L'art de la guerre
50 bombes
nucléaires USA de Turquie à Aviano
Manlio Dinucci
© Manlio
Dinucci - Capture
d'écran PalSol
Mardi 31 décembre 2019
“Cinquante
têtes nucléaires seraient prêtes à être
transférées de la base turque d’Incirlik,
en Anatolie, à la base Usaf d’Aviano,
dans la région Friuli Venezia Giulia,
car les USA douteraient de plus en plus
de la fidélité à l’OTAN du président
turc Erdogan” : c’est ce que rapporte
l’Ansa (Agence de presse italienne)
citant ce qu’a déclaré le général à la
retraite Chuck Wald de la US Air Force
dans une entrevue à l’agence Bloomberg
du 16 novembre.
Le fait que l’Ansa et certains journaux en parlent, même avec
retard, est en tous cas positif. Cela
confirme ce que documente depuis
longtemps il
manifesto. “Il semble
probable -écrivions-nous le 22 octobre
(mais l’Ansa ignora alors
l’information)- que, parmi les options
considérées à Washington, il y ait celle
du transfert des armes nucléaires USA de
la Turquie vers un autre pays plus
fiable. Selon le très sérieux Bulletin
des Scientifiques Atomiques (USA),
la base aérienne
d’Aviano peut être la meilleure option
européenne du point de vue politique,
mais elle n’a probablement pas assez de
place pour recevoir toutes les armes
nucléaires d’Incirlik. La
place pourrait toutefois être obtenue,
puisqu’à Aviano ont déjà commencé des
travaux de restructuration pour
accueillir les bombes nucléaires
B61-12”.
Sur la
base de ce qu’a rapporté l’Ansa le
coordinateur national des Verts, Angelo
Bonelli, demande au gouvernement s’il
confirme l’information et de porter
immédiatement le problème devant le
parlement, puisque l’Italie se
trouverait “transformée en plus grand
dépôt d’armes nucléaires d’Europe et ce
silence du gouvernement italien est
inacceptable”. En réalité ce n’est pas
seulement le gouvernement qui se tait
mais le parlement lui-même, où la
question des armes nucléaires USA en
Italie est tabou. La soulever voudrait
dire mettre en discussion le rapport de
sujétion de l’Italie à l’égard des
États-Unis.
L’Italie continue ainsi à être une base
avancée des forces nucléaires USA. Selon
les dernières estimations de la
Fédération des scientifiques américains,
dans chacune des deux bases italiennes
et dans celles qui sont en Allemagne,
Belgique et Pays-Bas il y aurait
actuellement 20 B-61, pour un total de
100 plus 50 à Incirlik en Turquie. Mais
personne ne peut vérifier combien il y
en a en réalité. D’après les estimations
il s’avère que les USA sont en train de
diminuer leur nombre, ce qui n’a rien de
tranquillisant. En effet ils se
préparent à les remplacer par les
nouvelles bombes nucléaires B61-12. À la
différence de la B61 larguée à la
verticale, la B61-12 se dirige vers
l’objectif guidée par un système
satellitaire et a en outre la capacité
de pénétrer dans le sous-sol, en
explosant en profondeur pour détruire
les bunkers des centres de commandement.
Le programme du Pentagone prévoit la
construction à partir de 2021 de 500
B61-12, pour un coût d’environ 10
milliards de dollars. On ne sait pas
combien de B61-12 seront stockées en
Italie ni dans quelles bases,
probablement pas seulement à Aviano et
Ghedi. Comme Comme il résulte de l’avis
de projet publié par le ministère de la
Défense, les nouveaux hangars de Ghedi
pourront accueillir 30 chasseurs F-35
avec 60 bombes nucléaires B61-12, le
triple des actuelles B61 (il
manifesto, 28 novembre 2017).
En
même temps, les USA se préparent à
déployer en Italie et dans d’autres pays
européens des missiles nucléaires à
portée intermédiaire (entre 500 et 5.500
km) avec base à terre, analogues aux
euromissiles éliminés par le Traité FNI
signé en 1987 par les USA et l’URSS.
Après avoir accusé la Russie (sans
aucune preuve) de l’avoir violé, les USA
se sont retirés du Traité, et ont
commencé à construire des missiles de la
catégorie interdite : le 18 août ils ont
testé un nouveau missile de croisière et
le 12 décembre un nouveau missile
balistique, ce dernier étant en capacité
d’atteindre l’objectif en quelques
minutes. Simultanément ils renforcent le
“bouclier anti-missiles” sur l’Europe.
Dans sa “réponse asymétrique” la Russie
commence à déployer des missiles
hypersoniques qui, en mesure d’atteindre
la vitesse de 33.000km/h et de
manoeuvrer, peuvent percer n’importe
quel “bouclier”.
La
situation dans laquelle nous nous
trouvons est donc beaucoup plus
dangereuse que ce que démontre la déjà
alarmante nouvelle du probable transfert
des bombes nucléaires USA d’Incirlik à
Aviano. Dans cette situation ce qui
domine est le silence imposé par le
large alignement politique bi-partisan
responsable du fait que l’Italie, pays
non-nucléaire, accueille et soit
préparée à utiliser des armes
nucléaires, violant le Traité de
non-prolifération qu’elle a ratifié.
Responsabilité rendue plus grave encore
par le fait que l’Italie, en tant que
membre de l’OTAN, refuse d’adhérer au
Traité sur l’interdiction des armes
nucléaires voté à la grande majorité de
l’Assemblée Générale des Nations Unies.
Édition de
mardi 31 décembre 2019 de
il manifesto
https://ilmanifesto.it/50-bombe-nucleari-usa-dalla-turchia-ad-aviano/
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