Al Manar
Les contradictions de Trump rappellent
le mandat d’Obama
Leila Mazboudi
Mercredi 12 avril 2017
Depuis son
avènement au pouvoir, le président
américain Donald Trump multiplie ses
positions contradictoires.
La dernière en date
est celle qu’il a livrée mardi soir à la
télévision américaine Fox Business, où
il a exclu l’éventualité de rentrer en
guerre en Syrie.
« Nous n’irons pas en Syrie », a-t-il
lancé, tout en précisant que l’attaque
contre la base aérienne syrienne d’Al-Chaayrate
dans la province de Homs constitue « une
frappe puissante ».
Cette déclaration
contrarie les réalités sur le terrain:
Les Etats-Unis ont établi plusieurs
bases sur le territoire syrien, en
l’occurrence dans les deux provinces de
Hassakah et de Raqqa, où ils préparent
la prise du fief de Daesh, avec l’aide
de la milice à majorité kurde des Forces
démocratiques syriennes. Des centaines
de militaires américains se trouvent
aussi sur place.
Dans la foulée de
ces positions, Trump s’est employé à
démontrer que la décision avait été
prise à la hâte, voire sous l’impulsion,
contrairement aux conclusions russes
selon lesquelles la frappe américaine a
été décidée depuis bien longtemps.
Selon lui, il a
téléphoné à son secrétaire d’Etat James
Mattis directement après avoir vu les
images des enfants qui ont succombé lors
de la présumée attaque chimique à Khan
Cheikhoun, dans la province d’Idleb.
Cette allégation
devrait corroborer et compléter celle
que des médias américains ont relayée
ces dernières heures, à la foi du fils
de Trump, Eric, en l’occurrence que sa
fille Ivanka, l‘épouse de Jared Kuchner,
un homme d’affaires juif pro israélien,
était aussi de mèche dans cette prise de
décision.
Autre déclaration
contradictoire de M. Trump : « ce que
j’ai fait, l’ancienne administration
américaine aurait du le faire bien avant
que je le fasse ».
Or, en 2013, lors
de l’attaque chimique dans la Ghouta
orientale au cours de laquelle plusieurs
centaines de syriens avaient péri, et
qui a été attribuée sans fondement au
gouvernement syrien, il était
farouchement hostile à une intervention
militaire américaine en Syrie et a même
demandé à l’ancien président américain
Barack Obama de passer par le Congrès.
Et pour enfoncer
plus le clou , le numéro un américain a
imputé à la Russie la responsabilité de
l’intervention américaine : « sans le
soutien russe, il n’y aurait eu aucun
problème », a-t-il prétendu.
Une approche qui se
veut toujours imputer aux autres acteurs
en scène les décisions américaines et
les mettre sous l’auspice de la
réaction.
Sachant que
l’intervention américaine en Syrie
précède de loin celle de la Russie, en
soutenant directement et indirectement
les groupes terroristes dans ce pays,
dont ceux affiliés à Al-Qaïda.
Ces contradictions
ne sont pas sans rappeler celles qui ont
entouré les deux événements cruciaux qui
ont marqué la semaine passée : la
présumée attaque chimique imputée sans
preuve au gouvernement syrien et la
frappe américaine qui lui a succédé
contre la base syrienne.
Lorsque quelques
jours auparavant, le secrétaire d’Etat
pour les affaires étrangères Rex
Tillerson avait déclaré que le sort du
président syrien Bachar al-Assad devait
être décidé par le peuple syrien
exclusivement, laissant entendre que les
Etats-Unis avaient renoncé à revendiquer
son renversement.
Or lors de la
présumée attaque chimique, le
comportement américain s’est avéré là
aussi être à l’opposé de ses
allégations. Au lieu d’ordonner une
enquête impartiale, le président
américain a directement accusé le
gouvernement syrien et ordonné la frappe
militaire.
A l’isnstar de la
précédente, cette décision s’apprente à
la manœuvre bien sournoise qui veut à
toutprix attribuer au présumées
exactions du pouvoir syrien, l’escalade
américaine préparée à l’avance.
Avant cela, il y a
eu sa promesse électorale de collaborer
avec Moscou pour régler la crise
syrienne. Une fois passé à l’acte,
c’est aussi l’inverse qui est mis en
exécution. Et comme excuse: le
renversement est attribué aux pressions
énormes qu’il subit sur le volet de la
relation avec Moscou. Dans sa
rhétorique, M. Trump n’en manque jamais.
Alors que de
nombreux observateurs croient penser que
le doute subsiste toujours sur la
politique de Trump en Syrie et au
Moyen-Orient, il semble que
l’administration américaine l’alimente
volontairement.
Par ses
déclarations contradictoires, celle-ci
diffuse un écran de fumée qui devrait
induire en erreur ses adversaires. En
brouillant l’intelligibilité des
évènements, pour entraver la prise de
position adéquate. Entre autre. D’autres
visées ne sont pas à exclure, dont celle
de tromper l’opinion publique.
Obama aussi avait
eu recours à la même arnaque, au début
de son investiture surtout, puis durant
son mandat, en exprimant des positions
contraires à ses décisions. Jusqu’à
preuve du contraire, la différence entre
les deux hommes n’est pas si importante.
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