Palestine
Dire Ghaza en Algérien
K. Selim
Photo:
D.R.
Samedi 16 août 2014
Bouteflika a appelé les Algériens à se
montrer généreux avec les Palestiniens
face aux «crimes abominables» d'Israël.
On sait que dans ce domaine, les
Algériens n'ont pas besoin d'être
incités. Les Algériens, ceux qui
n'oublient pas ce que veut dire
l'oppression coloniale, expriment de
manière constante et multiforme une
solidarité politique et morale aux
Palestiniens. Pour cette énième
agression contre Gaza, ils ont, au
contraire, reproché aux autorités de les
empêcher de dire, dans la rue, au monde
et principalement à ceux qui soutiennent
Israël, leur colère devant le massacre.
Certes, l'attitude officielle algérienne
n'était pas déshonorante mais elle
n'était pas non plus très affirmée. Pas
autant que l'aurait souhaité l'écrasante
majorité des Algériens en attente de
plus de vigueur dans l'expression.
Beaucoup trouveront dans la lettre, un
peu tardive, du président Bouteflika,
lue jeudi par un conseiller à
l'ouverture du festival de Djemila, un
retour à un discours militant conforme à
l'histoire de l'Algérie et de son
combat. La condamnation des « crimes
abominables» d'Israël, de l'occupation
de la terre « parcelle après parcelle»
est sans équivoque. L'injustice de la
situation et des moyens faisait qu'il ne
s'agissait pas d'une guerre mais d'une
entreprise d'écrasement et de
destruction qui visait la volonté des
Palestiniens. C'est ce qui explique la
vague de solidarité qui s'est exprimée
dans le monde, pas seulement «islamique»
ou «arabe».
Ghaza, c'est là où le cœur de la terre
bat, a expliqué simplement et justement
le médecin norvégien le Dr Mads Gilbert.
Il n'est pas sans importance de ce fait
qu'au plus haut sommet de l'Etat
s'exprime un point de vue algérien ferme
sur la barbarie en œuvre à Ghaza avec
l'appui des «civilisés». De très
nombreux Algériens cosigneront sans
hésiter la teneur du message sur Ghaza.
Ce sont des mots justes, justifiés et
qui méritaient d'être dits. Mais ils
sont tout aussi nombreux à regretter
qu'ils n'aient pas été dits au tout
début de l'agression. Les Algériens,
comme les autres opinions publiques dans
le monde, ont été réceptifs à toutes les
prises de position qui se sont
exprimées. Les positionnements des
dirigeants latino-américains ont eu un
grand impact. Les discours puissants de
Tayyip Erdogan, même crédités d'être
liés à sa campagne électorale, ont fait
un grand effet.
C'est une ère où les médias et la
communication font partie de la guerre
et des combats. On n'a pas à conseiller
le pouvoir algérien sur sa manière de
gérer une communication rendue encore
plus problématique avec une présidence
absente. Mais tous ceux qui ont suivi et
soutenu le courageux combat des
Palestiniens savent que la prise de
position, exprimée jeudi, aurait eu
infiniment plus d'impact si elle avait
été faite au tout début. Les
responsables algériens ont tendance à
l'oublier : beaucoup dans le monde
continuent de voir notre pays sous
l'aura de sa révolution, du caractère
juste et universel de son combat. Il
faut savoir, malgré les vicissitudes et
les doutes, être à la hauteur de ce
respect. Merci à M. Bouteflika de
demander aux Algériens d'être généreux
avec les Palestiniens. Mais beaucoup
l'auraient encore plus remercié s'il
avait dit ces mots, très algériens, au
moment où le carnage se menait
méthodiquement avec le soutien des
Occidentaux et aussi d'autres capitales.
Mieux vaut tard que jamais ? Peut-être.
Mais, il faut apprendre à faire les
choses à temps. Au moment où Ghaza en
avait le plus besoin.
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