Russie politics
Meduza, le site dit indépendant et
l'embarrassante question des
financements ...
Karine Bechet-Golovko
Lundi 3 septembre 2018
Le site d'informations russe Meduza a
été fondé en juillet 2014 en Lettonie
par l'ancienne rédactrice en chef de
Lenta.ru, Galina Timchenko, en surfant
toujours sur la même ligne: il n'y a pas
de liberté de la presse en Russie, pas
de médias indépendants, nous, si, nous
allons le faire, mais à l'étranger.
L'indépendance est manifestement quelque
chose de très relatif, car si les
financements de Meduza étaient
scrupuleusement gardés secrets, des
traces sont apparues avec des structures
très politiques, liées à Soros,
qui soutiennent les "mouvements
démocratiques", écologiques, migrants
welcome et LGBT dans le monde. Et, oui,
ces lignes vont de pair et Meduza a fait
le choix de sa dépendance.
Après avoir été remerciée du site
d'informations Lenta.ru en raison de sa
ligne éditoriale trop radicalisée,
Galina Timchenko a mené des pourparlers
avec le légendaire oligarque russe
Khodokovsky afin de fonder un nouveau
média, évidemment indépendant. Mais
l'indépendance absolue n'existant pas,
il faut toujours savoir de quoi il
s'agit d'être indépendant et donc de
quoi il faudra bien être dépendant.
En l'occurrence, G.
Timchenko n'a pas accepté les conditions
de
Khodorkovsky qui lui faisait perdre
le contrôle sur le contenu du site au
départ, ce qui ne les a pas empêché de
garder de bonnes relations et à Meduza
d'obtenir un financement de Khodorkovsky
à hauteur de 250 000 $. Les débuts sont
déjà prometteurs. La suite ne l'est pas
moins.
Les investisseurs
sont bien cachés, l'on apprend que
Meduza a fait des prêts bancaires
(ils ont bien dû être garantis ...) et
qu'en 2015 le projet est totalement
déficitaire, en l'occurrence de la
coquette somme de 1,4 million d'euros.
Mais comme l'auditoire espéré est au
rendez-vous, environ 3 millions de
lecteurs par mois, les sponsors vont
mettre la main au porte-monnaie.
Mais qui sont-ils?
Il y a bien sûr la publicité, mais ça ne
règle pas tout. Il y a des cours pour
journalistes et différents évènements
activistes (ce qui semble correspondre à
la nouvelle éthique journalistique
occidentale: l'engagement d'abord,
l'objectivité ensuite), notamment une
collaboration avec l'ONG d'opposition
InLiberty sur des questions de
politique intérieure russe. Mais cela ne
permet de toute manière pas de payer les
salaires, qui sont particulièrement
élevés: 3500 euros en moyenne, pour une
moyenne nationale à 900.
Alors, d'où
viennent les sous? L'argent reste le
nerf de la guerre, même et surtout dans
notre monde postmoderne.
RT vient de publier
un article très intéressant, pour
l'instant disponible uniquement en
russe. Dans le rapport financier de 2017
de Meduza qu'ils ont pu se procurer, il
se trouve que Medusa Project SIA a perçu
des financements de deux institutions
étrangères, très intéressantes, qui
étaient en lien avec Soros, ont financé
les Pussy Riot, des projets LGBT, etc.
Il s'agit tout
d'abord de
OAK Foundation, qui est un Fonds
privé institué par le milliardaire
britannique Alan Parker, se trouvant à
Genève et s'occupant de tous les
"problèmes contemporains", à savoir
droit international des droits de
l'homme, gender, violences faites aux
femmes, abus sur
enfants, l'environnement, ect. En 2015,
RT a trouvé des traces financières avec
l'Open society de Soros. En plus de
Meduza, ce Fonds a financé en Russie
également le Fonds Sakharov (1,6
millions $ de 2010 à 2014) et
l'association Memorial (environ 2
millions $ pour réaliser notamment des
projets liés à la "défense juridiques
des victimes de la politique migratoire
répressive de la Russie"). Ce Fonds a
également attribué 900 000 $ de grants
au soutien du mouvement LGBT dans 20
régions de Russie. En 2017, ce Fonds a
au passage financé le projet des Pussy
Riot Mediazone. Ce qui est très
étonnant, c'est que si les traces de
financement de Meduza par OAK Foundation
apparaissent sur le rapport financier de
Meduza, inversement, les traces n'ont
pas été trouvées chez la Fondation. Ces
financements sont vraiment très opaques
...
Le second
partenaire intéressant de Meduza est
l'Agence gouvernementale suédoise
SIDA. Selon RT, ils auraient trouvé
sur le site l'information selon laquelle
cette Agence gouvernementale aurait
financé Meduza à hauteur de 5 milliards
$.
L'on en revient
toujours à la question de l'indépendance
des médias. Lorsque les
médias occidentaux applaudissent à
la création d'un "média indépendant en
Russie", comme ce fut le cas à
l'occasion de Meduza, l'on peut
malheureusement être certain qu'il
s'agit d'un projet antirusse financé et
soutenu de l'étranger. Il semblerait que
pour les journalistes étrangers, est
indépendant un journaliste qui tient le
même discours russophobe, qui tient une
politique rédactionnelle d'opposition.
Mais s'il est "d'opposition", le média
ne peut être indépendant, puisqu'il a a
priori choisi un clan ...
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