Actualité
Venezuela : ce qu’il faut savoir sur le
coup d’État
mené par les États-Unis
Kevin Zeese / Margaret Flowers
Vendredi 1er février 2019
Deux choses ressortent du coup d’État
étasunien au Venezuela. D’abord, il est
inhabituellement public. Généralement,
les États-Unis tentent de dissimuler
leurs coups d’État. Ensuite, celui-ci
est basé sur une série de mensonges
flagrants, et pourtant, les
représentants du système bipartisan à
Washington, à quelques exceptions près,
continuent de les répéter.
Nous commencerons par corriger les
mensonges pour que les lecteurs partent
des mêmes faits. Deuxièmement, nous
décrirons comment ce coup d’État a
perdu. Il sera un nouvel embarras pour
l’administration Trump et la politique
étrangère étasunienne.
Il est important de
comprendre que le Venezuela est devenu
un
conflit géopolitique puisque la
Russie et la Chine sont ses étroits
alliés. La Chine et la Russie qui
pénètrent l’arrière-cour des États-Unis
remettent en question la
désuète Doctrine Monroe.
Le Venezuela
possède les plus grandes réserves de
pétrole au monde et les deuxièmes plus
grandes réserves d’or, ainsi que des
diamants et d’autres minéraux comme le
coltan (nécessaire pour les appareils
électroniques). De plus, le
Venezuela aura la présidence de l’OPEP
et sera en position de faire pression
pour que le paiement du pétrole se fasse
en monnaies autres que le dollar ou en
cryptomonnaies, une menace majeure pour
le dollar US.
Manifestation
devant le consulat nord-américain à
Sydney le 23 janvier
pour exiger que les
États-Unis n’interviennent pas au
Venezuela. Photo: Peter Boyle
Corriger le
récit
De nombreuses
déclarations répétées par les
fonctionnaires de Washington DC et les
médias grand public et destinées à
justifier le coup d’État sont si
évidemment fausses qu’il est difficile
de croire qu’elles ne sont pas
intentionnelles. Dans son commentaire de
deux paragraphes sur le coup d’État,
même le
sénateur Bernie Sanders les a
répétées.
1ère
vérité : Nicolás Maduro est le président
légitime.
Le président Maduro
a été réélu le 20 mai 2018 en réponse à
la demande de l’opposition de tenir des
élections anticipées. La
légitimité de l’élection de Maduro
est si évidente qu’il faut supposer que
ceux qui affirment qu’il est illégitime
disent intentionnellement le faux ou
sont ignorants. L’élection a été
fixée conformément à la Constitution du
Venezuela et après consultation des
partis d’opposition. Lorsqu’il est
devenu évident que l’opposition ne
pourrait l’emporter, elle a décidé, sous
la pression des États-Unis, de boycotter
l’élection afin de ruiner sa légitimité.
Les
faits sont que 9 389 056 personnes
ont voté, soit 46% des électeurs. Seize
partis ont participé, six candidats se
sont présentés à la présidence.
Le processus
électoral a été suivi par plus de 150
observateurs. Cela comprenait, entre
autres, 14 commissions électorales de
huit pays, dont le Conseil des experts
électoraux d’Amérique latine, deux
missions techniques électorales et 18
journalistes de différentes parties du
monde.
Selon les observateurs internationaux,
« les élections ont été très
transparentes et conformes aux normes
internationales et à la législation
nationale ».
Le Venezuela a l’un
des meilleurs systèmes électoraux au
monde. La fraude n’est pas possible car
l’identification et les empreintes
digitales sont requises pour chaque
électeur. Les machines à voter sont
vérifiées avant l’élection et
immédiatement après. Le Venezuela fait
quelque chose qu’aucun pays au monde ne
fait –
l’audit public et citoyen d’un
échantillon de 53% des machines à voter,
qui est télévisé. Les 18 partis ont tous
signé les vérifications.
Maduro l’a emporté
à une large majorité, obtenant 6 248 864
suffrages, soit 67.84% des votants; il
était suivi par Henri Falcón avec
1 927 958 voix, 20.93%, Javier Bertucci
avec 1 015 895 voix, 10.82%, et Reinaldo
Quijada, qui a obtenu 36 246 votes,
0.39% du total.
Ce même système de
vote a été utilisé dans des élections
que le parti de Maduro a perdues, les
élections législatives et des
gouverneurs. Le Venezuela est une
véritable démocratie avec des élections
transparentes. Les États-Unis pourraient
en apprendre long du Venezuela sur ce
qu’est une vraie démocratie.
2e
vérité : La crise économique est causée
par l’intervention extérieure, le
sabotage intérieur et la baisse des prix
du pétrole.
Il est indubitable
que la situation économique au Venezuela
est désastreuse. La cause en est la
guerre économique menée par les
États-Unis, la baisse importante des
prix du pétrole et le sabotage
économique de l’opposition.
Fondamentalement, les États-Unis et
l’opposition ont créé des problèmes dans
l’économie vénézuélienne et ils disent
maintenant que Maduro doit être remplacé
en raison des problèmes qu’il a créés.
Le pétrole a été
découvert au Venezuela au début du XXe
siècle et a dominé l’économie depuis
lors. Le
Mal hollandais, l’influence négative
d’une économie fondée sur une seule
ressource naturelle, provoque un afflux
de devises étrangères qui rend les prix
des autres produits du pays moins
concurrentiels. Il est meilleur marché
d’importer des produits que de les
fabriquer. Il devient plus difficile
pour des secteurs comme l’agriculture et
l’industrie manufacturière de se
développer.
Chavez/Maduro ont
cherché à diversifier l’économie. Ils
ont mis en place des
milliers de communes et des
centaines de milliers de gens
travaillant dans des coopératives pour
construire l’agriculture et l’industrie.
Lorsque le prix mondial du pétrole a été
divisé par plus de la moitié, les
finances publiques du Venezuela se sont
effondrées, ruinant ces efforts. La
guerre économique menée par les
États-Unis a rendu difficile au
Venezuela d’emprunter et de commercer
avec certains pays.
Les sanctions
économiques contre le Venezuela ont
commencé sous le président Obama et
l’administration Trump les a renforcées
par des sanctions financières. Les
sanctions des États-Unis coûtent au
Venezuela quelque 6 milliards de dollars
depuis août 2017,
selon une analyse datant d’octobre. Des
mesures contre l’industrie pétrolière du
pays ont interdit à la compagnie
vénézuélienne à majorité publique CITGO
de renvoyer les bénéfices au Venezuela,
provoquant 1 milliard de pertes par
année pour le gouvernement. Aujourd’hui,
la Banque d’Angleterre
refuse de restituer 1,2 milliards de
dollars en réserves d’or après que des
responsables nord-américains, dont le
secrétaire d’État Michael Pompeo et le
conseiller à la Sécurité nationale John
Bolton, ont fait pression sur elle pour
que le Venezuela soit coupé de ses
actifs à l’étranger.
La guerre
économique des États-Unis et le sabotage
de l’économie par des intérêts
commerciaux ont été révélés dans le
cadre des
efforts pour chasser Maduro en
provoquant des troubles sociaux et un
manque de confiance dans le
gouvernement. Ces efforts ont inclus le
stockage de biens de première nécessité
dans des entrepôts et la vente des
produits vénézuéliens à la Colombie.
En septembre 2018,
le Venezuela a signalé une campagne
mensongère exagérant l’émigration du
Venezuela. Le gouvernement a publié des
statistiques du Haut commissariat des
Nations unies pour les réfugiés pour
affirmer que le Venezuela a le plus
petit nombre d’émigrants volontaires du
continent. Il a souligné que 5.6
millions de Colombiens avaient fui la
violence dans le pays pour vivre au
Venezuela. Celui-ci a des programmes qui
ont aidé des milliers de Vénézuéliens à
retourner chez eux.
Le socialisme
renforce les économies, comme
l’a démontré le cas du Portugal. En
effet, une critique adressée au
Venezuela est que le processus
bolivarien avance trop lentement pour
instaurer une économie socialiste.
Davantage de secteurs doivent être
nationalisés et placés sous le contrôle
démocratique du peuple.
3e
vérité : C’est l’opposition qui est
violente, pas le gouvernement de Maduro
Les manifestants de
l’opposition ont été extrêmement
violents. Une des tactiques de
l’opposition était d’user de la violence
puis de filmer la réponse du
gouvernement pour le faire paraître
violent. Lorsque
Abby Martin a été confrontée à des
manifestants de l’opposition, ils lui
ont dit : « Ne filmez rien de ce que
nous faisons. Filmez seulement ce que le
gouvernement nous fait. » Elle rapporté
sur la violence en disant : « la plus
grande partie a été causée par la
violence directe ou indirecte de
l’opposition ».
Abby Martin
rapporte que l’opposition a attaqué des
hôpitaux, incendié le ministère du
Logement, assassiné des chavistes et
attaqué des communes citoyennes telles
qu’une commune artistique qui dispensait
gratuitement des cours de danse et de
musique aux enfants du quartier. Des
Afro-Vénézuéliens ont été brûlés vifs.
Des manifestants ont sorti des
chauffeurs de bus de leur véhicule et y
ont mis le feu. Lorsque des photos et
des vidéos des violences de l’opposition
ont été publiées sur les réseaux
sociaux, Abby Martin et son collègue,
Mike Prysner, sont devenus la cible
d’une campagne médiatique mensongère sur
ces mêmes réseaux sociaux. L’opposition
a fait tout ce qu’elle pouvait pour les
empêcher de rapporter la vérité en
recourant à des centaines de menaces de
mort et de lynchage.
En 2017, Venezuela
Analysis a rapporté que l’opposition
violente comprenait une attaque de la
maternité mettant en danger la vie de
plus de 50 nouveau-nés.
Un autre rapport a décrit
l’opposition utilisant des tireurs
d’élite pour abattre des fonctionnaires
du gouvernement et des civils. Les
journaux de l’opposition ont exhorté à
l’utilisation d’objets contondants pour
« neutraliser » les manifestants
pro-gouvernement, entraînant de graves
blessures et la mort.
Steve Ellner a
également rapporté que
la violence venait de l’opposition.
Il a signalé des attaques contre des
épiceries, des banques, des bus et des
bâtiments gouvernementaux.
D’autres commentateurs ont décrit
des incidents de violence spécifiques de
l’opposition, y compris le meurtre de
personnes. Maduro a
ordonné l’arrestation d’un général à
la retraite qui twittait comment
utiliser le fil de fer pour décapiter
des motocyclistes, ce qui s’est produit,
et comment attaquer les véhicules
blindés au cocktail Molotov.
Des
documents montrent que la violence
était la stratégie de l’opposition. Elle
a cherché à « créer des situations de
crise dans les rues qui faciliteront
l’intervention étasunienne, ainsi que
des forces de l’OTAN avec le soutien du
gouvernement colombien. Chaque fois que
c’est possible, la violence doit
provoquer des morts ou des blessés ».
Les récits de la
violence du gouvernement sont truffés de
mensonges. La réponse du gouvernement a
été
l’appel de Maduro à une conférence
de paix, qu’il décrivait comme « une
conférence nationale de paix avec tous
les secteurs politiques du pays […] pour
que nous, les Vénézuéliens, puissions
essayer de neutraliser les groupes
violents ».
4e
vérité : l’Assemblée nationale a agi en
violation de la loi et est coupable
d’outrage à la Cour
L’Assemblée
nationale n’est pas le seul organe
démocratique au Venezuela. En effet,
depuis que l’opposition a remporté une
majorité, elle a agi en violant la loi
et en protégeant la violence de
l’opposition par le biais d’une loi
d’amnistie embarrassante.
Le 6 décembre 2015,
l’opposition a gagné une majorité
parlementaire à l’Assemblée. Il y a eu
des accusations d’achat de votes dans
l’État d’Amazonas qui ont fait l’objet
d’une enquête du Conseil électoral
national, une autre branche du
gouvernement. La Cour suprême a interdit
à quatre députés de l’Amazonas d’entrer
en fonction, deux de l’opposition, un
allié de l’opposition et un du parti au
pouvoir. L’Assemblée nationale a permis
à trois candidats d’entrer en fonction.
L’Assemblée a été
reconnue coupable d’outrage à la
Cour depuis juillet 2016 et ses
décisions ont été annulées.
Avant la décision
de la Cour, l’Assemblée a adopté
une étonnante loi d’amnistie, qui
accordait l’amnistie pour les crimes
commis par l’opposition depuis 1999
(l’élection de Chavez). La loi est un
aveu de culpabilité et fournit un
catalogue bien organisé de crimes,
incluant les félonies, les crimes commis
lors d’assemblées publiques, des actes
terroristes impliquant des explosifs et
des armes à feu et l’affaiblissement de
l’économie. Ils admettent au fond
exactement ce que Chavez/Maduro ont
affirmé — des crimes pour renverser le
gouvernement depuis 17 ans. La
Cour suprême du Venezuela a jugé la
loi d’amnistie anticonstitutionnelle.
C’est à tort que l’administration Trump
qualifie l’Assemblée de seule
institution démocratique du Venezuela.
En janvier dernier,
une filiale de la compagnie pétrolière
publique a demandé à l’Assemblée
d’intervenir, affirmant que le président
ne peut promouvoir des réformes dans des
entreprises pétrolières
publiques-privées sans l’approbation
préalable de l’Assemblée nationale. Le
16 janvier, le tribunal a jugé que
l’Assemblée était toujours coupable
d’outrage à la Cour et qu’elle ne
pouvait pas agir. C’est également à ce
moment-là que l’Assemblée a élu à sa
présidence Juan Guaidó, qui
s’autoproclamerait président du
Venezuela dans le cadre du coup d’État
dirigé par les États-Unis. L’élection de
Guaidó à la tête de l’organe législatif
était illégale et a été annulée par la
Cour.
L’Assemblée existe
toujours mais continue à mépriser les
magistrats. Elle peut rectifier cette
situation en renvoyant les députés
accusés de fraude électorale. Elle
refuse de le faire car son but est de
démettre Maduro de ses fonctions et il
faut une super majorité pour le faire.
Medea Benjamin de
CODE PINK interrompt Mike Pompeo à la
réunion de l’OEA. Press TV.
Chronologie du
coup d’État au Venezuela
Dans l’article « Anti-Maduro
Coalition Grew from Secret Talks »,
[La coalition anti-Maduro est née dans
des discussions secrètes], Associated
Press explique que le coup d’État n’a
été « possible qu’à cause du fort
soutien de l’administration Trump, elle
a dirigé un chœur des gouvernements
majoritairement conservateurs d’Amérique
latine, qui ont immédiatement reconnu
Guaidó ».
Depuis août 2017,
Donald Trump dit qu’une
intervention militaire contre le
Venezuela était une possibilité. AP
décrit cela comme un « moment décisif »
dans la planification du coup d’État.
Elle rapporte que Trump fait pression
sur les alliés et les pays
latino-américains pour envahir le
Venezuela. En septembre, le New York
Times a rapporté que
l’administration Trump a rencontré les
fomenteurs du coup d’État depuis la
mi-2017.
Le
Wall Street Journal rapporte
que Trump a longtemps considéré le
Venezuela comme
l’une de ses trois principales priorités,
avec l’Iran et la Corée du Nord. Trump a
demandé une séance d’information sur le
Venezuela le lendemain de son entrée en
fonction, parlant de l’immense potentiel
de ce pays pour devenir une riche nation
grâce à ses réserves de pétrole.
AP rapporte que Trump a
« personnellement provoqué » ce coup en
parlant de changement de régime au
Venezuela lors de chacune de ses
rencontres avec des dirigeants
latino-américains.
Après la réélection
de Maduro, les plans de l’administration
ont
commencé à prendre forme, dirigés en
partie par des membres importants du
Conseil national de sécurité et par des
militants anti-Maduro au Congrès, tels
que le sénateur Marco Rubio, un
interventionniste extrêmiste.
Le 1er
novembre, John Bolton s’est concentré
sur l’Amérique latine, qualifiant Cuba,
le Nicaragua et le Venezuela de
« troïka de la tyrannie ». Le 2
janvier, il a rencontré ses homologues
brésilien et colombien en vue de
collaborer pour « rendre au Venezuela
son héritage démocratique ».
Le 10 janvier,
Maduro a prêté serment pour son
second mandat, Pompeo a discuté avec
le chef de l’opposition, Guaidó,
promettant son soutien. Le Canada a
également joué un rôle important,
AP rapporte que la ministre des
Affaires étrangères Chrystia Freeland a
parlé à Guaidó le soir précédant
l’investiture de Maduro, offrant le
soutien du Canada. C’était 13 jours
avant que Guaidó annonce qu’il était
président du Venezuela.
Le 12 janvier, le
département d’État a
soutenu la décision de Guaidó
d’invoquer son autorité en tant que
président de l’Assemblée, disant : « Il
est temps d’entamer la transition
ordonnée vers un nouveau gouvernement ».
Le 15 janvier, l’Assemblée nationale a
déclaré Maduro illégitime.
L’administration Trump a œuvré pour
gagner des alliés alignés sur le soutien
à Guaidó. Le 18 janvier, le ministre
vénézuélien des Affaires étrangères a
décrit
un coup d’État nord-américain en cours.
La veille de
l’annonce de Guaidó du 23 janvier, le
vice-président Mike Pence a
diffusé un message vidéo
encourageant les Vénézuéliens à
renverser leur gouvernement, affirmant :
« Nous sommes avec vous. Nous vous
soutenons et nous vous soutiendrons. » Guaidó
a également reçu un appel téléphonique
de Pence le soir précédent son
auto-désignation à la présidence, dans
lequel il promettait que les États-Unis
le soutiendraient.
Guaidó a déclaré
que le gouvernement Maduro était
illégitime et qu’il assumait la
présidence. Dans une mascarade bien
coordonnée, presque instantanément,
Trump a reconnu Guaidó comme le
dirigeant légitime du pays. Pour
démontrer encore davantage la
réalisation préconçue, étroitement
coordonnée et efficacement menée du coup
d’État, les alliés des États-Unis, parmi
eux le Canada, le Brésil, l’Argentine,
la Colombie, le Chili et le Pérou, ont
rapidement reconnu le président qui en
est issu.
L’administration Trump prétend que
Guaidó représente le gouvernement légal
et qu’il a droit à tous les revenus du
Venezuela. Le département d’État a
notifié à la Réserve fédérale que Guaidó
est le représentant qui peut accéder aux
actifs vénézuéliens dans les banques
nord-américaines.
Presque tout aussi
rapidement, Maduro a
reçu des déclarations de soutien de
la Russie, de la Chine, de la Turquie,
du Mexique, de Cuba, de Bolivie et
d’autres. La Cour suprême du Venezuela a
appelé à une enquête sur l’Assemblée
nationale et Guaidó à propos de
l’usurpation illégale du pouvoir
exécutif. L’armée vénézuélienne a
annoncé qu’elle soutenait Maduro et la
Russie a mis en garde les États-Unis en
cas d’intervention militaire.
Le 25 janvier,
l’Organisation des États américains,
qui est traditionnellement un instrument
des États-Unis, a rejeté une résolution
visant à reconnaître Guaidó.
Medea Benjamin de CODE PINK a interrompu
Pompeo pendant la réunion de l’OEA,
brandissant un panneau sur lequel on
pouvait lire : « Un coup d’État n’est
pas une transition démocratique ! ». Le
ministre vénézuélien des Affaires
étrangères Jorge Arreaza a remercié
Medea Benjamin, déclarant : « Avec sa
protestation, elle a révélé le plan
macabre du coup d’État contre le
Venezuela, nous vaincrons toujours,
merci ! ». Dix-huit pays ont rejeté la
résolution proposée.
Lors de la réunion
du
Conseil de sécurité des Nations unies
le 26 janvier, l’ambassadeur russe
auprès de l’ONU Vassily Nebenzia a
accusé les États-Unis d’avoir tenté
« d’organiser un coup d’État ». Il a
exigé de savoir si l’administration
Trump « était prête à utiliser la force
armée » contre le Venezuela. Les pays
européens ont donné huit jours au
Venezuela pour tenir des élections, une
suggestion que le Venezuela a rejetée.
Le secrétaire d’État américain Mike
Pompeo a qualifié le Venezuela d’« État
mafieux illégitime ». Il a accusé la
Russie et la Chine d’essayer de
« soutenir Maduro ».
La Chine et la Russie ont dit aux
États-Unis de ne pas intervenir dans les
affaires intérieures du Venezuela. En
décembre,
la Russie a envoyé deux bombardiers
stratégiques Tu-160 à capacité nucléaire
au Venezuela
ainsi qu’un avion militaire de
transport lourd An-124 et un avion
long-courrier II-62. Depuis décembre, la
Russie avait une brigade au Venezuela et
envisageait d’y envoyer une seconde
brigade militaire même avant le coup
d’État, en raison de la menace
permanente d’intervention des
États-Unis.
La Chine a prêté
plus de 50 milliards de dollars au
Venezuela dans le cadre d’accords
pétrole contre prêts et est devenue une
partenaire dans l’industrie pétrolière
vénézuélienne. En décembre, sept mois
après la signature d’un accord financier
avec la Chine, la
production pétrolière du Venezuela a
doublé pour atteindre 130 000 barils
par jour. La prise de contrôle sur le
pétrole vénézuélien serait aussi une
attaque contre la Chine. Celle-ci et le
Venezuela ont signé 28 accords
bilatéraux de coopération stratégique le
14 septembre dans les domaines du
pétrole, de l’exploitation minière, de
la sécurité, de la technologie, de la
finance et de la santé.
Démontrant la
nature du président issu du coup d’État,
les premiers actes de Guaidó ont été de
demander un prêt au Fond monétaire
international, qui endetterait le
Venezuela à l’égard des banquiers
occidentaux et le placerait sous leur
contrôle, et de privatiser l’industrie
pétrolière vénézuélienne, ce qui
priverait le Venezuela des fonds
utilisés pour élever le niveau de vie
des pauvres et de la classe ouvrière.
La nomination par
Mike Pompeo d’Elliott Abrams comme
personne chargée de superviser les
opérations destinées à « restaurer la
démocratie au Venezuela » est un signe
inquiétant. C’est scandaleux et démontre
que
les éléments les plus extrêmes de
l’establishment étasunien mènent la
charge. Abrams a été
condamné dans le scandale Iran-Contra,
il a appuyé
les escadrons de la mort soutenus par
les États-Unis au Guatemala et au
Salvador dans les années 1980,
joué un rôle important dans le
soutien de l’administration Reagan aux
Contras meurtriers au Nicaragua et il
était
la personne qui a approuvé le coup
d’État soutenu par les États-Unis au
Venezuela en 2002.
L’analyste
Vijay Prashad écrit que le coup
d’État a violé la Charte des Nations
unies et de l’Organisation des États
américains et décrit les efforts pour
appeler l’armée à se soulever contre le
gouvernement et qui ont échoué.
Maintenant, l’administration Trump
menace le Venezuela d’un embargo
pétrolier total et laisse « l’option
militaire » ouverte.
La campagne
concertée des États-Unis et du Canada
pour installer Juan Guaidó comme le
nouveau président par intérim
« autoproclamé » du Venezuela a connu un
premier échec. Malheureusement, les
tentatives illégales et
antidémocratiques de déstabiliser le
pays et de renverser le président
démocratiquement élu continueront avec
des conséquences désastreuses. Le peuple
vénézuélien se lève une fois de plus
pour défendre son pays contre une
intervention étrangère hostile. Il est
essentiel de le soutenir dans cette
lutte. De nombreux groupes organisent
des rassemblements de solidarité et
publient des déclarations de soutien.
Vous trouvez les rassemblements et les
manifestations
ici and
ici.
Bien que Sanders se
soit trompé sur tous les faits
concernant le Venezuela, il est parvenu
à la bonne conclusion : « Les États-Unis
ont une longue histoire d’interventions
abusives dans les pays d’Amérique
latine. Nous ne devons pas nous engager
de nouveau sur cette voie. » Les
Américains ont un rôle important à jouer
pour soutenir le Venezuela et
contrecarrer le coup d’État.
Traduit de
l’anglais par Diane Gilliard pour le
Journal Notre Amérique
Source :
Popular Resistance
Le dossier Amérique latine
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