Al Manar
Les dessous de la bataille d’al-Boukamal
: Les USA
et les FDS, grands perdants. Daech, le
tout petit
Leila Mazboudi
Lundi 20 novembre 2017
Le premier à avoir fait son apparition
dans la ville d’al-Boukamal, une fois
entièrement libérée a été le chef de
l’unité d’Élites al-Quds des Gardiens de
la révolution iranienne, le général
Qassem Suleimani.
A vrai dire, le général iranien se
trouvait dans cette ville depuis le
lancement de la bataille de sa
libération. C’est lui qui l’a dirigée
sur les lignes de front, où il a été vu
en compagnie des combattants irakiens,
durant les combats qui faisaient rage.
La prise de cette
ville acquiert une grande importance.
Non seulement parce que c’est le dernier
bastion de Daech en Syrie. Elle a aussi
été la première ville syrienne à tomber
entre ses mains en 2014, avant de
devenir le passage de tous les miliciens
jihadistes takfiristes qui affluaient
depuis l’Irak en Syrie et vice-versa.
Mais parce que la
ville aussi était convoitée par la
coalition menée en Syrie par les
Etats-Unis lesquels poussaient leurs
alliés kurdes des Forces démocratiques
syrienne vers elle.
Avant le lancement
de la bataille de libération d’al-Boukamal
par l’armée syrienne et ses alliés, le 9
novembre dernier, le chef des FDS Salah
Muslim annonçait que sa milice compte se
diriger vers la ville, avec le soutien
des Etats-Unis.
Pour ces derniers,
leur enjeu principal consistait à
empêcher la jonction entre l’armée
syrienne et son homologue irakienne tout
au long de la frontière entre les deux
pays. La disponibilité d’une continuité
territoriale entre l’Iran, l’Irak, la
Syrie et le Liban étant leur principale
appréhension.
Or, le 10 novembre
dernier, quelques heures après le
lancement de la bataille, l’armée
syrienne par la voix de son porte-parole
et Média de guerre annonçaient de
concert la chute de la ville.
Maintenant que la
bataille est achevée, on sait que ce
jour-là, l’armée syrienne et ses alliés
n’étaient pas encore entrés dans la
ville. Leurs forces se trouvaient même à
30 km à l’est.
Seul le groupe de
combattants irakiens supplétifs «
Haïdariyyoune » avait conquis un village
à l’est d’al-Boukamal.
L’annonce
prématurée n’a rien d’une erreur
d’évaluation due à un décalage entre les
avancées militaires au sol et leur
couverture médiatique.
Elle relève d’une
tactique médiatique bien élaborée : son
destinataire n’étant pas Daech, mais les
FDS et leurs alliés américains. En
imposant un statu quo, elle
signifiait que la ville d’al-Boukamal
est une ligne rouge.
« Lorsque nous
avons annoncé la libération d’al-Boukamal
, nous étions encore à la Station-2,
seul la force orientale (en allusion aux
Haydariyyounes, ndlr) se trouvait
aux confins avec la ville . Il nous
fallait empêcher les FDS d’y parvenir »,
a expliqué un chef militaire
de l’axe sud d’al-Boukamal.
Il raconte les
dessous de la deuxième phase de la
bataille qui a eu lieu la semaine passée
: « Aujourd’hui nous sommes aux abords
d’al-Boukamal, des trois côtés. Nos
appareils de communication font l’objet
d’un grand brouillage, pour empêcher que
nous communiquions entre nous. Le
commandement américain empêche les
avions de survoler la région, mais nous
les assiégeons des trois côtés. Il
semble qu’ils veuillent nous embourber
dans cette ville mais nous sommes
décidés à la prendre ».
C’est la raison
pour laquelle aussi que les bombardiers
russes Tu-22 qui viennent depuis la
Russie sont intervenus deux fois durant
cette bataille. Les avions russes qui
stationnent en Syrie étant frontalement
entravés dans leurs missions de
bombardement. A noter que les TU-22
russes sont à long rayon et peuvent
tirer leurs missiles croisières depuis
des centaines de kilomètres.
Ironie du sort, la deuxième phase de la
bataille d’al-Boukamal , la réelle cette
fois-ci, a pris le même laps de temps
que celle de la bataille médiatique.
Entre l’annonce de son investissement
par les forces armées et sa chute, il y
a eu dans les deux cas 48 heures.
L’exploit devrait
faire parler de lui bien longtemps : le
plus petit perdant est sans doute la
milice wahhabite terroriste Daech,
désormais presque entièrement balayée de
la Syrie. Alors que le plus grand
perdant, dans cette bataille par-dessus
toutes les autres n’est autre que les
Américains et leurs alliés.
Source:
Divers
Le sommaire de Leila Mazboudi
Le
dossier Syrie
Les dernières mises à jour
|