Russie politics
Une loi anticasseurs ou quand la
"démocratie"
ne supporte pas la contestation
Karine Bechet-Golovko

Vendredi 25 janvier 2019
Une nouvelle loi anticasseurs est en
discussion et a de grandes chances
d'être adoptée. Car elle est nécessaire.
Pour le système idéologique actuellement
gouvernant, qui doit bien se défendre
contre ceux qui le contestent. Ne soyons
pas naïfs, il ne s'agit pas des
"casseurs" en tant que tels, personne
n'a abrogé le Code pénal, mais des
"casseurs de système". Le problème est
bien : comment gérer des manifestants
qui ne défendent pas la lutte contre de
réchauffement climatique en bouffant des
OGM, les droits des femmes - et leur
droit à porter les burkinis, etc. ?
Une
première loi anticasseurs avait été
adoptée après mai 1968, en 1970, donc
par ceux-là même qui avaient mis Paris à
l'envers pour prendre le pouvoir.
Sachant parfaitement que le pouvoir ne
s'incline que devant la force et la
violence, ils ne voulaient pas laisser
la porte ouverte à une véritable
contestation. En 1981, une fois le
contrôle bien établi sur la société et
la pensée, elle fut abrogée. Il y eut
évidemment beaucoup de manifestations
sociales, sans contestation globale
sérieuse, la paix sociale était
globalement achetée. Ce fut également le
début de la grande période des Marches
du système, copies conformes de celles
du 8 mars et du 1er mai en Union
Soviétique. C'est normal, chaque système
idéologique a ses rites, cela contribue
à sa cohésion.
La radicalisation
idéologique que nous observons depuis
plusieurs années conduit à des
mouvements de contestation réels, comme
celui des Bonnets Rouges, la Manif pour
Tous ou maintenant des Gilets Jaunes.
Puisque la minorité gouvernante s'écarte
de plus en plus de la majorité et son
soutien intérieur s'amenuise
parallèlement au renforcement de
l'intégration du pouvoir dans les
mécanismes de gouvernance globale, comme
l'UE, les traités d'échanges commerciaux
comme le CETA avec le Canada, les
accords conclus dans le cadre de l'ONU
comme celui de Marrakech sur
l'immigration (voir
notre texte ici) ou le pas en avant
vers le floutage de la frontière
nationale signé par Macron à
Aix-la-Chapelle (voir
notre texte ici), la fine nacre du
consensus cède la place à la répression,
évidemment dans le but de protéger les
libertés. La Novlangue est bien le signe
de la fin d'une gouvernance souple.
L'idée d'une loi anticasseurs a donc
été remise sur le tapis au Sénat,
soutenue par le Gouvernement, remaniée
par les députés et en passe d'être
votée. Il faut durcir les conditions de
manifestation et faciliter les
interpellations, ficher le plus
rapidement possible ceux qui osent
contester le bien-être universel.
Finalement rien de
surprenant. Ce qui, en revanche, est
amusant, est le soutien apporté par
Macron aux "casseurs" du Venezuela,
soutenus par les Etats-Unis qui
continuent à voir l'Amérique du Sud
comme leur pré carré exclusif, remettant
en cause le Président élu par le peuple
vénézuélien au profit d'un clown, qui se
proclame sur la place publique
"Président par intérim" avec le soutien
du clan atlantiste, avant de retourner
se cacher dans une ambassade étrangère.

Ce serait amusant,
vous ne trouvez pas, de lire la
déclaration de certains chefs d'Etat
soutenant la restauration de la
démocratie par les Gilets Jaunes après
l'élection illégitime d'Emmanuel Macron
en mai 2017 suite à l'intervention des
médias et de la justice, de saluer le
courage de ces Français qui marchent
vers la liberté à travers les gaz, les
canons à eau en plein hiver, les
grenades de désencerclement ...
Ca aurait de la
gueule quand même !
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