Russie politics
Syrie: les uns exfiltrent les
terroristes,
les autres évacuent les
civils
Karine Bechet-Golovko
Mercredi 21 mars 2018
La Syrie reste
décidément le symbole de la dangereuse
hypocrisie du clan atlantiste. Pendant
que la Russie aide Assad à évacuer les
civils de la Ghouta, le Conseil de
sécurité sort de ses compétences pour
traiter de manière "informelle" la
situation des droits de l'homme en
Syrie, oubliant de soulever la question
de l'exfiltration par la coalition
américaine d'un groupe de chefs de
l'état islamique. A chacun sa guerre,
semble-t-il. Grâce au corridor
humanitaire ouvert à la Ghouta, déjà
plus de 79 000 civils ont pu fuir
l'enfer des "terroristes-démocratiques"
et l'armée régulière syrienne continue à
avancer. C'est certainement la raison
pour laquelle, alors qu'une telle
question n'entre pas dans la compétence
du Conseil de sécurité de l'ONU, mais de
celle du Conseil des droits de l'homme
de Genève, que les membres de la
coalition américaine ont voulu mettre à
l'ordre du jour une séance sur le
respect des droits de l'homme en Syrie.
La Russie et la
Chine ont coupé court à cette opération
de politisation d'un conflit déjà
largement instrumentalisé. Face à cet
échec, les Etats-Unis avec la
Grande-Bretagne, la France et la Suède
ont organisé une
table ronde "informelle", lors de
laquelle le Haut commissaire des droits
de l'homme de l'ONU, Zeid Ra'ad Al
Hussein nommé en 2014, a profité de
l'occasion pour condamner la Syrie pour
les "crimes de guerre" commis contre les
populations. Pour lui, la lutte contre
le terrorisme est un prétexte pour
attaquer la population civile. Et le
combat mené à la Ghouta le dérange
particulièrement, comme le révèle cet
article du
New York Times:
"The siege of
eastern Ghouta by the Syrian government
forces, half a decade long, has involved
pervasive war crimes, the use of
chemical weaponry, enforced starvation
as a weapon of warfare, and the denial
of essential and life-saving aid,"
La représentante de
la délégation russe auprès de l'ONU
s'interroge sur la compatibilité éthique
d'une telle déclaration avec
l'obligation de neutralité des
fonctionnaires de l'ONU. Surtout que le
Haut commissaire ne dispose d'aucune
information directe, puisqu'il n'est pas
représenté sur le sol syrien. Une autre
question se pose: où était-il lors de
l'attaque de Mossoul; lors de
l'opération en Irak?
Il détournait les
yeux, comme la communauté internationale
les détourne pendant que des
hélicoptères de la coalition américaine
exfiltrent tout un groupe de dirigeants
de l'état islamique d'origine
irakienne du nord-est de la Syrie vers
une destination inconnue.
La Syrie,
comme l'Ukraine à un autre niveau,
montre bien que les Etats dits
"civilisés" utilisent des groupes
terroristes ou extrémistes, selon les
régions, pour déstabiliser les Etats,
reconstituer les équilibres régionaux en
fonction de leurs intérêts et faire le
sale travail à leur place.
Non, ce n'est plus
de l'hypocrisie, c'est un mode de
gouvernance.
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