RussEurope-en-Exil
Notre réponse : lettre au Président
de la République
à la suite de la lettre
envoyée aux Français
Samedi 19 janvier 2019 Monsieur le
Président de la République,
Vous avez envoyé à
tous les Français une lettre sur le «
débat national » que vous avez organisé.
A cette lettre, nous voulons répondre.
Certains répondrons en actes, bien sûr,
qu’il s’agisse de manifestations, et
d’autres par écrit.
Monsieur le
Président, vous avez, certes, écouté la
révolte qui gronde. Si tel n’avait pas
été le cas d’ailleurs, jamais vous
n’auriez écrit votre lettre. Mais,
clairement, vous ne l’avez pas entendue.
Nous en voulons preuve le choix des
thèmes que vous proposez dans ce « débat
», choix qui écarte soigneusement les «
sujets qui fâchent ». Vous voulez que
nous débattions des impôts, de nos
dépenses et de l’action publique, de
l’organisation de l’État et des
collectivités publiques, de la
transition écologique et enfin de la
démocratie et de la citoyenneté. Mais,
vous avez soigneusement omis les thèmes
du pouvoir d’achat, de l’inégalité des
richesses, tout comme vous avez omis la
construction européenne, que vous
mentionnez par ailleurs. Vous affirmez
dans votre lettre « Je n’ai pas
oublié que j’ai été élu sur un projet,
sur de grandes orientations auxquelles
je demeure fidèle ». Vous feignez
d’ignorer, que ce soit à dessein ou non,
que votre élection ne s’est nullement
faite sur un « projet ». Il est patent
que vous n’avez été élu que parce que
l’autre candidate, Mme Marine le Pen,
était rejetée. Cette ambiguïté était
manifeste dans votre élection. Votre
tort fut de ne pas la reconnaître.
Jamais les Français ne vous ont donné un
mandat pour mener les réformes
auxquelles vous vous êtes livré. La
révolte actuelle est le produit direct,
et logique, de cette situation.
Monsieur le
Président, votre action, depuis
maintenant près de deux ans, a été une
suite d’attaques contre les plus
modestes, contre les travailleurs.
Attaques donc contre les services
publics qui sont d’autant plus
indispensables que le revenu est faible
mais aussi contre le droit du travail.
Attaques encore dont ont résulté une
suite de renforcements des inégalités,
ce que l’INSEE reconnaît. Enfin, par vos
déclarations, vous avez fait subir une
suite d’humiliation aux humbles et aux
plus pauvres, vous avez donné des
démonstrations constantes de votre
mépris. Les formes, parfois violentes,
de la révolte actuelle en découlent.
Quand une situation devient
insupportable, on ne la supporte plus.
Craignez la colère du peuple, Monsieur
le Président. Ce qu’elle exprime dans le
refus de votre personne, dans la demande
de votre départ qui monte dans les «
cahiers de doléances », ce n’est pas
simplement le refus de votre politique,
c’est le refus des humiliations.
Votre politique
n’est d’ailleurs que la traduction, dans
le contexte particulier de la France,
des recommandations de l’Union
européenne. Quand le mot souveraineté
sort de votre bouche, ce n’est que pour
parler de l’Union européenne et jamais
de la France. En voulant substituer un
pouvoir technocratique à la souveraineté
du peuple, vous tournez le dos aux
fondements mêmes de notre République que
vous prétendez par ailleurs défendre.
Comme vos prédécesseurs, vous pensez que
le tour de passe-passe du Traité de
Lisbonne, annulant le référendum de
2005, constitue un acquis. C’est une
dangereuse présomption. Craignez de
finir comme ont fini tous ceux qui ont
ignoré ou méprisé la souveraineté du
peuple de France.
Monsieur le
Président, vous entendez poursuivre
votre néfaste chemin. Après vous être
attaqué au droit du travail, à la SNCF,
ce sont à des attaques contre le régime
des retraites et la sécurité sociale que
vos experts se préparent. Ces attaques,
si elles étaient conduites à leur terme,
aggraveraient la situation des plus
modestes, empireraient la pauvreté qui
monte dans notre pays alors même que
jamais ce dernier n’a été aussi riche.
S’il vous restait une once de sens
commun, un atome d’honnêteté, ces
questions auraient dû faire partie du «
débat national ». Devant l’ampleur du
mouvement que la France connaît, vous
auriez dû reconnaître qu’une telle
remise en cause de vos convictions était
inévitable. Las, il n’en sera évidemment
rien.
Nous constatons
tous que le problème ne s’arrête pas à
votre politique ; c’est votre
comportement et votre personne qui sont
aujourd’hui la cause des troubles
violents que nous connaissons. Et, cette
violence, elle d’abord et avant tout,
subie par le peuple, qui ne compte plus
aujourd’hui ses blessés, ses estropiés,
et demain peut-être ses morts. De cela,
il vous faudra un jour répondre.
Monsieur le
Président, oui, votre comportement pose
problème. Nous l’avons vu avec vos
déclarations. Ce mélange d’arrogance et
de suffisance, de mépris teinté de
condescendance, est pour beaucoup dans
les événements dramatiques que nous
avons connus depuis le mois de novembre.
Nous le voyons encore avec le texte de
votre lettre. Elle mélange la démagogie
avec une volonté évidente de confusion.
Vous multipliez les questions
secondaires afin de mieux faire passer
des questions primordiales dont
certaines ne sont même pas formulées.
Quel dédain coule de cette lettre où les
mots de « pouvoir d’achat » ne figurent
pas alors qu’ils sont pourtant la cause
première de la révolte populaire. Les
études que vous avez faites ne vous
donneront jamais le droit d’insulter les
gens. Plus profondément, vous affectez
de croire que l’élection vous a donné en
propriété un pouvoir dont, à dire le
vrai, vous n’êtes que le délégataire.
Vous êtes aujourd’hui devant un choix
qui est clair : revenir à la raison ou
entraîner le pays avec vous dans le
chaos.
Monsieur le
Président, nous vous écrivons une
lettre, que vous lirez peut-être, si
vous avez le temps. Ainsi commence une
célèbre chanson de Boris Vian, entrée
dans la culture populaire. Mais, ce
n’est pas nous qui entendons déserter
notre pays. Ce sont vos amis et vous qui
avez fait sécession avec le peuple de
France. Cette sécession est
potentiellement grosse de malheurs pour
tous. N’en doutez pas, l’histoire est
tragique. Elle l’est tout
particulièrement pour les dirigeants qui
tournent le dos avec mépris et constance
au peuple.
Assurément, vous
avez, mais pour combien de temps encore,
la force des armes. Souvenez vous
pourtant de cette phrase de Victor Hugo
: LA DERNIÈRE RAISON DES ROIS, LE
BOULET. LA DERNIÈRE RAISON DES PEUPLES,
LE PAVÉ.
Signataires :
Bruno
Belllegarde
Leila Charfadi
Denis Collin
Jacques Cotta
Michèle Dessenne
Danièle Goussot
Eric Julliot
Marie Annick Le
Bars
Marc Lebas,
Bertrand
Renouvin,
Claude Rochet
Jacques Sapir
Signataires de
l’appel pour la création du «
collectif pour la souveraineté et la
justice sociale », le CNSJS
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