Opinion
John Kerry et la règle du "dernier
recours"
comme source d’optimisme
Le Saqr
Capture
écran PalSol
Samedi 26 avril 2014
En écoutant Kerry aujourd’hui, je
suis passé par une série d’émotions
assez contradictoires. Tout d’abord, je
me suis senti dégoûté, un dégoût qui se
transforma en colère, puis à
l’émerveillement pur et simple et, à la
fin, je me sentais plutôt heureux.
Laissez-moi vous expliquer pourquoi.
Tout d’abord, bien sûr, mon estomac
se retourne chaque fois que j’entends ce
représentant typique de ploutocratie des
1% parler au monde comme s’il était une
sorte d’empereur-instituteur en train de
gronder une classe d’enfants plutôt
bêtes et indisciplinés en leur
promettant une fessée. Nous savons tous
que des gens comme Obama ou Bush fils ne
sont que des marionnettes, une coquille
presque vide montrée au public zombifié
comme « Le président et commandant en
chef », alors qu’en réalité ces gars-là
sont avant tout des porte-paroles. Mais
pour Kerry, ce n’est pas le cas. Il est
de la classe d’un Dick Cheney ou d’un
James Baker, pas tout à fait au sommet
de la pyramide du pouvoir, mais beaucoup
plus haut. Ce sont des gens qui
interviennent lorsque la pauvre
marionnette paumée fait un gâchis et que
certains cerveaux sont nécessaires sur
les lignes de front. Je trouve ces gens
profondément répugnants (bien que je ne
pouvais pas m’empêcher d’admirer de
fantastiques talents diplomatiques de
James Baker).
Mon dégoût initial s’est transformé
en rage quand j’ai entendu Kerry énoncer
des mensonges à faire rougir de honte
même un politicien. La plupart de ce que
Kerry a dit doit être littéralement
retournée à 180 degrés pour devenir
vraie. Même si j’ai 50 ans et que j’ai
vu au fil des ans toutes sortes de
mensonges, tromperies, trahisons et
mensonges, il y a encore une voix naïve
en moi qui s’exclame « comment peut-il
dire ça ? » , « Il n’a pas honte ? »,
« comment peut-il encore se regarder
dans un miroir ? ». Je sais. Je suis
naïf et idéaliste. Je n’arrive pas à m’y
habituer. Même après 50 ans.
Finalement, ma rage s’est transformée
en étonnement pur et simple. À ce stade,
on était au-delà du bien et du mal,
j’étais émerveillé par le culot qu’il
faut pour se présenter à la télévision
devant le monde entier et dire en
substance que la terre n’est pas ronde,
mais triangulaire, que 2 +2 = 317 et que
le noir c’est du rose avec des points
verts. Il a même ajouté qu’il était
impossible de virer le noir au gris, que
le noir n’était que ça, du noir. A ce
moment là, j’étais impressionné.
Et puis, tout à coup, ça m’a frappé.
Kerry et les intérêts qu’il représente
sont vraiment terrifiés et frustrés. Sa
déclaration est une tentative désespérée
de faire ce que les juristes appellent
la « règle de dernier recours ». Elle
s’énonce ainsi : « Si vous avez la loi
avec vous, martelez la loi. Si vous avez
les faits avec vous, martelez les faits.
Si vous n’avez ni la loi ni les faits,
martelez la table ». Kerry martelait la
table vraiment très, très fort et j’ai
réalisé qu’il s’agissait d’un aveu
implicite que ni le droit (international
) ni les faits n’étaient de son côté.
S’il avait eu les faits ou la loi de son
côté, il n’aurait évidemment pas eu
besoin de marteler la table.
Sa panique et frustration ont
également été montrées lors de son
attaque plutôt maladroite contre la
chaîne de télévision Russia Today.
Voici ce qu’il a dit :
« En fait, le porte-voix de la
propagande soutenue par l’état
qu’est Russia Today, a été
déployé afin de promouvoir - en
fait, le réseau Russia Today
- a été déployé pour promouvoir les
élucubrations du président Poutine
sur ce qui se joue sur le terrain.
Ils consacrent pratiquement tout
leur temps à cet effort de
propagande et à déformer les
événements en Ukraine. Alors que, au
vu et au su de tous, la Russie
continue de financer, coordonner, et
alimenter un mouvement séparatiste
armé à Donetsk. »
Réfléchissez : Russia Today ne
diffuse pas en ukrainien ou russe. Il
diffuse en anglais, en espagnol et en
arabe. La seule chose que RT diffuse en
russe sont ses documentaires sur son
site dédié :
http://doc.rt.com/on-air/ . Il ne
s’agit là que d’une petite fraction de
ce que la chaîne diffuse réellement et
son audience en Russie ou en Ukraine est
infime par rapport aux grandes chaînes
de télévision russes. Alors pourquoi
Kerry s’en est-il pris à Russia Today
? La réponse est évidente, bien
sûr, c’est parce que Russia Today
est une chaîne de télévision très
populaire en dehors de la Russie ou
l’Ukraine. Selon Wikipedia :
« Le signal du réseau est diffusé
par 22 satellites et plus de 230
opérateurs, et accessible à quelques
644 millions de personnes dans plus
de 100 pays. Russia Today America
est accessible à 85 millions de
personnes aux États-Unis. En 2011,
elle a été la deuxième chaîne
étrangère la plus regardée aux
États-Unis, derrière BBC World News,
et la première chaîne étrangère dans
cinq grandes zones urbaines des
États-Unis en 2012. Elle est
également très populaire parmi les
jeunes Américains, les étudiants
d’universités américains, et dans
les centres-villes des États-Unis.
En 2013, RT est devenue la première
chaîne d’information de l’histoire à
atteindre 1 milliard de vues sur
YouTube. Selon Broadcasters’
Audience Research Board, entre
2,2 et 2,3 millions de Britanniques
ont réglé leurs téléviseurs sur RT
au cours du second semestre de 2012,
ce qui en fait la quatrième chaîne
d’informations en continue en
Grande-Bretagne, derrière BBC News,
Sky News et Al Jazeera en anglais. »
Rappelez-vous l’aveu franc de Walter
Isaacson , président de la
Broadcasting Board of Governors, qui
a ouvertement déclaré que,
« Nous ne pouvons pas nous
permettre d’être dépassés en termes
de communication par nos ennemis,
vous avez Russia Today, Press TV
Iran, TeleSUR au Venezuela, et bien
sûr, la Chine qui lance une chaîne
d’informations en continue avec des
correspondants dans le monde entier
et aurait [a] investi entre $ 6 et10
milliards de dollars - nous devons
montrer ce chiffre à Capitol Hill
[congrès US - NdT] - pour étendre
leurs activités dans les médias à
l’étranger. »
Et voilà. Le problème n’est pas que
Russia Today sème l’agitation en
l’Ukraine orientale, le problème est
que, grâce à Russia Today, les
gens en Occident commencent à voir à
travers la propagande officielle ! Voilà
la vraie raison de l’explosion frustrée
de Kerry.
Donc, pour résumer les choses :
- La loi n’est pas du côté de
Kerry.
- Les faits ne sont pas du côté de
Kerry.
- Les gens en Occident commencent
à voir à travers les mensonges de la
machine de propagande.
- L’Empire n’y peut rien.
S’il fallait encore une confirmation,
elle est venue aujourd’hui avec
l’incroyable performance de Mark Levine
à l’émission CrossTalk. (...)
Levine a transformé l’émission
CrossTalk [conversations croisées –
NdT] en CrossShout [cris croisés
– NdT], au cours d’un nouvelle
démonstration de « martèlement du poing
sur la table ». Pourquoi ? Pour les
mêmes raisons que Kerry. C’est désormais
tout ce qui lui reste.
Depuis que Poutine est arrivé au
pouvoir, la Russie ne joue plus selon
les règles édictées par l’Empire. Que ce
soit en Syrie ou en Ukraine, la Russie a
très délicatement mais fermement
repoussé la ploutocratie Anglosioniste
internationale et desserré son emprise
sur la planète et ceci se reflète
directement dans la rage impuissante de
Kerry et ses collègues des 1%.
Ce qui constitue, je pense, une très
bonne nouvelle.
Salutations
The Saker
http://vineyardsaker.blogspot.fr/2014/04/john-kerry-and-last-resort-rule-as.html
Traduction « bis repetita : ceux
qui observent le monde uniquement à
travers les médias (occidentaux) parlent
d’un monde qui n’existe pas. D’où la
difficulté de communiquer avec eux » par
VD pour le Grand Soir avec probablement
toutes les fautes et coquilles
habituelles.
© LE GRAND SOIR - Diffusion
non-commerciale autorisée et même
encouragée.
Merci de mentionner les sources.
Publié le 29 avril 2014
Le sommaire de Le Saqr
Les dernières mises à jour
|