Le Saker
Suite à l’assassinat planifié de longue
date par les
Etats-Unis, le chaos politique va
s’accroître en Irak
Moon of Alabama
Jeudi 16 janvier 2020 Par
Moon of Alabama − 13 janvier 2020
L’administration
Trump a donné diverses explications pour
justifier son assassinat du général de
division Qassem Soleimani et du
commandant Abu Mahdi al Muhandis. Elle a
affirmé qu’il y avait une
« menace
imminente » d’incident qui rendait
l’assassinat nécessaire, même si elle ne
savait pas où, quand, ni même quel genre
d’incident se produirait. Trump a
ensuite déclaré que cette menace était
un attentat à la bombe planifié contre
quatre ambassades américaines. Son
secrétaire à la défense a ensuite
contredit cette déclaration.
Soleimani et
Muhandis pendant une bataille contre
Etat Islamique
Cela a fait naître
le soupçon que la décision de tuer
Soleimani n’avait pas grand-chose à voir
avec les événements actuels mais qu’il
s’agissait d’une opération planifiée de
longue date. NBC News
rapporte maintenant que c’est
exactement le cas :
Le président Donald
Trump a autorisé l'assassinat du général
iranien Qassem Soleimani il y a sept
mois si l'intensification de l’agression
iranienne entraînait la mort d'un
Américain, selon cinq hauts
fonctionnaires, anciens et en poste, de
l'administration.La directive
présidentielle de juin était liée à la
condition que Trump
donne l'approbation finale pour toute
opération spécifique visant à tuer
Soleimani, ont déclaré ces responsables.
L’idée de tuer
Soleimani, un général officiel d’une
armée avec laquelle les États-Unis ne
sont pas en guerre, est venue, comme
beaucoup d’autres mauvaises idées, de
John Bolton.
Après que l'Iran
eut abattu un drone américain en juin,
John Bolton, alors conseiller à la
sécurité nationale de Trump, a exhorté
ce dernier à riposter en approuvant une
opération visant à tuer Soleimani, ont
indiqué des responsables. Le secrétaire
d'État Mike Pompeo voulait également que
Trump autorise cet assassinat, ont
indiqué des responsables.Mais Trump a
repoussé l'idée, disant qu'il ne
prendrait cette mesure que si l'Iran
franchissait sa ligne rouge : en tuant
un Américain. Le message du président
était que "ce n'est possible que
s'ils frappent des Américains",
selon une personne informée de la
discussion.
Ensuite, des
troupes non identifiées ont tiré 30
missiles à courte portée sur une base
américaine près de Kirkuk. La salve
n’était
pas destinée à tuer ou à blesser qui
que ce soit :
Les roquettes ont
atterri dans un endroit et à un moment
où le personnel américain et irakien
n'était normalement pas là et ce n'est
que par malchance que M. Hamid a été
tué, ont déclaré les responsables
américains.
Sans présenter
aucune preuve, les États-Unis ont accusé
le groupe Katib Hizbullah, une unité de
la milice populaire irakienne, d’avoir
tiré ces missiles. Ils ont lancé des
frappes aériennes contre un certain
nombre de positions du Katib Hizbullah
près de la frontière syrienne, à des
centaines de kilomètres de Kirkuk, et
ont tué plus de 30 membres des forces de
sécurité irakiennes.
Cela a conduit à
des manifestations à Bagdad au cours
desquelles une foule a franchi le mur
extérieur de l’ambassade des États-Unis,
mais s’est rapidement retirée. Trump,
qui avait reproché à Hillary Clinton le
raid sur le consulat et la station de la
CIA à Benghazi, ne voulait pas être
entraîné dans le même genre de
situation.
Les médias
affirment que c’est la violation de
l’ambassade qui a conduit à l’activation
d’une opération qui avait déjà été
planifiée depuis un an avant que Trump
ne la signe il y a sept mois. Comme
le décrit le New York Times :
Au cours des 18
derniers mois, les responsables ont
déclaré que des discussions avaient eu
lieu sur l'opportunité de cibler le
général Suleimani. Estimant qu'il serait
trop difficile de le frapper en Iran,
les responsables ont envisagé de le
poursuivre lors de l'une de ses
fréquentes visites en Syrie ou en Irak
et se sont concentrés sur la mise en
place d'agents dans sept entités
différentes pour rendre compte de ses
déplacements - l'armée syrienne, la
Force Quds à Damas, le Hezbollah à
Damas, les aéroports de Damas et de
Bagdad et les forces Kataib Hezbollah et
de mobilisation populaire en Irak.
C’est l’intrusion
dans l’ambassade et un lobbyiste de
l’industrie de la guerre qui ont
convaincu Trump de
presser enfin la gachette symbolique
:
Le secrétaire à la
Défense, Mark Esper, a présenté une
série d'options de réponse au président
il y a deux semaines, dont le meurtre de
Soleimani. Esper a présenté les
avantages et les inconvénients d'une
telle opération, mais il a clairement
indiqué qu'il était en faveur de
l'élimination de Soleimani, ont déclaré
les responsables.
Trump a donné son
accord et l’opération s’est poursuivie à
partir de là. Il n’y avait aucun
renseignement sur une « menace
imminente » ou quoi que ce soit de
ce genre.
Il s’agissait d’une
opération planifiée depuis 18 mois.
Trump l’avait signée il y a plus de six
mois. Ceux qui l’avaient planifiée n’ont
fait qu’attendre l’opportunité de
l’exécuter.
Nous ne pouvons
même pas être sûrs que ce soit
l’attentat à la bombe contre l’ambassade
qui a poussé Trump à donner
l’autorisation finale. Il se pourrait
que la CIA et le Pentagone n’aient
attendu qu’une occasion de tuer
Soleimani et Muhandis, le chef du
Hezbollah Katib, en même temps. Leur
rencontre à l’aéroport de Bagdad n’était
pas secrète et leur a fourni l’occasion
commode qu’ils attendaient.
Ensemble, Soleimani
et Muhandis étaient le ciment qui
maintenait les nombreuses factions
chiites en Irak. Aussi bien les armées
que les politiques. Le remplaçant de
Soleimani à la tête de la brigade Quds,
le brigadier général Ismail Qaani, est
certainement un homme capable. Mais son
précédent domaine de travail était
principalement à l’est de l’Iran, en
Afghanistan et au Pakistan, et il lui
sera difficile de
remplir le rôle de Soleimani en Irak
:
Après la mort de
Soleimani, l'Ayatollah Khamenei a nommé
l'adjoint de Soleimani, Ismail Qaani,
pour lui succéder. Qaani ne parle pas
arabe, n'a pas une connaissance
approfondie de l'Irak, ni la
perspicacité de Soleimani et sa capacité
à équilibrer les différentes positions
des factions irakiennes avec les
opinions de l'Ayatollah Khamenei et des
autorités religieuses de Najaf. La question est de
savoir comment le successeur de
Soleimani va gérer sa nouvelle
responsabilité, y compris les épineuses
questions irakiennes. L'escalade du
conflit irano-américain est, selon
beaucoup, une escalade vers la guerre et
la déstabilisation de la région dans
laquelle les règles d'engagement ont
changé. La question n’est pas de savoir
si, mais comment, tout cela aura un
impact sur la situation en Irak.
Aujourd’hui,
l’ecclésiastique irakien Muqtada
al-Sadr, qui a sa milice, et les
dirigeants irakiens des PMU se
sont rencontrés à Qom, en Iran, pour
discuter de la manière dont les troupes
étrangères peuvent être expulsées
d’Irak. Le général Qaani sera
probablement là pour leur donner des
conseils.
Hier, Hassan
Nasrallah, le chef du Hezbollah
libanais, a
prononcé un autre discours. Il a
demandé aux Kurdes d’Irak de rembourser
leur dette envers Soleimani et le
Hezbollah, dette due à leur lutte contre
EI, en les aidant à expulser les soldats
étrangers d’Irak :
85-Nasrallah :
Maintenant, le reste du chemin. 1)
L'Irak : L'Irak est le premier pays
concerné par ce crime, parce qu'il s'est
produit en Irak, et parce qu'il a visé
Abu Mahdi al-Muhandis, un grand
commandant irakien, et parce que
Soleimani défendait l'Irak. 86-Nasrallah : Je
demande à Masoud Barzani de remercier
Soleimani pour ses efforts dans la
défense d'Erbil et de la région du
Kurdistan, parce que Soleimani a été le
seul à répondre à son appel. Soleimani
et avec lui des hommes du Hezbollah sont
allés à Erbil.
87-Nasrallah :
Barzani tremblait de peur, mais
Soleimani et les frères du Hezbollah
vous ont aidé à repousser cette menace
sans précédent ; et maintenant vous
devez rendre cette aide en participant à
l'effort pour expulser les Américains
d'Irak et de la région.
La famille Barzani,
qui gouverne la partie kurde de l’Irak,
est depuis longtemps
vendue aux sionistes et aux
États-Unis. Elle ne soutiendra
certainement pas l’effort de résistance.
Mais la demande de Nasrallah est très
embarrassante pour le clan et pour
Masoud Barzani personnellement.
Jusqu’à présent, je
n’ai trouvé que cette réponse plutôt
déroutante de sa part :
Nihad N. Arafat @NihadArafat
-
7:44 UTC - Jan 13, 2020La réponse du
gouvernement régional du Kurdistan au
discours immoral prononcé par Hassan
Nasrallah, par l'intermédiaire de
l'appareil antiterroriste, est un
message clair du gouvernement régional à
ces terroristes que la réponse aux
terroristes doit passer par l'appareil
antiterroriste.
En tant que chef
militaire, Soleimani et Muhandis sont
certainement remplaçables. Les milices
qu’ils ont créées et dirigées
continueront à fonctionner.
Mais les deux
hommes ont également joué un rôle
politique important en Irak et il faudra
un certain temps pour trouver des
personnes capables de les remplacer. Il
est donc probable que la situation
politique qui couve déjà en Irak va
bientôt basculer, car les factions
chiites vont commencer à se battre entre
elles pour le choix d’un nouveau Premier
ministre et d’un nouveau gouvernement.
Les États-Unis s’en
réjouiront, car ils tenteront
d’installer un candidat qui rejettera la
décision du Parlement irakien de retirer
les forces étrangères des territoires
irakiens.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan,
relu par Jj pour le Saker Francophone
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