L'art de la guerre
Le Hub Otan qui espionne le Sud
Manlio Dinucci
© Manlio
Dinucci
Mardi 5 septembre 2017
Coupé de ruban le 5 septembre à Lago Patria (Naples), où se trouve le
siège du Commandement de la force
conjointe Otan (Jfc Naples) : dans son
quartier général (85 000 mètres carrés,
avec un personnel de 2500 militaires et
civils en augmentation) est inauguré le
“Hub de direction stratégique Otan pour
le Sud” (Nsd-S Hub). Fortement soutenu
par la ministre Pinotti, il a la mission
de “recueillir des informations et
analyser une variété de questions
relatives à déstabilisation, terrorisme,
radicalisation et migration”. C’est en
d’autres termes un centre
d’intelligence, c’est-à-dire
d’espionnage, dont l’activité “se
concentre sur les régions méridionales,
comprenant Moyen-Orient, Afrique du Nord
et Sahel, Afrique sub-saharienne et
aires adjacentes”.
Le Commandement de la force
conjointe Otan, dont vient faire partie
le nouveau centre d’intelligence, est
aux ordres d’un amiral étasunien nommé
par le Pentagone -actuellement Michelle
Howard de l’U.S. Navy- qui commande en
même temps les Forces navales USA en
Europe (avec quartier général à Naples-Capodichino
et la Sixième Flotte basée à Gaeta) et
les Forces navales USA pour l’Afrique.
La mission du Jfc Naples est de
“planifier et conduire des opérations
militaires dans l’aire de responsabilité
du Commandant suprême allié en Europe et
au-delà de cette aire”. Le Commandant
suprême allié en Europe -actuellement
Curtis Scaparrotti- est toujours un
général étasunien nommé par le président
des Etats-Unis. Ce même général est en
même temps à la tête du Commandement
européen des Etats-Unis, dont l’air
opérationnelle comprend toute la région
européenne et toute la Russie (partie
asiatique incluse), plus certains pays
de l’Asie occidentale et centrale :
Turquie, Israël, Géorgie, Arménie et
Azerbaïdjan.
Comme le nouveau “Hub de direction
stratégique Otan pour le Sud” est sous
le commandement de l’amirale Howard et
celle-ci, à son tour, est sous le
commandement du général Scaparrotti, il
est de fait inséré dans la chaîne de
commandement du Pentagone et il est
fonctionnel en priorité à la stratégie
étasunienne. Sur la base des
informations recueillies (ou fabriquées)
par le Nsd-S Hub l’Otan décidera de ses
interventions militaires au
Moyen-Orient, Afrique et autres aires
adjacentes.
Le centre d’intelligence Otan
profite de la collaboration, en plus
d’universités et think tank (comme l’University
College London et l’Overseas Development
Institute), d’organisations des Nations
Unies (parmi lesquelles l’Unicef et
l’Organisation internationale pour les
migrations) et d’organisations
non-gouvernementales (dont Oxfam et Save
the Children). Ces organisations, en
plus d’être instrumentalisées comme
visage “humanitaire” du Nsd-S Hub,
risquent d’être impliquées, à travers
des agents infiltrés, dans des actions
d’espionnage et autres opérations
secrètes conduites par le centre
d’intelligence Otan dans des pays
moyen-orientaux et africains.
Les questions dont s’occupera le
nouveau centre d’intelligence
-déstabilisation, terrorisme,
radicalisation, migration- sont bien
connues au quartier général de Lago
Patria. C’est en effet l’Otan qui a
déstabilisé la Libye en alimentant à
l’intérieur terrorisme et
radicalisation, pour ensuite démolir
l’Etat libyen par la guerre en
provoquant une migration forcée aux
conséquences désastreuses. Dans cette
guerre et dans celle secrète menée en
Syrie, a joué et joue un rôle premier le
Commandement Otan de Naples. Celui qui
en 2011 a dirigé l’attaque aéro-navale
qui a martelé la Libye avec plus de 40
000 bombes et missiles, et qui
maintenant est défini par Pinotti “Hub
pour le Sud” avec la mission de
“reconstruire des Etats faillis”.
Edition de mardi 5 septembre 2017
de il manifesto
https://ilmanifesto.it/lhub-nato-che-spia-il-sud/
Le sommaire de Manlio Dinucci
Le sommaire de Marie-Ange Patrizio
Le
dossier Monde
Les dernières mises à jour
|