Algérie
Novembria-Badissia ?
Lahouari Addi
Samedi 29 juin 2019
19è vendredi de la contestation
populaire et le régime est encore en
place, essayant de gagner du temps et de
faire diversion avec l’emblème amazigh
pour affaiblir le hirak. Même s’il est
en place, le régime est désormais sur la
défensive et n’a plus les moyens de
s’imposer politiquement. Une preuve
entre autres : le journaliste Abdou
Semmar accuse régulièrement le chef de
la gendarmerie de malversations
financières sur son journal Algérie
Part. Dans les années, 1990, il aurait
été abattu par le DRS, et l’APS aurait
dit « qu’un journaliste laïc a été
assassiné par des islamistes ». À Alger,
Oran, Constantine… des milliers de
manifestants accusent le Chef d’Etat-Major
de trahison (khawana) sans que les
forces de sécurité n’aient la force de
les arrêter. Les forces de sécurité
n’ont pas le personnel ni la logistique
pour arrêter des centaines de milliers
de personnes !
Bien que politiquement fini, le régime
résiste et refuse la transition demandée
par le hirak. Pourquoi ? Parce que l’EM
craint que les nouvelles autorités
poursuivent devant les tribunaux les
officiers impliqués dans des violations
de droits de l’homme et dans des
malversations financières. L’EM a besoin
d’un délai de un ou deux mandats
présidentiels pour soustraire ces
officiers à la justice du nouveau
régime. 5 ou 10 ans pour se faire
oublier et disparaître dans la nature.
Les généraux de l’EM misent sur la
conférence du 6 juillet qui devrait,
selon eux, préparer la phase de
l’élection présidentielle qui mettrait
fin à la contestation populaire. Les
généraux hésitent entre Ali Benflis et
Abderrazak Mokri qu’ils feront élire en
espérant qu’ils susciteront un minimum
d’adhésion populaire. Si Ali Benflis est
l’hypothèse faible, A. Mokri est
l’hypothèse forte dans les plans des
généraux qui ont besoin d’islamistes
dociles pour donner une assise
religieuse à un nouveau régime
militaro-islamiste. C’est le sens de
l’expression Novembria-Badissia
prononcée récemment par le général Gaid
Salah.
Mais la population n’acceptera pas ce
plan et la réunion du 6 juillet, qui
publiera une plate-forme avec des vœux
pieux, sera un non-événement. L’analyse
des slogans des manifestants des
vendredis indique que le hirak veut une
transition avec des hommes nouveaux qui
n’ont jamais appartenu ni au pouvoir
formel ni à la fausse opposition. C’est
le sens de la formule Yatnahaw Ga3. Le
hirak réussira parce qu’il exprime la
volonté de la majorité de la population
et probablement d’une partie importante
des officiers supérieurs tenus à
l'obligation de réserve.
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