Russie politics
Sanctions: la Russie expulse 755
diplomates américains
Karine Bechet-Golovko
Lundi 31 juillet 2017
En réponse à la
dernière loi de sanctions américaines
adoptée par le Congrès et confirmée par
le Sénat, la Russie a adopté des
contre-mesures, impliquant le départ de
755 membres du corps diplomatique
américain en Russie. La question qui
reste maintenant en suspend est celle de
savoir si les Etats Uins entreront ou
non dans une logique d'escalade? Le 28 juillet, le
Ministère des affaires étrangères russe
a transmis
une note à la mission diplomatique
américaine à Moscou les informant que
suite à l'agressivité de leur politique
nationale à l'égard de la Russie et de
l'adoption par le Congrès de la dernière
loi faisant des sanctions contre la
Russie non seulement un instrument de
protection économique, mais également de
chantage géopolitique, certaines mesures
sont adoptées.
Ainsi, en réponse à
l'expulsion en décembre de 35 diplomates
russes et de l'interdiction de dipsoser
de certains biens immobiliers
appartenant à la mission diplomatique
russe aux Etats Unis, le ministère des
affaires étrangères, avec le
consentement du chef de l'Etat, a, en
réponse, disposé du parallèlisme des
deux missions, ce qui implique le départ
avant le 1er septembre de 755 diplomates
américains et membres du personnel
technique afin de revenir au niveau des
455 membres de la mission diplomatique
russe actuellement en poste, sachant que
toute nouvelle réduction du nombre de
diplomates russes en poste aux Etats
Unis entraînera automatiquement la
réduction correspondante du nombre de
diplomates américains en poste en
Russie. Par ailleurs, dès le 1er août,
les diplomates américains en poste en
Russie perdent la jouissance de la
maison de campagne dont ils disposaient
dans la région de Moscou et d'un certain
nombre d'entrepôts à Moscou.
Le porte-parole du
Kremlin, D.
Peskov, a expliqué ces mesures par
le fait que la signature par Trump ne
changera rien au texte adopté par les
Chambres, dont la rédaction est
définitive. Pour sa part, dans une
interview, le Président russe a
justifié l'attente par l'espoir d'une
prise de conscience de la nécessité pour
les Etats Unis de normaliser leurs
relations avec la Russie. Il serait
possible d'aller plus loin dans les
sanctions, dans des domaines qui
toucheront les intérêts américains,
comme la question de la coopération en
matière internationale, en matière
économique le niveau d'échanges est déjà
très bas, mais il ne semble pas
nécessaire d'aller jusque là pour
l'instant. La Russie se garde ainsi
une marge de manoeuvre et si les Etats
Unis en viennent à adopter des mesures
qui porteront une atteinte
comparablement négative aux effets
possibles d'une remise en cause de la
coopération russo-américaine dans des
domaines aussi sensibles que la lutte
contre le terrorisme, par exemple, alors
la Russie pourra, elle aussi prendre des
mesures extrêmes.
Pour leur part, les
Etats Unis estiment que la réaction
russe est injustifiée ... car les Etats
Unis n'ont pas influencé les élections
intérieures russes (sic!), comme
l'affirme l'ancien ambassadeur américain
McFaul.
Le Département
d'Etat a
déclaré:
“This is a
regrettable and uncalled for act. We are
assessing the impact of such a
limitation and how we will respond to it.
We have no further comment at this
time.”
Les Etats Unis
semblent avoir pris l'habitude d'une
certaine passivité de la Russie, ce qui
démontre, une fois n'est pas coutume,
que ce pays ne respecte que la force, ce
qui est loin d'être le signe d'une
civilisation avancée, mais plutôt
primaire.
Que faisaient ces
755 personnes dans le pays?
McFaul affirme qu'il n'y a pas
autant de diplomates américains, il
oublie de préciser qu'une grande partie
sont en poste sous la catégorie de
personnel technique... Une chose est
certaine, l'influence américaine dans la
politique intérieure russe en sera
d'autant diminuée, l'opposition radicale
russe devra faire plus de déplacements
en Occident pour obtenir aide et
financement, ce qui pourra directement
se faire sentir dans l'activisme
d'Ekaterinbourg.
Il reste à espérer
que les Etats Unis ne jouent pas
l'escalade des mesures, comme les
enfants vexés qui ont besoin à n'importe
quel prix de montrer qu'ils sont les
plus forts, quitte à porter atteinte à
leur propre intérêt ou à produire des
effets en chaîne incontrôlables. Le seul
effet positif de cette hystérie
politique américaine est le réveil des
pays européens contre l'atlantisme tout
aussi primaire de l'UE. Mais les Etats
européens sont-ils encore suffisamment
"vivants", pour pouvoir participer et
être non pas les pions mais les acteurs
d'un jeu politique complexe?
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