Algérie
Le procès d’un premier ministre est
forcément politique
Lahouari Addi
Lundi 9 mars 2020
Est-ce que le procès de Sellal et
Ouyahya est un procès politique ou non ?
N’est-il pas le procès du mauvais usage
de l’autorité publique et de son
détournement à des fins privées ? Si
c’est oui, d’où Sellal et Ouyahya
tiraient leur autorité en tant que
Premiers ministres ? Pourquoi ceux qui
les ont investis de cette autorité ne
sont pas dans le box des accusés ?
Pourquoi Bouteflika n’est pas jugé ainsi
que les généraux qui les protégeaient ?
Dans l’extrait ci-dessous d’un article
du journal Libérté, éclate la
contradiction d’un régime finissant.
6e jour du procès
d’Ahmed Ouyahia et d’Abdelmalek Sellal,
Liberté, 9 mars 2020
Des avocats ont souligné un aspect
jusque-là ignoré du procès : la
dimension politique qu’il revêt,
puisqu’il concerne d’anciens hommes du
système Bouteflika. Il a fallu attendre
les plaidoiries de la défense pour que
le volet politique du procès de
l’affaire de montage de voitures et du
financement occulte de la dernière
campagne électorale de Bouteflika soit
évoqué. Hier, les avocats d’Aboud
Achour, P-DG de la BNA, n’ont pas hésité
à invoquer un aspect jusque-là ignoré du
procès : la dimension politique qu’il
revêt, puisqu’il concerne d’anciens
hommes du système Bouteflika.
Me Khaled Berghel a, en effet, insisté
sur ce volet. “Vous avez en face de vous
des responsables politiques qui ont
travaillé avec celui qu’ils appelaient
Fakhamatouhou”, a-t-il dit lors de sa
plaidoirie en faveur d’Aboud Achour. “La
justice les a humiliés en diffusant
leurs images partout dans le monde”, a
ajouté l’avocat, précisant que “ces
hommes ont travaillé avec un homme qui
nous a été imposé par une institution.
Cette dernière s’est retournée contre
lui lorsqu’il a décidé de s’en prendre à
elle”. “Est-il normal qu’aucune autorité
n’ait parlé mis à part le responsable de
l’état-major de l’armée avant et après
chaque procès pour nous dire que la
îssaba a été vaincue ?” s’est interrogé
l’avocat...
Me Berghel n’a pas voulu arrêter sa
plaidoirie, malgré l’insistance du juge.
“Votre plaidoirie est politique”, a
lancé le juge en direction de l’avocat.
“Oui, car l’affaire est d’abord
politique et elle l’est d’autant plus
qu’elle est le fruit de règlements de
comptes politiques”, a répliqué
l’avocat, avant de céder sa place à
d’autres avocats constitués, eux aussi,
au profit d’Aboud
Achour
Mohamed Mouloudji
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