Analyse
Le Corona, la peur et la pauvreté
Israël Adam Shamir
Israël
Adam Shamir
Jeudi 26 mars 2020
En ces temps de
Corona, j'écoute souvent le conseil des
Monty Python : "Prends
la vie du bon côté". Ce nuage noir
est bordé d'un liseré d'argent. Tandis
que le virus rôde au dehors, les ados
daignent passer plus de temps avec leurs
parents; les épouses sont à la maison et
vous mijotent des petits plats au lieu
de traîner avec de beaux étrangers dans
des cafés classe, nous n'avons pas à
planifier des vacances chères sur des
îles lointaines, il y a plus de temps
pour lire ou pour jouer aux aux dames
avec les gosses. Les habitudes forcément
plus modestes (pas de resto, pas de
soirée) s'accordent avec le Carême,
cette sombre période qui précède Pâques.
On peut tenir un bon moment avec ce
Carême calme à la maison, style année
1956. Malgré mon âge, la
maladie ne me fait pas peur du tout. On
ne meurt qu'une fois, et c'est
inévitable. C'est l'interférence des
gouvernements à la main lourde, ce qui
nous pèse vraiment sur la nuque. C'est
le confinement, et non la maladie ce que
je redoute. Considérez l'exemple
d'Israël, ce projet pilote des Maîtres
du discours.
En Israël, comme
dans un petit nombre d'autres pays, le
confinement le plus sévère a été
ordonné: les gens n'ont pas le droit de
quitter leurs appartement sauf pour
aller acheter à manger. Même une
promenade solitaire au bord de la mer ou
dans le jardin public: interdit, tout
ça, et il y a la police et l'armée pour
faire respecter l'ordre. Le temps exquis
, la Méditerranée toute bleue, les
collines toutes vertes, mais il faut
rester enfermés. Cette recommandation de
rester à la maison et de bien le prendre
peut nous sembler louche; cet
emprisonnement des citoyens est une
étape qu'aucun tyran n'avait pu
envisager jusque là.
Les autorités nous
tiennent comme ils l'ont toujours voulu,
par la peur, la recherche du pain
restant l'unique activité permise, plus
de manifs ni de rassemblements, la
distanciation sociale à la place de la
solidarité. Le premier mort du
coronavirus en Israël, c'est un vieux
survivant de l'Holocauste de 88 ans
(sans le virus, il aurait été éternel);
la deuxième victime, c'est une vieille
dame qui avait toutes les maladies
possibles, couronnées par le corona. La
troisième et dernière, c'est un
nonagénaire. La maladie n'est pas si
grave, le remède est bien pire. Une fois
le confinement annoncé, 600 000
Israéliens se sont inscrits sur les
listes de demandeurs d'emplois, parce
que les petites et moyennes entreprises
ont renvoyé leurs salariés sans les
payer. Les employés mis à pied
pourraient demander des prêts, à
rembourser avec intérêt une fois l'état
d'urgence levé; mais personne ne dit où
ils trouveront l'argent pour rembourser.
La sécurité
intérieure (le Shabak), et la sûreté
extérieure (le Mossad) ainsi que les
forces de police se sont unies pour
créer et activer un système futuriste de
surveillance totale. Maintenant ils
repèrent et suivent tous les résidents
israéliens, tout le temps. Si une
personne a de la fièvre et qu'elle est
considérée comme potentiellement
porteuse du virus, le système de
surveillance trace toute personne qui
ait été en contact avec elle depuis peu,
ou qui soit juste passée à côté, et leur
fait savoir par texto qu'ils doivent
aller en quarantaine pour quinze jours.
Désormais, ils pistent tous les
déplacements et toutes les rencontres de
tous les résidents israéliens tout le
temps. Les effectifs de la police
secrète du monde entier n'avaient jamais
eu pareilles capacités magiques;
maintenant ça y est. L'État juif est le
terrain de test pour le projet de
surveillance mondiale totale. Le corona
passera, mais la surveillance absolue
est en train de s'installer pour
toujours, a prédit Yuval Noah Hariri.
Seule la peur de la pandémie aurait pu
faire que les gens acceptent une chose
pareille, et la panique au corona l'a
fait.
Les migraines que
nous donne le virus, c'est de la petite
bière, à côté des conséquences terribles
du confinement massif. L'économie réelle
va se désintégrer, les travailleurs et
les gens en situation de
précarité vont être ruinés et
appauvris. Ils vont devoir travailler
pour une bouchée de pain quotidien ou
mourir. Seuls les financiers vont
survivre et prospérer, eux et leurs
troupes libérales. En tout cas, c'est ce
qu'ils espèrent. La peur et la pauvreté,
voilà ce qui nous attend s'ils ont la
voie libre.
Le monde se partage
entre ceux qui ont envie de se soumettre
au confinement et ceux qui gardent un
peu de santé mentale. Les
Maîtres du Discours, les médias
libéraux et leurs adeptes sont tous pour
le confinement. Le Guardian et le
New York Times prêchent le danger
mortel du virus. Les réseaux de TV
répandent la panique. J'ai essayé de
suivre les infos israéliennes à la télé;
il n'y avait pas de nouvelles, que de
l'hystérie en ligne.
Le président Trump
avait essayé vaillamment de maintenir
l'Amérique en état de marche, mais se
voyant accusé par le New York Times
de complicité de meurtre de masse des
seniors américains, il s'est couché et a
autorisé le confinement dans certains
États. Il rumine encore quelques moyens
pour sauver l'Amérique, mais osera-t-il
aller jusqu'au bout? Son collège Boris
Johnson a déjà déposé les armes, après
une résistance initiale.
Il reste des îlots
de santé mentale. La Suède reste sur ses
positions, comme un grand exemple
positif. Même si les gens ont été
encouragés à ralentir leur activité et à
minimiser leurs sorties, l'industrie
tourne, les écoles et les garderies sont
ouvertes; les cafés et les restaurants
fonctionnent, les trains circulent et il
n'y a pas de patrouille de l'armée dans
les villes suédoises. Les médias
libéraux suédois propriété de Bonnier
ont essayé de répandre la panique, mais
ont été vite arraisonnés par la menace
d'une OPA hostile sur les journaux. Les
élites suédoises comprennent que si
elles autorisent les industries
suédoises à s'effondrer grâce au
confinement, la Suède va se retrouver
ramenée à sa misère du 19° siècle. C'est
trop cher comme prix à payer pour
continuer à obéir à la ligne du parti.
La Suède a sa propre mentalité
indépendante et un solide instinct de
préservation qui lui a permis de refuser
l'euro et de naviguer entre les camps en
guerre tout au long du 20° siècle.
La Russie reste
libre et ouverte, plus ou moins. Le
président russe s'en tient à une voie
médiane. Il est allé rendre visite aux
patients attaqués par le Corona dans un
hôpital près de Moscou, comme Napoléon
était allé [voir les
pestiférés] à Jaffa. Dans un
discours à la nation, il a garanti à
chacun une semaine de congés payés qui
commence ce weekend. Pas de confinement
pour Mr Poutine et ses sujets, donc les
Russes peuvent passer ces vacances
exceptionnelles comme ils veulent.
Il a aussi déclaré un report des
remboursements pour les prêts au
logement et les impôts, et pour stimuler
la dépense, il a taxé les Russes riches
avec un impôt sur les transferts
d'argent à l'étranger et sur les
intérêts des dépôts bancaires, en
signalant que la crise du Corona ne sera
pas mise à profit pour voler les
travailleurs au bénéfice des banquiers.
Au préalable, il avait approuvé
certaines mesures de protection, et
fermé les frontières, mais la Russie
reste libre. Le très petit nombre de
Russes infectés semble justifier la
stratégie de Poutine.
Le bras de fer
continue, entre les adeptes russes des
Maîtres du Discours et ceux qui
soutiennent Poutine. Les ennemis de
Poutine, les libéraux de Moscou, ont
appelé à suivre le modèle israélien, en
mettant fin à la production nationale.
En même temps, ils se sont tiré une
balle dans le pied en fermant les musées
et théâtres, ce qui les prive de leurs
revenus. Poutine a beaucoup ajouté à sa
popularité dans le pays en refusant le
confinement, tandis que le maire de
Moscou, Sergueï Sobyanine est libre
d'introduire plus de restrictions
locales, ce qui lui vaut les
applaudissements des libéraux.
Le Bélarus est le
dernier bastion de la liberté, ils se
fichent complètement du virus, mais ils
ont fermé leurs frontières. J'ai
toujours admiré leur président
Loukatchenko, celui que les médias
européens appelaient le dernier
dictateur européen. Il a dit que le
travail physique au grand air et un
petit coup de vodka au déjeuner, c'est
bon pour la santé, et il a probablement
raison.
Après avoir vu ces
différentes ripostes, nous en concluons
que les libéraux, les troupes de choc
des Maîtres du Discours, veulent un état
de siège et un confinement assuré par la
police et par l'armée. Ils veulent que
notre société fasse son harakiri
économique, condamne nos enfants à la
pauvreté à laquelle nos parents avaient
échappé. La peur, la pauvreté, la
surveillance, voilà tout ce qu'ils nous
suggèrent.
Comme toujours, ils
tentent de se raccrocher au terrain de
la morale en disant qu'ils le font pour
le bien des vieux vulnérables. Comme
toujours, il mentent. Ce n'est pas moral
de prolonger la vie des gens vieux et
malades au prix de l'avenir de nos
enfants, au prix de la dévastation
économique. Et les vieux ne manquent pas
de pouvoir! L'UE et les US sont
dirigés par des gens âgés, parce que ce
sont des pays stables et sûrs, où
l'ascenseur social est en panne depuis
des années. Trump a 73 ans, Joe Biden
77; Soros et Nancy Pelosi sont encore
plus vieux: ils sont terrifiés par le
Corona.
Les financiers qui
sont derrière eux voient la crise du
Corona comme une superbe occasion de
faire peur à l'humanité et de racheter
leurs biens aux gens à bas prix avec
l'argent qu'ils vont tirer maintenant du
système de la Réserve fédérale. Les
trillions de dollars offerts par
celle-ci vont être tendus aux gros
financiers, et ils vont racheter le
monde. Ils vont mettre l'humanité en
esclavage, instaurer la surveillance
totale, en finir avec l'âge pathétique
des libertés individuelles. S'ils
peuvent vous punir pour être allés faire
un tour, ils peuvent tout faire.
Qui a créé le Covid
19? C'est une question intéressante mais
moins importante, désormais. Qui a créé
la panique et qui s'en sert pour
atteindre ses buts, voilà ce qui est
important. J'appelle cette entité
obscure les "Maîtres du Discours". Ils
ont les médias, ils ont les têtes
parlantes et les experts. La panique du
Corona n'est pas un phénomène naturel,
le virus n'est pas particulièrement
mortel, les gens vieux et malades vont
peut-être subir un coup d'accélérateur,
mais ce n'est pas mauvais, car les
tentatives actuelles pour garder tout le
monde en vie pour toujours, ça ne tient
pas, puisqu'ils ne peuvent pas survivre
à une épidémie aussi faible que le
Corona, les vieux.
Le comte Alexis
Tolstoi, écrivain russe, parent lointain
et plus jeune que Léon Tolstoï, avait
brossé une tentative imaginaire de gens
méchants pour s'emparer du monde. Cinq
magnats américains avaient répandu la
panique en disant que la lune était sur
le point de fondre sur la terre et de
tuer tout le monde. À l'insu de tous,
ils bombardent la lune de leurs missiles
puissants, et la réduisent en miettes.
Comme les gens paniquent et que la
Bourse plonge, les cinq magnats achètent
tout et deviennent les maîtres du monde.
Mais la crainte qui était supposée
piéger tous les citoyens les libère. Ils
n'en ont rien à faire, de la Bourse, et
ils estiment que l'appropriation privée
du monde entier, ça ne compte pas. A la
fin de l'histoire, un jeune homme entre
dans le sanctuaire très confiné des cinq
magnats, et leur demande de sortir parce
qu'il a besoin de l'emplacement pour le
club de jeunes.
Dans la vraie vie,
le schéma est tout aussi net. On fait
peur à l'humanité avec la maladie. La
panique met fin à la production, les
actions sont en chute libre, les sales
types soutirent à la Fed des trillions
et des trillions de dollars, et ils se
servent de cet argent pour acheter le
monde. Le monde va être dévasté par le
confinement, les gens vont perdre leurs
moyens d'existence. Le système de
surveillance totale une fois instauré ne
leur permettra pas de se révolter. A la
fin, les gens obéissants et utiles se
verront nourris par leurs généreux
maîtres, et les désobéissants n'auront
qu'à crever.
En un sens, c'est
une mise à jour du complot de Joseph en
Égypte, selon la Bible. Dans le récit
biblique, Joseph accapare le grain quand
la moisson est bonne, et vend des
aliments avec un beau bénéfice quand les
moissons sont maigres. Il en profite
pour mettre les Égyptiens en esclavage.
Mais nos maîtres n'attendent pas pendant
des années. Ils créent les temps
difficiles en forçant les gens à rester
loin de leur travail, et aussitôt, les
voilà qui achètent tout ce qui peut
l'être.
C'est un schéma
très fragile, en fait. Son succès dépend
de notre passivité, et nous ne devons
pas être passifs. Nous pouvons refuser
la panique, nous asseoir sur les
confinements, interdire le renflouement
des banquiers et des magnats. A la place
du socialisme pour les riches et du
capitalisme pour les pauvres que nous
avons en ce moment, nous pouvons faire
que les riches payent pour les autres,
en faisant le plus grand transfert de
capital depuis Reagan et Thatcher, dans
la direction opposée. Laissons les frais
de la crise du Corona à la charge de
Bill Gates, de Jeff Bezos et d'autres
bénéficiaires de ces dernières années
d'abondance. Au minimum, les Européens
et les Américains peuvent emprunter une
idée au plan de Poutine, et garantir
leur salaire complet à leurs employés
mis au chômage. Je pense que ces mesures
suffiront à en finir avec le désir des
Maîtres de répandre la panique.
Et là nous allons
voir la crise du Corona comme une bonne
occasion de passer plus de temps avec
nos êtres chers, et peut-être de
soulager les gens vieux et malades du
fardeau épuisant d'une vie devenue
improductive à jamais.
Joindre Israël
Shamir:
adam@israelshamir.net
Source:
https://www.unz.com/ishamir/the-coronavirus-fear-and-poverty/.
Traduction: Maria
Poumier
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