L'art de la guerre
Le Docteur Folamour veille sur
notre santé
Manlio Dinucci
© Manlio
Dinucci - Capture
d'écran PalSol
Mardi 24 mars 2020
Face au Coronavirus -déclare l’US
European Command (Commandement Européen
des États-Unis)- “notre première
préoccupation est de protéger la santé
de nos forces et de nos Alliés”. Il
annonce ainsi avoir redimensionné en
nombre de soldats l’exercice Defender
Europe 20 (Défenseur de l’Europe 2020).
Mais celui-ci continue.
Le 16 mars, le Commandement précise que “depuis janvier l’US Army a
déployé à partir des États-Unis en
Europe 6.000 soldats”, avec 12.000
pièces d’équipement (allant des
armements personnels aux chars
d’assaut), et qu’a été “complété le
mouvement de soldats et équipements
depuis divers ports jusqu'aux aires
d’entraînement en Allemagne et Pologne”.
En plus de ceux-ci, “9.000 soldats USA
basés en Europe” participent aussi à
l’exercice.
Le but déclaré des USA est de “déployer une force crédible de combat en
Europe en appui à l’OTAN”, évidemment
contre l’ “agression russe”. Le but réel
- écrivions-nous il y a deux mois et
demi sur il Manifesto (le seul journal
qui à ce moment-là donnait l’information
du Defender Europe 20)- est de semer une
tension et de nourrir l’idée de
l’ennemi.
Le scénario déclaré de l’exercice ne pourrait jamais se vérifier,
notamment parce qu’un affrontement armé
entre OTAN et Russie serait
inévitablement nucléaire. C’est là le
vrai scénario auquel s’entraînent les
forces USA en Europe. Ce que confirme le
général Tod D. Wolters, chef du
Commandement Europe des États-Unis et,
comme tel, Commandant Suprême Allié en
Europe. Dans une audition au Sénat des
États-Unis, le 25 février 2020, il
déclare que “les forces nucléaires,
suprême garantie de la sécurité des
Alliés, soutiennent toute opération
militaire USA en Europe”. Cela signifie
que le Defender Europe 20 est un
exercice non seulement de forces
conventionnelles (non-nucléaires), mais
de forces nucléaires.
Le 18 mars a été communiqué que deux bombardiers B-2 Spirit
d’attaque nucléaire, faisant partie de
la task force arrivée des USA le 9 mars,
ont décollé de Fairford en Angleterre
pour s’entraîner au-dessus de l’Islande
et de l’Atlantique-Nord avec trois
chasseurs F-35 norvégiens. Ces deux
types d’avion sont préparés pour
l’utilisation des nouvelles bombes
nucléaires B61-12, que les USA vont
déployer sous peu en Italie et autres
pays européens à la place des actuelles
B-61.
Le rôle des forces nucléaires USA en Europe est clarifié par Wolters dans
son audition au Sénat. Quand le sénateur
Fischer lui demande ce qu’il pense de la
non-première-utilisation des armes
nucléaires, le général répond :
“Sénateur, je soutiens une politique
flexible de la première utilisation.”
Celui qui a entre les mains les armes
nucléaires USA/OTAN en Europe déclare
ainsi officiellement soutenir, sur la
base d’un critère “flexible”, leur
première utilisation pour le
first strike,
l’attaque nucléaire par surprise.
Face à une déclaration d’une telle gravité, qui pousse les généraux
russes à mettre le doigt sur la gâchette
nucléaire, silence complet des
gouvernements, des parlements et des
grands médias européens. Dans la même
audition le général Wolters affirme que
“depuis 2015 l’Alliance a mis surtout
l’accent sur le rôle des capacités
nucléaires” et que “le Commandement
Européen des États-Unis soutient
pleinement les recommandations,
contenues dans la Nuclear Posture Review
2018, de déployer le missile balistique
à faible puissance W76-2”. La tête
nucléaire à faible puissance W76-2, déjà
installée sur des missiles lancés depuis
un sous-marin (annonce faite par le
Pentagone le 4 février), peut être
installée aussi sur des missiles
balistiques avec base à terre au bord du
territoire ennemi. Elle est
particulièrement dangereuse. “Des armes
nucléaires de puissance mineure
-préviennent aussi des experts
étasuniens notoires- augmentent la
tentation de les utiliser en premier, et
peuvent amener les commandants à faire
pression pour que, dans une attaque, on
utilise la bombe nucléaire, sachant que
la retombée radioactive serait limitée”.
Ce serait au contraire comme jeter une
allumette en feu dans une poudrière.
Édition de mardi 24 mars 2020 de
il manifesto
https://ilmanifesto.it/alla-nostra-salute-ci-pensa-il-dottor-stranamore/
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