Décodage
anthropologique de l'histoire
contemporaine
Réflexions anthropologiques sur
les mots de la politique
Manuel de Diéguez
Manuel de
Diéguez
Vendredi 12 janvier 2018
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1 - Les dieux et nous
2 - Définir le vrai et le faux
3 - Trahison de la souveraineté
nationale
4 - Le français de M. Macron
5 - Comment s'en débarrasser… ?
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1- Les dieux et nous
Un mois ne s'est
pas encore écoulé depuis que nous avons
changé de planète et appris que les
dieux anciens et actuels se sont mis à
l'école du déchiffrage de la nature et
du statut auquel nous les soumettons. Il
en résulte un charivari théologique et
un chaos doctrinal prometteurs.
Il y a quinze
jours, j'ai démontré sur ce site qu'à
l'occasion des funérailles solennelles
de Johnny Halliday, la République
laïque, en la personne même de son
Président, avait participé à une messe
en l'église de la Madeleine et que
personne, ni parmi les catholiques
présents, ni parmi les protestants
héritiers du luthéranisme incarné par
Michel Rocard, ni parmi les héritiers de
la dernière heure de François
Mitterrand, ne connaissait un traître
mot de la nature véritable du dieu des
chrétiens qu'ils honoraient en grande
pompe et du contenu de la cérémonie
rituelle à laquelle ils assistaient. Ils
ignoraient qu'il s'agissait d'une
divinité rapace, vengeresse et
insatiable dans sa revendication d'une
rançon gigantesque, cruelle et
impayable, et telle que son propre fils
lui-même échouait sans cesse à acquitter
sur l'autel de son boucher de père.
Quelques jours
seulement plus tard, le dieu de l'empire
américain messianisé proclamait
l'élévation de Jérusalem au rang de
capitale éternelle d'Israël; quelques
jours plus tard, Washington pointait le
canon de son pistolet sur la tempe de
tous les Etats et de toutes les nations
qui refuseraient cette promotion de
Jérusalem au rang de capitale symbolique
de l'empire américano-israélien, donc du
salut de l'univers. Mais comment le dieu
Allah, fort présent dans toute l'Europe
et non moins actif aux Etats-Unis qu'en
Occident, allait-il se plier aux ordres
de Jahvé et de son prolongement, le dieu
du christianisme américain? Comment, sur
l'ordre d'Israël et de son acolyte
d'outre-Atlantique, les musulmans du
monde entier feraient-ils de l'auteur de
leur Coran un simple
scribouillard sans pouvoir et placé sous
les ordres de Jahvé?
2 - Définir le
vrai et le faux
Une planète
convulsionnaire trépigne à nos portes,
une planète qui nous condamne à observer
de l'extérieur le fonctionnement
cérébral d'une espèce décidément
onirique de la tête aux pieds. Pour
cela, il nous faudra commencer par
observer que nous définissons le vrai et
le faux de deux manières. Tantôt nous
constatons que la lumière éclaire
l'univers jusque dans ses ultimes
recoins et que les inventeurs grecs de
la civilisation occidentale sont les
fils d'un héritier de Pythagore, un
certain Platon, qui se demandait où il
fallait loger les idées pures si
celles-ci se révélaient les phares de
l'univers? Ne convenait-il pas de leur
réserver un domicile situé à l'écart du
monde profane? De son côté, Aristote
décidait que toutes choses réelles
étaient matérielles, donc profanes et
que, par conséquent, l'idée de table,
par exemple, se trouvait calcinée avec
le bois qui la compose lorsqu'on brûlait
une table.
Mais si les idées
de Platon se trouvaient réduites en
cendres avec la matière des objets dans
lesquelles elles se cachaient, comment
évoquer un Etre suprême et tout
l'attirail de l'absolu hérité de
Pythagore, puis de Platon? Aussi
Aristote n'est-il jamais parvenu à
préciser le statut du concept, de "l'idée
pure", du "Bien suprême" dont
il faisait sqans cesse usage. C'est
pourquoi Aristote a fini par disparaitre
du palmarès des géants et des hérauts de
la pensée rationnelle.
Et pourtant
l'essentiel demeurait: le genre humain
continuait de se scinder entre deux
types de cervelles, celles qui placent
au premier rang les Titans de
l'intelligence et loin derrière elles,
les Titans de l'action, condamnés à
s'affairer en aval dans la gestion d'un
profane relégué en contrebas. C'est
pourquoi le génie grec a enfanté, d'un
côté un géant de l'esprit que personne
n'égalera jamais plus, un certain
Platon, et de l'autre, un Titan du
temporel, Alexandre le Grand qui, depuis
vingt-trois siècles n'a jamais été
rejoint dans son ordre. Partout resurgit
la question première que Platon a posée
au cœur de toute philosophie: "Qu'est-ce
que ceci ou cela?" Et toute notre
interrogation sur l'action et sur
l'histoire fait de nous des
platoniciens, donc en fin de compte, des
réalistes de la tête aux pieds.
Il en résulte donc
que les géants de l'esprit de raison se
révèlent, dans le même temps, les vrais
géants du temporel, les vrais
observateurs du politique, les vrais
guides de l'action, les vrais "managers"
de l'histoire: c'est à l'école de Platon
que les hommes d'action se donnent à
observer, classer et hiérarchiser et que
les conquérants se voient réduits à des
Robinson Crusoé de l'histoire.
Tel est le panorama
de la condition simiohumaine qui nous
donne quelque chance d'éclairer le monde
saugrenu et chaotique dans lequel nous
sommes entrés depuis qu'Israël a ordonné
au dieu messianique d'une démocratie
pseudo universelle de mettre le
Coran et Mahomet a quia.
Les cervelles
campées en amont du temporel aussi bien
que celles placées en aval sont donc
toutes deux au rouet. Si nous acceptons
qu'Israël tire les ficelles non
seulement de Jahvé, mais d'Allah et du
Dieu des chrétiens, qui sommes-nous? Car
dès lors que nous appartenons à une
espèce en évolution, nous sommes
nécessairement inachevés, donc en
suspens entre divers types provisoires
d'animaux qui cheminent à un rythme
différent sur le tapis de l'évolution.
3 - Trahison de la
souveraineté nationale
Qu'en est-il de la
situation réelle des mots de la
politique aux yeux des dirigeants de la
France actuelle? Exemple: A Péin,
Emmanuel Macron a vanté la "liberté de
penser" des Chinois. Craignant les
réactions des droits de l'hommisme, La
"liberté de penser" s'est métamorphosée
en "capacité de penser" sur le site
officiel de l'Elysée.
Le pouvoir exécutif
proclame qu'il désire signifier leur
congé au tiers de la pléthore des
députés et des sénateurs qui encombrent
les allées du pouvoir, ce qui
nécessitera une révision de la
Constitution. Mais cette mesure
serait-elle seulement la tête de pont
d'une entreprise souterraine bien plus
radicale, celle de supprimer purement et
simplement la Cour de justice de la
République afin que le "peuple
souverain" ne puisse recourir à
aucune procédure pénale qui empêcherait
une classe politique aliénée de rendre
perpétuelle l'occupation militaire du
continent par cinq cents places fortes
américaines? Car s'il n'était plus
possible de citer en justice une classe
dirigeante coupable de trahir la
souveraineté nationale, comme il sera
facile de glisser en douceur vers une
légitimation définitive du traité de
Lisbonne!
D'autres motifs
graves et purement nationaux,
justifieraient la saisine pour haute
trahison d'une Cour de justice de la
République réelle, donc indépendante du
pouvoir exécutif, parce qu'une telle
cour serait d'esprit critique par nature
et par définition. M. Macron parle avec
grandiloquence de la souveraineté
de la France et de l'Europe face à
l'empire américain actuel et à l'empire
chinois qui se profile.
Or, avec la
complicité bienveillante de l'ancien
Président de la République, M. Hollande,
M. Macron, au poste stratégique qui
était le sien dans le précédent
gouvernement, a porté un coup mortel à
la souveraineté économique et militaire
de la France. Contrairement à leurs
promesses et à leurs engagements, MM.
Macron et Hollande ont vendu aux
Américains - pour un plat de lentilles
et pour le bonheur des actionnaires - un
fleuron capital de notre industrie:
Alsthom énergie et notamment la
section de production de nos turbines
à vapeur et à gaz, destinées à la
maintenance de nos centrales nucléaires
civiles actuelles et aux futurs EPR.
Comment oser parler de défense de la
souveraineté de notre pays alors que la
France devra désormais mendier auprès
des Américains l'achat onéreux des
moyens très rentables qu'elle avait mis
au point afin d'assurer sa souveraineté
énergétique et ses exportations, ainsi
que le prônaient en leur temps les deux
derniers dirigeants gaullistes français,
MM. Dupont-Aignan et Montebourg.
Peut-être dans leur
candeur, certains dirigeants français et
européens croient-ils encore de bonne
foi que l'occupation militaire du Vieux
Monde par le Nouveau sera fatalement
vouée à l'échec sur le long terme. Mais
est-il vraisemblable qu'il n'existe
aucune cervelle politique à la tête du
Nouveau Monde et que M. Donald Trump ne
voyait pas malice quand il demandait
instamment aux Européens de payer de
leur deniers pour se trouver occupés,
donc vassalisés à perpétuité, donc noyés
dans la glu et la confiture de l'empire
américain?
De toute façon,
lorsqu' une civilisation se trouve
occupée par cinq cents garnisons de
l'étranger, une seule exigence s'impose
à toute sa classe politique, celle de
savoir comment expulser l'occupant. Or,
cette question à la fois primordiale et
élémentaire n'est jamais posée et se
trouve même entièrement effacée. Qquand,
dans nos relations commerciales avec la
Russie, M. Bruno Lemaire prend acte,
comme allant de soi, de l'existence
d'une vassalité économique insurmontable
à l'égard des diktats du vassalisateur
militaire de l'ensemble du continent
européen, la pleutrerie banalisée se
trouve institutionnalisée.
4 - Le français de
M. Macron
Je ne m'étendrai
pas longuement sur le contenu des vœux
du Président de la République, puisqu'il
n'y est question ni de l'occupation
militaire du Vieux Monde depuis 1949, ni
des bombes nucléaires qui l'accompagnet
et dont nous ne connaissons pas le
nombre, puisqu'il est interdit à
l'état-major de nos armées de se trouver
informé de leur emplacement. En
revanche, sachant que le diable se cache
dans les détails, je me contenterai de
souligner la portée politique du
naufrage culturel de la République que
révèle l'ignorance des règles
élémentaires de grammaire qui régissent
la langue française, à partir d'un
exemple particulièrement significatif.
Mais il en existe des dizaines d'autres.
Comment se fait-il que, parmi les
centaines de conseillers du chef de
l'Etat, il ne s'en trouve pas un seul
pour lui rappeler que la redondance du
double partitif (c'est de cela
dont il s'agit…., au lieu de: c'est
de cela qu'il s'agit…) renvoie à
une rustrerie grammaticale. A Pékin, M.
Macron a tenté de placer les relations
internationales sous l'égide des
civilisations. Cette percée diplomatique
était novatrice et même révolutionnaire.
Il se trouve seulement que les hauts
dirigeants chinois, contrairement à M.
Macron et à ses ministres, s'expriment
dans une langue correcte.
En effet, de son
côté, et durant toute la journée du 1er
janvier, le Ministre de l'intérieur
alignait les "à conserver" au lieu de
"de conserver". Si Tibère ou Néron
avaient parlé un latin incorrect, Tacite
et Tite-Live en auraient souligné la
signification politique et en auraient
fait l'assise de leur analyse de la
décadence de l'empire romain. Parler un
français sinon élégant, du moins
correct, n'est-ce pas la première
exigence de la politesse à l'égard des
Français et de leur souveraineté?
L'année 2017 s'est donc achevée par la
triste constatation que notre langue se
trouve maltraitée par ses élites
politiques, ce que j'ai signalé pendant
des mois en présentant sur ce site des
listes de fautes de français du
personnel politique.
5 - Comment s'en
débarrasser… ? *
Souvenons-nous des
précédents que l'histoire nous fournit.
Tacite présente à
la fois les ambitions politiques
d'Agrippine et la révolte de Néron qui,
avec la complicité de Sénèque et de
Burrhus, avaient monté un complot afin
de se débarrasser d'une mère
envahissante et omniprésente. En effet,
l'ambition d'Agrippine était de
co-diriger l'empire et de "ne plus
être placée derrière son fils lors des
cérémonies officielles".
Les comploteurs
l'avaient reçue en grande pompe au port
de Baïs. En réalité, il s'agissait de la
mise en scène d'une feinte
réconciliation entre Néron et sa mère.
Dans une seconde
étape, les comploteurs avaient prévu de
faire chavirer le vaisseau qui
reconduirait Agrippine à Rome et de la
jeter à l'eau. Mais c'était sans compter
sur le fait qu'elle était une excellente
nageuse. Elle regagna le rivage.
Dans une troisième
étape, les comploteurs lui envoyèrent un
centurion afin de l'assassiner. "Ferri
ventrem - frappe au ventre" lui
cria-t-elle.
Les deux hommes à
la manœuvre, Burrhus et Sénèque se
virent fort mal récompensés de leur
dévouement à Néron, qui les fit
assassiner l'un et l'autre quelques mois
plus tard, tellement il est difficile,
même à un empereur, de vivre dans une
heureuse convivialité avec ses propres
complices.
Et aujourd'hui …
Nous apprenons que
Mme Brigitte Macron, dite la "Première
Dame", "ne souhaite plus être
placée derrière son mari lors des
cérémonies officielles et avoir une
place plus grande au sein de l'Etat".
(Déclaration à RTL)
................
*Amédée ou
comment s'en débarrasser, pièce
de théâtre d'Eugène Ionesco.
12 janvier 2018
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