L'art de la guerre
Avancée Otan à l’Est et au Sud
Manlio Dinucci
Mardi 16 février 2016
Les ministres de la défense Otan ont
décidé de « renforcer la présence
avancée dans la partie orientale de
notre Alliance ». Cela sert à « nous
défendre des menaces élevées provenant
de la Russie », a clarifié le secrétaire
étasunien à la défense, Ash Carter. Dans
ce but les USA quadruplent les
financements pour l’ «Initiative de
réassurance de l’Europe » qui, avec une
rotation de forces (environ 6mille
soldats), permettra davantage
d’exercices militaires Otan (les plus de
300 effectués en 2015 n’ont pas suffi),
la potentialisation d’aéroports, le
pré-positionnement d’armements lourds,
le déploiement permanent à l’Est
d’unités cuirassées. Cela, a souligné
Carter, « permettra aux USA de
former en Europe une force armée à haute
capacité, à déployer rapidement dans le
théâtre régional».
En accusant la Russie de « déstabiliser l’ordre de la sécurité
européenne », USA et Otan ont rouvert le
front oriental, entraînant l’Europe dans
une nouvelle guerre froide, voulue
surtout par Washington pour briser les
rapports Russie-Ue dommageables pour les
intérêts étasuniens.
En même temps USA et Otan préparent d’autres opérations sur le front
méridional. A Bruxelles le chef du
Pentagone a « accueilli » (en
considérant l’Europe comme chez lui) les
ministres de la défense de la
« Coalition globale contre l’Isis »,
dont font partie sous commandement
étasunien, avec l’Italie, l’Arabie
Saoudite et autres sponsors du
terrorisme de « marque islamiste ». La
réunion a lancé un non plus
précisé « plan de la campagne
militaire » en Syrie et Irak. Là-bas les
choses vont mal pour la coalition, non
pas parce que l’Isis (Daech) est en
train de vaincre mais parce qu’elle en
train de perdre : soutenues par la
Russie, les forces gouvernementales
syriennes sont en train de libérer des
parties croissantes du territoire occupé
par Isis et d’autres formations, qui
reculent aussi en Irak. Après avoir fait
semblant pendant des années de combattre
l’Isis, tout en l’approvisionnant en
sous-main en armes à travers la Turquie,
les USA et alliés demandent à présent un
cessez-le-feu pour des «raisons
humanitaires». En substance ils
demandent que le gouvernement syrien
cesse de libérer de l’Isis son propre
territoire, parce que - a déclaré le
secrétaire d’Etat John Kerry en
renversant les faits- « plus Assad
conquiert de territoire, plus il arrive
à créer de terroristes ». En même temps
l’Otan renforce les « mesures de
réassurance » de la Turquie, qui vise à
occuper une bande de territoire syrien
dans la zone frontalière.
En Afrique du Nord, la coalition sous conduite USA se prépare à occuper,
sous prétexte de les libérer de l’Isis,
les zones côtières de la Libye les plus
importantes économiquement et
stratégiquement. L’intensification des
vols depuis le hub aérien de Pise,
limitrophe à la base étasunienne de Camp
Darby, indique que l’opération « sous
conduite italienne » a déjà commencé
avec le transport d’armes dans les bases
d’où elle sera lancée.
Dans le même cadre stratégique se place la décision des ministres de la
défense, « sur requête conjointe de
l’Allemagne, de la Grèce et de la
Turquie », de déployer en Egée le Second
groupe naval permanent de l’Otan,
aujourd’hui sous commandement allemand,
qui vient à peine de conclure « des
opérations étendues avec la marine
turque ».
La mission officielle de la flotte de
guerre « n’est pas d’arrêter ou
repousser les embarcations des réfugiés,
mais de fournir des informations contre
le trafic d’êtres humains », en
collaborant avec l’agence Frontex de l’Ue.
Dans le même objectif « humanitaire »,
sont aussi envoyés, à la demande des
USA, des avions radar Awacs, centres de
commandement volants pour la gestion du
champ de bataille.
« La mobilisation atlantique est un bon
signe », commente Il Fatto Quotidiano
(12 février), en rappelant que «ce n’est
pas la première fois que l’Alliance
s’engage dans une action humanitaire ».
Exactement comme en Yougoslavie,
Afghanistan et Libye.
Edition de mardi 16 février 2016 de
il manifesto
(Site inaccessible au moment de
cette diffusion, NdT)
Traduit de l’italien par Marie-Ange
Patrizio
Il Fato Quotidiano est considéré
comme « un journal de gauche » . NdT à
la demande de l’auteur.
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