Palestine - BDS 34
Qu’attendent les Palestiniens
de la communauté internationale ?
Haidar Eid
Le
président de l’Autorité Palestinienne
Mahmoud Abbas (à gauche) et le président
américain Donald
Trump se serrent la main avant une
réunion au Palace
Hotel de
New York, le 20 septembre 2017,
pendant la 72ème assemblée Générale des
Nations Unies.
(Photo BRENDAN SMIALOWSKI AFP/Getty
images)
Dimanche 25 novembre 2018
Dr. Haidar Eid
21 novembre 2108
Deux jours avant la
dernière attaque criminelle d’Israël sur
la Bande de Gaza, j’ai écrit un article
dans lequel j’ai essayé d’expliquer
exactement ce que les Palestiniens, et
particulièrement ceux de Gaza, attendent
de la communauté internationale.
J’expliquais que, alors que nous nous
engageons dans notre propre longue
marche vers la liberté, nous en sommes
arrivés à la conclusion que nous ne
pouvons plus nous fier aux gouvernements
et que seule la société civile est
capable de se mobiliser pour faire
appliquer le droit international et
mettre fin à l’impunité sans précédent
d’Israël.
Nous nous inspirons
du mouvement anti-apartheid.
L’intervention de la société civile a
été efficace à la fin des années 1980
contre le régime d’apartheid de
l’Afrique du Sud blanche, et elle peut
faire la même chose en soutenant une
paix juste en Palestine. Rien ne peut
réellement obliger Israël à se soumettre
au droit international, sauf les gens de
conscience et la société civile.
J’ai aussi expliqué
que, sans l’intervention de la
communauté internationale qui a été
efficace contre l’apartheid en Afrique
du Sud, Israël continuera à commettre
des crimes de guerre et des crimes
contre l’humanité. C’est exactement ce
qui est arrivé seulement deux jours
après avoir écrit cet article, lorsque
l’Israël d’apartheid a lancé une attaque
massive, violant – comme il l’a fait en
2009, 2012 et 2014 – un cessez-le-feu
non déclaré négocié entre l’Egypte et
les groupes de résistance palestiniens
de Gaza.
En fait, nous à
Gaza ne sommes plus intéressés par
l’opposition stérile au processus de
normalisation initié par le Traité de
Camp David et les Accords d’Oslo et figé
par les Cheikats du Golfe. Nous sommes
plutôt enthousiastes à l’idée de
formuler le genre de réponse qui
pourrait réellement vaincre le système
complètement épuisé de l’oppression
sioniste : occupation, nettoyage
ethnique et apartheid. Au moment où la
communauté internationale – société
civile et gouvernements – décidera
d’agir dans le même sens, ce qu’elle a
fait contre le système d’apartheid en
Afrique du Sud, Israël succombera à la
voix de la raison représentée par
l’appel de 2005 au Boycott
Désinvestissement et Sanctions (BDS)
lancé par plus de 170 organisations de
la société civile et auquel ont souscrit
presque toutes les forces politiques
influentes de la Palestine historique et
de la Diaspora.
La question
urgente, alors, c’est combien de temps
le monde tolérera-t-il le racisme
constitutionnel éhonté d’Israël ? Nous
savons fort bien qu’il a fallu trente
ans pour que la communauté
internationale tienne compte de l’appel
lancé par le peuple opprimé d’Afrique du
Sud. Combien de temps le peuple opprimé
de Palestine devra-t-il attendre ?
Les derniers succès
de BDS sont ce à quoi nous avons appelé
depuis 2005. C’est dur pour les
Palestiniens de la Bande de Gaza de
comprendre comment, malgré la politique
de nettoyage ethnique d’Israël et les
derniers crimes de guerre commis contre
nous ; malgré les crimes de guerre
continus rapportés par les principales
organisations de défense des droits de
l’Homme ; et la colonisation et
l’apartheid israéliens, pour certaines
honorables sociétés et institutions
internationales, l’idée que « les
affaires sont les affaires » perdure
avec Israël.
N’est-ce pas clair
comme de l’eau de roche pour ces
sociétés, après toutes ces années et les
milliers de rapports des organes
traditionnels de défense des droits de
l’Homme, que l’on nie à des millions de
Palestiniens leurs droits fondamentaux à
l’éducation, à la liberté de
circulation, à l’emploi et à la santé ?
Nous sommes privés d’une vie normale à
cause de plus de 600 checkpoints
militaires israéliens, du siège médiéval
de Gaza et de l’apartheid
discriminatoire officiel auquel font
face les citoyens palestiniens en Israël
même. Pour le dire crûment, nous
subissons cette discrimination parce que
nous ne sommes pas Juifs, exactement
comme les Sud Africains noirs ont subi
la discrimination simplement parce
qu’ils n’étaient pas blancs.
Le vent tourne :
Israël est en train de perdre sur deux
fronts
Des milliers de
Palestiniens sont dans les prisons
israéliennes après avoir été condamnés
par des tribunaux militaires ; des
centaines d’entre eux sont détenus sans
charges ni procès. Toutes les
organisations internationales dignes de
foi de défense des droits de l’Homme ont
rapporté en détail comment les forces
israéliennes ont délibérément ciblé des
étudiants et des institutions éducatives
palestiniennes, y compris les écoles
gérées par l’ONU. Universitaires et
chercheurs ne devraient-ils pas très
bien connaître ce genre de rapports ?
Nous pensons que
c’est notre droit d’attendre des gens de
conscience qu’ils nous rejoignent dans
notre lutte contre l’apartheid d’Israël
en boycottant ce régime raciste et
militarisé et les institutions qui lui
permettent de se développer. Les
Palestiniens sont un peuple opprimé et
sans Etat. Nous nous fions de plus en
plus au droit international et à la
solidarité pour notre survie elle même.
Ce que nous voulons
par conséquent, c’est l’application du
droit international pour mettre fin à
l’occupation armée d’Israël sur les
terres arabes occupées en 1967 ; la
lutte contre la colonisation et
l’apartheid israéliens tels qu’enchâssés
dans ses lois ciblant la population
indigène de Palestine depuis 1948 ; et
l’autorisation du retour légitime des
réfugiés palestiniens victimes d’un
nettoyage ethnique quand Israël a été
créé sur leur terre. S’agit-il là d’un
appel à mettre fin à l’Etat d’Israël ?
Le boycott de l’apartheid signifiait-il
la fin de l’Afrique du Sud en tant que
pays, ou la fin du racisme d’État sous
sa forme la plus laide ?
Les
Nations Arabes ne pourraient pas moins
se soucier de la Palestine – BD
[CarlosLatuff/MiddleEastMonitor]
Israël est un Etat
colonialiste de peuplement et
d’apartheid et les outils qui ont servi
contre d’Afrique du Sud d’apartheid
peuvent servir de modèle à notre lutte
contre l’Israël d’apartheid. Transformer
Israël d’État ethno-religieux et
d’apartheid en entité authentiquement
démocratique devrait être l’objectif de
toute personne qui croit à une
démocratie généreuse.
Sous la pression
imposée par la communauté internationale
grâce à la campagne BDS selon les
modalités de la Campagne Anti-Apartheid
qui a mis fin à l’Afrique du Sud
raciste, nous pensons qu’on peut
persuader Israël de se débarrasser de
ses structures d’oppression. Ce dont
nous avons urgemment besoin, c’est d’un
embargo sur les armes avec Israël pour
mettre un arrêt à ses fréquents bains de
sang à Gaza.
Le but de la
campagne BDS c’est de restaurer les
droits démocratiques du peuple
palestinien. Nous pensons que les luttes
du peuple palestinien en Israël même,
dans les territoires occupés depuis 1967
– la Cisjordanie, la Bande Gaza et
Jérusalem Est – ainsi que dans la
Diaspora sont inséparables. C’est
pourquoi nous croyons que l’alternative,
une approche fondée sur les droits au
lieu de la façade de « paix » d’Oslo
fondée sur la normalisation, peut
apporter à tous les Palestiniens une
solution qui garantisse la paix avec la
justice, c’est-à-dire le droit au retour
et l’égalité.
https://www.middleeastmonitor.com/20181121-what-do-the-palestinians-want-from-the-international-community/#.W_VgF6p2i-Q.whatsapp
Les idées
exprimées dans cet article appartiennent
à l’auteur et ne reflètent pas
nécessairement la politique éditoriale
du Middle East Monitor.
Traduction : J. Ch.
pour la Campagne BDS France Montpellier
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