Al Manar
Les Saoudiens de retour au Liban :
emboiter le pas aux Iraniens
Leila Mazboudi
Photo:
Al-Manar
Mardi 22 novembre 2016
La visite du lundi 21 novembre d’une
délégation saoudienne dirigée par Khaled
al-Fayçal, le gouverneur de la Mecque,
ne peut passer inaperçue.
D‘autant qu’elle intervient après une
dizaine de jours de la visite du chef de
la diplomatie iranienne Mohammad Javad
Zarif.
La
susceptibilité de la politique de Riyad
à l’encontre d’un quelconque rôle
iranien dans le monde arabe n’est plus à
démontrer. Le royaume wahhabite est prêt
à tous les coups pour le contrer.
Sachant que la situation dans le pays du
Cèdre n’est pas à son avantage : depuis
que le candidat du Hezbollah, le général
Michel Aoun a été élu à la présidence,
après un blocage qui s’est poursuivi
plus de deux années et demie. Mais aussi
en raison des pertes que les saoudiens
accumulent dans leurs politiques
régionales dans ces mêmes pays où ils
bravent les Iraniens.
Dans
la forme, la visite aura été
protocolaire, estime le journal libanais
assafir, avec pour but de féliciter le
nouveau président, à la veille de la
célébration de l’indépendance.
Dans
les visées, le journal libanais
l’inscrit dans les efforts déployés en
vue d’arracher le président libanais élu
des bras du Hezbollah et de l’axe
syro-iranien ou dans le pire des cas
afin le déplacer vers le centre, à
l’instar de son prédécesseur Michel
Sleimane.
Assafir assure qu’un engagement libanais
a été accordé aux Saoudiens dans ce
sens, non pas de la part du président,
mais il ne précise pas par qui.
Interrogé par l’agence iranienne Fars
News, l’analyste libanais Wahib Wahhabi
estime que la visite saoudienne à
Beyrouth vise constitue aussi une
tentative destinée à booster les
relations Beyrouth-Riyad et de les
ramener à ce qu’elles étaient il y a
encore deux ans.
Elles
s’étaient nettement détériorées après
que le gouvernement libanais a refusé de
rallier la position anti-Hezbollah de
Riyad qui a inclut le Hezbollah sur sa
liste des organisations terroristes.
L’armée libanaise n’a pas vu non plus
d’un bon œil la décision de Riyad
d’annuler son aide militaire promise qui
visait à aider le Liban dans sa guerre
contre les groupes takfiristes.
Un
autre analyste libanais Ali Mourad, qui
voit que les Saoudiens croient pouvoir «
reprendre en main le dossier libanais un
an après l’avoir lâché sous prétexte de
vouloir s’opposer au Hezbollah »
s’attend à ce qu’ils provoquent une
nouvelle crise politique au Liban.
« Les
succès militaires du Hezbollah en Syrie
poussent de plus en plus les saoudiens à
chercher à impliquer le Hezbollah dans
des crises internes. Au contraire de ce
qui se dit, Riyad compte beaucoup sur le
nouveau président américain qui passe
pour un ultraconservateur et qui devrait
attiser les tensions et les conflits au
Moyen-Orient »
Et
l’expert de s’inquiéter de voir les
promesses creuses de Riyad se répercuter
sur les récents développements au Liban.
Des
appréhensions qui pourraient sembler
être à l’opposé des propos de l’émir
saoudien Khaled prononcés durant le
dîner organisé lundi soir en son honneur
par le Premier ministre en charge Saad
Hariri.
« Les
saoudiens ne veulent que le Liban
deviennent le théâtre de désaccords
interarabes, mais le forum de l’entente
interarabe », a-t-il dit.
Or,
chaque fois que les saoudiens véhiculent
un discours arabisant, c’est surtout
pour narguer les Iraniens, qui ne
devaient selon les Saoudiens
n’entretenir aucune relation avec le
monde arabe. Que ce soit en Irak, au
Yémen, en Egypte, au Soudan, au Liban…
Ils leur emboitent le pas.
Une politique qui frôle la
paranoïa
Publié le 23 novembre 2016
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