Analyse
Le pillage de l'Ukraine
Israël Adam Shamir
Israël
Adam Shamir
Jeudi 31 octobre 2019 Un entretien avec
Oleg Tsarev révèle l'identité du supposé
"lanceur d'alerte dans l'affaire
Trump/Ukraine.
Il y a des
démocrates au sommet du pouvoir qui sont
mouillés dans le pillage de l'Ukraine:
des noms nouveaux, des évènements qui
dépassent l'entendement. Le mystérieux
et soi-disant "lanceur d'alerte" dont le
rapport a déclenché la procédure de
destitution du président Trump est nommé
dans l'entretien donné en exclusivité à
Unz Review par un éminent homme
politique ukrainien, ex-membre du
Parlement à quatre reprises, et candidat
à la présidence de l'Ukraine, Oleg
Tsarev.
Tsarev est
élancé, et il a de l'allure, c'est un
bon orateur et un écrivain prolifique;
avant le putsch de 2014, il était
populaire et son étoile montait; il est
resté en Ukraine après la fuite du
président Yanoukovitch; il a été
candidat à la présidence contre Mr
Poroshenko, et a dû s'exiler après avoir
reçu de nombreuses menaces de mort. Tout
au long de la tentative de sécession, il
était le porte-parole élu du Parlement
de Novorossia (le sud-est de l'Ukraine).
Je l'ai rencontré en Crimée, où il
réside, dans la charmante ville de
Yalta, en bord de mer. Tsarev a encore
beaucoup de partisans en Ukraine, et
c'est le chef de l'opposition au régime
de Kiev.
- Oleg, vous
avez suivi l'histoire de Joe Biden
depuis ses tout débuts. Biden n'est pas
le seul politicien démocrate impliqué
dans les réseaux de corruption
ukrainiens, n'est-ce pas?
Certes, Jonh Kerry,
le Secrétaire d'Etat sous
l'administration Obama était son associé
dans l'affaire crapuleuse. Mais Joe
Biden était le numéro Un. Pendant la
présidence d'Obama, c'était le proconsul
US pour l'Ukraine, et il a trempé dans
plusieurs affaires de corruption. Il a
autorisé le transfert de trois milliards
de dollars pris au contribuable US en
faveur du gouvernement issu du coup
d'Etat en Ukraine; cet argent a été
volé, et Biden a raflé une grosse part
du butin. Le contribuable américain et
le client ukrainien ont été floués au
profit d'un petit groupe de corrupteurs,
américains et ukrainiens. Et cela relève
aussi de l'histoire du régime de Kiev et
de sa dépendance envers les US et le
FMI. L'Ukraine a quelques gisements de
gaz naturel, de taille moyenne, qui
suffisent aux besoins de la consommation
domestique. Le coût de production est
relativement faible, et les Ukrainiens
s'étaient habitués à payer des sommes
symboliques pour leur approvisionnement.
Ce gaz était tellement bon marché que
l'Ukraine pouvait fournir du gaz gratuit
pour le chauffage et la cuisine à tous
ses foyers, exactement comme la Libye.
Malgré les prix faibles au détail, les
firmes (comme Burisma) faisaient
de très gros bénéfices à peu de frais.
Après le putsch de
2014, le FMI avait demandé une hausse
des prix du gaz, pour le consommateur
local, au niveau des standards
européens. Et le nouveau président Petro
Poroshenko avait accédé à cette
exigence. Les prix flambaient. Les
Ukrainiens se sont vus forcés à dépenser
des sommes astronomiques pour se
chauffer et se nourrir. Et les profits
faramineux atterrissaient dans les
coffres des firmes gazières. Au lieu
d'augmenter leurs redevances ou de
baisser les prix, le président
Poroshenko demandait aux firmes gazières
de le payer lui ou de financer ses
projets. Il disait qu'il avait su gérer
la flambée des prix, signifiant par là
qu'il devait être considéré comme un
partenaire.
La firme Burisma a
dû payer le fruit de ces extorsions au
président Poroshenko. Alors son
fondateur et propriétaire Mr Nicolai
Zlochevsky a décidé d'inviter certains
Occidentaux importants au conseil
directeur, en espérant que cela mettrait
un frein aux appétits de Poroshenko.
C'est ainsi qu'il avait fait rentrer le
fils de Biden, Hunter Biden, John Kerry,
et l'ex-président polonais Kwasniewski;
mais cela ne lui a servi de rien.
Proshenko était
furieux de voir le veau gras lui
échapper, et il demanda au procureur
général Shokin d'ouvrir une enquête sur
Burisma, sûr que certaines irrégularités
allaient être découvertes. Le procureur
Shokin découvrit immédiatement que
Burisma avait payé ces "stars" entre 50
et 150 mille dollars par mois chacun,
simplement pour figurer sur la liste du
bureau exécutif. C'est illégal, selon le
code des impôts ukrainien; impossible de
faire reconnaître ces transferts au
titre des dépenses légitimes.
C'est à ce moment
que Biden père entre en scène. Il
appelle Poroshenko et lui donne six
heures pour en finir avec cette
accusation contre son fils. Autrement,
le milliard de dollars des contribuables
américains n'atterrirait plus dans les
poches des corrompus ukrainiens.
Zlochvsky, le propriétaire de Burisma,
allonge une belle récompense à Biden
pour cette conversation; il reçoit alors
entre trois et dix millions de dollars,
selon différentes sources.
Le procureur Shokin
répond qu'il ne peut pas clore l'affaire
en six heures; alors Poroshenko lui
retire le poste, et installe Mr Lutsenko
à sa place. Lutsenko souhaitait enterrer
l'affaire Burisma, mais il ne pouvait
pas non plus régler la chose en une
journée, ni même en une semaine. Comme
nous le savons, Biden ne pouvait
plus refermer le piège: en parlant de la
pression qu'il avait mise sur
Poroshenko, il s'accusait lui même.
Pendant ce temps là, Shokin fournissait
la preuve que Biden avait fait pression
sur Poroshenko pour le faire évincer, ce
qui se confirmait à présent. La preuve
en question a été fournie aux avocats US
dans le cadre d'une autre affaire,
l'affaire Firtash.
- L'affaire
Firtash, de quoi s'agit-il?
Les démocrates
voulaient mettre la main sur un autre
oligarque ukrainien, Mr Firtash, pour
lui faire avouer, sur le territoire
américain, qu'il avait soutenu
illégalement la campagne de Trump, au
profit de la Russie. Firtash fut arrêté
à Vienne en Autriche; là il dut
affronter une procédure d'extradition
demandée par les US. Ses avocats
plaidèrent que c'était une affaire
purement politique, et ils firent valoir
la démission forcée de Shokin à l'appui
de leurs arguments. C'est pour cette
raison que la preuve fournie par Shokin
n'était pas facile à retourner, même si
Shokin l'avait voulu, et il ne le
voulait pas. Il avait aussi affirmé
sous serment que les démocrates avaient
fait pression sur lui afin de faciliter
l'extradition de Firtash aux US, alors
même qu'il n'avait pas de position
personnelle sur cette question purement
américaine. Il semble que Mrs Clinton
est convaincue que les fonds de Firtash
avaient aidé Trump à gagner les
élections, chose hautement improbable
selon Mr Tsarev.
A propos de
Burisma et de Biden: qu'en est-il de ce
milliard de dollars d'aide que Biden
aurait pu donner ou garder pour lui?
C'est de l'argent
de l'USAID, le principal canal par
lequel les US acheminent leur "soutien à
la démocratie". Le premier milliard
était parvenu en Ukraine en 2014. Cette
opération avait été autorisée par Joe
Biden, tandis que pour l'Ukraine, les
papiers étaient signés par Mr Turchivov,
"président en acte". La constitution
ukrainienne ne reconnaît pas ce titre,
et Turchinov, le "président en acte"
n'avait aucun droit à signer le moindre
document financier ou légal. Aussi, tous
les documents signés par lui, de fait,
n'avaient aucune force légale. Malgré
cela, Biden avait contresigné les
documents signés par Turchivov, et
attribué l'argent à l'Ukraine. Puis cet
argent avait été subtilisé, par les
démocrates et leurs partenaires
ukrainiens.
Il y a deux ans
(donc déjà sous la présidence de Trump),
les US avaient commencé à enquêter sur
l'attribution des trois milliards de
dollars, alloués successivement en 2014,
2015 et 2016, soit un milliard par an.
L'enquête dévoilait que les documents
avaient été falsifiés, que l'argent
avait été transféré en Ukraine, et
dérobé. Les enquêteurs traquèrent chaque
paiement, découvrirent où était passé
l'argent, où il avait été dépensé, et
comment il avait été détourné. Résultat,
en octobre 2018, le département de
Justice des US lança une procédure pour
"abus de pouvoir et détournement de
l'argent des contribuables américains".
Parmi les inculpés, se trouvaient deux
ministres ukrainiens des finances
consécutifs , Mrs Natalie Ann Jaresko,
qui avait été en poste entre 2014 et
2016, Mr Alexander Daniluk, en poste de
2016 à 2018, et trois banques US.
L'enquête fit que l'USAID cessa
d'émettre des subventions à partir
d'août 2019. Comme l'a dit Trump,
maintenant les US ne lâchent plus de
pognon, et n'imposent plus la démocratie
aux autres. L'argent avait été alloué en
violation flagrante de la loi
américaine. Il n'y avait pas eu
d'évaluation des risques, ni de rapports
d'audits. Normalement l'USAID, quand
elle permet les versements en liquide,
prépare toujours un lot substantiel de
documents officiels. Mais dans le cas de
l'Ukraine, les milliards avaient été
livrés sans la moindre attestation.
C'est le procureur général US qui avait
signé personnellement l'ouverture de la
procédure sur le détournement des
fonds de l'USAID. Ces questions étaient
tout à fait brûlantes. Sam Kislin
apparaissait au cœur de l'enquête. C'est
un bon ami et associé de Giuliani,
l'avocat de Trump et ancien maire de New
York. Kislin est bien connu à Kiev, et
j'ai beaucoup d'amis qui sont des amis
de Sam [disait Tsarev]. J'ai suivi sa
progression, parce que certains de mes
amis ont été arrêtés aux US, ou
interrogés en Ukraine. Ils m'ont
renseigné sur tout ça. Il apparaît que
Burisma ne constitue qu'une petite
partie visible dans le scandale, la
pointe de l'iceberg. Si Trump poursuit,
et se sert de ce qui a vraiment été
débroussaillé puis fouillé, c'est tout
l'état-major du parti démocrate qui va
s'effondrer.Ils ne vont pas pouvoir
affronter les élections. Je n'ai pas le
droit de donner des noms, mais
croyez-moi, ce sont les fonctionnaires
les plus haut-placés du parti démocrate
qui sont mouillés jusqu'au
cou.Poroshenko s'en rendait bien compte;
il avait donné l'ordre de faire déclarer
Sam Kislin persona non grata. Une fois
que le vieux monsieur (il a plus de 80
ans) s'est présenté à l'aéroport de
Kiev, il n'a pas été autorisé à entrer
dans le pays, il a passé la nuit en
garde à vue, et s'est vu renvoyer aux US
par avion le lendemain. Poroshenko
s'était donc allié totalement au camp
Clinton.
Et le président
Zelensky? Echappe-t-il à l'influence des
démocrates clintoniens?
Si c'était le cas,
il n'y aurait eu aucun scandale autour
du coup de fil de Trump. Comment les
démocrates ont-ils eu vent de ce coup de
téléphone et de son contenu supposé? La
version officielle dit qu'il y avait un
homme de la CIA, un "lanceur d'alerte",
qui avait informé les démocrates. Ce que
cette version ne clarifie pas, c'est où
se trouvait ce mouchard au moment de
l'appel. Je vais vous le dire: il a été
repéré à Kiev, et il était présent lors
de la conversation, aux côtés du
président ukrainien Zelensky. Cet
individu était (peut-être) un agent de
la CIA, mais c'était aussi un associé
très proche de George Soros, et un
responsable ukrainien de haut rang. Il
s'appelle
Alexander Daniluk. C'est
aussi celui sur lequel débouchait
l'enquête de Sam Kislin et du
département de Justice, et il était le
ministre des finances ukrainien à
l'époque; c'est lui l'agent du
détournement de trois milliards des
dollars bien aimés du contribuable US.
Le Département de Justice a émis un
ordre de capture. Naturellement, c'est
un homme personnellement dévoué à Biden,
et aux démocrates en général. Je
n'accorderais aucune confiance à sa
version sur le coup de téléphone
incriminé.
Daniluk était censé
accompagner le président Zelensky lors
de sa vitsite à Washington; mais il
avait été informé qu'il y avait une
commission rogatoire pour le faire
arrêter. Il resta donc à Kiev. Et
bientôt, l'affaire du coup de fil
éclata, dévastatrice. L'administration
Zelensky enquêta et conclut que la fuite
provenait de Mr Alexander Daniluk, qui
est connu pour ses relations étroites
avec George Soros et avec Mr Biden.
Alexander Daniluk se retrouva poursuivi
(cependant il n'a reconnu aucune
culpabilité et il a affirmé que la fuite
provenait de son ennemi juré, à la tête
du bureau de l'administration
présidentielle, Mr Andrey
Bogdan, censé avoir piégé
Daniluk).
Ce n'est pas le
seul cas de corruption en lien avec les
US, en Ukraine. Il y a
Amos J. Hochstein, un protégé
de l'ancien vice-président Biden, qui
avait servi sous l'administration Obama
comme assistant du secrétaire d'Etat aux
Ressources énergétiques. Il s'accroche
toujours à l'Ukraine. De concert avec le
citoyen américain
Andrew Favorov, le député
directeur de Naftogas, il avait organisé
des "importations de gaz en retour" vers
l'Ukraine. Dans ce schéma, le gaz russe
est acheté par des Européens puis
revendu à l'Ukraine avec une marge
merveilleuse. En réalité, le gaz
provient directement de Russie, mais les
paiements passent par Hochstein. C'est
beaucoup plus coûteux que d'en acheter
directement à la Russie, la population
ukrainienne paye, tandis que la marge,
ce sont Hochstein et Favoroy qui la
collectent. Maintenant, leur plan
consiste à importer du gaz liquéfié des
US, à un prix encore plus élevé. Encore
une fois, le prix sera acquitté par les
Ukrainiens, tandis que les bénéfices
iront à Hochstein et Favorov.
Dans toutes ces
entourloupes, il y a des gens à la solde
des Clinton et des agents secrets qui
sont pleinement intégrés dans le parti
démocrate. Ancien patron de la CIA,
James Woolsey figure désormais au bureau
directeur de
Velta, qui produit du
titanium ukrainien. Woolsey est un
néo-con, membre du
Project for the New American Century (PNAC),
la boîte à idées pro-israélienne, qui a
poussé sans relâche à la guerre contre
l'Irak. C'est le barbouze
démocrate type, qui maintenant tire
profit des gisemeents de minerais
ukrainiens.
L'une des plus
belles histoires de corruption
ukrainienne a rapport avec
Audrius Butkevicius, ancien
ministre de la Défense, entre 1996 et
2000, membre de la Seimas, le parlement
de la Lituanie post-soviétique. Mr AB
est réputé travailler pour le MI6, et
c'est maintenant un membre notoire de l'Institute
for Statecraft, qui est un
faux-nez pour la propagande de
l'Etat profond impliqué dans les
opérations de désinformation, dans la
subversion du processus démocratique et
la promotion de la russophobie assortie
de l'idée d'une nouvelle guerre froide.
En 1991 il commandait les tireurs
d'élite qui ont abattu les manifestants
lithuaniens. Ces meurtres avaient été
attribués aux forces armées soviétiques,
et le dernier président soviétique,
Mikhail Gorbatchev, avait ordonné
immédiatement le retrait de ses troupes
loin de la Lituanie. Mr AB était devenu
le ministre de la Défense de cette
nation indépendante. En 1997,
l'honorable ministre "avait requis 300
000 dollars US, extorqués à un cadre âgé
d'une firme pétrolière en difficulté
en échange de son assistance pour
obtenir l'arrêt des poursuites pénales
concernant les dettes étendues de la
firme", selon le langage des arrêts de
la cour. Il avait été arrêté lors de la
réception de sa commission, et avait été
condamné à cinq ans de prison, mais un
homme aussi qualifié n'avait pas pourri
longtemps en prison.
En 2005 il avait à
nouveau commandé les tireurs d'élite qui
avaient tué des manifestants au
Kirghizstan; en Géorgie il avait déjà
récidivé en 2003 pendant la Révolution
des roses. En 2014 il en avait fait
autant à Kiev, et ses snipers avaient
abattu une centaine de personnes, entre
manifestants et policiers. Il avait été
amené à Kiev par Mr Turchinov, celui qui
s'était auto-proclamé "président en
acte" et qui avait contresigné la
subvention d'un million de dollars pour
Joe Biden.
En octobre, le nom
de Mr AB a refait surface. Les entrepôts
militaires de Chernigov avaient pris
feu; des milliers d'obus stockés là pour
combattre les séparatistes y avaient été
détruits par le feu, disait-on. Et ce
n'était pas le premier incendie de ce
type: le précédent, également énorme,
avait mis le feu aux entrepôts de
l'armée ukrainienne à Vinnitsa en 2017.
Au total, douze monstrueux incendies
s'abattant sur des arsenaux militaires
en quelques années. Juste pour 2018,
les dégâts dépassaient les deux
milliards de dollars. Lorsque le
procureur militaire en chef
d'Ukraine Anatoly
Matios enquêta sur les
incendies, il découvrit que 80% des
armes et des obus manquaient, dans les
entrepôts. Ils n'avaient nullement
été détruits par le feu, ils ne se
trouvaient pas là à ce moment.
Au lieu de servir à
abattre les Ukrainiens de langue russe
de Donetsk, l'armement lourd avait été
embarqué depuis le port de Nikolaev vers
la Syrie, pour approvisionner les
rebelles islamiques et Daech. Et l'homme
qui avait organisé cette opération
colossale était notre bon Mr AB, le
vieux combattant pour la démocratie au
profit du MI6, agissant de mèche avec le
ministre de la Défense
Poltorak et avec Mr Turchinov,
l'ami de Mr Biden. Certains disent que
Mr Matios aurait reçu dix millions de
dollars pour son silence.
Les pertes ont été
supportées par le peuple ukrainien, et
par les contribuables US, tandis que les
bénéficiaires étaient l'Etat profond,
cette chose qui 'est probablement qu'un
autre nom pour l'imbrication toxique
entre barbouzes, médias et politiciens.
Le sommaire d'Israël Shamir
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