Palestine
Georges Abdallah :
pas de regrets, pas de compromis...
Khaled Barakat
Mardi 30 octobre 2018
L'article suivant
de l'écrivain palestinien Khaled Barakat,
coordinateur de la campagne
Free Ahmad Sa'adat,
a été publié initialement dans
Quds News du
28 octobre 2018.
Le camarade Georges
Abdallah est une figure révolutionnaire
rare dans les conditions de notre temps.
Je dirais presque qu'il appartient à
l'histoire et non à notre époque
actuelle, celle de Bin Salman, Mahmoud
Abbas et Sisi, l'ère de la reddition et
de la normalisation, devenue un "choix
national" pour les classes vaincues, les
marchands du confessionnalisme et de la
réaction, les rois, les sultans et les
tyrans de notre époque.
Cet ennemi se situe à l'opposé du
prisonnier Georges Abdallah. Ce dernier
reconnaît clairement l'état grave et
catastrophique du Monde arabe
aujourd'hui, en particulier à l'époque
coloniale impérialiste. Il nous demande
de tout cœur et avec conviction : Qui
défend sa libération ? Même parmi les
Arabes ? Personne, le génie doit rester
dans la bouteille et ne pas émerger dans
le monde, ou revoir la lumière et le
peuple. Si vous vous en approchez, vous
risquez d’attraper la maladie
révolutionnaire, la folie du rejet et
l'adhésion à la rébellion et à la
résistance. C’est pourquoi Condoleeza
Rice, plus d’une fois, puis Hillary
Clinton, ont exprimé leur objectif
commun : Georges Abdallah doit être tenu
à l'écart de sa ville natale, Kobayat,
d'Ain el-Helweh, de Birzeit, de Tanger,
d'Assouan et de tous les arabes. Il doit
rester là où il est, enfermé dans la
prison reculée de Lannemezan !
Les gouvernements libanais successifs
ignorent depuis 35 ans Georges Abdallah.
Ce silence officiel constitue une
complicité active dans le processus
d'arrestation et d'emprisonnement, une
réalité flagrante qu'il est difficile de
cacher. Si Georges Abdallah était un
trafiquant d'armes et de drogues comme
Samir Geagea, il pourrait devenir un
dirigeant dans son pays. Mais le retour
de Georges dans sa patrie effraie les
princes du pétrole et de la guerre et
menace tout le système confessionnel
actuel qui ne nous a apporté que la
mort, la ruine et le racisme.
Il a bien appris les leçons de
l'histoire. Les peuples arabes colonisés
par l'empire ottoman se sont retrouvés
500 ans plus tard sous le colonialisme
occidental. En affrontant le mouvement
sioniste, ils ont construit une juste
cause appelée Palestine. La liberté, la
libération et l'exercice du droit à
l'autodétermination, de l'océan au
golfe, commencent et finissent en
Palestine.
Georges croit plus que jamais que la
libération arabe ne peut se poursuivre
de manière révolutionnaire que si nos
courants de gauche et nos courants
populaires laissent derrière eux des
mécanismes et des approches
«traditionnels» et réactionnaires. C'est
parce que Georges appartient d'abord à
la Palestine et que la Palestine
n'appartient à aucune secte, religion ou
race. Le peuple palestinien est à moitié
occupé et l’autre moitié en exil. La
Palestine est la cause des classes
arabes opprimées qui ont été privées de
tout, y compris de la conscience de
leurs droits fondamentaux et de leur
cause majeure.
Chaque fois que Georges Abdallah se
présente devant la «justice» française
et se voit exiger des remords, un
repentir (s’il veut rentrer chez lui),
Georges répond : Je suis arabe, la
Palestine est ma lutte et je ne la
regrette pas. Être arabe est, pour
Georges, un choix d'être humain ou rien,
d'être révolutionnaire, non
réactionnaire. Cela ne signifie pas de
formalisme, pas de confessionnalisme ou
d’exclusivité étroite et maladroite.
Et dès le premier instant, dès la
première arme, Georges Abdallah s'est
rendu compte qu'il n'était plus
seulement responsable de lui-même, que
sa décision n'était pas uniquement la
sienne, qu'il représentait des centaines
de millions de personnes opprimées.
Chaque combattant arabe emprisonné par
les sionistes, les réactionnaires arabes
ou les impérialistes français et autres
ne fait aucune différence. La liberté,
comme la Palestine, est la lutte de
tous; c'est une terre qui ne peut être
divisée. Il refuse les compromis et
termine toutes ses lettres par une
déclaration indélébile, à la manière
d'un tatouage : Camarades, c'est une
honte de se retirer. Ensemble, et ce
n'est qu'ensemble que nous vaincrons.
Source : Samidoun -
Traduction : Coup Pour Coup 31
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