Monde
Brève histoire de l'OTAN de 1991 à nos
jours (9)
Manlio Dinucci
Lundi 23 octobre 2017
LE DÉBUT DE LA GUERRE CONTRE LA SYRIE
En octobre 2012 le conseil
atlantique dénonce « les actes agressifs
du régime syrien à la frontière
sud-orientale de l’Otan », prêt à
déclencher l’article 5 qui engage à
assister par la voce armée le pays
membre « attaqué », la Turquie. Mais on
a déjà mis en acte le « non-article 5 »
-introduit pendant la guerre contre la
Yougoslavie et appliqué contre
l’Afghanistan et la Libye- qui autorise
des opérations non prévues par l’article
5, en dehors du territoire de
l’Alliance.
La guerre en Syrie commence en 2011.
Eloquentes images des édifices de Damas
et Alep dévastés par de très puissants
explosifs : oeuvre qui n’est pas de
simples rebelles, mais de professionnels
de la guerre infiltrés. Environ 200
spécialistes des forces d’élite
britanniques Sas et Sbs -rapporte le
Daily Star- opèrent en Syrie, avec
des unités britanniques et françaises.
La force de choc est constituée par un
ramassis de groupes islamistes (jusque
peu de temps auparavant définis par
Washington comme terroristes) provenant
d’Afghanistan, Bosnie, Tchétchénie,
Libye et quelques autres pays. Dans le
groupe d’Abu Omar al-Chechen -réfère
l’envoyé du Guardian à Alep- les
ordres sont donnés en arabe, mais
doivent être traduits en tchétchène,
tadjik, turc, dialecte saoudien, urdu,
français et quelques autres langues.
Pourvus de faux passeports (spécialité
Cia), les combattants affluent dans les
provinces turques de Adana et Hatay,
frontalières avec la Syrie, où la Cia a
ouvert des centres de formation
militaire. Les armes arrivent surtout
via l’Arabie Saoudite et le Qatar qui,
comme en Libye, fournissent aussi des
forces spéciales.
Le commandement des opérations est à
bord des navires Otan dans le port
d’Alexandrite (Iskenderun). A Istanbul
st ouvert un centre de propagande où des
dissidents syriens, formés par le
Département d’état USA, confectionnent
les informations et les vidéos qui sont
diffusés par réseaux satellitaires. La
guerre Otan contre la Syrie est donc
déjà en acte, avec la motivation
officielle d’aider le pays à se libérer
du régime d’Assad. Comme en Libye, on a
planté un coin dans les fractures
internes pour faire crouler l’Etat, en
instrumentalisant la tragédie des
populations accablées.
Une des raisons pour lesquelles on veut
frapper et occuper la Syrie est le fait
que Syrie, Iran et Irak ont signé en
2011 un accord pour un gazoduc qui
devrait relier le gisement iranien de
South Pars, le plus grand du monde, à la
Syrie puis à la Méditerranée. La Syrie,
où a été découvert un autre gros
gisement près de Homs, pourrait devenir
ainsi un hub de corridors énergétiques
alternatifs à ceux traversant la Turquie
et d’autres parcours, contrôlées par les
compagnies étasuniennes et européennes.
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