LUC MICHEL’S
GEOPOLITICAL DAILY
Géopolitique de le Syrie 2017 (I) :
regard sur six années de guerre
Luc Michel
Jeudi 30 novembre 2017/
LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE/
Luc MICHEL pour EODE/
Quotidien géopolitique – Geopolitical
Daily/
2017 11 30/
Syrie: après six ans de conflit, la
victoire du Président Assad et de ses
alliés russe et iranien est
incontestable et incontournable. La
guerre importée d’Occident se conclut
pau un « nouveau Yalta » d’où les USA
sont exclus (1). Reste à conclure la
paix …
I-
LES VERITABLES ETAPES DU CONFLIT SYRIEN
Revenons sur les
étapes du processus occidental de
destruction de l’Etat syrien …
Et oublions les fausses explications des
analystes de l’OTAN !
De la « révolution de couleur » contre
Bachar al-Assad avec ses manifestations
insurrectionnelles attisées par
l’ambassadeur américain à Damas, à sa
transformation en guerre civile par les
occidentaux et leurs alliés arabes
wahhabites, à l'intervention des
puissances internationales, rappel des
véritables étapes-clés du conflit en
Syrie.
ETAPE 1 :
2011. COMMENT LE « PRINTEMPS ARABE »
TRANSFORME LA REVOLUTION DE COULEUR EN
SYRIE DU PRINTEMPS 2011 EN GUERRE CIVILE
!?
Le 15 mars 2011,
dans le sillage du soi-disant «
Printemps arabe », un mouvement de
protestation, organisé par les
occidentaux (vitrines légales de la CIA
et réseaux Sorös) et les qataris (al
Jazzirah), éclate en Syrie, pays laïque
et multiculturel alors gouverné par les
Assad et le Parti ba’ath socialiste
arabe. Bachar, le fils, a succédé en
2000 à son père Hafez.
De petites
manifestations ont lieu à Damas avant
d'être dispersées. C’est un test. Mais
c'est à Deraa (sud) que le mouvement
prend de l'ampleur. Damas dénonce une
"rébellion armée de groupes salafistes".
On sait aujourd’hui que c’était la
vérité !
En juillet, un
colonel réfugié en Turquie crée l'Armée
syrienne libre (ASL), « composée de
civils ayant pris les armes et de
déserteurs de l'armée » disent les
médias de l’OTAN. Dès novembre, et après
la chute de Kadhafi, le gouverneur
militaire de Tripoli (adoubé par les
généraux français de l’OTAN et ceux
américains de l’AFRICOM), Habdelhakim
Belhadj (ex chef d’al-Qaida en Libye et
passé par Guantanamo), qui est l’un des
chefs des Karibas du CNT libyen,
organise avec la logistique des USA et
de l’OTAN un pont aérien vers la Syrie
(2). Armes et djihadistes affluent de
Libye. Ce sera la base véritable de la
soi-disant ASL. Qui bénéficie aussi de
l’appui direct de l’armée turque et des
services secrets d’Erdogan, et de l’aide
saoudienne, qatarie et jordanienne. Sans
oublier celle des israéliens sur le
Golan …
ETAPE 2 :
2012-2013. L’ARMEE ARABE SYRIENNE A LA
CONTRE-OFFENSIVE
En mars 2012,
l'Armée Arabe Syrienne reprend le
contrôle du bastion de la rébellion à
Homs (centre), après un mois de
bombardements. D'autres opérations
avaient été menées, notamment à Hama
(centre), après d'immenses
manifestations islamistes.
En juillet, des
rebelles lancent la bataille de Damas.
Le gouvernement garde le contrôle de la
capitale mais des zones de sa banlieue
(la Goutta) passent sous contrôle
rebelle.
En avril 2013, le
Hezbollah libanais, allié de l'Iran, qui
a exprimé dès le début du conflit sa
"loyauté" envers Damas, reconnaît
l'engagement de ses combattants aux
côtés de Damas. Il va envoyer des
milliers de combattants pour venir en
aide aux troupes syriennes. L'Iran,
principal allié régional de la Syrie
depuis des decennies, va fournir
combattants, conseillers et aide
économique.
ETAPE 3 :
SEPTEMBRE 2013. WASHINGTON RENONCE A UNE
INTERVENTION MILITAIRE DIRECTE
Le 21 août 2013,
une attaque chimique, imputée à tord au
gouvernement syrien dans deux zones
rebelles près de Damas, fait plus de
1.400 morts. Une enquête de la TV
syrienne et des expertises russes
concluent, elles à une attaque
djihadiste du Jabbat al-Nosra (ex
al-Qaida en Syrie, le noyau dur de
l’ASL) avec des armes saoudiennes.
Les Etats-Unis, la
France et la Grande-Bretagne menacent
Damas de frappes punitives, avant d'y
renoncer à la suite d'un accord
russo-américain sur le démantèlement de
l'arsenal chimique syrien. Mais aussi de
grandes manifestations contre la guerre
en Grande-Bretagne, qui contraignent le
Parlement à voter contre l’agression en
préparation (3).
ETAPE 4 :
2014-2015. LA MONTEE DES DJIHADISTES
En janvier 2014,
l'hostilité entre les jihadistes de
l'Etat islamique en Irak et au Levant
(EIIL) et les groupes dits « rebelles »
(dont le Jabbat al-Nosra, ex al-Qaida en
Syrie) évolue vers
une guerre ouverte dans le nord du pays.
L'EIIL (Etat islamique et Irak et au
Levant), devenu ensuite Etat islamique
(EI, ISIS ou Daech), conquiert Raqa,
premier chef-lieu de province à échapper
au contrôle de Damas et proclame un «
Califat ».
En septembre 2014,
une coalition internationale dirigée par
les Etats-Unis lance, après l'Irak, ses
premières frappes contre l'EI en Syrie.
Sans l’accord de Damas et en violation
des Lois internationales.
Les Kurdes de Syrie
(dominé par la branche syrienne du PKK),
qui ont établi une administration
semi-autonome dans le Nord et le
Nord-est, mettent sur pied les « Forces
démocratiques syriennes » (FDS),
paravent le l’intervention américaine et
atlantiste. Cette alliance de
combattants kurdes « et arabes »,
soutenue par la coalition, va prendre à
l'EI des territoires stratégiques. En
octobre 2017, les FDS vont conquérir une
partie de Raqa, "capitale" de facto des
jihadistes dans le nord syrien. L’Armée
arabe syrienne s’emparanbt d’une autre
partie.
ETAPE 5 :
SEPTEMBRE 2015. MOSCOU
INTERVIENT MILITAIREMENT EN SYRIE
EN APPUI DE DAMAS.
Moscou intervient
directement au secours d'Assad. Elle y
dispose d’une base navale à Tartous et
aérienne près de Lattaquié. C’est le
tournant militaire de la guerre, qui va
changer la donne au profit de Damas.
Le 30 septembre
2015, la Russie entame une campagne de
frappes aériennes en soutien aux troupes
gouvernementales, en grande difficulté
sur deux fronts face aux rebelles et aux
jihadistes. Le soutien des Russes, qui
utilisent toute leur puissance de feu,
va remettre en selle le président Assad
et permettre la reprise totale d'Alep
(nord) fin décembre 2016.
ETAPE 6 :
POUTINE VEUT GAGNER LA PAIX APRES AVOIR
GAGNE LA GUERRE ET ORGANISE « LE
PROCESSUS D’ASTANA »
Poutine prépare
l'après-conflit par une offensive
diplomatique. En janvier 2017, Russie,
Iran et Turquie organisent à Astana
(Kazakhstan), sans l'implication de
Washington, des discussions réunissant
des représentants de Damas et une
délégation rebelle. La Turquie est là
parce que le soutien des occidentaux aux
kurdes du PKK-PYD et à un « Kurdistan
autonome » lui est inacceptable. Le «
processus d'Astana » a abouti à un
accord sur la mise en place de quatre
"zones de désescalade" sans faire cesser
complètement les combats.
Moscou cherche
depuis à trouver un relais politique à
ce processus, tandis que des
négociations sont régulièrement
organisées à Genève sous l'égide de
l'ONU entre régime et opposition. En ce
mois de novembre 2017, Poutine entend
mettre hors jeu les négociations de
Genève, l’ONU et les occidentaux. Et
organiser une conférence à Sotchi, issue
du « processus d’Astana » sans les USA.
La presse russe évoque « un nouveau
Yalta d’où les USA ont été écartés » et
de Poutine comme « le nouveau tsar du
Proche-Orient » …
II-
LES ACTEURS DU CONFLIT SYRIEN
Voici les
principaux acteurs du conflit:
DAMAS – LE
GOUVERNEMENT SYRIEN LEGAL ET LEGITIME -
ET SES ALLIES
L'Armée arabe
syrienne (issue du Ba’ath) du président
Bachar al-Assad, qui comptait 300.000
hommes dans ses unités combattantes en
2011, a vu ses effectifs baisser d’un
gros tiers.
Elle est soutenue par 150.000 à 200.000
miliciens (milices popmulaires
municipales). Par ailleurs, 5.000 à
8.000 combattants du Hezbollah libanais
se battent à ses côtés.
Alliée de poids de
Damas, la Russie intervient depuis
septembre 2015. Son aviation a permis
aux troupes gouvernementales de
reprendre plusieurs zones clés, comme la
ville d'Alep.
Autre allié de poids, l'Iran, qui a
envoyé des milliers de combattants en
Syrie et fournit conseillers militaires.
L'armée contrôle
désormais 55 à 60% du territoire et en
fait la majeure partie de la « Syrie
utile »), notamment les principales
villes (Damas, Homs, Hama, Lattaquié et
Alep). Plus des deux-tiers des habitants
vivent sur ce territoire.
LES SOI-DISANT «
REBELLES » A MAJORITE DJIHADISTES
Au début du
conflit, les rebelles se sont regroupés
sous la bannière de la soi-disant «
Armée syrienne libre » (ASL), organisée
depuis la Libye. Laissant
progressivement place à une myriade de
factions, allant des « rebelles » très
minoritaire sans affiliation religieuse
aux groupes islamistes radicaux,
ultra-majoritaires. Après de multiples
revers, ils n'ont plus beaucoup de
poids.
Ahrar al-Cham,
d'inspiration salafiste, était l'un des
groupes les plus puissants. Surtout
présent dans la province d'Idleb
(nord-ouest), il a tenté en 2015 de se
présenter comme « modéré » (sic) aux
yeux des Occidentaux. Mais après un coup
de force des ex-alliés jihadistes de
Tahrir al-Cham, il n'est plus présent
que dans quelques poches d'Idleb.
Jaich al-Islam est le plus important
groupe rebelle dans la région de Damas
(la Goutta).
En comptant les
zones dominées par la coalition Tahrir
al-Cham (composée essentiellement de
jihadistes de Fateh al-Cham, ex Jabbat
al-Nbosra, l'ex-branche syrienne
d'Al-Qaïda), les rebelles contrôlent
moins de 10% du territoire où vit une
dizaine de % de la population.
LES DJIHADISTES NON
LIES A L’ASL
Les deux
principales forces jihadistes rivales
sont le groupe Etat islamique (EI) et le
groupe Fateh al-Cham :
L'EI (Daech) a
conquis de vastes régions depuis son
intervention en 2013 dans le conflit et
proclamé en 2014 un "califat" sur les
territoires conquis en Syrie et en Irak,
aujourd'hui en lambeaux. Cible de
multiples offensives de Damas et d'une
coalition arabo-kurde soutenue par
Washington, l'EI a subi de nombreux
revers et ne contrôle plus que quelques
% du territoire syrien contre 33% en
début d'année. Il est aussi bouté hors
de ses fiefs irakiens. Daech s’est
internationalisé, fuyant la Syrie et
l’Irak, vers l’Egypte (Sinaï), la Libye,
l’Afghanistan (où il a une imposante
force militaire), le sahel et le Sahara,
où en Afrique de l’Ouest (où sévit Boko
Haram, son vassal, autoproclamé « Etat
islamique en Afrique de l’Ouest »).
Fateh al-Cham,
connu précédemment sous le nom de Front
Al-Nosra, a annoncé « sa rupture » avec
Al-Qaïda en juillet 2016. Il domine une
coalition baptisée Tahrir al-Cham.
Composé essentiellement de Syriens, il
attire de nombreux rebelles avec ses
moyens financiers et sa meilleure
organisation. Il a chassé ses ex-alliés
rebelles de presque la totalité de la
province d'Idleb.
LES FORCES KURDES
Contenus pendant
des décennies, les Kurdes ont profité du
retrait de l'armée syrienne pour établir
dans le Nord une administration locale.
En 2016, ils ont instauré une région
"fédérale" sur leurs territoires et
organisé leurs premières élections en
septembre.
Les YPG (Unités de
protection du peuple), leur principale
milice armée, forment le noyau dur des «
Forces démocratiques syriennes » (FDS)
-composées également de combattants
arabes- soutenues par la coalition
internationale dirigée par les
Etats-Unis. Le tout sous la direction du
PKK de Turquie. Ils contrôlent 25% du
territoire, où vit près de 16% de la
population, et les trois-quarts de la
frontière avec la Turquie qui voit d'un
très mauvais oeil cette autonomie et
l’exemple qu’elle donne aux kurdes de
Turquie. «Ankara assure « avoir reçu de
Washington des assurances concernant
l'arrêt de livraisons d'armes aux YPG ».
LES ETATS
ISLAMIQUES AUTORITAIRES : TURQUIE,
ARABIE, QATAR -
La Turquie,
l'Arabie saoudite et le Qatar ont
soutenu dès le début de la révolte la
rébellion majoritairement sunnite contre
Damas. Aujourd'hui, Ryad et Doha sont
marginalisés et Ankara a noué une
alliance inédite avec Moscou, par refus
d’un « Kurdistan autonome ». Sur la base
d’une realpolitik pure.
Sur le plan
militaire, la Turquie appuie des «
rebelles antijihadistes » et a déployé
des troupes dans le nord syrien. A la
grande colère de Damas.
LA SOI-DISANT «
COALITION INTERNATIONALE » : USA, OTAN
ET ALLIES
Elle comprend sur
le papier « plus de 60 pays » et dit «
mener des frappes aériennes contre l'EI,
en appui à des troupes au sol ». Dans
les faits, l’Armée de Damas est
régulièrement ciblée ! Avec la fin des
grandes batailles contre l'EI, les
frappes ont baissé en intensité.
Washington « attend les résultats des
pourparlers de paix à Genève pour
décider du sort de cette coalition ». A
Astana, Russes, iraniens et syriens ont
dénoncé l’illégalité de la présence de
la « Coalition » en Syrie …
NOTES :
(1) Cfr. LUC
MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/ TRIPARTITE
SOCHI SUMMIT (‘THE AXIS OF ORDER’) SEEN
FROM RUSSIA: ‘A NEW YALTA THAT EXCLUDES
THE AMERICANS’
sur
http://www.lucmichel.net/2017/11/28/luc-michels-geopolitical-daily-tripartite-sochi-summit-the-axis-of-order-seen-from-russia-a-new-yalta-that-excludes-the-americans/
(2) Cfr. Luc
MICHEL, ELAC WEBSITE/ LA FILIERE
LIBYENNE DU TRAFFIC D’ARMES VERS LA
SYRIE
sur
http://www.elac-committees.org/2013/07/31/elac-alac-committees-la-filiere-libyenne-du-traffic-d%E2%80%99armes-vers-la-syrie/
Et sur FOREIGN POLICY (la revue fondée
par Huntington -la «guerre des
civilisations»-),
COMRADES IN ARMS : HOW LIBYA SENDS
WEAPONS TO SYRIA’S REBELS,
http://www.foreignpolicy.com/articles/2013/07/10/how_libya_is_sending_weapons_arms_syrian_rebels?page=0,1
(3) Cfr. Luc
MICHEL, FOCUS/ L’OPINION EUROPEENNE
BASCULE CONTRE LA SALE GUERRE DE L’OTAN
CONTRE LA SYRIE
sur
http://www.lucmichel.net/2013/08/30/luc-michel-focus-lopinion-europeenne-bascule-contre-la-sale-guerre-de-lotan-contre-la-syrie/
LUC MICHEL (ЛЮК
МИШЕЛЬ) & EODE
* PAGE SPECIALE Luc
MICHEL’s Geopolitical Daily
https://www.facebook.com/LucMICHELgeopoliticalDaily/
* Luc MICHEL (Люк
МИШЕЛЬ) :
WEBSITE
http://www.lucmichel.net/
PAGE OFFICIELLE III –
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