Russie politics
Le financement opaque de la campagne
présidentielle
de Macron: à quand une
enquête indépendante?
Karine Bechet-Golovko

Lundi 25 juin 2018
Le financement de
la campagne d'E. Macron semble inquiéter
tout le monde, sauf les organes publics
chargés d'en vérifier la régularité.
Entre les mensonges volontaires sur les
montants perçus, l'opacité des sources
et les soupçons d'implication de
personnages très marqués, comme Soros,
le temps n'est-il pas venu pour une
réelle enquête indépendante? C'est quand
même l'intérêt de l'Etat qui est en jeu,
son indépendance et sa souveraineté. Les mails révélés
par Wikileaks l'année dernière
continuent de lancer des ondes de choc,
après l'une des campagnes les plus
opaques de l'histoire de la Ve
République. Alors que le Parquet
financier s'était jeté comme un chien
affamé sur les costumes de Fillon,
affaire qui ne semble plus l'intéresser
d'ailleurs depuis que celui-ci a perdu
les élections, beaucoup de scandales
entourent le financement de Macron (voir
ici sur les bénéfices déjà retirés par
les grands donateurs), sans
provoquer de réactions institutionnelles
particulières.
A l'occasion du
scandale des "ristournes" inhabituelles
dont a bénéficié Macron lors des
locations de salles pour ses meetings,
qui n'ont pas été déclarées comme des
dons de ces entreprises, et pour cause,
le porte-parole du Gouvernement a lancé
à la légère l'injonction à la presse
d'aller fouiller dans les Wikileaks sur
Macron (ici)
- pour découvrir que tout est en ordre.
Les journalistes du
Nouvels Obs l'ont pris au mot et
sont allés fouiller. C'est alors qu'ils
sont tombés sur une série de mails
intitulés "Chiffres. Dons. Validations"
dans laquelle le montant des chiffres à
diffuser à la presse est volontairement
revu à la baisse, passant de 11 millions
à 9 millions:
La même question se
pose trois semaines plus tard. La
collecte totale réelle est montée à 11
millions d'euros, le don médian étant de
50 euros mais, du fait du grand nombre
de très généreux donateurs, le don moyen
grimpant, lui, à 250 euros. Le 27 mars
2017, Benjamin Griveaux (alors
porte-parole de La République en Marche)
et Cédric O. (trésorier de la campagne
et actuel conseiller conjoint du
président et du Premier ministre sur les
participations publiques) décident, là
encore, de tronquer la vérité.
Le don moyen ? "On
ne communique pas dessus", ordonnent-ils
en chœur. La collecte totale de 11
millions ? "On communique sur 10",
propose Cédric O. Benjamin Griveaux
n'est pas d'accord. Pour lui, c'est
trop. Il tranche et ordonne : "Mettre 9
millions d'euros de dons perçus et pas
10"... Alors qu'on l'a vu, le vrai
chiffre est 11 !
Voici les captures
d'écran de ces mails. Tout d'abord le
mail de Grégoire Deveaux du 25 mars
2017:

Finalement, le
chiffre retenu sera non pas de 10
millions, mais de 9 - pourquoi? quels
sont les donateurs à cacher?

Cela ouvre la porte
à toutes les spéculations. La
presse italienne, pour sa part,
annonce que Macron a reçu des fonds
spécifiques de la part de personnes très
"marquées":
Ovviamente in
questi casi l'autenticità è sempre in
dubbio e dunque usiamo il condizionale,
ma a scorrere quelle corrispondenze
fiume si scopre che soldi a pioggia sono
arrivati da Credit Agricole (otto
milioni)e dal colosso bancario
Rothschild, da Soros e da Goldman-Sachs.
In soldoni, George Soros:
2.365.910,16 €, David Rothschild:
976.126,87 €, Goldman-Sachs: 2.145.100
€.
Tant de scandales
entourent la campagne de Macron que
l'intérêt public exigerait qu'une
enquête scrupuleuse soit menée pour
éclaircir la situation. Non pas par la
presse, non pas dans les réseaux
sociaux, mais par les institutions de la
République. Qui ne sont pas là que pour
s'occuper de l'opposition. Pendant la
campagne électorale.
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