New Matilda
La guerre psychologique contre Julian
Assange
(1ère partie) : Quel rapport avec la
torture ?
Lissa JOHNSON
IMAGE :
DJANDYW.COM, Flickr
Vendredi 1er mars 2019
Dans la première
partie d’une série d’enquêtes pour New
Matilda, la psychologue clinicienne
Lissa Johnson expose la ’science’
derrière la chasse à Julian Assange et
les tactiques utilisées par ceux qui
sont au pouvoir pour vous tenir à
l’écart. Le mois prochain,
des rassemblements auront lieu à Sydney
et Melbourne pour défendre Julian
Assange. Les manifestants demanderont au
gouvernement australien de respecter ses
obligations envers ses citoyens et
d’obtenir la liberté d’Assange, dont
l’état de santé se détériore en cette
neuvième année d’une détention déclarée
comme arbitraire par l’ONU.
M. Assange risque
l’extradition vers les États-Unis et des
accusations secrètes pour ses activités
de publication s’il sort de l’ambassade
de l’Équateur à Londres. Cette
persécution transfrontalière et
extraterritoriale menace non seulement
la santé d’Assange, et peut-être même sa
vie selon une
récente déclaration de l’ONU, mais
pose également de graves
risques juridiques pour le
journalisme et la
dissidence.
Parmi les orateurs
du rassemblement à Sydney, le célèbre
journaliste et réalisateur de films John
Pilger
s’adressera aux manifestants dans
l’amphithéâtre de Martin Place, le
dimanche 3 mars, à partir de 14 heures.
Le rassemblement de Melbourne aura lieu
au State Library, le dimanche 10 mars, à
partir de 13h.
Les rassemblements
en Australie font partie d’une
mobilisation internationale croissante
d’organisations et d’individus qui
sonnent l’alarme de plus en plus
pressante sur le sort de Julian Assange
et ses implications pour la liberté
d’expression et les droits
démocratiques.
À la fin de l’année
dernière, alors que des accusations
secrètes portées par les États-Unis
contre Julian Assange
ont fait surface et que la menace de
son extradition imminente vers les
États-Unis se profilait, le Groupe de
travail des Nations Unies sur la
détention arbitraire (UNWGAD) a fait une
déclaration ferme au gouvernement
britannique, ayant déjà statué à deux
reprises qu’Assange était détenu
arbitrairement à l’ambassade de
l’Equateur à Londres.
Dans sa
déclaration, l’UNWGAD a exigé que le
Royaume-Uni respecte ses obligations
légales ’contraignantes’ et garantisse
’immédiatement’ la liberté de Julian
Assange. L’ONU a rappelé au gouvernement
britannique que « le droit des traités
relatifs aux droits de l’homme est un
droit contraignant et non un droit
discrétionnaire. Il ne s’agit pas d’une
fantaisie passagère. »
Les mêmes craintes
ont incité 33 parlementaires de l’UE à
écrire
une lettre au Premier ministre
britannique, au Président équatorien et
au Secrétaire général des Nations Unies,
le 10 décembre dernier, condamnant
fermement les ’très graves et flagrantes
violations des droits de l’homme au cœur
de l’Europe’. Ils ont appelé à la
’libération immédiate d’Assange, ainsi
qu’à son passage en toute sécurité vers
un pays sûr’.
Deux députées
allemandes se sont ensuite rendues à
l’ambassade d’Equateur le 20 décembre
pour dénoncer la violation des
’droits fondamentaux’ d’Assange et ont
exprimé leur ’exigence que cette affaire
soit résolue : qu’aucun éditeur, aucun
rédacteur, aucun journaliste ne soit
détenu pour avoir publié la vérité’.
Les déclarations
des politiciens et de l’ONU se sont
ajoutées aux condamnations antérieures
de la persécution d’Assange par
Human Rights Watch,
Amnesty International, l’American
Civil Liberties Union, le
Committee to Protect Journalists, et
un ancien avocat principal du HCR et
expert de l’ONU pour la promotion de
l’ordre international.
Toutes ces grandes
autorités juridiques et des droits de
l’homme ont fait valoir essentiellement
le même point fondamental : Julian
Assange est persécuté pour avoir publié
la vérité dans l’intérêt public, mettant
en danger le journalisme d’intérêt
public lui-même, ainsi que la liberté
d’expression et d’autres principes
démocratiques et des droits humains.
C’est le même point
fondamental soulevé par
plusieurs orateurs lors d’un
précédent rassemblement australien pour
libérer Julian Assange, qui s’est tenu à
Sydney en juin dernier. John Pilger a
également pris la parole lors de ce
rassemblement.
L’important
discours de Pilger en 2018, à
l’instar du rassembkement lui-même, a
toutefois fait l’objet d’un black-out
quasi-total, sinon total, de la part des
médias grand public. Donc si vous l’avez
raté, c’est peut-être pour ça. Et si
vous n’avez pas suivi depuis le début la
guerre livrée par les Etats-Unis contre
Wikileaks, comme c’était mon cas il y a
encore un an, le discours de Pilger est
un bon moyen pour rattraper votre
retard.
Une bonne journée de travail
Sur les marches de
l’hôtel de ville de Sydney, John Pilger
a déclaré : ’Je connais bien Julian. Je
le considère comme un ami proche : une
personne d’une résistance et d’un
courage extraordinaires. J’ai vu un
tsunami de mensonges et de calomnies
l’engloutir, sans fin, avec vindicte,
perfidie, et je sais pourquoi ils le
calomnient.
’En 2008, un plan
de destruction de Wikileaks et de Julian
futé présenté dans un
document secret daté du 8 mars 2008.
Le document est rédigé par le Cyber
Counter-intelligence Assessment Branch
du Département de la Défense des
États-Unis.’
La Cyber Counter-intelligence
Assessment Branch du Département de
la Défense des États-Unis ? Qu’est-ce
donc ? Quelque chose en relation avec la
CIA ? Cette même CIA qui s’est récemment
positionnée ouvertement à la tête de la
mission américaine pour ’faire
tomber’ Wikileaks ?
La branche du
renseignement du Département de la
défense (DoD) des États-Unis est connue
sous le nom de Defense Intelligence
Agency, ou DIA. La DIA diffère de la
CIA,
selon le site Web du DoD, en ce sens
que la CIA fournit des renseignements au
Président et à son cabinet, tandis que
la DIA fournit des renseignements aux
’missions de combat’.
En d’autres termes,
dès 2008, il semble que le DoD ait
engagé son appareil de renseignement
dans une sorte de ’mission de combat’
contre Wikileaks et Julian Assange.
Quel genre de
mission de combat ?
Pilger explique :
’Ils décrivent en détail combien il
était important de détruire, je cite,
’le sentiment de confiance qui est le
centre de gravité de Wikileaks’. Cela se
fera, écrivent-ils, avec des menaces
d’exposition et des poursuites
criminelles et une attaque implacable
contre sa réputation.’
Une attaque
implacable contre sa réputation ? Comme
la longue et
implacable attaque contre la
réputation de Julian Assange dans
The Guardian et d’autres
publications grand public, par
exemple ? Un assaut accompagné
d’articles récents
inventés de toutes pièces,
apparemment en collaboration avec
un agent politique aligné avec les
Etats-Unis et ayant des antécédents
connus de falsification ? Alors que les
médias financés par le gouvernement,
comme
Integrity Initiative, ont travaillé
en coulisses pour salir
à la fois Julian Assange et Jeremy
Corbyn dans les médias sociaux ?
Ce genre d’attaque
implacable ?
Mais quel genre
d’opération militaire viserait quelque
chose d’aussi profondément psychologique
que la confiance ? Quelque chose qu’on
appellerait une opération
psychologique ? Mais est-ce que les ’psyops’
existent réellement ? Si oui, est-ce que
DIA en réalise ?
« Oui » semble être
la réponse courte, d’après
ce document de 125 pages sur les
PSYOPS militaires rédigé par les chefs
d’état-major interarmées (JCOS). Le JCOS
définit les opérations psychologiques
comme des ’opérations planifiées... pour
influencer les émotions, les
motivations, le raisonnement objectif,
et finalement le comportement ’ des
publics ciblés.
Comme détruire la
confiance en un éditeur, par exemple.
Qui pourrait-être
engagé par le DoD pour influencer les
émotions, les motivations, le
raisonnement et le comportement de ses
cibles ? Des psychologues ? Ce serait
logique, étant donné que les opérations
psychologiques sont psychologiques.
Après tout, influencer les émotions, le
raisonnement et le comportement fait
partie de notre domaine d’expertise.
Il serait toutefois
troublant de penser que des psychologues
auraient pu aider et participer à la
détention,
déclarée arbitraire par l’ONU, d’un
journaliste pour ses publications. Sans
parler de contribuer à sa torture,
telle que définie par l’ONU, par un
isolement effectif depuis le mois de
mars de l’année dernière, sans accès à
des
soins médicaux adéquats, ce qui
pourrait
mettre sa vie en danger selon
l’UNWGAD.
Le fait que les
organismes traitant de psychologie
soient restés silencieux sur cette
affaire, plutôt que d’adopter une
position logique aux côtés des
principales organisations de défense des
droits de l’homme, est déjà assez
troublant. Mais n’ayez crainte. Une
discussion amicale sur le site Web de
l’American Psychological Association
(APA) révèle qu’en réalité, les
psychologues de la CIA diffèrent peu de
leurs collègues civils. Ils fournissent
des soins de santé mentale, des services
d’évaluation et de dépistage au
personnel du renseignement qui fait face
à des tâches difficiles et exigeantes.
Rien à dire.
L’espionnage doit être stressant. Les
agents de la CIA auraient autant besoin
d’une thérapie que n’importe qui.
Mais il y a
d’autres tâches plus intrigantes pour
les psychologues de la CIA. Selon la
section offres d’empoi du site de la
CIA, l’agence recherche également des
psychologues titulaires d’un doctorat
qui peuvent conseiller sur
’l’application pratique des
connaissances et expériences
professionnelles à des situations
réelles et passionnantes’.
Des situations
réelles et passionnantes ? Comme quoi,
par exemple ?
Si on en croit une
vidéo de recrutement de la CIA
publiée sur Youtube l’année dernière, le
monde est à votre portée. Une jeune
psychologue séduisante décrit les
’postes passionnants’ qu’occupent les
psychologues à la CIA, y compris les
’évaluations psychologiques des
dirigeants étrangers’, la collecte de
’renseignements étrangers critiques pour
le Président et les hauts responsables
politiques’ et la collecte et la
diffusion clandestines de
renseignements, qui implique ’le travail
le plus sensible que le pays puisse
accomplir ’.
Cool.
Même le
fil Twitter de la CIA interpelle :
’Si vous avez une formation en
psychologie, il y a plusieurs
opportunités de carrière gratifiantes
pour vous à CIA !’
Point
d’exclamation ! #NousSommesPsyops !
Toutefois, ni le
fil Twitter, ni la vidéo promotionnelle,
ni le site Web de la CIA n’offrent
d’exemples concrets de situations
concrètes, gratifiantes, excitantes,
délicates et clandestines qui attendent
les psychologues de la CIA dans le monde
réel. C’est probablement confidentiel.
La destruction de la confiance en
Wikileaks, malheureusement, n’est pas
mentionnée.
Cependant, grâce au
dénonciateur de la CIA John Kiriakou et
à
un résumé de 499 pages d’un rapport
de 6 700 pages de la Commission
sénatoriale du renseignement (SIC), nous
savons qu’au moins un cas de la CIA
nécessitant une expertise psychologique
impliquait la torture.
Comme tout le monde
le sait maintenant, de 2002 à 2009, dans
le cadre extrajudiciaire de la lutte
contre le terrorisme lancé par George W.
Bush, des personnes considérées comme
une menace terroriste ont été
appréhendées et torturées dans un
certain nombre de « sites noirs »
secrets à travers le monde.
Deux psychologues
agréés de l’APA, Jim Mitchell et Bruce
Jessen, furent engagés par la CIA pour
concevoir, superviser et mettre en œuvre
le programme de torture sur ces sites.
Les cibles du
programme étaient enlevées sen violation
de la loi, souvent sur la base
d’informations fabriquées de toutes
pièces et provenant d’une seule source
selon la SIC (c-à-d. des sources
douteuses), et détenues indéfiniment
sans procès. Certaines sont
toujours détenues à ce jour, n’ayant
jamais été inculpées ou jugées. Pour
quoi que ce soit. Rien.
Tout comme Julian
Assange est toujours détenu
arbitrairement aujourd’hui, et qui n’a
jamais été inculpé de quoi que ce
soit. Rien.
Sous la direction
de psychologues, les
victimes du programme de torture ont
souffert d’une ’dépravation
porno-sadique’ qui était ’atroce
au-delà de toute imagination’.
Pourquoi ?
Peut-être pour obtenir des informations
importantes sur les menaces terroristes
après le 11 septembre ? Des mesures
exceptionnelles en période de crise ?
Sauf qu’à l’époque,
la CIA savait depuis les années 1980 que
la torture ’ne
fournit pas de renseignements’. Ce
qu’elle fournit, ce sont de fausses
informations. Ce qui est toujours bon à
prendre, comme ce fut le cas.
Selon d’anciens
hauts responsables, c’est un
faux aveux obtenu sous la torture
qui ont joué un rôle central dans le
fameux discours de Colin Powell à l’ONU,
qui insistait pour la guerre en Irak, à
l’insu de Powell l’époque. Le directeur
de la CIA George Tenet et
le MI6, cependant, avaient
apparemment une idée sur la question.
Alors, avec une
guerre contre le terrorisme à mener et
de faux aveux à extorquer, les
psychologues Mitchell et Jessen se sont
mis au travail pour concevoir un
programme de torture.
En plus des formes
traditionnelles de brutalité étatique
telles que frapper la tête des gens
contre les murs et de les pendre nus, la
créativité psychologique combinée du
couple a donné naissance à des
innovations telles que : l’alimentation
forcée par le rectum des victimes avec
du houmous, des pâtes et des noix ;
l’agression sexuelle avec des manches à
balais ; l’emprisonnement dans des
boîtes remplies d’insectes ; la menace
de faire du mal à leurs enfants ou
d’égorger leur mère, ou les faire
assister au viol de leur mère.
Afin d’accroître la
sensibilité des victimes à la détresse,
les sujets étaient souvent d’abord
soumis à des séances sauvages de
privation de sommeil, jusqu’à plusieurs
jours d’affilée.
Au moins 26 des
victimes du programme ont finalement été
jugées innocentes. Un homme, appréhendé
dans un cas d’erreur d’identité, arraché
à sa femme et à ses quatre enfants alors
qu’il se rendait à un examen médical,
est mort. Bon nombre d’entre eux ont
subi des blessures durables telles que
des prolapsus intestinaux, des lésions
cérébrales et des convulsions. Tous ont
été psychologiquement décimés,
comme prévu.
Au sujet de l’état
d’un survivant, l’experte en matière de
torture et professeure agrégée, Sandra
Crosby,
a déclaré : ’Au cours de mes
nombreuses années d’expérience dans le
traitement des victimes de la torture
dans le monde entier, M. Al-Nashiri est
l’une des personnes les plus gravement
traumatisées que j’aie jamais vues ’.
_
Derrière des portes closes
Quel rapport avec
Wikileaks et Julian Asssange ? Des
petites choses. Premièrement, c’est un
exemple de la psychologie concrète,
clandestine et réelle de la CIA employée
contre les ’terroristes’ et les ennemis
de l’État, comme
Julian Assange et
Wikileaks ont été qualifiés.
Deuxièmement, il
illustre le genre d’activités que même
les autorités les plus réputées,
respectées et dignes de confiance, comme
l’American Psychological Association,
peuvent entreprendre en l’absence de
transparence et de supervision publique,
comme celle de Wikileaks.
Troisièmement, il
s’agit d’une étude de cas sur les
secrets d’État, des secrets que l’on
nous dit doivent être protégés en
sacrifiant nos libertés, y compris
la liberté d’expression représentée
par Wikileaks.
Quatrièmement, il
s’agit d’une mise en garde concernant le
modus operandi de la CIA, qui
s’est récemment
ouvertement manifesté dans le cadre
de la mission US pour
faire tomber Wikileaks et Julian
Assange.
Cinquièmement,
c’est un exemple de l’importance de la
dénonciation et de ce qui arrive aux
dénonciateurs qui ne sont pas protégés
par une organisation telle que Wikileaks.
Le labyrinthe de
cruauté physique et mentale des
psychologues Mitchell et Jessen fut
révélé après le passage à la télévision
de l’ancien agent de la CIA, John
Kiriakou, en 2007, où il a contredit le
président George W. Bush. En réponse à
des rapports émanant d’organisations de
défense des droits de l’homme, Bush
avait nié l’existence d’un programme de
torture.
« Ce gouvernement
ne torture pas », déclara Bush. « Nous
respectons la loi américaine et nos
obligations internationales. »
« Je
savais qu’il mentait », se souvient
Kiriakou.
Lors d’une entrevue
télévisée qui a suivi avec Brian Ross de
ABC, John Kiriakou a expliqué que le
waterboarding [simulation de noyade]
était effectivement une politique de la
CIA. ’Dans cette interview, j’ai
essentiellement traité le président des
États-Unis de menteur ’, explique
Kiriakou. ’Je suis devenu le premier
officier de la CIA, ancien ou actuel, à
confirmer que nous torturions des
prisonniers et que la torture était
notre politique.’
Suite aux
révélations de Kiriakou, la commission
sénatoriale des renseignements a lancé
une enquête exhaustive, qui a culminé
dans le rapport détaillé de 2014, qui ne
laisse ’ aucun
doute ’, écrit World Socialist
Website, ’ que des agents de la CIA, en
étroite collaboration avec des
psychologues agréés, ont commis des
tortures, des meurtres et des crimes de
guerre ’.
Un rapport
ultérieur de 2015 commandé par le
conseil d’administration de l’American
Psychological Association a révélé que ’
l’APA s’est entendue en secret avec
la CIA et le Département de la Défense (DoD)
pour appliquer le programme de torture
’.
Pour cacher ses
perversions en matière de sécurité
nationale, ’la CIA a fourni à plusieurs
reprises des renseignements inexacts au
ministère de la Justice (DoJ), empêchant
une analyse juridique adéquate du
programme de détention et
d’interrogatoire de la CIA’, écrit le
SIC. En d’autres termes, ils ont menti
pour se couvrir. Pourquoi pas ? C’est la
CIA. Agir en secret et clandestinement,
c’est leur truc. De plus, comment faire
autrement si on veut garder des secrets
d’Etat ?
Bien que les
secrets de la CIA aient été dévoilés au
grand jour dans ce cas précis, et bien
que la CIA et l’APA aient été prises en
flagrant délit dans des « sites noirs »
clandestins et sadiques, c’est John
Kiriakou - le dénonciateur - qui est
allé en prison. Les auteurs, en
revanche, étaient libres.
En conséquence,
d’autres dénonciateurs potentiels sont
susceptibles d’y réfléchir à deux fois
avant de suivre les traces de Kiriakou
et d’exposer toute activité
psychologique néfaste à la CIA. Ce qui
signifie que ceux d’entre nous qui sont
à l’extérieur ne peuvent que spéculer
sur ce que d’autres psychologues de la
CIA pourraient faire derrière des portes
closes.
Étant moi-même
psychologue et titulaire d’un doctorat
dans un domaine pertinent, je suis prête
à me lancer dans une supposition.
Une situation
contemporaine du monde réel qui porte
les marques d’un arsenal de
connaissances psychologiques est la
guerre psychologique qui dure depuis une
décennie contre les principaux
protecteurs des dénonciateurs de notre
époque : Wikileaks et Julian Assange.
La confiance, la
vulnérabilité et la Cyber Counter-intelligence
Assessment Branch du Département de la
défense des États-Unis
Lors du
rassemblement de Sydney de l’an dernier
pour libérer Julian Assange, John Pilger
a déclaré à propos de l’offensive
Cyber Counter-intelligence de 2008
contre Wikileaks : ’C’était comme s’ils
avaient planifié une guerre contre un
seul être humain, et contre le principe
même de liberté d’expression. Leur arme
principale sera la calomnie. Leurs
troupes de choc seront enrôlées dans les
médias.’
Si cela semble tiré
par les cheveux, il vaut la peine de
prendre un moment pour retracer
brièvement l’histoire des opérations
psychologiques des services de
renseignement US.
Si l’on remonte à
l’époque de la création de la CIA, la
psychologie et les opérations
psychologiques semblent avoir été
intégrées dans l’ADN du renseignement
américain. Dès 1954, alors que la CIA
n’avait que sept ans, le président
Eisenhower a commandé un examen, appelé
le
rapport Doolittle, pour évaluer
l’état de l’agence et donner des
orientations pour l’avenir. Le rapport
concluait que la CIA devait devenir ’une
organisation psychologique, politique et
paramilitaire agressive et secrète...
plus impitoyable que celle employée par
l’ennemi’.
Une organisation
psychologique, politique et
paramilitaire agressive et secrète. Dans
cet ordre là.
Dans les années
1980, les opérations psychologiques
étaient bien connues pour être utilisées
contre les populations étrangères en
temps de guerre. Cependant, sous Ronald
Regan, leur utilisation fut
bureaucratisée et étendue pour
cibler également les populations
nationales, en temps de guerre comme en
temps de paix. Pour faciliter cette
tâche, l’administration de Reagan a mis
sur pied un Comité des opérations
psychologiques (POC) inter-agences, dont
l’objectif était de créer une ’stratégie
cohérente et mondiale d’opérations
psychologiques’, utilisant les psychops
comme ’système d’armes’, tant à domicile
qu’à l’étranger, en temps de paix comme
en temps de guerre.
En 1996, selon
une thèse soumise au Collège de
guerre navale sous la direction du
président des opérations militaires
interarmées, l’armée américaine comptait
à elle seule 24 équipes psyops, dont
certaines ont développé des unités
appelées ’bataillons
de diffusion des médias’. La thèse
de 1996 plaidait, entre autres, en
faveur d’une utilisation accrue des
psychops dans les ’opérations militaires
autres que la guerre’ (MOOTW), y compris
un rôle accru comme ’outil politique et
d’intérieur’.
Sept ans plus tard,
en 2003, le JCOS écrivait que les
opérations psychologiques constituaient
alors ’une partie vitale du large
éventail des activités diplomatiques, de
renseignement, militaires et économiques
des Etats-Unis’.
Il n’est donc pas
étonnant que, en 2017, un
journal de l’Université d’État de
Sonoma ait rapporté que plus de 80 % du
contenu des médias grand public émanait
d’entreprises de propagande et de
relations publiques, dont les principaux
clients sont le Pentagone et l’armée
américaine. Ce qui donna naissance à ce
que les auteurs appellent un ’complexe
militaro-industriel-médiatique’.
Dans un chapitre
d’un livre de 2018,
Piers Robinson, titulaire de la
Chaire en politique, société et
journalisme politique à l’Université
de Sheffield ajoute que ’la production
de propagande implique plus que des
’spin doctors’ et des spécialistes en
relations publiques du gouvernement et
des entreprises, elle implique également
diverses entités, notamment des groupes
de réflexion, des ONG et même des
universitaires. Elle implique également
des acteurs de ce qu’on appelle l’’État
profond’, y compris les services de
renseignement’.
Tout bien
considéré, il semble qu’il y ait
beaucoup de travail pour les
psychologues désireux de se salir les
mains dans un ou deux psychops du
renseignement militaire. Pas étonnant
que la CIA continue à passer des offres
d’emploi pour des psychologues.
C’est une des
raisons, mais pas la seule, de spéculer
sur le recours à la psychologie dans
l’offensive contre Julian Assange et
Wikileaks qui dure depuis une décennie.
La principale raison pour laquelle je me
hasarde à faire une telle supposition,
cependant, est que mon propre doctorat
portait sur les processus psychologiques
par lesquels une personne influence les
croyances d’une autre personne au sujet
de la réalité.
Par conséquent, je
suis familier avec la vaste littérature
en psychologie sur les mécanismes de
perception de la réalité chez les êtres
humains, ses vulnérabilités et les
façons dont ces vulnérabilités peuvent
être exploitées et manipulées.
Fidèle au modus
operandi du contre-espionnage qui,
selon le site Internet de la CIA,
cherche à ’tirer parti’ des
’vulnérabilités’ de l’adversaire, chaque
vulnérabilité majeure du système de
traitement de la réalité humaine a été
exploitée pour salir Julian Assange et
Wikileaks depuis que le DoD a lancé sa
guerre contre l’éditeur, et contre le
principe de la liberté d’expression, en
2008.
Dans ce cas,
l’adversaire dans la ligne de mire n’a
pas seulement été Julian Assange et
Wikileaks, mais les populations
mondiales que Wikileaks cherche à
informer. Ce sont nos propres
vulnérabilités - les vulnérabilités dans
les systèmes d’information de tous les
êtres humains - qui ont été exploitées
afin de saper et de discréditer
Wikileaks.
Et même si nous ne
saurons probablement jamais si la guerre
contre Wikileaks a eu un duo ’Mitchell
et Jessen’ à l’oeuvre dans les
coulisses, le domaine de la psychologie
a certainement beaucoup à offrir dans
une campagne de diffamation comme celle
menée contre Julian Assange en 2008. En
fait, la Direction du contre-espionnage
aurait eu besoin de toute l’aide
psychologique qu’elle pouvait obtenir à
l’époque.
C’est un défi de
taille, sur le plan psychologique, que
de renverser la tendance de l’opinion
mondiale contre une organisation qui se
targue d’avoir la ’confiance’ comme
’centre de gravité’. La tâche devient
encore plus délicate lorsque cette
organisation est connue pour sa
scrupuleuse honnêteté, n’ayant jamais
publié autre chose que la vérité. La
vérité, en outre, qui a révélé la
criminalité meurtrière, les mensonges et
la corruption des personnes et des
institutions mêmes qui cherchent à
promouvoir ces calomnies.
Ce qu’il faut dans
une telle situation, c’est renverser la
réalité. La tâche psychologique
fondamentale est de rendre la vérité
suspecte et le mensonge rassurant, les
criminels de guerre vertueux et leurs
détracteurs corrompus, le pacifisme
menaçant et la violence réconfortante,
l’abus de pouvoir juste et la résistance
condamnable, la torture pardonnable et
sa dénonciation un crime, la censure un
bastion de la démocratie et la liberté
d’expression
une menace à surmonter. Comme George
Orwell l’avait en grande partie prédit.
Poursuivre les
dénonciateurs, poursuivre le journalisme
Pour justifier la
guerre psychologique contre Wikileaks,
les pouvoirs américains ont qualifié
Wikileaks et Assange de ’terroristes’
’anti-américains’, de ’service
de renseignement non étatique hostile’
et de ’combattants
ennemis’. Fort de ces insultes
indéfendables, Julian Assange risque
maintenant l’extradition imminente vers
les États-Unis pour faire face à des
accusations secrètes,
très probablement pour les
révélations de 2010 dénonçant des crimes
de guerre américains en Irak et en
Afghanistan.
Malgré la
rhétorique hystérique des Etats-Unis qui
rationalise cette persécution
extraterritoriale, en 2017 un
tribunal britannique a statué sur la
véritable nature de Wikileaks : une
organisation médiatique.
C’est d’ailleurs
une organisation médiatique qui est le
principal mécanisme mondial pour les
fuites anonymes, d’intérêt public, ou
dénonciations. Et la dénonciation
anonyme, selon de nombreux experts et
autorités, est non seulement au cœur du
vrai journalisme, mais aussi au cœur de
la démocratie.
Pourquoi anonyme ?
Pourquoi Wikileaks doit-il protéger ses
sources avec autant d’acharnement,
faisant en sorte que Wikileaks ressemble
un peu, du moins superficiellement, aux
agences d’espionnage qui le
poursuivent ? Pourquoi tout ce cryptage,
cette protection de l’identité et tout
ça ?
Une dénonciation
efficace, comme celle de John Kiriakou,
exige généralement de la publicité et
l’attention des médias pour obtenir des
changements,
explique Brian Martin, professeur
émérite en sciences sociales. Selon
M. Martin, les dénonciations privées et
peu médiatisées, telles que les plaintes
par les voies officielles, n’aboutissent
à rien et/ou se retournent contre le
dénonciateur.
Toutefois, comme
l’illustre le cas de John Kiriakou, le
prix à payer pour une telle dénonciation
publique est que le dénonciateur risque
des représailles, avec ou sans une
législation sur la protection des
dénonciateurs.
La réalité de la
dénonciation, selon le professeur
Martin, est que la législation conçue
pour protéger les dénonciateurs est,
dans la pratique, ’inutile
ou nuisible’. En conséquence, la
’dénonciation anonyme’, par exemple via
Wikileaks, remplit une fonction
démocratique essentielle en ce sens
qu’elle offre à l’intérêt public les
avantages de la dénonciation publique,
par exemple en dénonçant la torture,
tout en offrant ’le
grand avantage d’échapper aux
représailles’.
Wikileaks, par
exemple,
a publié toutes sortes de
corruptions, fraudes et abus tout en
protégeant les sources,
y compris sur le TPP, les trafics de
voix entre l’Arabie saoudite et le
Royaume-Uni lors de votes à l’ONU,
l’espionnage par la NSA des dirigeants
mondiaux, le soutien américain à la
guerre génocidaire au Yémen, les
actes de torture commis à Guantanamo,
les abus internationaux et
environnementaux des compagnies
pétrolières et minières, une multitude
de
sujets sur le nucléaire, le
viol et le
pillage de Haïti, sans parler de la
goutte qui a fait déborder le vase :
Vault 7 - le cyber-outil de la CIA pour
nous espionner. Grâce à nos téléviseurs
intelligents. Même lorsqu’ils
sont éteints.
(Hilary Clinton
pourrait croire le contraire, mais là
n’est pas le sujet).
Comme l’a écrit le
PDG de la Media Entertainment and
Arts Alliance (MEAA) dans un rapport
de 2015 intitulé
Going After Whistleblowers, Going After
Journalism, ’Si l’identité des
dénonciateurs peut être révélée, cela a
un effet dissuasif sur le journalisme
d’intérêt public... Le journalisme
d’intérêt public repose sur les
dénonciateurs, les sources
confidentielles qui fournissent des
informations cruciales aux
journalistes.’ Sans eux, ’tout le monde
est perdant’, dit le rapport, et le
pouvoir, incontrôlé, s’en tire avec tout
et même le pire.
Ne regardez pas en
arrière
Le gouvernement US
définit la dénonciation comme la
révélation de ’gaspillages, fraudes et
abus’. Après que John Kiriakou eut
dénoncé le programme de torture de la
CIA en 2007, le programme fut interrompu
en 2009. Telle est l’utilité d’une
dénonciation réussie.
Selon Wikileaks, ’la transparence
dans les activités gouvernementales
conduit à une réduction de la
corruption, à de meilleurs gouvernements
et des démocraties plus fortes’.
L’Australian
Human Rights Law Centre a fait une
remarque similaire dans un document de
2016 intitulé
Safeguarding Democracy. Dans ce
document on peut lire : ’Pour que notre
démocratie prospère, nous avons besoin
de la liberté d’expression, de la libre
circulation de l’information et d’une
presse libre pour tenir le gouvernement
responsable... Nous avons besoin
d’institutions, d’organisations et de
pratiques pour prévenir et dénoncer les
comportements répréhensibles et les abus
de pouvoir... ce ne sont pas seulement
nos droits humains, mais ce sont aussi
des conditions préalables essentielles à
la santé et à la prospérité de notre
démocratie.’
Le Centre prévient
toutefois qu’’il existe une tendance
claire et inquiétante de nouvelles lois
et pratiques qui érodent nombre de ces
fondements’, y compris des autorités qui
répondent ’aux dénonciateurs par des
représailles de plus en plus
agressives’.
Pour son rôle dans
la défense de la démocratie US, par
exemple, John Kiriakou note que ’la
CIA ne m’a jamais pardonné’.
Suite à son
entretien à ABC confirmant l’utilisation
de la torture par l’administration Bush,
Kiriakou fut
pris pour cible par la CIA pendant
plusieurs années et envoyé en prison en
2013, où il a purgé 23 mois d’une peine
de deux ans et demi. Cela en dépit de la
législation US sur la
protection des dénonciateurs qui
interdit les représailles contre les
dénonciateurs.
Kiriakou a
également été contraint de dépenser plus
d’un million de dollars de son propre
argent
pour se défendre contre la peine de
45 ans de prison demandée par la CIA.
’Je vais devoir
travailler jusqu’à ma mort’, s’est-il
récemment confié. ’Je n’ai pas le
choix.’
En revanche, les
deux psychologues qui ont conçu le
programme de torture de la CIA, Jim
Mitchell et Bruce Jessen, s’en sont
tirés à bon compte.
Bien que quelques
têtes soient tombées à l’APA en réponse
aux pressions des
groupes membres, et que la politique
de l’APA
ait été révisée, aucun des auteurs
de torture n’a subi de répercussions
pénales. Au lieu de cela, la société
d’experts-conseils de Mitchell et Jessen
a reçu plus de 81 millions de dollars en
paiements de la CIA.
En retour, selon
le rapport du SIC, leur programme
n’avait obtenu aucun ’renseignement
précis’. Rien.
Comme on pouvait
s’y attendre, les psychologues n’ont
obtenu que ’des informations inventées
de toutes pièces sur des questions de
renseignement cruciales, y compris les
menaces terroristes que la CIA a
identifié comme sa plus grande
priorité’. Bref, de fausses
informations. Comme il fallait s’y
attendre.
Gaspillage. Fraude.
Abus.
La CIA a également
réglé une somme non divulguée de frais
juridiques du duo, et aussi une
indemnisation financière à la famille de
l’homme que leur programme avait tué.
Les psychologues
sont sortis libres.
Assez libres, en
l’occurrence, pour
passer à la télévision en 2018 pour
défendre la torture et soutenir leur
collègue
Gina Haspel, directrice de la CIA.
Alors qu’elle était
cheffe de base sur un site noir en
Thaïlande, Haspel avait
supervisé la mise en œuvre sordide
du programme de torture concocté par
Mitchell et Jessen. Elle a également
rédigé par la suite un câble ordonnant
la destruction de
92 bandes vidéo compromettantes.
Sa punition ? Une
promotion à la tête de la CIA. La même
CIA qui
attaque Wikileaks avec
hargne.
Pour sûr, ’nous
avons torturé certaines personnes’, a
avoué allègrement Barack Obama. Mais
ces agents du renseignement, comme
Haspel, ont eu la vie dure. Ne soyons
pas ’moralisateurs’. Tout ça, c’est du
passé. ’Nous devons
regarder vers l’avenir plutôt que
vers le passé’. Pourquoi intenter des
poursuites ?
A moins, bien sûr,
que vous n’ayez dénoncé la torture
plutôt que de l’avoir perpétrée.
Si John Kiriakou,
non protégé par l’anonymat de Wikileaks,
ne s’était pas mis en danger, avait subi
la ruine financière et avait été
contraint d’assister à la publication du
rapport du SIC depuis sa cellule, les
six millions de documents relatifs à la
torture examinés par le SIC, y compris
les câbles, les courriels et les notes
internes, n’auraient peut-être jamais vu
le jour.
Le programme de
torture n’aurait peut-être pas été
interrompu en 2009. Des innocents
auraient continué d’être envoyés à
l’étranger pour subir des horreurs
secrètes dans des sites noirs secrets à
travers le monde, le tout au nom de la
collecte de fausses informations.
Tout comme Julian
Assange risque d’être emmené aux
Etats-Unis pour subir des horreurs
secrètes sous des
accusations secrètes dans un acte
d’accusation secrète publiée par un
Grand Jurysecret, également
au nom de fausses informations. Ou plus
précisément, au nom de la protection de
fausses informations contre de vraies
informations.
Comme protéger les
mensonges sur le nombre de victimes
civiles en Irak et en Afghanistan contre
le
véritable décompte de cadavres
révélé par Wikileaks.
Comme tout étudiant
en théorie politique le sait, la
protection des mensonges est une pierre
angulaire de la démocratie. La
démocratie, c’est la suppression de
l’information. Garder les populations
dans l’ignorance. Cacher la vérité.
Surtout en période
électorale, comme en 2016. Ou en temps
de guerre, c’est à dire en permanence.
Partout où des campagnes électorales
coûteuses et soigneusement conçues et
des récits pro-guerre sont en jeu.
Diffamer des
éditeurs influents pour avoir révélé la
vérité, et faire taire les dénonciateurs
dans la foulée, est le seul moyen de
préserver tout le spectacle de la
’démocratie’.
Des tortionnaires
comme Mitchell et Jessen sont libres de
dépenser comme bon leur semble leurs 81
millions de dollars de l’argent des
contribuables, tandis que les
dénonciateurs courageux comme John
Kiriakou sont ruinés et jetés en prison.
Logique.
Wikileaks est un
obstacle à ça.
C’est pourquoi la
meute de la #Resistance™’ du Russiagate
qui prétend « contrer la
désinformation » s’en prend avec autant
de virulence à Julian Assange. Ça, et le
fait que Wikilkeaks ne s’est jamais
trompé. Ce qui, de nos jours, est
considéré comme de la ’désinformation’.
C’est tout à fait
logique. Il n’y a pas d’opération
psychologique à l’œuvre. Personne n’a
travaillé de quelque façon que ce soit,
avec une expertise psychologique
quelconque, à bouleverser la perception
de la réalité. Bien-sûr que non, voyons.
Dans mon prochain
article de cette série, avant de me
pencher sur les tactiques psychologiques
spécifiques qui semblent avoir été
déployées dans l’offensive psychologique
contre Julian Assange et Wikileaks, je
passerai en revue certaines des idées
fausses que cette guerre psychologique a
pu alimenter, et ce qui est en jeu si
elle devait réussir.
En attendant, si
vous souhaitez faire votre part pour
protéger les dénonciateurs et le
journalisme d’intérêt public, vous
pouvez faire connaître les
rassemblements australiens pour la
défense de Julian Asssange, qui se
tiendront à Sydney à l’amphithéâtre
Martin Place le 3 mars à partir de 14h
et à Melbourne à la State Library le 10
mars dès 13h. Gardez un œil sur
ce fil Twitter ou sur
cette page Facebook pour les mises à
jour.
Les rassemblements
feront sans doute l’objet du même
black-out médiatique que le
rassemblement de Sydney en juin dernier,
et auront besoin de votre aide.
Dr Lissa Johnson
Traduction « moi
aussi je suis tombé dans leur panneau »
par VD pour le Grand Soir avec
probablement toutes les fautes et
coquilles habituelles
Source : »» https://newmatilda.com/2019/02/19/psychology-getting-julian-assange-pa...
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