Algérie
5 Octobre 1988 - 22 Février 2019
Lahouari Addi
Jeudi 3 octobre 2019
Samedi 5 octobre est le 31èm
anniversaire du soulèvement d’Octobre
1988 qui a mis fin au système du parti
unique à travers lequel le commandement
militaire exerçait la souveraineté
populaire. Beaucoup de personnes à
l’époque avaient pensé que l’Algérie
allait enfin avoir un régime pluraliste
à travers lequel la population
choisirait librement par le vote ses
représentants. Mais le commandement
militaire n’avait pas adhéré au principe
d’une transition démocratique et n’a
accepté le pluralisme que pour le
manipuler. En effet, aucun parti ne
devait exister s’il remettait en cause
la règle non écrite du système politique
algérien : la souveraineté populaire
appartient au commandement militaire.
C’est ainsi que, après Octobre 1988, le
régime s’est recomposé en mettant en
avant une élite civile exerçant un
pouvoir formel supposé issu des urnes.
Si Octobre 1988 a eu un acquis, c’est
c’était celui de critiquer les
détenteurs civils de l’autorité de
l’Etat (ministres, walis et même
députés), ce qui était impensable sous
le système du parti unique.
La critique publique du pouvoir formel a
été une conquête du 5 Octobre 1988 et,
dans la même perspective, le 22 Février
2019 cherche à critiquer le pouvoir réel
des militaires et à soumettre ces
derniers à une autorité civile issue des
urnes. Cette dynamique populaire
contestataire atteindra son objectif
parce qu’elle s’inscrit dans le
processus historique de construction de
l’Etat commencé en Novembre 1954. Le
mouvement national ne voulait pas
seulement l’indépendance, il voulait un
Etat moderne fondé sur le suffrage
populaire. La résistance qu’oppose l’Etat-Major
à cette dynamique est vaine et futile ;
elle est un combat d’arrière-garde qui
fait perdre du temps au pays. Gaid
Salah, qui n’a ni l’éthique du militaire
ni l’âge du soldat, tente de rafistoler
par une élection truquée un régime miné
par la corruption et complètement coupé
de la population. Le mouvement du 22
Février s’inscrit dans la dynamique
inaugurée le 5 Octobre 1988 pour enlever
des mains des généraux la souveraineté
populaire. Dans la chanson La Casa del
Mouradia, il y a un refrain qui dit : «
vous nous avez trompé avec la décennie
noire, vous n’aurez pas le 5èm mandat ».
Ce même 5èm mandat auquel tient Gaid
Salah en décidant l’élection du 12
décembre qui changera le nom de
Bouteflika par un autre nom. Mais la
vigueur du mouvement populaire indique
que cette élection n’aura pas lieu.
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