L'art de la guerre
Ces paras sur nos têtes
Manlio Dinucci
Mardi 25 août 2015
Couvertes par le blackout
politico-médiatique, des nuées de
parachutistes sur le pied de guerre sont
en train de descendre en Europe. C’est
le « Swift Response » (Réponse rapide),
« le plus grand exercice Otan de forces
aérotransportées, environ 5mille hommes,
depuis la fin de la guerre froide ». Il
se déroule du 17 août au 13 septembre en
Italie, Allemagne, Bulgarie et Roumanie,
avec la participation également de
troupes étasuniennes, britanniques,
françaises, grecques, hollandaises,
polonaises, espagnoles et portugaises.
Naturellement, confirme un communiqué
officiel, « sous la direction de
la U.S. Army ».
Pour la « Réponse rapide » la
US Army
utilise, pour la première fois en Europe
après la guerre contre
la Yougoslavie en 1999,
la 82ème Division
aérotransportée, y compris la 173ème
Brigade basée à Vicence (Région
Frioul-Vénétie-Julie). Celle qui
entraîne depuis avril, en Ukraine, les
bataillons de
la Garde
nationale de nette composition néonazie,
dépendants du Ministère de l’intérieur
et qui, maintenant, après un exercice à
feu effectué toujours en Ukraine le 6
août, commence à entraîner aussi les
forces armées « régulières » de Kiev.
Le « Swift Response » a été précédé en août de l’exercice bilatéral
USA/Lituanie « Uhlan Fury »,
accompagné par un analogue en Pologne,
et par le « Allied Spirit » qui s’est
déroulé en Allemagne, toujours sous
commandement USA, avec la participation
de troupes italiennes, géorgiennes et
même serbes. Et, peu après le « Swift
Response », se déroulera du 3 octobre au
6 novembre un des plus grands exercices
Otan, le « Trident Juncture 2015 », qui
verra engagées surtout en Italie,
Espagne et Portugal des forces armées de
plus de 30 pays alliés et partenaires,
avec 36 mille hommes, plus de 60 navires
et 140 avions.
Le but de ces exercices Otan sous commandement USA, qui se déroulent
désormais sans interruption en Europe,
est expliqué par le nouveau chef
d’état-major de la U.S. Army,
le général Mark Milley. Après avoir
qualifié la Russie de « menace
existentielle puisque c’est l’unique
pays au monde avec une capacité
nucléaire en mesure de détruire les
Etats-Unis » (audition au Sénat, 21
juillet), dans son discours
d’investiture (14 août) il déclare :
« La guerre, l’acte de politique par
lequel une partie tente d’imposer sa
volonté à l’autre, se décide sur le
terrain où vivent les gens. Et c’est sur
le terrain que l’armée des Etats-Unis,
la mieux armée et entraînée du monde, ne
doit jamais échouer ».
Le « terrain » d’où sont lancées les opérations USA/Otan vers l’Est
et vers le Sud, une fois de plus, est
celui de l’Europe. Dans un sens non
seulement militaire, mais politique.
Fait emblématique : à la « Trident
Juncture 2015 » participe (dans le
silence politique général) l’Union
européenne en tant que telle. Il n’y a
pas à s’en étonner, étant donné que 22
des 28 pays de l’Ue sont membres de
l’Otan et que l’art. 42 du Traité sur
l’Union européenne reconnaît leur droit
à réaliser « la défense commune par
l’intermédiaire de l’Organisation du
Traité de l’Atlantique Nord », qui
(souligne le protocole n° 10) « reste le
fondement de la défense collective de l’Ue ».
L’Otan –dont le Commandant suprême allié
en Europe est toujours nommé par le
président des Etats-Unis et dont les
autres commandements clé sont aux mains
des USA- sert à maintenir l’Ue dans la
sphère d’influence étasunienne. En
tirent avantage les oligarchies
européennes, qui en échange de la
« fidélité atlantique » de leurs pays
participent à la grande partition de
profits et zones d’influence avec celles
des Etats-Unis.
Pendant que les peuples européens sont traînés dans une dangereuse et
coûteuse guerre froide contre la Russie et dans des
situations critiques, comme celle du
dramatique exode de réfugiés provoqué
par les guerres USA/Otan en Libye et
Syrie.
Edition de mardi 25 août 2015 de
il manifesto
http://ilmanifesto.info/quei-para-sulle-nostre-teste/
Traduit de l’italien par Marie-Ange
Patrizio
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