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Ingérences extrêmes au Liban :
Les USA
entravent la formation du gouvernement
et poursuivent la confiscation de
l’armée
Leila Mazboudi

Mercredi 18 novembre 2020
Après avoir feint
qu’ils n’en avaient cure si le Hezbollah
participait ou pas au cabinet libanais,
les USA affichent ouvertement une
position contraire. C’est
l’ambassadrice Dorothy Shea qui l’a
affichée pour le Premier ministre
désigné Saad Hariri lequel peine à
former ce gouvernement, quatre semaines
après sa nomination, rapporte le journal
libanais al-Akhbar.
Les tractations
étant toujours au point zéro. Le chef de
l’Etat libanais refusant toujours un
gouvernement qui ne prend pas en compte
les résultats des élections
parlementaires de 2018 dans la
distribution des portefeuilles
ministériels.
Selon les médias
libanais, Mme Shea a fait part
ouvertement à M. Hariri que son pays
refusait une participation du Hezbollah,
aussi bien directe qu’indirecte via des
spécialistes.
L’action semble
être concertée avec la France d’où le
secrétaire d’état américain Mike Pompeo
a déclaré lundi 16 novembre « qu’il
fallait combattre l’extrémisme du
Hezbollah violent », à l’issue de sa
rencontre avec son homologue, Jean-Yves
Le Drian.
Un mot d’ordre qui
prédit des pressions extrêmes sur le
Liban avant le départ, le mois de
janvier prochain, du président américain
sortant Donald Trump, perdant de la
présidentielle américaine.
Il semble que la
France ait aussi changé de tactique.
Après avoir montré la patte blanche au
Hezbollah, lors de la brève conversation
du président Emmanuel Macron avec le
chef de son bloc parlementaire Mohamad
Raad, lors de sa visite au Liban au
lendemain de l’explosion meurtrière du
port de Beyrouth, aux causes non encore
élucidées, elle lui montre maintenant la
patte grise, pas tout-à-fait noire. Lors
de la visite de son émissaire Patrick
Durel, celui ci s’est ingéré dans les
nominations des portefeuilles
ministériels. En soutenant la politique
d’accaparement des nominations
ministérielles suivie par M. Hariri .
Selon al-Akhbar, il
a livré deux noms pour deux ministères
libanais et pas n’importe lesquels:
celui des Finances dont le tandem
Hezbollah-Amal revendique la désignation
du ministre. Il s’était d’ailleurs
entendu avec M. Hariri pour ce faire,
avant même sa désignation.
Et celui de l’Energie réclamé par le
Courant patriotique libre (CPL) auquel
par contre M. Hariri refuse de
l’accorder.
La différence entre
les Français et les Américains dans ce
qui semble être un jeu de distribution
des rôles étant que les premiers optent
pour les moyens indirects et insidieux,
affichant un certaine considération pour
la souveraineté libanaise, tandis que
les seconds vont droit au but, via une
ingérence insolente, à l’insu des lois
et de la Constitution libanaises!
Cette immixtion
américaine insolente dans les affaires
internes libanaise s’illustre
parfaitement dans son action méthodique
mise en action depuis plus d’une
décennie, destinée à imposer leur
mainmise sur l’armée libanaise, au
service d’Israël, l’ennemi du Liban.
Récemment,
l’ambassadrice américaine a voulu forcer
la main du président libanais en vue
d’obtenir la prorogation du mandat du
directeur des Renseignements militaires
Tony Mansour alors qu’il devrait aller à
la retraite dans trois semaines.
Une exigence
formulée par le biais du commandant de
l’armée le général Joseph Aoun, mais qui
a été rejetée par le président Aoun,
selon lequel il n’y a aucune raison pour
ce remaniement de la loi, tant que les
alternatives existent. Il a désigné
Antoine Kahwaji comme directeur des
renseignements militaires, dont la
candidature devrait être approuvée par
le Conseil militaire avant d’être
accréditée par la ministre de la défense
Mme Zeina Akar.
Selon al-Akhbar,
sous le commandement des deux généraux
Joseph Aoun et Tony Mansour, cette
mainmise américaine sur les forces
armées libanaises a atteint des degrés
inégalables.
Les dons américains
qui lui sont destinés lui parviennent
sans passer par le Conseil des
ministres, précise-t-il. La
collaboration de l’institution militaire
libanaise avec les Etats-Unis s’est
aussi faite sans accord ratifié par le
Parlement libanais.
De plus, sur les
frontières nord et est du Liban avec la
Syrie, ils sont en train de réaliser un
projet d’une grande dangerosité pour le
Liban. Sans l’autorisation ni du conseil
des ministres ni de celle du ministère
de la Défense, pourtant indispensables
selon la Constitution.
Les Américains ont
obtenu une adjudication pour la
compagnie américaine Parsons, dont le
siège se trouve en Californie, dans le
but de contrôler les frontières avec la
Syrie. Celle-ci devrait poursuivre le
travail entamé par les Britanniques qui
ont édifié des tours d’observation tout
au long de la frontière entre la Békaa
libanaise d’un côté et les provinces
syriennes de Homs et de Damas, de
l’autre. Sa besogne consistera à
installer un réseau DTRA de radars et
d’observation tout au long de la
frontière libano-syrienne et du littoral
libanais.
Il est clair que
leur objectif est de fermer toutes les
issues qui pourraient servir de passage
à l’armement de la résistance. Ces
actions ne devraient pas échapper à la
vigilance du Hezbollah !
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