Russie politics
Bombardements d'écoles en Syrie:
les faux médiatisés, les véritables
cachés
Karine Bechet-Golovko
Enfant
victime d'un bombardement par les
terroristes modérés à Alep Ouest
Vendredi 28 octobre 2016
La
communauté internationale lance une
nouvelle attaque informative contre la
Russie, qui serait responsable du
bombardement d'une école dans le village
de Hass, dans la province de Idlib.
Comme la Russie a suspendu les vols dans
la province de Alep, il a bien fallu
trouver autre chose. Le probème est que
des images prise par drone après le
soi-disant bombardement montre que
l'école est toujours là ... A cette
énième provocation, la Russie a répondu
par un dossier détaillé des violations
de leurs obligations par les Etats Unis
et la coalition, dont vous trouverez une
traduction en français ici.
La
France et les Etats Unis, main dans la
main, accusent en bloc la Russie et/ou
Assad, peu importe, d'avoir bombardé,
dans la région d'Idlib tenue par cette
opposition modérément armée, une école
causant la mort de 22 enfants et 6
enseignants. Jean-Marc
Ayrault déclare:
« Qui est responsable ? En tout cas, ce
n’est pas l’opposition [au régime
syrien], car pour bombarder il
faut des avions. Ce sont soit les
Syriens, le régime de Bachar Al-Assad,
soit les Russes »
Il
suit ainsi la ligne
américaine, ce qui n'est plus une
surprise:
“We
don’t know yet that it was the Assad
regime or the Russians that carried out
the airstrike, but we know it was one of
the two,” White House spokesman Josh
Earnest said. “Even if it was the Assad
regime that carried it out, the Assad
regime is only in a position to carry
out those kind of attacks because they
are supported by the Russian government.”
L'information est devenue virale,
reprise par tous les grands médias,
après déclaration
d'UNICEF qui n'a pas vérifié la
source puisque cela venait des fameux
casques blancs et une demande d'enquête
internationale par Ban Ki-moon est
proférée. Pour autant de grands doutes
surgissent quant à l'existence même de
cette attaque aérienne, comme le
démontre le ministère de la défense
russe. Son porte-parole, I.
Konachenko
déclare:"Le 27
octobre, «un [drone] UAV a été envoyé
dans la zone [d'Idlib] pour réaliser des
photographies digitales détaillées»aucun
signe de «dégâts sur le toit de l’école,
ou de cratères de frappes aériennes
autour»" n'a été constaté. "«Nous avons
analysé les preuves photo et vidéo de
l’attaque supposée. La vidéo publiée
dans de nombreuses agences de média
occidentales semble consister de plus de
dix extraits différents, filmés à
différents moments de la journée, et en
des résolutions différentes qui ont été
éditées en un seul clip»
Voici
l'une des images publiées par le
ministère de la défense russe:
En ce
qui concerne, la photo virale publiée
par l'AFP:
«La
photographie publiée par l’AFP montre
qu’un seul mur de l’école est endommagé
et que tous les bureaux dans la salle de
classe sont en place. La cloison
extérieure que l’on voit à travers le
trou n’a pas de trace de dommage de
fragments de bombes. Dans une véritable
frappe aérienne, cela est physiquement
impossible ; le mobilier aurait été
balayé par l’explosion, et il y aurait
eu des marques de dégâts sur les murs de
la classe et la cloison extérieure.»
Mais
il semblerait que les structures
américaines et satellites n'aient pas
particulièrement envie de chercher plus
loin. Le but est simple: il faut créer
un tribunal pénal international, c'est
devenu une idée fixe. Et l'on retrouve
toujours la même méthode de manipulation
de masse. Il faut un gros scandale
international imputé a priori soit à la
Russie, soit à ses alliés, pour
renverser la situation sur le terrain.
Mais cette fois-ci, ça ne marche plus.
La Russie reste combative.
La
porte-parole du Ministère des affaires
étrangères, M.
Zakharova, a très bien résumé la
technique employée:
Chaque conflit commence toujours avec en
premier lieu le lancement d'une campagne
d'information, ensuite interviennent les
ONG, qui signent une pétition ou une
autre, en laquelle croient les gens
puisque ces organisations sont
non-gouvernementales, ensuite ils
préparent une décision qui doit être
exécutée.
C'est
le scénario utilisé contre la Lybie, il
est repris et affiné par l'expérience
contre la Syrie. Mais ici aussi, la
réaction est plus forte. La Russie a
envoyé à l'ONU tout un document
retrançant les violations de ses
obligations par les Etats Unis, ainsi
que tous les sites civils qui furent
touchés par la coalition, datés et
documentés. Voici la traduction du
résumé publié sur le site du
ministère des affaires étrangères
russes.
Analyse comparée de l'exécution des
engagements russo-américains
Déclaration commune de la Russie et des
Etats Unis sur le cessez-le-feu en Syrie
du 22/02/2016
engagements
|
Russie et Syrie
|
Etats Unis, coalition,
groupes d’opposition
|
Résultats
|
Régime de cessez-le-feu sur
l’intégralité du territoire de
la Syrie, à compter du
27/02/2016 0h
|
Garantie du cessez-le-feu par
les forces militaires russes
dans les temps
|
Garantie du cessez-le-feu par
une partie des groupes
d’opposition « modérée ».
20 groupes ont continué les
hostilités.
|
Du 27/02 au 01/09/2016, 2031
violations du cessez-le-feu
par les groupes d’opposition
« modérée », suite auxquelles
sont morts 3532 soldats,
12 800 civils. 8949
soldats ont été blessés et
25 642 civils.
|
Déclaration de la Russie et des
Etats Unis de collaboration au
cessez-le-feu jusqu’à 12h le
26/02/2016
|
Ont transmis la liste de 47
groupes d’opposition « modérée »
aux Etats Unis
|
Ont transmis la liste de 138
groupes d’opposition
« modérée », dans laquelle
figure 2 groupes rattachés à
Daesh et 8 à Al Nusra
|
Il n’a pas été possible de
différencier les groupes
d’opposition « modérée » des
groupes terroristes.
|
Echange des données entre la
Fédération de Russie et les
Etats Unis sur les frontières
du territoire occupé par les
groupes participant au
cessez-le-feu
|
Ont transmis aux Etats Unis les
données des territoires occupés
par les 47 groupes « modérés »
|
N’ont pas transmis
d’information
|
Les frontières n’ont pas pu être
établies pour les violations du
cessez-le-feu.
|
Détermination des frontières du
territoire tenu par Al Nusra et
Daesh
|
Lors des consultations, les
Etats Unis ont été informés de
la localisation de ces groupes
|
Lors des consultations, les
Etats Unis ont informé la Russie
que ses informations n’étaient
pas exactes. Un schéma
général de répartition d’Al
Nusra et Daesh en Syrie a été
transmis, qui ne permet pas de
les distinguer de l’opposition
« modérée »
|
Al Nusra a intensifié ses
actions contre les forces
gouvernementales syriennes et
ses actes terroristes contre les
populations civiles.
|
Coups portés à Al Nusra et Daesh
|
En moyenne 150 coups portés à
Daesh et Al Nusra par jour.
Libération de 596 lieux
d’habitations, 12 360 km2 de
territoire, environ 35 000
terroristes tués, dont 2700
venant de Russie ou de la CEI
|
Pas de coups portés à Al
Nusra.
6 à 15 coups par jour
portés à Daesh.
|
Le nombre d’actes terroristes
commis par des kamikazes d’Al
Nusra a été doublé par rapport à
2015.
|
Mise en place d’un mécanisme de
monitoring du cessez-le-feu
|
Constitution d’un Centre de
réconciliation, avec des
structures dans chaque région,
qui analyse la situation sur
place, garde le lien avec le
Gouverneur de la province
|
Analyse de la situation par les
réseaux sociaux et les médias
|
Il n’a pas été possible de
mettre en place un monitoring
objectif de la situation
|
Mise en place d’une ligne
directe entre le Centre russe de
Hmeimim et le groupe américain
politico-militaire d’analyse à
Amman (Jordanie)
|
Mise en place de la ligne
directe dans les temps
|
Décision unilatérale des Etats
Unis d’interrompre la ligne
directe avec Amman le
28/07/2016. Réforme du groupe
d’analyse à Amman.
|
Demandes systématiques de la
Russie aux Etats Unis de faire
pression sur les auteurs des
violations du cessez-le-feu
laissées sans intervention
américaine sur l’opposition
|
Les accords entre la Russie et les Etats
Unis du 9 septembre 2016 sur "la
diminution du degré de violence, l’accès
humanitaire et la création d’un Centre
commun d’exécution"
Engagements
|
Russie et Syrie
|
Etats Unis, coalition,
groupes d’opposition « modérée »
|
Résultats
|
Rétablissement du cessez-le-feu
à partir du 12/09/2016 19h
|
Ont garanti le respect du
cessez-le-feu par les forces
gouvernementales syriennes,
organisation d’un suivi du
cessez-le-feu avec vidéo
surveillance, drones, en temps
réel et diffusion sur internet.
Malgré les violations, deux fois
le cessez-le-feu a été prolongé
(48h et 72h). Durée totale du
cessez-le-feu – 7 jours.
|
N’ont pas garanti le respect du
cessez-le-feu par les groupes
d’opposition « modérée ».
|
Du 12 au 19 septembre, les
groupes d’opposition « modérée »
ont violé 302 fois le
cessez-le-feu. Pertes civiles :
83 morts, 252 blessés. 153
soldat touchés.
|
Etablissement d’un poste de
garde sur la route de Castello
par les forces de la société
syrienne de la Croix rouge
|
Le 14/09/2016 un poste de garde
de la Croix rouge syrienne a été
établi qur la partie Ouest de la
route de Castello.
|
Le recul des forces de
l’opposition « modérée » de la
route de Castello n’ apas été
organisé.
|
Interruption du cordon
humanitaire vers Alep.
|
Recul synchronisé des forces
gouvernementales syriennes et
des groupes d’opposition
« modérée » de la route de
Castello : tank et artillerie de
3 à 3,5 km ; les blindés et les
gros calibres de 2,5 km ; les
groupes avec des armes légères à
1 km ; la surveillance de la
route à 500m
|
A deux reprises les 15 et 16,
début du recul, mais comme les
groupes d’opposition n’ont pas
reculé, les forces
gouvernementales sont revenues
sur leurs positions
|
Le recul des groupes
d’opposition n’a pas été
organisé.
|
La sécurité des convois
humanitaires de l’ONU vers Alep
n’a pas pu être garantie.
|
Organisation d’un accès
humanitaire à Alep
|
Organisation de 7 corridors
humanitaires pour l’évacuation
des civils d’Alep, 1 corridor
humanitaire pour la sortie des
combattants avec leurs armes.
Coordination avec l’ONU pour
l’approvisionnement humanitaire.
|
Les bataillons de l’opposition
ont miné les voies d’évacuation
de la ville. Ils ont organisé
une répression des habitants
voulant quitter la ville.
Les leaders des groupes
d’opposition ont refusé de
laisser passer l’aide
humanitaire de l’ONU.
|
La population d'Alep est restée
sans aide humanitaire, sans
médicaments et sans possibilité
de sortir de la ville.
|
Création d’un Centre commun
russo-américain pour la
coordination du combat contre Al
Nusra
|
Les spécialistes russes sont
arrivés sur place et n’ont pu
commencer leur activité suite au
refus des Etats Unis de coopérer
|
Les spécialistes américains sont
arrivés sur place et suite à une
injonction de Washington, il
leur fut interdit d’entrer en
activité
|
Le combat commun prévu contre Al
Nusra et Daesh n’a pas commencé.
|
Début du combat commun contre Al
Nusra et Daesh
|
La Russie continue
unilatéralement son
bombardement contre Daesh et Al
Nusra : environ 50 sorties et
140-150 bombardements par jour
|
L’aviation américaine ne
bombarde pas Al Nusra.
Contre Daesh : 12-15
sorties et 8-10 bombardements
par jours. Ont bombardé
l’armée régulière syrienne à
Deir Ezzor, suite à quoi 62
militaires furent tués et plus
de 100 blessés
|
Le combat commun n’a pas
commencé, ce qui permet aux
groupes terroristes de tenir les
territoires et d’attaquer les
forces régulières de l’armée
syrienne.
|
|
|
|
|
Sans
surprise aucune, la presse ne reprend
pas ces informations, pour le moins
dérangeantes. Tout comme elle ne marle
pas non de l'attaque commise contre une
école de l'ouest d'Alep. Les enfants
sont "du mauvais côté" du mur de la
honte, ils ne méritent pas l'indignation
de l'UNICEF.
«Mardi
[25 octobre], un bouteille de gaz et une
mine ont visé un salle de classe à
Hadaiq al-Andalus, lancées depuis
Alep-est, une zone sous contrôle
terroriste. Trois étudiants sont morts
et dix enfants ont dû être hospitalisés»
«Au
même moment, les rebelles étaient en
train de bombarder un corridor
humanitaire près d'une école du district
d'Al-Mashariq, utilisé pour permettre
aux civils de quitter la ville. Douze
personnes ont été tuées et plus de vingt
blessées»
Tout
comme l'on ne retrouve pas un mot sur
les
exactions des groupes modérément
armés à Alep, où l'aviation russe
continue à faire une pause pour
permettre aux civils de partir:
Dans
la province d’Alep, les groupements
terroristes ont tiré aux systèmes LRM
improvisés, aux mortiers , armes légères
d’infanterie et engin antichar portatif
contre les cités Chourfa, Ansar,
Bakirtaia , les quartiers Suleiman-Khalyabi
, Arian , Dakhia-al-Assad , Al-Maidam,
«1070», une école dans le quartiers
Hai al-Andaluz , une usine de ciment ,
l’académie militaire al-Assad , la
station de téléphonie mobile «Syriatel»
, le centre de commerce «Kastello» et
le couloir humanitaire à Al-Macharka.
Le
Président russe déclarait hier : la
Russie ne répond pas aux déclarations
indélicates des Etats Unis à son égard,
mais sa patience a des limites et elle
pourrait aussi répondre.
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