France-Irak
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Seul un boycott international d’Israël
peut sauver la Palestine
Conn M. Hallinan
Conn M.
Hallinan
Mardi 21 mars 2017
Par Conn M.
Hallinan
(revue de presse: Tehran Times -
23/2/17)*
Nombreux sont
les analystes ou militants qui pensent
que la solution de deux Etats,
palestinien et israélien, a vécu en
raison de la brutale politique
d’occupation et de déracinement des
Palestiniens de leur sol de l’Etat
d’Israël, et ce, depuis des décennies.
Tel est l’avis de Conn M. Hallinan de
Foreign Policy in Focus dont nous
publions l’entretien qu’il a accordé au
quotidien iranien Tehran Times.
Tehran Times : Comment
analysez-vous la dernière conférence de
presse tenue conjointement par le
président américain, Donald Trump et le
premier ministre israélien, Netanyahu ?
Quelle est la position de Donald Trump
sur le conflit israélo-palestinien ?
Conn M. Hallinan :
Il est difficile de savoir avec
exactitude quelle sera la politique
étrangère de D.Trump. Il a commencé par
menacer la Chine, a promis de revenir
sur le pacte nucléaire avec l’Iran, et a
applaudi au démantèlement probable de
l’Union européenne. Il a depuis changé
de position même si son hostilité
envers l’Iran reste inquiétante. Trump
dit qu’il soutient la solution à deux
Etats mais il en va de même de
Netanyahou et nous savons que ce n’est
pas vrai. Le premier ministre israélien
dit ce qu’il fait parce qu’il sait que
c’est ce que veut le reste du monde et
en particulier la majorité des
Américains qui est derrière lui. Le
problème avec Trump est qu’il ne connaît
rien à la politique étrangère et qu’il a
la concentration d’un moucheron. Il est
impossible de saisir Trump parce qu’il
l’ouvre sans arrêt. Bien que je pense
que Trump n'abandonnera pas la solution
à deux Etats, je pense qu’il ne poussera
pas les Israéliens à la roue.
Tehran Times:
La probabilité existe-t-elle que la
solution à deux Etats fasse partie du
processus de paix israélo-palestinien ?
Cela peut-il aider la question
palestinienne et dans le cas contraire,
quelles autres alternatives pourraient
le faire ?
Conn M. Hallinan :
Un préjudice considérable,
peut-être même fatal, a été causé à la
solution à deux Etats. Les colonies ont
coupé la Cisjordanie en une série de
cantons- du genre bantoustans de
l’Afrique du sud de l’apartheid- et je
ne peux imaginer comment un Etat
indépendant pourrait y subsister. Le
problème est que s’il n’advient pas, les
Palestiniens continueront à vivre sous
occupation militaire. Les Israéliens
avancent vers la solution à un Etat, ce
qui signifiera l’une des deux solutions:
soit l’expulsion des Palestiniens vers
la Jordanie, ou un véritable régime
d’apartheid avec pour citoyens de second
classe, les Palestiniens. Mon sentiment
est qu’il doit y avoir un Etat
palestinien, entraînant
l’anéantissement de nombreuses colonies,
une Jérusalem partagée, et des
compensations (que la communauté
internationale pourrait prendre en
charge). Ou alors un seul Etat
séculaire, ce qui serait le mieux mais
je ne pense pas que les Palestiniens
aient envie de vivre avec les
Israéliens. L’occupation a été et est
brutale.
Tehran Times:
Les Palestiniens sont de plus en plus
inquiets de la possibilité que
l’administration Trump approuve le
programme de colonisation d’Israël et
transfère l’ambassade US à Jérusalem. De
quelle manière ce transfert pourrait-il
affecter la Palestine, Israël et les
Etats-Unis ?
Conn M. Hallinan :
Si les Palestiniens perdent
Jérusalem, ils perdent 60% de leur
économie et cela est mortel. Trump n’a
émis que quelques vagues, vagues
protestations à propos des colonies et
ne semble pas pressé de transférer son
ambassade à Jérusalem. S’il le fait,
Israël et les Etats-Unis se trouveront
isolés internationalement et les
Israéliens craignent ça. Un boycott
international efficace mettrait à mal
Israël. Les Européens ont déjà
frappé des coups fatals à Israël. Mais
encore une fois, si Jérusalem n’est pas
partagée entre les protagonistes, aucun
Etat palestinien viable n’est possible.
Tehran Times:
Pourquoi la Palestine n’est-elle
plus la priorité de la communauté
musulmane ? Comment se fait-il que
certains pays arabes ne soutiennent plus
la cause palestinienne mais, en
revanche, tentent de normaliser leurs
relations avec Israël.
Conn M. Hallinan :
Cela s’explique en partie par le
fait que les Etats-Unis ont détruit
l’Irak et la Lybie et ont écrasé la
Syrie. La seule voix réellement
indépendante au Moyen Orient en ce
moment est l’Iran et, jusqu’à un certain
point, la Turquie même si cette dernière
partage la responsabilité de la guerre
en Syrie. Les monarques du Golfe
(Persique) regardent avec anxiété
par-dessus leur épaule vers leurs
peuples. L’Arabie Saoudite est dans un
pétrin économique et piégée dans une
intervention désastreuse au Yémen. Les
Etats-Unis et Israël sont ses alliés
naturels dans la mesure où chacun
d’entre eux ne veut guère de voix
divergente au Moyen Orient. Je n’ai
jamais supposé que la religion était un
enjeu en soi, mais servait de métaphore
pour le pouvoir et le contrôle. Les
attaques contre les Chiites peuvent
épouser la forme d’une guerre de
religion mais leur but est de
pérenniser la division de l’Irak et de
la Syrie et de marginaliser l’Iran.
L’Egypte dépend de l’Arabie saoudite
pour garder la tête hors de l’eau et
donc soutiendra l’Arabie saoudite quoi
qu’il en coûte, sauf quelque chose
d’aussi stupide que l’invasion du Yémen.
Les Egyptiens ne sont pas assez bêtes
pour s’engager dans cette débâcle
d’autant qu’ils l’ont essayée dans les
années 1970 et ont découvert ce que
toute personne sensée sait, qu’il y a
deux endroits que vous vous gardez
d’envahir : le Yémen et l’Afghanistan.
Je voudrais ajouter
que la plupart des pays arabes ont peu
fait pour la Palestine, à part les
discours.
Tehran Times:
L’Iran accueille une conférence
internationale de deux jours sur la
Palestine en solidarité avec cette
nation opprimée face à l’occupation
israélienne. Quel est, à votre avis,
l’impact de tels événements dans
l’amélioration de la situation de la
Palestine ?
Conn M. Hallinan :
Le moyen le plus efficace pour
promouvoir l’agenda palestinien est au
travers d’une pression internationale,
en particulier d’une campagne de
boycott. Israël devrait être traité de
la même manière que l’Afrique du sud l’a
été, et devrait être isolée
internationalement.
Tehran Times:
Paris a ouvert ses portes à une
Conférence de Paix sur la Palestine, le
15 janvier, à laquelle ont participé les
délégations de 70 pays à l’exception des
représentants d’Israël et de l’Autorité
palestinienne. La conférence a été
qualifiée de futile par Netanyahu mais
la Palestine en a apprécié l’approche
multilatérale. Comment évaluez-vous
l’impact de cette conférence,
particulièrement au vu des frictions
apparentes de l’Union européenne avec
les différentes prises de position de
Trump ?
Conn M. Hallinan :
L’UE est très importante ici.
Elle a soutenu l’occupation israélienne
grâce aux ventes d’armes, son aide
économique et son commerce. L’UE est le
plus grand groupe commercial de la
planète avec le plus grand produit
intérieur brut. Si l’UE s’en prend aux
violations par Israël du droit
international, il pourrait y avoir une
grande différence. Pour moi, toute
action internationale crée la
différence.
*Conn
Hallinan entretient une colonne dans
Foreign Policy Forum. Il est titulaire
d’un doctorat en anthropologie de
l’Université de Californie. Il a dirigé
un programme de journalisme dans la même
université pendant 23 ans où il a été
doyen.
Source:
Tehran Times (23 février 2017)
Traduction et
Synthèse: Xavière Jardez
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