Palestine
Réflexions de Gaza pour le Nouvel An :
Le silence vous place du côté
de l’oppresseur
Hawar Eid
Jeudi 3 janvier 2019
Hawar Eid – 2 janvier 2019
L’histoire aura son
mot à dire, mais le prix à payer en sera
élevé.
Gaza : Le grand
penseur marxiste italien, Antonio
Gramsci, a écrit d’un point de vue
critique sur la raison pour laquelle il
ne célèbre pas la venue de la nouvelle
année. Il a aussi écrit avec beaucoup
d’éloquence sur le pessimisme de
l’intellect et l’optimisme de la
volonté. Telles sont les deux idées qui
sous-tendent ces réflexions sur la
nouvelle année.
Dans une
déclaration souvent citée, l’archevêque
sud-africain Desmond Tutu, lauréat du
prix Nobel, a dit un jour : « Si vous
êtes neutre en situation d’injustice,
alors vous avez choisi le côté de
l’oppresseur ».
Hélas, alors que
les Forces d’occupation israéliennes
bombardaient lourdement des quartiers
entiers de Gaza au cours de trois
massacres successifs, chacun recevant un
nom grotesque par les chefs militaires
obtus de l’apartheid israélien, et que
l’État israélien continue de massacrer
les civils à la clôture orientale de
Gaza, les Nations-Unies, la Ligue arabe
et la communauté internationale sont, de
façon générale, restées silencieuses
face aux atrocités parfaitement connues
commises par les soldats israéliens à la
gâchette facile.
Nous avons donc
raison d’arriver à la conclusion
qu’elles se placent du côté d’Israël.
Les milliers de cadavres d’enfants et de
femmes ne sont pas parvenus à les
convaincre d’intervenir.
Mais nous savons
aussi que c’est la même communauté
internationale qui est restée
silencieuse pendant plus de 30 années
pendant que le système d’apartheid
inhumain massacrait les Sud-Africains
noirs !
Il ne nous reste,
par conséquent, qu’une seule option, une
option qui n’attend pas après le Conseil
de sécurité des Nations-Unies ni les
sommets arabes et islamiques : l’option
de la puissance du peuple, comme nous
l’avons dit à maintes reprises.
Cela reste la seule
puissance capable de compenser le
déséquilibre de la puissance massive
entre une colonie de peuplement
nucléaire à tendance génocidaire, et une
population originaire de cette terre
colonisée.
L’horreur du régime
raciste d’apartheid en Afrique du Sud a
été contestée par une campagne soutenue
de boycott, désinvestissement et
sanctions (BDS) lancée en 1958 et
relancée en 1960, vu l’urgence après le
massacre de Sharpeville, et au milieu
des années 1970 après le soulèvement de
Soweto.
Un embargo
militaire a été imposé au régime
d’apartheid pour tenter de remédier à
l’énorme déséquilibre des forces, et en
soutien aux Noirs opprimés en Afrique du
Sud. Cette campagne a finalement conduit
à l’effondrement de la domination des
Blancs en Afrique du Sud en 1994, et ses
bantoustans satellites ont été
démantelés au profit de la création d’un
État multiracial, démocratique, un État
pour TOUS ses citoyens, sans distinction
de race, religion ou sexe.
De la même façon,
l’appel palestinien aux boycott,
désinvestissement et sanctions prend de
l’ampleur depuis 2005. La Gaza de 2009,
2012, 2014 et 2018, (la Grande Marche du
Retour), comme Sharpeville en 1960, ne
peut être ignorée : elle exige une
réponse de la part de tous ceux qui
croient en une humanité commune.
Le moment est venu
de boycotter l’État d’apartheid
israélien, de s’en désinvestir et de lui
imposer des sanctions. Avec toujours
plus d’armes fournies par les États-Unis
et l’Europe, Israël va continuer non
seulement de tuer plus de civils,
prétendant que ce sont des terroristes,
mais encore de s’assurer que le monde
arabe reste régi par des despotes dont
la survie même dépend d’Israël et des
USA.
Le courageux
journaliste australien John Pilger a
ceci à dire :
« Ce qui arrive
à Gaza est le moment déterminant de
notre époque qui, soit accorde
l’immunité de notre silence à l’impunité
des criminels de guerre, tandis que nous
contournons notre propre intellect et
moralité, soit nous donne la puissance
de nous exprimer ».
Une combinaison
d’une mobilisation de masse sur le
terrain et d’une solidarité
internationale, devient par conséquent
le chemin qu’il faut suivre. C’est le
sentiment que l’on ressent chaque
vendredi à la clôture orientale du camp
de concentration de Gaza, où des
dizaines de milliers de Gazaouis
manifestent, exigent la mise en œuvre de
leur droit au retour sanctionné par les
Nations-Unies.
Nous faisons partie
d’un mouvement mondial de résistance à
l’exclusivisme religieux, à la
xénophobie, et à la vision tribaliste du
monde représentée par la montée de
l’extrême droite aux États-Unis et en
Israël.
Les plus récentes
victoires du BDS apportent la preuve que
la chance tourne, que comme avec
l’Amérique du Sud, l’Irlande du Nord et
l’Afrique du Sud, l’histoire aura son
mot à dire, mais que le prix en sera
élevé, merci au sang versé à la clôture
orientale de Gaza, à celui de Razan
Najjar et de Yasser Murataja et d’Ahmed
Udaini, et à celui de tous les autres
martyrs de la Palestine libre.
https://www.thecitizen.in/index.php/en/...
Traduction : JPP
pour la Campagne BDS France Montpellier
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