dans les maisons, ils se trouvaient dans la cour, où on sacrifiait aux dieux de la famille (penates); de même encore dans l'atrium on sacrifiait aux dieux protecteurs de la maison (lares), sur un petit foyer (focus); donc par métonymie, arae focique signifie les autels des temples et les foyers consacrés aux lares et aux penates dans l'atrium, c'est-à-dire dans les sanctuaires des temples et des maisons.

Si le sacré tardif de l'époque reposait quasi exclusivement sur les sacrifices d'animaux, c'est que l'âge des sacrifices d'êtres humains aux puissances célestes se trouvait, du moins globalement, d'ores et déjà dépassé dans le monde entier. Certes, César raconte que les Gaulois immolaient leurs congénères à leurs dieux quand les circonstances exigeaient qu'on leur donnât des offrandes de grand prix, certes, tous les historiens romains cachent aux lecteurs de leur temps que les sacrifices humains battaient secrètement leur plein du temps des guerres puniques, certes, les habitants de Tyr étaient revenus aux sacrifices humains parce que , pensaient-ils, seuls la chair et le sang des hommes étaient de nature à apaiser la voracité des dieux et leur soif de sang pour vaincre Alexandre qui assiégeait leur ville, certes, nous avons tous lu le Salammbô de Flaubert.

Mais les sacrifices de bœufs ou d'animaux domestiques suffisaient depuis longtemps à nourrir les Célestes immergés dans le train-train des jours. Il n'était plus question de leur présenter des Iphigénie de village à tout bout de champ pour effacer broutilles et peccadilles. C'est pourquoi la révolution anthropologique originelle tentée par le Jésus des chrétiens n'était plus de déraciner des sacrifices humains déjà largement en perdition et pratiquement abandonnés dans tout le monde antique, mais d'extirper le principe même selon lequel les dieux seraient avides de la chair des poulets et des bœufs et qu'ils se montreraient assoiffés de leur sang et insatiables de leur chair. La véritable révolution du Galiléen est culturelle: ma chair, dit-il, est le pain de votre communion de tous les jours, avec mon esprit mon sang est le vin du ciel. Je vous demande de le boire, non point comme un aliment qui désaltèrerait un souverain du cosmos, mais seulement en souvenir de mon passage parmi vous.

Il est saisissant que le sens des paroles du Galiléen aient si mal sonné aux oreilles du monde de l'époque et que son Eglise se soit aussitôt attaquée à la tâche d'abolir une révolution cultuelle aussi immense que celle qui ferait dire à Mozart : " Mon vrai corps n'est autre que mon œuvre musicale. Si vous vivez en communion avec mon corps musical, qui est un pain spirituel, ce sera ma véritable substance qui sera votre nourriture."

Mais l'Eglise catholique est aussitôt retournée au "vrai et réel sacrifice" dont se réclame l'orthodoxie et qui se calquait sur l'immolation sacerdotale des bœufs et des poulets: on dévorerait la "chair" de la victime à belles dents et l'on aspergeait l'autel du sang de la bête immolée, parce qu'on n'imaginait pas de plus haute délectation, pour une divinité cléricalisée par ses devins, que de mâcher avec gourmandise une chair de premier choix et d'en boire le sang à pleines rasades.

On voit que si la pensée laïque approfondissait la connaissance anthropologique et historique des mythes sacrés et, avant tout le sens profond des sacrifices, qui constituent le pivot politique de la foi religieuse en tous temps et en tous lieux, elle retrouverait sa vocation originelle de figurer le fer de lance d'une épistémologie du genre humain et de son histoire dans le miroir de la raison.

4 - Un pilote fabuleux du cosmos

Certes, le crucifié était de son temps: à l'instar de Muhammad, son lointain successeur, il croyait qu'il avait un papa dans les nues - mais il n'imaginait pas encore que ses fidèles élèveraient également sa maman dans la stratosphère. Mais si le souffle religieux qui inspirait l'immolé du Golgotha ne s'était pas élevé au symbolique avec deux millénaires d'avance, sa modernité ne serait pas à venir. Car le retour du monde contemporain à la croyance en l'existence d'un pilote fabuleux du cosmos se focalise sur un monothéisme qui n'a précisément pas aboli la substitution d'un animal domestique aux sacrifices humains des origines. L'islam se trouve dans la situation bancale de perpétuer la croyance barbare selon laquelle Dieu aurait besoin de l'égorgement d'une victime de l'autel et de se rassasier d'une chair et d'un sang au rabais, celui d'un mouton à la place de celui d'Isaac, d'Iphigénie ou de son "fils", Jésus.

Si l'on examine la loupe le sens de la vraie révolution christique, celle d'éradiquer les sacrifices d'animaux de substitution après les sacrifices humains le plus coûteux, la modernité du Galiléen est encore largement pour demain, puisqu'il se révèle le premier découvreur du pain et du vin propres à l' "esprit". Du coup, on comprend mieux le traumatisme psychique qui l'a frappé de plein fouet à découvrir que le géniteur, l'administrateur, le gestionnaire et le pilote du cosmos se rangeait du côté du sacrifice humain et qu'on lui demandait de jouer le rôle d'une Iphigénie des chrétiens.

En 1499, Erasme tentait d'expliquer à Luther le "dégoût" et la "terreur" du Christ à l'heure de son sacrifice, alors que l'Eglise et les théologiens de l'époque s'indignaient de sa panique de femmelette. Alors que la seule perpétration de son sacrifice sauvait tout le genre humain, il aurait dû courir à la mort avec des "bondissements de joie" comme saint André. Mais qu'est-ce que le courage spirituel? Erasme n'y voit que la finesse d'esprit de Nicias face au baroudeur Lachès décrit par Platon.

Aujourd'hui encore, les musulmans reculent, horrifiés à l'idée qu'on pourrait les priver de l'immolation effective, et de leur propre main, d'un mouton bêlant et qu'Allah se contenterait d'une chair crue qui lui serait fournie par des bouchers et des charcutiers, tellement le sacrifice d'un mouton innocent à Allah souffre de l'ambiguïté anthropologique d'un sacrifice qui ne sait plus sur quel pied danser: si la bête est égorgée et saignée par un professionnel de la viande à consommer, ils se sentent frustrés de tout ce que leur foi présente de tangible à leur imagination; mais, dans le même temps, leurs imams leur enseignent que le mouton occis chaque année présente une valeur strictement symbolique et que la véritable religion substantifie exclusivement des symboles saturants.

5 - Pour une laïcité réflexive

Ici encore, si une laïcité demeurée réflexive fécondait une science historique et une géopolitique pensantes, elle redeviendrait le Titan cérébral dont elle aurait dû assumer la vocation pédagogique à la fin du XIXe siècle et au début du XXe. Car l'heure avait sonné pour elle de récolter les fruits de la mission du siècle des Lumières, qui avait commencé de substituer l'âge de la raison à l'âge du sacré le plus originel, celui de l'assassinat de l'homme ou de la bête sur les autels.

Si la laïcité avait persévéré sur le chemin tracé par les Encyclopédistes, Benoît XVI n'aurait pu, en 2006, dans une homélie prononcée à la Chapelle Sixtine, expliquer au peuple romain que non seulement Jésus était venu en personne accueillir Jean Paul II sur le seuil du paradis, mais que, par une faveur exceptionnelle sa maman l'avait accompagné dans sa démarche.

Voir - A propos de la mort sacrificielle de Jean Paul II , 12 avril 2005

Encore une fois, si la laïcité était demeurée pensante, l'infantilisation des chrétiens n'aurait pu les conduire à la même stupidité qui faisait dire à Bérenger au XIe siècle que la transsubtantiation du pain du boulanger en chair de la victime saignante sur l'autel du sacrifice faisait, des chrétiens du monde entier un "troupeau de sots".

Mais la République et la démocratie auront-elles le courage de reprendre la guerre à l'ignorance et à la sottise?

6 - Dieu débarque à nouveau dans la politique

Quoi qu'il en soit, c'est sous nos yeux ahuris que le monde moderne retourne en toute hâte se placer sous la conduite sévère de Jahvé, d'Allah ou du Dieu crucifié sur l'autel du sang et de la mort - qu'on appelle l'Histoire. Il nous faudra bien tenter de décrypter la substance qu'on appelle le sacré, s'il est d'ores et déjà devenu impossible de raconter l'histoire de la Syrie, faute que la science historique actuelle perce les secrets de l'évolution parallèle du Dieu de la Genèse et de sa créature.

L'heure a sonné où la notion d'évolution appliquée à l'encéphale d'Adam se place au cœur d'une recherche anthropologique de l'intelligibilité des étapes qui ont planté les jalons d'un devenir proprement cérébral des évadés partiels de la zoologie. Car, à l'origine, le Dieu unique se révèle un monstre tellement armé de ses foudres et de ses instruments de torture qu'il illustre à merveille combien seul un roi des châtiments les plus cruels et d'un effroi sans pareil pouvait conduire ses fidèles jusqu'à la bataille de Poitiers en 732.

Cependant, il arrive que l'humanité dispose de circonstances suffisamment favorables qui lui permettent de civiliser quelque peu son chef des barbares du ciel, et cela au point de lui faire promulguer des lois de plus en plus miséricordieuses à l'égard des faiblesses d'une bête devenue embryonnairement cogitante. Le pape François vient de rappeler que l'Eglise n'est pas appelée à distribuer des châtiments aux pécheurs, mais à témoigner de l'existence d'un Dieu compréhensif et compatissant.

Mais sitôt que l'histoire retrouve ses ouragans le Dieu originel retrouve du service; et l'on voit des cohortes de prétendus historiens et des régiments de politologues réputés plus chevronnés que ceux de la veille, s'arracher les cheveux de désespoir au spectacle d'une espèce dont la sauvagerie originelle s'est seulement armée de mondes oniriques précipitamment intellectualisés. Comment la bête schizoïde passe-t-elle le plus sincèrement du monde, d'un Zeus des fureurs au Zeus au Zeus d'un Jean de la Croix?

Nous sommes loin des cinq volumes de l'histoire de Port-Royal de Sainte-Beuve, dont le regard sur l'histoire de la bête en proie au fantastique le plus dévastateur demeurait bien en deçà de ce que Tocqueville savait déjà. Son regard ne pénétrait, certes, pas encore jusqu'aux entrailles d'un Adam évolutif mais , entre les lignes, il savait du moins que, dans toutes les têtes, Dieu est principalement un personnage historique. Si son historicité ne reposait pas exclusivement sur son statut de dirigeant politique dans les imaginations des fidèles, il ne serait précisément pas "historique" au sens simiohumain du terme. Nous venons de découvrir les origines de l'animalité spécifique de l'homme de Naledi et de ses ciels en Afrique du Sud.

Car enfin, si Dieu n'existe évidemment que dans la cervelle du simianthrope, raison de plus de l'observer la loupe à l'œil et de le comprendre dans son gîte à lui. Il faut un microscope capable d'enregistrer son évolution de la chrysalide au papillon.

Décidément, la planète universitaire est au rouet, et cela bien davantage, la malheureuse, qu'à la fin du Moyen-âge; car elle se trouve contrainte de changer d'échiquier et de paramètres de la connaissance du genre simiohumain afin de tenter de répondre aux besoins urgents de la science historique des modernes et des exigences de la lecture en profondeur des plus grands chefs- d'œuvre de la littérature mondiale. Sinon, comment rendre intelligible ce que "Dieu" raconte encore à l'école d'une scolastique aussi retardée que celle du Moyen-âge?

Si le savoir historique des anciens docteurs de Sorbonne tombe dans le ridicule d'une pseudo science des peuples et des nations, et si les Sorbonne de demain ne pourront plus gesticuler dans le descriptif au petit pied, qu'adviendra-t-il de la récente prise de conscience de cette catastrophe ou de cette aubaine? Cette situation a déjà provoqué une alliance entre l'Université Marie et Pierre Curie, d'un côté et l'antique Sorbonne de l'autre, dont j'évoquais les chances récemment.

Car si la Sorbonne entend doter d'une rallonge dans la psychologie la sociologie demeurée vide de ce temps, comment approfondir la psychologie elle-même s'il lui est interdit d'avance d'observer l'évolution mentale des mythes cérébraux et d'abord du personnage central de l'histoire onirique de l'humanité qu'on appelle Jahvé à Jérusalem, Allah à la Mecque et le Crucifié dans le monde chrétien?

Et voici que la question centrale de la géopolitique contemporaine, à savoir la vassalisation inévitable de l'Europe dont j'analyse le fondement depuis des mois sur ce site, se retrouve dans la bouche de M. Poutine! Qu'est-ce donc que la vassalisation politique? Les secrets en seraient-ils cachés dans le sacré? Ce n'est pas ma faute si la politique et la religion sont les mamelles de l'animalité sui generis de l'humanité.

Le 20 novembre 2015

 

   

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Source : Manuel de Diéguez
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