Le Saker
États-Unis : quand les fonctionnaires
ignorent
le président, le chaos est
proche
Moon of Alabama
Jeudi 24 octobre 2019 Par
Moon of Alabama − Le 22 octobre 2019
Depuis que
Donald Trump est devenu président,
nombre de ses subordonnés ont tenté de
subvertir ses politiques. Au lieu
d’implémenter l’idée et les préférences
de Trump, ils ont essayé d’implémenter
les leurs. Certains l’ont fait parce
qu’ils pensaient que c’était la
« bonne chose à faire », tandis que
d’autres ont ignoré le souhait de
Trump pour jouer leur propre jeu.
Un exemple récent
peut être trouvé dans un
article du Washington Post sur
l’affaire de l’UkraineGate :
Les conversations
de Trump avec Poutine, le Premier
ministre hongrois Viktor Orban et
d’autres ont renforcé sa perception de
l’Ukraine en tant que pays désespérément
corrompu - un pays qui, semble-t-il, a
cherché également à le saborder au cours
de l’élection américaine de 2016, ont
déclaré des officiels. ...Les responsables de
la sécurité nationale à la Maison
Blanche avaient anticipé les efforts
visant à empoisonner l'opinion de Trump
sur Zelensky. Mais les voix de Poutine
et d’Orban ont pris un poids accru cette
année en raison du départ ou de la
diminution de l’influence de ceux qui
avaient cherché à atténuer l’influence
de Poutine et d’autres dirigeants
autoritaires sur Trump. ...
La politique
américaine a pendant des années été
construite autour de l'idée de
"contenir l’influence maligne de la
Russie en Europe de l’Est", a
déclaré un responsable américain. La
réceptivité apparente de Trump aux
arguments qu’il entend de Poutine et
d’Orban est «un exemple du président
lui-même sous influence néfaste -
manipulée par elle».
Le président n’aime
pas la manière dont la « politique
américaine » a été construite. Il
croit à juste titre qu’il a été élu pour
la changer. Il avait exprimé son opinion
sur la Russie pendant sa campagne et
avait remporté les élections. Ce n’est
pas une « influence maligne » qui
le pousse à vouloir de bonnes relations
avec la Russie. C’est sa propre
conviction, légitimée par les électeurs.Les politiques de
Trump semblent chaotiques. Mais une
grande raison à cela est que certains de
ses collaborateurs, du genre de « l’officiel »
cité ci-dessus dans l’article du WaPo,
essayent de les subvertir. Ils ont
essayé et essaient encore de le coincer
sur presque toutes les questions.
Lorsque Trump brandit alors son sabre
Twitter et décapite la subversion en
rappelant publiquement ses politiques
initiales, la vue de l’extérieur est en
effet chaotique. Mais c’est le président
qui établit les politiques. Les drones
autour de lui qui servent « à sa
disposition » sont là pour les
mettre en place.
Au lieu de cela,
ils ont essayé – et essaient – de créer
les leurs :
Depuis le début de
la présidence de Trump, des responsables
de la Maison Blanche et du Département
d’État avaient cherché à bloquer une
visite d'Orban, craignant de légitimer
un dirigeant souvent ostracisé en
Europe. Ils s’inquiètent également de
l’influence d’Orban sur le président
américain.«Au fond, tout
le monde était d’accord - pas de réunion
avec Orban», a déclaré un ancien
responsable de la Maison Blanche
impliqué dans des discussions internes.
"Nous étions contre parce que nous
savions qu'il y avait de bonnes chances
que Trump et Orban se rapprochent et
s'entendent bien."
Les efforts visant
à maintenir la distance entre Trump et
Orban ont commencé à faiblir au début de
cette année avec les départs de hauts
fonctionnaires et l’émergence de
nouvelles voix autour du président.
Parmi les plus importants, Mulvaney est
devenu chef de cabinet par intérim en
janvier et était perçu comme sympathique
aux points de vue d'extrême-droite
d’Orban et à son scepticisme au sujet
des institutions européennes.
Une « officielle
importante »,
Fionna Hill, qui était jusqu’à
récemment analyste pour la Russie au
Conseil de sécurité nationale, a tenté
de saboter la visite d’Orban.
On se demande si
Mme Hill a déjà lu la description de son
job. Les membres du Conseil National
de Sécurité ne sont pas embauchés
pour mettre en œuvre leurs propres
préférences en matière de politique. Ils
ont pour tâche de « conseiller et
d’assister » le président et « coordonner »
ses politiques au sein de
l’administration. C’est tout.
Les mêmes règles
s’appliquent au Pentagone et aux autres
agences.
Aaron Stein fait
remarquer que les collaborateurs qui ne
respectent pas la politique déclarée du
président sont
responsables de la retraite
chaotique actuelle en Syrie :
Trump a été clair
sur ses intentions en Syrie. Comme il
l'a
dit au monde en avril 2018, après
des années de guerres à l'étranger, il
était temps que les États-Unis se
retirent de Syrie, laissant la
responsabilité de la gestion des
territoires, repris à État islamique,
aux États de la région. J'écoutais et
écrivais dans War on the Rocks
que plus le personnel du président
continuait de traiter l’homme le plus
puissant du monde comme un enfant, plus
il devenait probable qu’il ordonnerait
simplement un retrait précipité.
Cette sortie chaotique des États-Unis de
Syrie allait manifestement se produire,
pour tous ceux qui se souciaient de
l'opinion de l'homme qui importait le
plus aux États-Unis : le président. ...Pendant plus d'un
an, il était évident que Trump voulait
quitter la Syrie et, comme je l'ai écrit
en avril 2018, Trump «a clairement
indiqué ses préférences pour la
politique américaine au Moyen-Orient»
et il était temps «que son personnel
de la sécurité nationale l'écoute et
conçoive une politique de retrait
progressif qui corresponde à l'esprit
des exigences du président, mais
nécessite des mesures délibérées et
inconfortables pour protéger les
intérêts des États-Unis.» Cela ne
s'est pas produit.
Plutôt que de
planifier et de commencer à mettre en
œuvre un retrait coordonné, l’envoyé
appointé, nommé par le président pour la
Syrie, et le département de la Défense,
ont œuvré pour s'assurer que Washington
puisse rester, et ont ignoré la
réalité du fait que Trump
ordonnerait finalement un retrait
américain. De telles illusions n'ont pas
bien servi les États-Unis et leurs amis.
Le manque de
planification pour l’option que le
commandant en chef avait déjà décidée a
conduit au désordre actuel. Le Pentagone
a pratiquement saboté les politiques
annoncées par Trump en continuant de
construire des bases en Syrie et
en laissant croire, trompeusement,
aux Kurdes que les États-Unis
resteraient. Au lieu de cela, ils
auraient dû planifier et préparer la
retraite annoncée.
On peut voir
clairement que le retrait actuel n’a pas
été préparé de manière ordonnée, ni
politiquement, ni militairement. Hier,
le Pentagone a annoncé qu’il retirerait
les troupes de la Syrie et les
stationnerait à proximité, dans l’ouest
de l’Irak. Mais personne n’avait demandé
au gouvernement irakien ce
qu’il pensait de cette idée. Le
résultat inévitable a été que l’Irak le
rejette maintenant :
Les forces
américaines qui ont traversé la
frontière irakienne dans le cadre d'un
retrait de la Syrie ne sont pas
autorisées à rester et ne peuvent être
là-bas qu'en transit, a annoncé mardi
l'armée irakienne. ...La déclaration de
l’armée irakienne contredit l’annonce du
Pentagone selon laquelle les quelque
1 000 soldats qui se retirent du nord de
la Syrie devraient s’installer dans
l’ouest de l’Irak pour poursuivre la
campagne contre les militants d'État
islamique et «aider à la défense de
l’Irak».
«Toutes les
forces américaines qui se sont retirées
de Syrie ont reçu l'autorisation
d'entrer dans la région du Kurdistan
pour pouvoir être transportées hors
d'Irak. Aucune autorisation n'est
accordée à ces forces pour rester en
Irak», a déclaré l'armée irakienne.
Il y avait aussi
l’idée que quelque 200 soldats seraient
laissés en Syrie pour empêcher le
gouvernement syrien d’accéder à ses
propres champs de pétrole dans l’est de
la Syrie. Non seulement cela serait
manifestement illégal, mais personne ne
semble s’être demandé comment assurer la
logistique de cette unité distante. Les
champs de pétrole sont géographiquement
vastes et la compagnie devrait être
dispersée dans de minuscules
avant-postes, situés dans un pays
hostile, et réapprovisionnée par des
routes non sécurisées. Pour les défendre
des attaques surprises, les États-Unis
auraient besoin de placer des
patrouilles aériennes d’avions de combat
au-dessus d’eux toute la journée.
On espère que le
Pentagone et le département d’État
reconnaîtront que les coûts politiques
et financiers élevés d’un tel
déploiement ne sont pas justifiés pour
faire valoir un argument politique
mineur qui ne changera pas l’issue
inévitable de la guerre.
Trump a ordonné à
toutes les troupes américaines de
quitter la Syrie. Une occupation
illégale des champs de pétrole en Syrie
maintiendrait les États-Unis dans le
pays, mais dans une position clairement
indéfendable. Quiconque a proposé ou
soutenu cette idée doit être viré.
Voici un signe que
le Pentagone a finalement reconnu que
son manque total de planification pour
la mise en œuvre de la décision de Trump
de quitter la Syrie avait abouti à un
résultat négatif. Il essaie maintenant
d’éviter d’être – encore -pris au
dépourvu en ce qui concerne
l’Afghanistan :
Le Pentagone a
récemment commencé à élaborer des plans
pour un retrait brutal de toutes les
troupes américaines d’Afghanistan au cas
où le président Donald Trump
surprendrait les dirigeants militaires
en ordonnant un retrait immédiat comme
en Syrie, ont annoncé trois responsables
actuels et anciens de la défense. ...Mettre fin aux
guerres comme celle d'Afghanistan était
l'une des promesses de la campagne
électorale de Trump en 2016, et des
responsables de l'administration ont
exprimé en privé leur inquiétude quant
au fait que, à l'approche des élections
de 2020, il sera plus susceptible de
donner suite aux menaces de retrait des
troupes, comme il l'a fait la semaine
dernière en Syrie.
Trump a clairement
indiqué à ses conseillers qu’il voulait
retirer toutes les troupes américaines
de l’Afghanistan d’ici à l’élection de
2020, a rapporté NBC News en
août.
Trump a pris sa
décision en août mais le Pentagone
réagit seulement maintenant. C’est trop
lent.
Trump aurait dû
être, et devrait être, plus rigoureux
avec son personnel. Ceux qui sabotent sa
politique doivent être renvoyés tôt et
systématiquement. Cela rendrait sa
politique beaucoup moins chaotique
qu’elle ne le semble actuellement.
PS : Une réunion
entre le président russe Poutine et le
président turc Erdogan vient de
s’achever. Le résultat est exactement
celui que nous avons décrit la semaine
dernière. La Turquie restera dans le
petit enclos qu’elle occupe actuellement
dans le nord-est de la Syrie. Toutes les
autres zones seront contrôlées par
l’armée syrienne avec le soutien de la
Russie. Les unités d’YPG kurdes seront
retirées de la zone frontalière dans un
délai de 150 heures [6 jours, NdSF].
Il y aura ensuite des patrouilles russes
et turques communes pour s’assurer
qu’elles sont parties.
Moon of Alabama
Traduit par jj,
relu par Wayan pour le Saker Francophone
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