L'art de la guerre
La Résistance de la Chine
Manlio Dinucci
Photo : « Manlio
et Carla Dinucci devant la maison natale
de Mao Tsé-toung à Shaoshan en 1965 ».*
Mardi 1er septembre 2015
Le 70ème anniversaire de la
victoire du peuple chinois dans la
Guerre de résistance contre l’agression
japonaise, qui se célèbre le 3 septembre
à Pékin, va être boycotté non seulement
par Tokyo mais par Washington et presque
tous les gouvernements de l’Ue qui
n’envoient à Pékin que des représentants
secondaires. Grotesque tentative
d’effacer l’Histoire, analogue à celle à
l’égard du 70ème anniversaire
de la victoire sur le nazisme, célébré à
Moscou le 9 mai (voir il manifesto
du 12 mai).
Le fond historique : la Chine des années
Trente, réduite à un état colonial et
semi-colonial surtout par Japon,
Grande-Bretagne, Etats-Unis, Allemagne
et France. En 1931 le Japon transforme
le Nord-est du pays en son Etat fantoche
(Manchukuo). Pendant que l’armée
japonaise attaque Shanghai en 1932 puis
d’autres villes, le Kuomintang de Tchang
Kaï-chek -qui avait pris le pouvoir en
1927 par un sanglant coup d’Etat et est
soutenu à la fois par les
anglo-américains et par Hitler et
Mussolini, alliés de Tokyo- continue à
concentrer ses attaques contre les bases
rurales de l’Armée rouge, dirigée par le
Parti communiste. Celle-ci est
contrainte en 1934 à une désastreuse
retraite que Mao Tse-tong, ayant repris
le commandement, transforme en une des
plus grandes entreprises
politico-militaires : la Longue Marche.
Le Japon déchaîne la guerre d’agression
contre toute la Chine en 1937, en
occupant Pékin et Tianjin en juillet,
Shanghai en novembre et, en décembre,
Nankin. C’est là que les troupes
nippones accomplissent le grand
massacre, en tuant dans les façons les
plus horribles plus de 300 mille civils.
Plus de dix villes chinoises sont
attaquées par les Japonais avec des
armes biologiques (Bacillus anthracis et
Salmonella paratyphi). En ce point, à
l’initiative du Parti communiste, naît
le Front uni anti-japonais avec le
Kuomintang. Dans les huit années de
guerre suivantes l’armée du Kuomintang,
armée par les USA, d’un côté combat les
envahisseurs japonais, même si c’est de
façon discontinue ; de l’autre, soumet
les zones libérées par l’Armée rouge au
blocus économique et militaire, en
attaquant dans plusieurs cas les forces
populaires, et fait en sorte que se
concentre contre elles l’offensive
japonaise. Tchang Kaï-chek
joue sur plusieurs tableaux, en
ordonnant à une partie de ses généraux
de collaborer avec les Japonais.
De 1937 à 1945 le Parti communiste,
passé de 40mille à 1,2 million de
membres, conduit les forces populaires
dans une guerre qui épuise de plus en
plus l’armée nippone, étendant les zones
libérées de 1,5 à presque 100 millions
d’habitants.
Avec sa Résistance, qui a coûté plus de
35 millions de morts, la Chine contribue
de façon déterminante à la défaite du
Japon qui, battu dans le Pacifique par
les USA et en Mandchourie par l’URSS, se
rend en 1945 après le bombardement
atomique de Hiroshima et Nagasaki.
Immédiatement après, selon un plan
décidé par Washington,
Tchang Kai-chek tente de répéter
ce qu’il avait fait en 1927. Mais ses
forces, armées et soutenues par les USA,
trouvent maintenant en face d’elles
l’Armée populaire de libération
d’environ un million d’hommes et une
milice de 2,5 millions, forts d’un vaste
appui populaire.
Environ 8 millions de soldats du
Kuomintang vont être tués ou capturés et
Tchang Kaï-chek
s’enfuit à Taiwan sous la protection des
USA. Le 1er octobre 1949 Mao Tse-tong
proclame la naissance de la République
populaire chinoise depuis la porte de
Tien An Men. Face à laquelle, le 3
septembre prochain, défileront les
forces armées d’une Chine profondément
changée mais qui, comme la Russie, les
autres Brics et des dizaines de pays
présents à Pékin avec leurs plus hauts
représentants, signalent la volonté de
défendre leur propre souveraineté
nationale contre les nouveaux desseins
de domination impériale.
Edition de mardi 1er septembre 2015 de
il manifesto
http://ilmanifesto.info/la-resistenza-della-cina/
Traduit de l’italien par Marie-Ange
Patrizio
*
Note de la traductrice:
Chers amis,
Quelques mots pour accompagner la
rubrique d’aujourd’hui de Manlio Dinucci
sur La Résistance en Chine.
Manlio Dinucci et sa femme Carla
Pellegrini ont travaillé en Chine dans
les années Soixante (du 20ème
siècle), comme traducteurs pour les
Editions de Pékin. Ils ont de superbes
photos de ce séjour : vie quotidienne au
bureau, excursions, travaux dans les
campagnes avec leurs camarades. La
construction de la République populaire,
moins de vingt ans après sa naissance.
Espérons qu'ils en feront (photos et
récits) une publication.
En attendant, extrait de la note
bibliographique de : L’art de la
guerre. Annales de la stratégie USA/Otan,
ouvrage paru en italien cet été chez
Zambon editore :
"Manlio Dinucci, journaliste et
essayiste, a vécu et travaillé à Pékin
dans les années Soixante, en contribuant
à la publication de la première revue
chinoise en langue italienne et à la
diffusion des Lettere dalla Cina
de la journaliste étasunienne Anna
Louise Strong. Sur la
base de cette expérience, il a publié,
chez Mazzotta editore, La lotta di
classe in Cina / 1949-1974 (en 1975)
et Economia e organizzazione del
lavoro in Cina (1976)".
Photo : « Manlio et
Carla Dinucci devant la maison natale de
Mao Tsé-toung à Shaoshan en 1965 ». Un
peu plus jeunes, mais vous les
reconnaîtrez, par déduction...
Et n'oubliez pas de regarder jeudi le
défilé du 70ème anniversaire
à Pékin, retransmis sans aucun doute
par tous nos médias (si commentaire
d'Alain de Chalvron, on peut supprimer
le son sans dommage pour la vérité de
l'information).
m-a
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