Algérie
Retour un sur débat en live
Lahouari Addi
Jeudi 9 juillet 2020
Les réseaux sociaux
permettent désormais des débats publics
qui contournent le monopole de l'Etat
sur les médias et les moyens
audio-visuels. Cette avancée
technologique donne la possibilité
d'organiser des rencontres citoyennes
virtuelles sans le filtre et
l'autorisation des autorités.J'ai
participé hier à un tel débat organisé
par Ali Boucherka, un hirakiste engagé
militant pour une Algérie démocratique
où les aspirations des jeunes pour le
progrès seront réalisées. Il est
lui-même représentatif de cette
génération qui porte le hirak sur ses
épaules et qui attend la fin de la
pandémie pour redescendre dans la rue.
Le sujet du débat était "Le hirak est-il
un mouvement idéologique ou un mouvement
politique?". En gros, la question que
pose Ali est la suivante: faut-il avoir
peur des divisions idéologiques à
l'intérieur du hirak ou faut-il les
affronter pour clarifier la perspective
d'avenir, celle de la transition
démocratique. Je crois que nous sommes
arrivés à un consensus qui est le
suivant: si le débat a pour finalité de
s'exclure les uns et les autres, le
hirak en sortirait affaibli. Si par
contre, il s'agit d'ouvrir le débat pour
dégager un minimum républicain
acceptable par les uns et les autres, ce
serait bénéfique.
Après le live, j'ai lu les commentaires
des internautes, tous hirakistes, qui
appellent quelques remarques concernant
les islamistes.
1. Il y a un courant islamiste dans la
société et il est inutile de le nier.
Même s'il n'a plus l'ancrage électoral
des années 1980 et 1990, personne n'a le
droit de demander à un islamiste de ne
plus être islamiste. Par contre, il peut
lui être demandé de respecter un certain
nombre de valeurs sans lesquelles la vie
en commun n'est pas possible, et la
première est la liberté de conscience.
2. Malgré cela, il persiste une crainte
que les islamistes remportent les
élections après la transition
démocratique et qu'ils adoptent des lois
interdisant les libertés publiques et
individuelles. Cette éventualité peut
être évitée par le scrutin
proportionnel. Avec un tel scrutin,
aucun parti n'aura la majorité à lui
seul et sera obligé de faire des
alliances avec d'autres partis pour
former le gouvernement et proposer des
lois.
3. Dernier point. Certains internautes
ont trouvé que mes propos me placent
dans le camp islamiste. Pour se faire
une idée sur mon analyse sur l'islam, je
leur suggère de lire mon livre "La crise
du discours religieux musulman. Le
nécessaire passage de Platon à Kant" qui
paraît dans une dizaine de jours aux
éditions Frantz Fanon à Alger. Ali
pourrait faire un live sur le sujet de
ce livre. et je répondrais volontiers. .
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