Russie politics
Navalny et la valse des sanctions : tout
ça pour ça ?
Karine Bechet-Golovko
Samedi 24 octobre 2020
Comme un grand coup
de bâton dans l'eau, avant qu'il n'y ait
un retour de bâton, toute l'affaire
Navalny, parfaitement mise en scène,
quoi que sans grande originalité,
aboutit ... à l'adoption de sanctions.
Par l'UE et la Grande-Bretagne en
attendant les Etats-Unis, où quelques
sénateurs sont à la manoeuvre pendant
que Trump garde le silence sur
"l'empoisonnement", pour le plus grand
désespoir de Navalny, qui le déclare à
la télé américaine. Et évidemment, à ce
jour, aucun élément demandé par la
Russie concernant les analyses réalisées
sur Navalny ne lui a été fourni. C'est
plus facile. Quand Peskov affirme que le
pouvoir est en possession de preuves de
l'étroite collaboration de Navalny avec
la CIA, l'évolution ubuesque des
événements ne fait que le confirmer.
Bref, tout ça pour ça : comme tout le
monde a peur d'un véritable conflit,
mais qu'il faut bien montrer des muscles
(sans prendre de risque), alors on
adopte des sanctions. Les murs aussi,
aujourd'hui, sont virtuels. Quelques
sanctions de plus ou de moins, ça ne
change plus rien, simplement la pièce de
théâtre continue, devant des spectateurs
de plus en plus désabusés.
Dans l'affaire Navalny, l'UE doit tenir
le devant de la scène, même si l'on sent
bien la présence du tireur de ficelles.
Donc, après de grands débats et
beaucoup d'émotions, voyons, il s'agit
bien "d'une attaque chimique" commise
contre "l'opposant numéro 1", sans
aucune originalité, ni même tentative
d'originalité (ces gens n'ont décidément
aucune imagination), le 15 octobre, le
Conseil européen a adopté des
sanctions contre certaines
personnes, pré-jugées, suite à un
jugement politique expéditif (sans
enquête, ni justice, a quoi bon ?),
responsable de l'empoisonnement au
novitchok (What else?), lui aussi
pré-jugé.
La liste publiée
jeudi au Journal officiel de
l’Union européenne (UE) comprend les
noms d’Andreï Yarin, chef de la
direction des affaires intérieures de
l’administration présidentielle, son
adjoint, Sergueï Kirienko, le
vice-ministre de la défense, Pavel
Popov, trois autres responsables russes
et le « State Scientific Research
Institute for Organic Chemistry and
Technology » (GosNIIOKhT).Dans la foulée de
l’UE, le Royaume-Uni a à son tour
annoncé sanctionner sept responsables
russes pour leur rôle présumé dans
l’empoisonnement de l’opposant Alexeï
Navalny ainsi que dans le conflit en
Libye. Parmi eux : le patron des
services de sécurité du FSB, Alexandre
Bortnikov, et l’un des responsables de
l’administration présidentielle Sergueï
Kirienko, mais aussi l’homme d’affaires
Evgueni Prigojine, surnommé « le Chef
cuisinier de Poutine », est visé
car « responsable d’une activité
importante de mercenaires étrangers en
Libye », est-il ajouté.
Quel est le rapport
entre Navalny et la Libye ? Quelle
importance, c'est la Russie.
Bref, l'UE et la
Grande-Bretagne, montrant bien ainsi que
le Brexit n'implique aucunement une
rupture avec le clan globaliste, sont
mis en avant dans cette lutte
manichéenne du Bien (globaliste) contre
le Mal (Russie). Ce qui va surtout
permettre de continuer à détériorer les
relations entre l'Europe et la Russie.
Mais l'ombre des Etats-Unis n'est pas
loin et rapidement le soutien apparaît :
Ce qui ouvre la
voie aux sénateurs américains pour
demander que des sanctions soient
également adoptées contre la Russie.
Ainsi, six
sénateurs, des deux partis, ont
envoyé une lettre au Secrétaire d'Etat
et au ministère des Finances (publiée
ici) :
Si ces démarches se
veulent des démonstrations de forces,
elles obtiennent l'effet inverse. Les
premières sanctions eurent un effet
psychologique important, leur
répétition, sans fin, leur banalisation,
les a vidé tout impact politique. Faute
de ne pouvoir entourer la Russie d'un
mur en béton armé, le clan globaliste
veut construire une barrière de
sanctions. C'est une impasse dans
laquelle s'enferre l'Occident, un aveu
de faiblesse.
PS:
Navalny est très vexé que Trump
n'ait pas publiquement et fortement
condamné son empoisonnement. C'est ce
qu'il a déclaré sur CBS News, le plus
sérieusement du monde. Tout se perd
décidément ...
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