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Palestine
Demandez à l’Europe ce qui se
passe à Jérusalem
Hossam Shaker
Al-Qods le 21
juillet, les lions palestiniens en
t-shirt s’opposent
aux brutes sionistes surarmées avec des
cailloux
Lundi 24 juillet 2017
Les hommes politiques européens n’ont
pas encore décidé de s’occuper des
événements récents et houleux qui
secouent Jérusalem, mais les dirigeants
qui paressent dans les stations
balnéaires savent très bien ce qui se
passe. Ils savent que Benjamin
Netanyahou et son gouvernement jouent
avec le feu.
Qui aurait imaginé ça ? Ce
politicien opportuniste et arrogant est
maintenant celui qui décide de
l’ouverture et de la fermeture d’un des
sanctuaires les plus sacrés de l’Islam
et expulse les fidèles qui se trouvent à
l’intérieur. Il émet des « fatwas » au
sujet de la tenue ou non des prières du
vendredi dans l’un des sites les plus
saints de l’Islam. Et il n’hésite pas à
faire taire les appels à la prière à la
Mosquée Al-Aqsa quand il le souhaite. De
plus, ses forces de police ont sans
vergogne attaqué les femmes de Jérusalem
qui protestaient aux postes de contrôle
contre ces mesures, les smartphones ont
tout filmé. Elles ont également attaqué
les cheikhs de la Mosquée al-Aqsa, par
exemple contre le sheikh Ekrima Sabri,
qui a dû être transporté à l’hôpital
pour soigner ses blessures. Il aurait pu
être le Pape musulman si l’Islam avait
une autorité religieuse similaire au
Vatican.
L’Europe connait ces faits depuis le
début. Ses diplomates n’ont cessé
d’envoyer des rapports sur le danger de
la situation à Jérusalem en raison de la
politique d’Israël. Le contenu de
certains de ces rapports est parvenu aux
médias, dont des mises en garde et de
réelles préoccupations. L’ONU aussi a
suivi les politiques de saisies
continuelles de terre et de démolitions
continues des maisons et des structures
à Jérusalem, y compris celles de
bâtiments historiques vieux de plusieurs
siècles. Bien sûr les déclarations
verbales timides n’ont eu aucun effet
dissuasif sur les gouvernements
israéliens successifs, et elles ont
ouvert leur appétit de violation.
Lorsque l’une des commissions de l’ONU,
la CESAO, a osé publier un rapport
détaillé qui qualifiait d’apartheid les
événements à Jérusalem et en Cisjordanie
, (rapport présenté le 15 mars 2017 par
Madame Rima Khalaf, secrétaire exécutive
de la Commission économique et sociale
pour l'Asie occidentale –CESAO, ndt) le
Secrétaire général de l’ONU, Antonio
Guterres, est intervenu et a retiré le
rapport professionnel. La secrétaire
exécutive de la CESAO a
démissionné fin mars pour protester
contre une mesure qui favorise Israël au
détriment de la vérité. Cet incident a
révélé ce qu’on savait déjà,
c’est-à-dire que les parties
internationales concernées sont bien
conscientes de ce qui se passe, mais
qu’elles ne veulent pas y mettre un
terme.
Mais les Palestiniens impuissants dans
les quartiers de Jérusalem n’ont pas
attendu que les dirigeants de la
communauté internationale se réveillent,
cela fait déjà quelques temps qu’ils ont
perdu toute confiance en eux. La
population de Jérusalem fait pression
sur le gouvernement de l’occupation sur
les places et dans les rues et réussit à
perturber le programme du gouvernement
israélien qui reçoit toute sorte de
privilèges considérables des grandes
capitales, des deux côtés de
l’Atlantique. Dès que Netanyahou a pris
ses nouvelles mesures inouïes contre la
Mosquée Al-Aqsa, les places de Jérusalem
se sont remplies de manifestants en
colère et de sit-ins et manifestations
énormes qui auraient été glorifiées et
saluées par l’Europe si elles avaient
été organisées à Istanbul et à Moscou
par exemple. Cependant, que vont-ils
faire si elles visent une autorité
d’occupation qui jouit de relations
profondes avec les pays européens et
occidentaux ?
L’Europe traite toujours l’arrogance de
Netanyahu comme elle ferait avec un
enfant têtu et malicieux, c’est-à-dire
avec plus de gâteries. Les dirigeants
européens ne l’ont pas réprimandé, tout
au long des mandats de l’ancien
président US Barack Obama ou de ses
prédécesseurs, alors comment
oseraient-ils le gronder pendant le
mandant de Trump, qui n’a jamais souri à
quiconque à la Maison Blanche autant
qu’il l’a fait au Premier ministre
israélien. L’Europe sait que Netanyahu,
ainsi que ses ministres issus des camps
de la discrimination politique, du
fascisme, du colonialisme et du
fanatisme religieux, pousseront les
enjeux à leur extrémité.
Cependant, la période prévue où l’on
ignore les problèmes est liée à la
gravité des événements. Avec le temps ou
avec la dégradation de la situation, le
monde va se rendre compte que ce qui se
passe actuellement à Jérusalem n’est pas
un incident passager. La ville
bouillonne comme jamais auparavant et la
colère populaire se déchaîne autour de
l’inviolabilité de la cité et ses lieux
historiques après que le gouvernement de
Netanyahu a libéré de la lampe le génie
palestinien, avec ses plans de prise de
contrôle total de la Mosquée Al-Aqsa,
qui attendaient en coulisses le moment
opportun.
Le moment opportun, c’est celui où le
monde arabe est préoccupé par ses
conflits et s’intéresse à la situation à
Mossoul et à la nouvelle crise dans le
Golfe, tandis que l’Europe souffre de
paresse politique estivale. En plus de
cela, le président de l’Autorité
palestinienne est de plus en plus faible
et fatigué aujourd’hui, ce qui est très
rassurant pour les Israéliens. Il semble
très occupé à neutraliser ses
adversaires dans l’arène politique, y
compris même dans son propre parti. Le
gouvernement israélien ne veut pas
laisser passer cette rare opportunité,
puisqu’il aspire à réaliser une
expansion à grande échelle à Jérusalem,
et vient de marquer 50 ans d’occupation
de sa partie orientale. Le gouvernement
cherche des justifications, par exemple
des incidents sécuritaires, pour
renforcer sa mainmise et poursuivre son
programme coercitif dans le but
d’effacer l’identité arabe de Jérusalem
et de continuer à manipuler la
démographie de la cité.
Les autorités d’occupation adoptent une
approche « étape par étape » pour
réaliser leurs plans globaux dans la
ville en s’emparant progressivement de
parties de celle-ci, sans obstacles
réels au plan international, en
employant une série de méthodes et de
mesures sans pareilles ailleurs. Le
gouvernement continue de prendre des
parties de Jérusalem, tandis que les
résolutions internationales relatives à
Jérusalem ne sont que de l’encre sur du
papier étant donné le mépris qu’elles
inspirent à Israël. L’occupation
israélienne a développé un système
complexe de contrôle et d’oppression
dans l’une des régions les importantes
et les plus sensibles du monde.
L’occupation ne veut pas voir une
présence palestinienne à Jérusalem,
alors elle a fermé la plupart des
institutions culturelles, médiatiques et
caritatives palestiniennes qui
travaillent avec la société civile. Elle
a aussi puni les députés arabes de
Jérusalem en les emprisonnant et en les
expulsant de la ville, ainsi qu’en
privant les Jérusalémites de permis de
construire. Elle démolit tout ce qu’ils
construisent sur les terres
palestiniennes et a circonscrit leurs
vies à l’intérieur de déprimants murs
gris et d’innombrables postes de
contrôle. A la lumière de cela, les
types d’oppression systématique, de
discrimination institutionnelle et de
pression silencieuse sur les vies
quotidiennes des Jérusalémites ont
augmenté et se sont amplifiés, en
particulier avec les différentes
politiques d’expulsion mises en œuvre
contre les habitants de la ville.
Pendant ce temps, les colons israéliens
reçoivent des terres, des maisons, des
infrastructures, la liberté de
circulation et de généreux privilèges.
Ce n’est pas exactement la même chose
que l’apartheid, mais plutôt sa version
plus avancée et plus développée qui
n’accorde pas aux Palestiniens leur
droit de rester dans leur ville ou d’y
revenir. Ce concept a dépassé
l’expérience sud-africaine.
L’influence centrale de Jérusalem qui
s’est accumulée à travers l’histoire est
toujours active aujourd’hui et toute
étincelle dans cette zone suffit à
décharger d’énormes quantités de colère
engrangée dans le monde entier. Les
Palestiniens confirment qu’ils ne se
rendront pas et ne s’effondreront sous
aucune des mesures récentes de
l’occupation, y compris l’imposition
d’un nouveau mécanisme de contrôle, de
surveillance et d’humiliation lorsqu’ils
entrent à la Mosquée Al-Aqsa sous la
forme de portiques électroniques
contrôlés par les forces israéliennes.
Des Palestiniens en masse se sont privés
d’entrer à Al-Aqsa et ont donc fait
leurs prières à l’extérieur de la
mosquée dans un message de défi et
d’engagement populaire jamais vu. C’est
ainsi que les portiques électroniques
sont devenus le point central d’un
rapport de force grandissant à Jérusalem
entre les musulmans et les chrétiens
palestiniens et les autorités
d’occupation armée. Netanyahou ne s’y
attendait pas lorsqu’il a pris ce risque
irresponsable.
Les développements actuels ont montré
l’incapacité du gouvernement d’ «
apartheid développé » à contenir
Jérusalem sept décennies après avoir
occupé sa moitié occidentale, et un
demi-siècle après avoir occupé sa moitié
orientale. Cette moitié de la ville,
dont la Vieille Ville et les lieux
saints musulmans et chrétiens, se
transforme en un théâtre de résistance
civile capable de gagner l’intérêt du
monde.
Les leaders européens continuent de se
détendre sur les plages, loin des
slogans et des phrases affichés dans
leurs bureaux sur le soutien aux droits
de l’homme et aux libertés
fondamentales, ainsi qu’au rejet de
l’oppression et de la tyrannie, mais
Jérusalem a ouvert un nouveau
chapitre de son histoire, et peut-être
de l’histoire d’une région qui a gardé
sa capacité à enflammer le monde.
Source :
Middle East Monitor
Traduction : MR pour ISM
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