Opinion
De la pluie et du beau temps
Israël Adam Shamir
Israël
Adam Shamir
Jeudi 7 février 2019
Il fait froid dans
le Midwest, tellement froid que selon
Rachel Maddow c’est la faute au méchant
Poutine : « La Russie va te
geler à mort, toi et ta
famille ». Il fait très froid aussi en
Angleterre. Je me disais que cette vague
de glace pourrait en finir à l’idée
bêtasse du réchauffement climatique.
Mais pas du tout, les adeptes de la
secte d’Al Gore ne sont pas si faciles à
dissuader. Comme la
Société de la terre plate, ils sont
imperméables aux arguments; ces esprits
éclairés continuent à batailler contre
le réchauffement planétaire. Ils ont décidé de
retourner l’adage de Mark Twain « Tout
le monde parle du temps qu’il fait, mais
personne ne fait rien pour y remédier »,
et de faire quelque chose. Il y a un
nouveau héros populaire, Greta Thunberg,
une petite Suédoise de seize ans en
tenue démodée, drôle, avec des tresses,
qui s’est assise sur une congère et qui
a déclaré qu’elle ne bougerait pas de là
jusqu’à ce que quelqu’un fasse quelque
chose contre le réchauffement global.
Elle a enclenché une manif de gosses à
l’appui, et les médias mainstream
européens sont emballés par l’idée.
C’est le genre de
manifs qu’ils adorent; rien à voir avec
les GJ haïsseurs de juifs, avec les
ouvriers qui demandent des
augmentations, avec les nationalistes
blancs réclamant l’arrêt de
l’immigration, avec les pacifistes qui
protestent contre les guerres hautement
rentables en Syrie et en Afghanistan,
encore moins avec les anarchistes qui
ont la bave aux lèvres pour conspuer les
banquiers innocents, juste une bonne
petite marche sémillante de gens très
divers, aux visages amicaux, ouverts,
accueillants.
Pourquoi ne pas
protester contre le climat? Le pouvoir
occulte derrière les Maîtres du Discours
aime ce genre d’évènements. Greta est
aussitôt devenue un sauveur de la
planète, elle a été envoyée à Davos pour
faire un discours aux propriétaires de
la planète Terre.
On l’a traitée de
« quasi
Messie« , et l’église
suédoise a
touité que Jésus avait
désigné Greta comme successeur (pas
vraiment; s’il avait défendu des causes
aussi insignifiantes, personne ne
l’aurait crucifié…) La pauvre petite
(diagnostiquée autiste avec le syndrome
d’Asperger auparavant, ce qui implique
un désordre obsessif-compulsif et un
mutisme sélectif) s’est retrouvée promue
comme Stéphane de Cloyes, le berger
français de 12 ans qui avait pris la
tête de milliers d’enfants français et
allemands lors de la
Croisade des enfants qui
partirent libérer la Terre sainte en
1212, et qui finirent sur les marchés
aux esclaves en Orient, livrés par les
adultes qui avaient encouragé
l’expédition.
Greta a donc
organisé une grève des élèves. Certains
enseignants ont objecté, disant que les
enfants pouvaient aller défiler en
dehors du temps scolaire, mais les
médias se sont insurgés: ils allaient
apprendre bien plus en défilant contre
le réchauffage qu’en faisant des maths
et autres choses inutiles. Les
ordinateurs sont bien meilleurs en
calcul que les humains, et ceux-ci
devraient surtout apprendre à marcher
derrière les joueurs de pipeau. « Les
enfants devraient être fiers de leurs
absences injustifiées notées sur leurs
carnets… Ils apprennent plus
d’instruction civique en une journée de
mobilisation, en démarchant leurs
camarades, en fabriquant des bannières,
en organisant des voyages neutres sur le
climat et des débats (peut-être même
avec enseignants et parents) que dans
bien des cours sur la politique », a
pontifié le germanique
Die Zeit. Quant à
l’autrichien
Der Standard, il affirme que
ceux qui ne sont pas d’accord avec Greta
devraient être passibles des lois contre
la haine: « les populistes
d’extrême-droite ne se soucient pas du
changement climatique, parce que les
réponses sont compliquées et demandent
un sacrifice à chacun. Cela ne rentre
pas dans le schéma électoral
arithmétique des populistes. C’est bien
plus facile de s’en prendre aux
étrangers, ou aux différents, catégorie
dont relèverait Greta Thunberg ».
Certes, il n’y a
pas plus de place que dans les années
1930 pour la tolérance, ou pour les
objections, dans les médias
d’aujourd’hui. Les mots d’ordre ont
changé, mais vous devez rester dans la
ligne, ça n’a pas changé.
La gamine n’a
peut-être pas tout-à-fait tort, direz
vous.? La conservation de la nature est
chose fort importante, et nous pouvons
beaucoup dans ce domaine. Nous pouvons
fabriquer des trucs réparables et
durables, à la place des jetables; on
peut porter longtemps ses vêtements et
les raccommoder, au lieu de les jeter
dès qu’ils ne sont plus à la mode; on
peut freiner très naturellement le
dépeuplement de nos pays au lieu
d’importer des Nord-africains et des
Syriens. Mais toutes ces initiatives
seraient funestes pour le commerce.
Greta est contre la viande, elle
pourrait bien demander aux magasins
suédois de stocker et de vendre du
poisson, du poisson sauvage pêché en
haute mer, et non pas dans des viviers
d’élevage. Le poisson sauvage est bien
meilleur, bon pour la santé, a un faible
coût énergétique, mais il faut des
poissonniers qualifiés pour le mettre en
vente, on ne peut pas embaucher un
immigrant illettré, l’installer derrière
une caisse et le payer des cacahuètes.
Le vrai poisson est déjà devenu une
rareté en Suède. Mais s’asseoir sur la
banquise ou défiler n’y pourra rien.
Nos élites aiment
les causes conservatrices; ils s’en
servent pour lever des taxes
supplémentaires et faire rouspéter
contre la hausse des loyers. Le
soulèvement des GJ a été déclenché par
l’introduction d’une nouvelle éco-taxe
sur le diesel. En Suède (comme en Europe
du nord en général), il faut de
l’énergie pour survivre, mais ceux qui
commandent maintiennent l’augmentation
des coûts avec le coup de « l’énergie
verte », ce qui veut dire générée sans
charbon ni pétrole. Résultat, des
dizaines de milliers d’Européens
meurent de froid en hiver, et
ce n’est pas une façon de parler. Ils se
débrouillent donc pour conserver le
pétrole et tuer des gens; tout à fait ce
qui est attendu des Verts.
L’énergie verte et
chère offre un avantage supplémentaire:
pas besoin d’en acheter à la Russie, le
grand ennemi des Maîtres. Le gaz et
l’essence russes sont meilleur marché et
plus faciles à livrer, mais qui se
soucie du prix? Et vous les
consommateurs, vous allez continuer à
vous taire? Mais qui s’en soucie des
consommateurs? Certainement pas les
organisateurs de la nouvelle croisade.
Ils offrent deux options chères:
du gaz naturel US ou de
l’énergie verte. Les Européens vont
payer, stimulés par la petite Suédoise
qui met le feu à la banquise : tout
bénéf!
En Angleterre, ils
envisagent de bâtir une nouvelle ligne
de chemin de fer HS2 en se servant
de parcs d’éoliennes et d’autres sources
d’énergie non conventionnelles. Le
problème, c’est le prix : 77 milliards
de dollars pour commencer, mais
probablement beaucoup plus. Et cela, ce
sont les usagers et autres imposables
qui le financeront, alors que le Royaume
Uni a d’ores et déjà des tarifs
ferroviaires très élevés. Pour éviter le
charbon, (et empêcher les mineurs de
gagner leur pain), et le pétrole (qui
permettrait à la Russie d’en vendre) ils
sont prêts à jeter toujours plus
d’argent par les fenêtres.
Et le réchauffement
planétaire, là-dedans? C’est un
phénomène qui existe, mais qui n’a que
peu de rapport avec les humains. Nous
devrions être modestes, nous avons de
bonnes raisons pour cela: les humains
sont encore incapables d’agir sur le
climat à grande échelle. Un volcan
produit plus de dégâts en un jour que
toute l’humanité en un siècle. Le climat
évolue, c’est vrai, mais ces
changements, cycliques ou pas, sont
induits par des facteurs qui relèvent
d’un ordre différent: l’activité
solaire, en premier lieu, et le soleil
n’a cure des grèves d’écoliers. On aura
beau péter à tout vent, cela continuera
à ne peser en rien sur le climat.
En toute modestie,
j’admets aussi que nous n’avons pas la
moindre preuve, ni dans un sens ni dans
l’autre. Nous ne savons pas encore
modéliser en termes mathématiques
opérationnels les faits climatiques.
Nous sommes très loin de pouvoir prévoir
le temps qu’il fera sur une grande
échelle. C’est quelque chose que les
médias mainstream ne vous apprendront
pas, ils prétendent tout savoir. Et le
moindre savant qui argumente ouvertement
en faveur du moindre agnosticisme en la
matière aura a souffrir
le sort du
Dr James Watson célèbre dans
le domaine de l’ADN. Pour ma part, je
n’en sais rien, si Watson a tort ou
raison, mais je présume qu’un
scientifique aussi mûr, et d’un tel
calibre, est habilité à soutenir et à
exprimer son point de vue. Par exemple,
les Prix Nobel
Peter Duesberg et Kary
Mullis, sont habilités à faire
valoir leurs opinions sur le SIDA sans
se retrouver marginalisés et
pourchassés…
Les Maîtres du
Discours ne veulent qu’un seul et unique
point de vue; c’est leur autoroute à
sens unique, et c’est ce qui me révolte.
Ma logique et mes conversations avec des
scientifiques m’ont convaincu que nous
ne savons aucunement si l’humanité est
capable d’influer sur le climat
planétaire, mais je refuserais
d’ostraciser un scientifique pensant
différemment. Tout ce que je demande,
c’est qu’on ne bannisse aucun savant,
mais c’est probablement trop demander.
Au XVII° siècle,
les scientifiques les plus pointus
croyaient que la lune était habitée.
Johannes Hevelius, astronome et maire de
la ville allemande de Dantzig sur la
Baltique (aujourd’hui repeuplée par les
Polonais, et redevenue polonaise sous le
nom de Gdansk) avait donné aux habitants
de la lune le nom de Sélénites. Le
scientifique qui aurait mis en doute ou,
pire, nié l’existence des Sélénites
aurait été rejeté par ses pairs comme un
exceptionnaliste rétrograde, autrement
dit un adepte de la croyance en
l’exceptionnalité de l’homme et de la
Terre (alors que tout savant digne
de ce nom savait que la lune, le soleil
et les étoiles étaient aussi peuplés que
la Terre…)
Mais croire aux
Sélénites n’implique pas d’exiger de nos
communautés qu’on investisse dans des
outils spécifiques pour aller les
sauver, les ramener sur terre ou
construire une échelle jusqu’à la lune.
La croyance au changement climatique
d’origine anthropique est une croyance
qui coûte très cher, et le président
Trump a très bien fait de retirer son
pays du carcan imposé par les Maîtres du
Discours. La campagne déchaînée pour
soutenir la petite Suédoise indique que
les Maîtres n’ont pas renoncé à leur
plan pour nous imposer un gouvernement
mondial anti-démocratique, sous leur
contrôle exclusif. Quelle autre cause
pourrait nous faire accepter de nous
geler volontairement sous notre propre
toit? C’est comme le Gros garçon dans
les Papiers posthumes de Mr. Pickwick,
ils veulent nous faire ramper devant
eux. Nous faire peur, voilà le plus
ancien des outils pour contrôler une
population entière, et c’est celui que
les Maîtres du Discours préfèrent
par-dessus tout.
Ils passent leur
temps à nous faire peur, pour obtenir de
plus gros budgets et pour imposer plus
d’obéissance. Ils terrifient les
Britanniques, selon le Guardian,
qui leur annonce qu’ils « vont crever de
faim sous des montagnes d’ordures, après
le Brexit ». Ils terrifient les Suédois
avec des histoires de sous-marins
russes. Mais ce sont eux, les Maîtres du
Discours, le plus grand danger pour
l’humanité. Si nous parvenons à saboter
leur code de crédibilité, nous
assurerons notre salut et celui de nos
enfants bien plus sûrement qu’en nous
asseyant sur un glaçon avec Greta.
Joindre
l’auteur:
adam@israelshamir.net
Source: The
Unz Review.
Traduction:
Maria Poumier
Le sommaire d'Israël Shamir
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