Opinion
La Russie est de retour au Proche Orient
Israël Adam Shamir
© Israël
Adam Shamir
Mardi 29 septembre 2015
Ces journées d’automne sont capitales
dans le calendrier du Proche Orient. Les
musulmans célèbrent l’Aïd el Kébir, la
fête du sacrifice; les juifs célèbrent
Yom Kippour, le jour du pardon. Et les
chrétiens orthodoxes fêtent la Nativité
de Notre-Dame. On découvre que c’est à
Moscou qu’il fallait se trouver pour
jouir de tout cela à la fois, Poutine y
ayant reçu d’affilée Netanyahu, Mahmoud
Abbas et Erdogan, respectivement premier
ministre israélien, président
palestinien et chef de la Turquie.
Ils n’étaient pas venus jouir de
l’été indien resplendissant cette
semaine-là à Moscou, des feuilles
écarlates des érables et fauves des
bouleaux, parure somptueuse et fugace;
ni des rues qui ont été remises au goût
du jour, ce qui a coûté fort cher, les
meilleurs paysagistes nous régalant de
jardins rutilants, de pistes cyclables
et de trottoirs rénovés; dans la
capitale, même les redoutables
embouteillages se font plus discrets.
Officiellement, Abbas et Erdogan sont
venus inaugurer avec Poutine la nouvelle
grande mosquée, une vaste structure, une
cathédrale opulente où peuvent venir
prier ensemble dix mille croyants.
Moscou a plus de musulmans que bien des
villes musulmanes, quelque deux millions
de personnes recensées sur 14 millions
d’habitants.
Tout s’est bien passé, et chacun en a
profité pour discuter longuement avec
Poutine. Et Netanyahu a suivi, mais sans
faire le détour par la mosquée. Il était
venu avec les plus hauts gradés, son
chef d’Etat-major, et le chef du
renseignement militaire, qu’on n’avait
pas vus depuis longtemps.
Cet intérêt soudain pour Moscou est
un signe: l’entrée en scène de la Russie
dans la mêlée en Syrie change tout. Il y
a trois semaines, quand j’avais annoncé
la décision du Kremlin, mon article
avait été accueilli avec un grand
scepticisme, pour ne pas dire rejeté.
Comment la Russie, après s’être laissé
amadouer en Ukraine, allait-elle
s’aventurer si loin de sa base? Ils
étaient supposés bouder dans leur
Kremlin sous le poids des sanctions, et
non pas montrer les dents. Les faits
confirment maintenant mon analyse. Les
soldats russes, les marins russes,
les armes russes, les avions et les
bateaux russes sont sur la côte, ils
construisent une nouvelle base, ils se
battent et redonnent un souffle vital à
l’Etat syrien assiégé.
Les rumeurs de retrait russe et
d’effondrement syrien étaient
prématurées. Le choix de la paix en
Ukraine a permis a Poutine de stabiliser
le Donbass, alors que les excités le lui
reprochaient vivement. Un demi-million
de réfugiés sont revenus dans cette
région fertile et développée, qui est la
Ruhr russe. Une fois le calme revenu
dans le Donbass, Poutine, les mains
libres, pouvait s’engager ailleurs, et
c’est ce qu’il a fait.
Voilà la Russie résiliente de retour
au Proche Orient, et c’est inattendu.
Inattendu dans la mesure où pendant
quelques années il semblait que les
Russes avaient perdu tout intérêt pour
ce qui s’y passait. Ils s’affairaient
ailleurs, s’épuisaient à rechercher
l’amitié de l’Europe, à monter leurs
Jeux Olympiques, à tirer leur épingle du
jeu en Ukraine autant que possible.
Alors même que les troupes et les chars
US stationnaient à la frontière dans les
Etats baltes, à quelques heures en
voiture de Saint Pétersbourg. C’est
seulement à la dernière minute, lorsque
la capitulation de la Syrie semblait une
affaire de quelques jours ou quelques
semaines à peine, que les Russes se sont
réveillés et ont foncé pour aller sauver
leur allié Bachar al- Assad.
Cela a bouleversé les règles du jeu.
Les US s’intéressent à la Russie,
brusquement, et le président Obama a
demandé un rendez-vous au président
russe, à l’occasion de l’Assemblée
générale de l’ONU en ce jubilé du
soixante-dixième anniversaire, ce qui
était impensable quelques jours plus
tôt.
Les plans US pour disposer de la
Syrie à leur guise sont en miettes,
désormais, de même que les projets
qatariens et saoudiens. Une nouvelle
réalité prend forme, et cela, juste au
bon moment.
La
Turquie
La rencontre entre Poutine et Erdogan
arrive à un moment crucial. La Turquie
est une victime directe de la crise
syrienne, tout en y ayant gravement
contribué. Erdogan croyait les
Américains et les Européens qui lui
avaient dit que Bachar n’en avait plus
que pour quelques semaines. Il avait
accueilli et invité les réfugiés
syriens, installé d’immenses camps, et
veillé à leur approvisionnement. La
Turquie se retrouve avec deux millions
de réfugiés syriens et irakiens, et elle
a dépensé huit milliards de dollars pour
leur entretien. Ce fardeau est une des
principales raisons de la défaite
électorale d’Erdogan et de son parti:
l’opération réfugiés est trop coûteuse
et ruineuse pour la société turque
vacillante.
Il avait accepté la proposition US de
se joindre à la coalition dirigée par
les US avec bien des hésitations, mais
il était vite devenu clair que cela ne
menait nulle part. Le projet turc
d’instaurer une zone d’exclusion
aérienne près de la frontière
syro-turque a précipité l’intervention
russe, car une fois cela réalisé, Bachar
et l’Etat syrien n’auraient plus pu être
sauvés. Depuis la décision russe, les
Turcs sont coincés, ils ont tout
perdu.
Ils ont réagi en lâchant la vague de
réfugiés sur l’Europe. Les Européens en
ont été indignés, mais ont de bonnes
raisons de regretter leurs propres
décisions. Ce sont eux qui ont poussé au
renversement d’Assad, qui ont soutenu
les factions anti-Assad, et qui n’ont
pas voulu payer pour que les réfugiés
puissant rester en Turquie. Les Turcs ne
pouvaient pas garder deux millions de
réfugiés chez eux sans une aide
considérable de la part de l’Europe, et
ce soutien n’arrivait pas. Voilà
pourquoi les Turcs ont donné l’occasion
aux Européens de sentir passer dans leur
chair la déferlante des réfugiés.
Nous pouvons certainement ajouter que
les US n’ont mis aucune objection à
l’ouverture des vannes. Les élites au
pouvoir aux US ont toujours pensé que
les pays européens sont trop homogènes,
et qu’une dilution par les immigrants
les rendraient plus semblables à eux.
Pendant ce temps-là à Moscou, Erdogan
appelait Poutine “mon cher frère” titre
habituellement réservé aux rois de la
région et à des alliés très proches. Ses
officiers ont pour la première
fois repris la grande idée de Poutine :
il fallait négocier avec le président
Assad, en Syrie. N’oublions pas que
quelques jours plus tôt à peine, avant
l’entrée en scène des Russes, les Turcs
en restaient obstinément au mantra
américain: “Assad doit partir.”
Cette barrière mentale, la voilà
franchie. Poutine et Erdogan ont repris
leurs entretiens sur l’oléoduc South
Stream, qui avait été gelé pendant
plusieurs mois. Ils ne sont pas au bout
de leurs négociations, mais il
semble que les lignes ont bougé.
Israéliens
et Palestiniens
Pour Israël, l’entrée en scène de la
Russie signifie que c’en est fini de
leur vieille habitude de lâcher des
bombes de-ci de-là en toute liberté
quand ça leur chante ; ou en tout cas,
ils vont devoir se réfréner quelque peu.
C’est une chose de bombarder des Syriens
pratiquement sans défense, comme l’ont
fait les Israéliens une douzaine de fois
l’année dernière, et toute autre chose
de piloter des avions sous le regard
attentif des radars S-300 et des
intercepteurs Su-27, avec les as russes
dans le cockpit. Voilà pourquoi
Netanyahu a pris la peine de se déplacer
jusqu’à Moscou à la veille de Yom
Kippour.
Netanyahu était venu pour formuler un
ultimatum de son cru. Les Russes, ainsi
que leurs alliés, Assad, l’Iran et le
Hezbollah doivent choisir, selon lui,
s’ils tentent de sauver Bachar ou bien
de s’en prendre à Israël. S’ils
attaquent Israël, Israël détruira Assad.
Poutine a répondu qu’il ne cherchait
pas à attaquer Israël. Assad est en si
piteuse posture qu’il ne le pourrait pas
non plus. Déjà, il a du mal à sauver sa
place, en ne contrôlant que 20 ou 30% du
territoire national, même si c’est la
partie la plus peuplée de la Syrie,
tandis que le désert occupe largement le
reste.
Netanyahu a réaffirmé qu’il était
libre de bombarder les Iraniens et le
Hezbollah à sa convenance. Il est
toujours obsédé par l’Iran, parce que
les Iraniens, à son avis, sont en train
de réarmer le Hezbollah, de moderniser
l’armement du Hezbollah, et projettent
d’ouvrir un second front contre Israël
sur les hauteurs du Golan. Mais si les
deux premières affirmations peuvent être
vraies, la troisième est une pure
invention.
Netanyahu craint que les armes russes
les plus avancées finissent par atterrir
au Liban, ce qui limitera le “droit
divin” d’Israël à massacrer ses voisins.
Les Russes ne veulent pas que leurs
armes sophistiquées se faufilent hors de
la Syrie, d’ailleurs, si bien qu’ils
n’ont pas de grandes divergences de ce
côté. Cependant, tandis que les
Israéliens disent que ce sont des choses
qui arrivent, les Russes protestent avec
véhémence. Cette fois-ci, comme lors de
leur rencontre précédente, l’Israélien
prétend (“fais-moi confiance”) qu’il
sait parfaitement que d’ores et déjà,
les armes russes sont arrivées jusqu’au
Liban, tandis que Poutine balaie tout
cela, sûr que cela ne repose sur aucune
preuve.
On dirait que Netanyahu veut toujours
la bagarre. Le président américain a
repoussé son vœu -un vœu parfaitement
innocent, du point de vue israélien- de
détruire l’Iran et il a signé un accord
avec le super-ennemi iranien. Pire,
comme nous l’avons appris par l’ancien
ministre de la défense Ehud Barak, les
généraux de Netanyahu aussi ont fait
barrage aux plans de Bibi d’attaquer
l’Iran. Mais Bibi ne lâche pas prise. Il
veut pulvériser l’Iran ou au moins le
Hezbollah, qui est la puissance
combattante la plus puissante de
la région.
Israël est bien plus fort que le
Hezbollah, et n’a pas de raison de
redouter une attaque du Hezbollah. Si
Israël n’attaque pas, personne n’attaque
Israël. Mais cette équation élémentaire
n’est pas acceptable pour Netanyahu: ce
qu’il veut, c’est l’immunité et
l’impunité pour ses raids. Le Hezbollah
lui refuse cette impunité et peut lui
faire payer au prix fort une nouvelle
campagne de bombardements.
Une ligne
téléphonique permanente
A la demande de Netanyahu, les Russes
et les Israéliens se sont mis d’accord
pour installer une ligne directe de
communication entre leurs militaires de
façon à minimiser les chances de tirs
erronés. C’est une pratique normale; une
ligne semblable a fonctionné en 1974
entre Israël et l’Egypte en guerre
pendant le cessez-le-feu, de sorte
qu’une bévue ne donne pas lieu à une
escalade vers une conflagration générale
dont personne ne voulait.
Il ne s’agit pas de coopération, ni
de faire des projets ensemble, ni de
connivence entre alliés. C’est juste un
outil pour éviter des batailles
indésirables. Et c’est une excellente
chose. Israël et la Russie ne peuvent
pas être des alliés: ils se poursuivent
mutuellement avec des objectifs
opposés, et leurs alliés ne sont pas les
mêmes. Israël a fait amitié avec Al
Nosra, la branche syrienne d’Al Quaida,
un groupe sunnite extrémiste. Deux
milliers de combattants d’Al Nosra ont
bénéficié de soins médicaux en Israël et
sont repartis combattre Assad. Israël
est modérément hostile à Bachar al Assad,
a bombardé les positions de l’armée
syrienne, et a attaqué leurs bases avec
l’aide d’Al Nosra. Israël est
implacablement hostile aux alliés de la
Russie en Syrie, l’Iran et le Hezbollah,
et parfaitement indifférent à Daesch.
Voilà pourquoi parler d’alliance
russo-israélienne en Syrie relève de la
manipulation, pour mieux nous égarer.
Par ailleurs, le président Poutine
est très amical avec Israël et les
juifs. Son amitié ne lui fera pas leur
livrer la Syrie ou rompre avec l’Iran,
mais même le plus grand ami d’Israël sur
cette planète, les US, n’oublient jamais
leurs propres intérêts. Poutine a promis
bien des fois de sauver les juifs si les
choses s’envenimaient pour eux. Il
semble qu’il ait en tête l’évacuation
massive des juifs israéliens vers la
Russie, en dernier recours, comme la
Russie l’avait fait pour les juifs
polonais en 1939, sauvant de ce fait des
millions d’entre eux de la fureur nazie.
Inutile de préciser que nous sommes très
loin d’un scenario aussi apocalyptique.
Il semble que Poutine a quelques amis
personnels proches parmi les Russes en
Israël, car il souligne souvent le fait
que la communauté russe en Israël, soit
un million et demi de personnes (en
fait, au maximum un demi-million) est le
pont qui garantit leur amitié. Il a fait
un généreux cadeau de quelque cinq
milliards de roubles (soit 90 millions
de dollars) par an aux juifs russes en
Israël pour leur fonds de pension (les
US donnent bien plus, mais
principalement pour l’armement, et cela
va directement aux généraux israéliens).
Poutine a reçu Netanyahu
chaleureusement, comme un vieux copain.
Netanyahu en a rajouté, en signalant
qu’il en avait assez des Américains.
Poutine n’a pas ramassé la balle: il n’a
pas cru un instant que Netanyahu soit
capable de lâcher les US et de
s’acoquiner avec les Ruskoffs. Mais tous
deux ont renchéri sur leurs vibrations
communes. Poutine a souhaité à Bibi de
se retrouver inscrit dans le Livre de la
Vie, prouvant par là une connaissance
inattendue des coutumes juives.
Poutine et
les juifs
Poutine est tellement gentil avec les
juifs en Russie que le journal Haaretz a
dit que les juifs russes n’avaient
jamais eu autant le vent en poupe. Il
permet aux Loubavitch de bâtir une
nouvelle communauté en Russie, parce que
l’ancienne s’est désintégrée après la
vague d’émigration massive vers Israël,
et comme résultat de l’assimilation et
des mariages mixtes. A Moscou seulement,
ils ont élevé trente synagogues (chiffre
à comparer aux deux mosquées et trois
cents clochers) alors qu’il n’y a guère
que quelques centaines de juifs qui
aillent à la synagogue dans tout Moscou,
et encore.
Ces juifs hassidiques importent des
familles juives d’Israël, des US et
‘Europe, et on en voit souvent en ville
avec leur costume distinctif. Difficile
à dire s’ils envisagent d’établir une
nouvelle communauté juive, ou bien s’ils
utilisent la communauté pour faire main
basse sur l’immobilier le moment venu,
comme on l’entend dire. Dans chaque
ville russe, pratiquement, il y a une
synagogue et un centre communautaire sur
le terrain le plus enviable et le plus
cher, acquis et géré par le Jabad, alors
que les communautés traditionnelles
juives ont été spoliées par les
Loubavitch, et ont disparu.
Est-ce que Poutine est tellement
gentil avec les juifs parce qu’il pense
que c’est une bonne stratégie? C’est
possible. Jusqu’à maintenant encore, il
est souvent décrit dans les médias
occidentaux comme un nouvel Hitler, et
ce serait évidemment pire, cela va sans
dire, si les juifs se mettaient à le
considérer comme un ennemi, en Israël ou
en Russie.
D’un autre côté, il peut être
sincère, car il a fait son droit à
l’université de Saint-Pétersbourg et il
avait eu beaucoup d’amis juifs. Il a
aussi travaillé avec le maire de
Saint-Pétersbourg qui avait beaucoup de
juifs dans son entourage. Son choix du
Jabad n’est pas facile à justifier, mais
peut-être qu’ils ont été formés dans
l’idée de bâtir un mode de vie juif sans
se mêler de politique
Le maître
judoka
Ses bonnes relations avec Netanyahu
ne lui causent aucun tort, de fait.
Netanyahu reste un homme très puissant,
capable de constituer une majorité au
Sénat US, et c’est un allié de l’Arabie
Saoudite, qui est l’homme fort dans le
monde arabe. Le style de Poutine le
pousse à éviter les confrontations; en
bon judoka, il ne discute pas avec son
adversaire, et n’exprime que rarement
son désaccord. D’ailleurs il a acquiescé
à la proposition de Netanyahu d’établir
une hotline, ou une commission mixte
pour les affaires militaires. Je doute
qu’une semblable commission porte des
fruits. Si Bibi veut prévenir les Russes
des attaques qu’il prépare sur les
positions syriennes, ces attaques ne
serviront plus à rien; ce qui n’empêche
que commission et hotline réduiront le
danger d’une confrontation involontaire.
Presque aussitôt après la rencontre
avec Netanyahu, Poutine a reçu le
président palestinien Mahmoud Abbas. Là
encore, l’ambiance était très amicale.
Abbas lui a expliqué les problèmes
autour de la mosquée Al Aqsa de
Jérusalem, où des fanatiques juifs
provoquent et font des ravages. Il a
mentionné la confiscation des terres
chrétiennes près de Beit Jalla et bien
d’autres causes de gros souci, y compris
la nouvelle autorisation donnée par
Israël de tirer sur les enfants
palestiniens à balles réelles de calibre
22. Abbas a encouragé Poutine à sauver
la Syrie de la désintégration, et a
écouté les explications de Poutine sur
les plans russes. Résultat, Abbas ne
démissionne pas et ne rendra pas les
clés de l'Autorité palestinienne à
l’Assemblée générale de l’ONU, comme
l’annonçaient certains observateurs,
mais nous n’en sommes pas encore
au dénouement.
Cette double rencontre a hissé la
diplomatie russe à un niveau inédit.
Jusqu’à maintenant, seuls les présidents
américains étaient capables de
rencontrer à la fois les Israéliens et
les Palestiniens aussi chaleureusement,
et de les assurer de leur protection.
Maintenant la Russie est au niveau le
plus élevé, et c’est certainement une
grande réussite de Poutine, qui justifie
d’emblée sa décision de s’engager en
Syrie.
Dans un prochain article, nous
traiterons du débat russo-américain sur
la crise syrienne, et nous verront ce
qu’ils se racontent l’un à l’autre.
Pour joindre l’auteur: adam@israelshamir.net
Première publication de
l’original en anglais: Unz Review
Traduction: Maria Poumier
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