Russie politics
MH17 et les accusations politiques
contre la Russie :
le coup de poker menteur du JIT
Karine Bechet-Golovko
Jeudi 20 juin 2019
Le groupe d'enquête internationale, dont
l'Ukraine fait partie et non la Russie,
a, sans aucune surprise, accusé la
Russie d'être à l'origine du crash du
Boeing malaisien MH17 le 17 juillet 2014
dans le Donbass. Il a été tité après
avoir été dérouté par l'aiguilleur du
ciel ukrainien, par un missile
appartenant à l'Ukraine. Mais le groupe
d'enquête préfère s'appuyer sur des
vidéos issues du net et prévoir un
procès en mars prochain. Maintenant,
l'enquête à charge contre trois Russes
et un Ukrainien est ouverte. Le procès
doit permettre d'estampiller une
décision politique déjà prise.
Le 17 juillet 2014,
le vol MH17 s'écrasait dans le Donbass,
faisant 298 morts. Cinq ans plus tard,
le fameux JIT, groupe d'enquête
internationale, qui nous a déjà gratifié
de quelques sorties mémorables, vient de
sortir des noms. Quatre Russes et un
Ukrainien. Qui doivent être jugés en
Hollande pour crime .... en mars
prochain. C'est-à-dire dans presque un
an, car l'enquête continue ...
Autrement dit, pour
récapituler. La dernière fois, ce groupe
avait présenté un missile, produit en
URSS, et avait accusé la Russie d'avoir
descendu le Boeing, car ... elle a
produit le missile. Celui-ci aurait été
en possession, alors que ces armes ne
sont plus utilisées par la Russie
post-soviétique, de la mythique 53e
brigade. Une vidéo de déplacement de
militaires russes, avec un BUK dans la
poche, vidéo sortie du net, étant
l'élément à charge principal, avec ce
missile.
Pendant ce
temps-là, la Russie a transmis un
certain nombre d'informations mettant à
mal les accusations pro-ukrainiennes de
ce groupe international à la composition
triée sur le volet. L'armée russe avait
transmis les documents d'origine traçant
ce missile, qui avait été, lors de
l'Union soviétique, transmis à l'armée
ukrainienne à la fin des années 80 et y
était resté. Donc, oui, la production
est bien soviétique, mais il était en
possession de l'Ukraine. La Russie avait
également démontré le montage réalisé
dans la vidéo, qui, de ce fait, ne
prouve rien. L'Ukraine a sorti des
conversations incroyables sur des
réseaux sociaux entre une jeune fille et
un soldat russe, qui évidemment fait
partie de cette fameuse brigade, et dit
en mots cachés à la jeune fille qu'il
drague, qu'il se déplace vers la
frontière ukrainienne. Ceci est
également un élément de preuve. On
passe.
Tout cela n'empêche
pas le show de continuer et le procureur
hollandais de déclarer :
«Nous avons la
preuve que la Russie est impliquée dans
cette tragédie», a accusé le procureur
néerlandais, Fred Westerbeke, tout en
regrettant que les autorités de Moscou
n’aient jamais répondu à ses demandes
d’entraide. Ce refus de coopération est
une «gifle adressée à la face des
victimes», a dénoncé le magistrat. L’une
d’entre elles, Silene Fredriksz, dont le
fils et la belle-fille ont été tués,
estime que Vladimir Poutine est le
«principal responsable»
Que ne serait-on
sans Poutine ? S'il y a bien une
gifle infligée aux familles de victimes,
elle l'est par la communauté
internationale qui se moque éperdument
de la réalité, qui ne cherche pas à
établir les responsabilités, mais à
sortir l'Ukraine d'une situation
délicate. car ce crash fut
particulièrement utile aux alliés /
commanditaires de l'Ukraine : alors que
l'armée ukrainienne reculait à grands
pas, ce crash a gelé les combats et
permis d'éviter la défaite, qui
commençait à se profiler. Suite à cette
tragédie, les négociations ont commencé
et n'en finissent pas. La gifle
est bien là, dans l'utilisation
politique qui est faite de ces victimes
par la communauté internationale dans
son jeu contre la Russie.
Le ministère russe
des
Affaires étrangères a immédiatement
démenti l'implication de la Russie dans
ce tragique évènement et a rappelé que
de nombreux éléments ont été envoyés au
groupe international, qui n'en a
absolument pas tenu compte et continue à
s'appuyer sur des éléments fabriqués,
sans rien produire de nouveau, dans le
seul but d'accuser haut et fort la
Russie:
As was the case at
its previous news conferences, the JIT
did not produce a single shred of
concrete evidence to back up its
groundless statements. The JIT continues
to put forward not entirely reasonable
arguments, some of which are based on
dubious information sources. Meanwhile,
the data submitted to the investigation
by Russia continues to be willfully
ignored. Moreover, the JIT
representatives accuse Russia of
withholding full cooperation. We
categorically deny such accusations.
From the very first day of the tragedy,
Russia has been vitally interested in
finding the truth and willing to help
the investigation in every respect.
Russia actively cooperated with the
Netherlands and presented all
information it had on the MH17 crash. In
the process, Russia’s relevant agencies
carried out an enormous amount of
unprecedented work: from declassifying
information on Russian military
equipment and conducting a meticulous
experiment in collaboration with Almaz-Antei,
to providing primary radar data and
documents showing that the missile that
downed the Malaysian Boeing belonged to
Ukraine, as well as precision expert
analysis proving that the video clips
supporting the JIT’s conclusions were
fabricated.Moreover, Russia has
suggested working together from the
outset. Instead, international
investigators excluded Russia from full
participation in the JIT, reducing
Russian efforts to a secondary role.
Meanwhile, they made Ukraine a full
participant in the JIT, giving it an
opportunity to falsify evidence and
completely evade responsibility for
failing to close its air space.
La Malaisie,
elle-même, ne prend pas au sérieux,
cette sortie du JIT et le Premier
ministre malaisien regrette que
l'accusation portée ne repose que
sur une volonté politique, claire depuis
le départ :
We are very unhappy
because from the very beginning, it
became a political issue on how to
accuse Russia of the wrongdoing.
Mais les Etats-Unis
mettent la pression. Le représentant
spécial américain pour l'Ukraine,
Volker, déclare que la Russie doit
cesser de "mentir" et devrait "coopérer"
- manifestement, les éléments fournis à
ce jour n'entrent pas le bon
cadre :
Et l'on voit la
presse s'emballer sur la culpabilité de
la Russie, alors, qu'étrangement, le
procès est annoncé l'année prochaine ...
car l'enquête doit se dérouler. Donc, en
violation de tout ce qui peut ressembler
à des règles de procédure, la Hollande a
accusé des individus sans même avoir
cherché à connaître leur point de vue.
Adieu, le principe du contradictoire ...
Et maintenant qu'ils sont accusés, elle
est surprise qu'ils ne voient pas
l'intérêt à aider une "enquête", menée à
charge de toute manière.
La personnalité
centrale des "accusés" est intéressante
: Strelkov, décrié comme le responsable,
non pas celui qui a appuyé sur le
bouton, mais celui qui aurait mis en
place les conditions de cette tragédie,
n'est pas particulièrement soutenu par
le pouvoir russe. Et c'est peu de le
dire. Cela ressemble beaucoup à un coup
de poker menteur politique, pour amener
la Russie à négocier la fin de cette
affaire. Le procureur l'a bien affirmé,
la Russie n'extradira pas ses
ressortissants. C'est un principe
juridique. Donc, la Hollande prévoit une
enquête à charge et une parodie de
procès à charge, contre des individus,
ne bénéficiant a priori d'aucun
soutien politique particulier. Le faux
compromis recherché pourrait être là :
Nous n'avons pas de preuves, mais de
tout de manière vous êtes coupables
car devez l'être et le serez aux yeux de
la communauté internationale; alors
autant sacrifier quelques personnalités,
qui, de toute manière, vous dérangent.
Faux compromis, car la communauté
internationale veut ainsi amener la
Russie à la faute : lui faire
reconnaître sa responsabilité sans avoir
à la prouver, sans avoir pu à ce jour la
prouver.
Le sommaire de Karine Bechet-Golovko
Le
dossier Russie
Les dernières mises à jour
|