En analysant la situation en
Libye, déchirée entre deux gouvernements
rivaux luttant pour le pouvoir, Lionel
(Michael Lebron), personnalité de la
radio et de la télévision new-yorkaise,
explique qu’il est un peu tard pour
s’étonner.
RT : Sur le
blog officiel du département d’Etat
américain, Jonathan Winer, émissaire
spécial des Etats-Unis pour la Libye, a
écrit mercredi la chose suivante :
«Il y a quatre ans que les Libyens se
sont réunis pour saisir le moment et
renverser leur dictateur». Que
pensez-vous de cette déclaration ?
Lionel: Quand cela
s’est-il passé? Mon souvenir est
totalement différent. Je me souviens de
séries d’actions militaires de l’OTAN et
d’autres forces, qui ont simplement
éliminé un dirigeant souverain qui
serait supposément devenu «despotique».
Et c’est pour cette raison qu’il a été
rayé de la carte. Mon souvenir diffère
donc de celui d’une vague de combattants
révolutionnaires épris de liberté
renversant leur dirigeant tyrannique.
RT : «Des Libyens
travaillent ensemble pour surmonter
leurs différends et réaliser leur
aspiration démocratique de la
révolution, pour vivre dans un état
démocratique basé sur les droits de
l’homme», lit-on aussi dans ce
blog. Etes-vous d’accord ?
Lionel: De quelle
aspiration à la démocratie parlons-nous
? Il suffit de jeter un coup d’œil sur
ce qui s’est passé du temps de la Libye
italienne sous Mussolini. Il s’agissait
de la Cyrénaïque, de la Tripolitaine et
du Fezzan, trois régions différentes,
trois groupes de gens qui ont été
assemblées, liées, collées les unes aux
autres. Ce que beaucoup en Europe ne
peuvent pas comprendre, c’est que
parfois afin de maintenir ces gens
ensemble, il faut parfois utiliser des
forces que nous n’acceptons pas
nécessairement. Je ne cautionne pas la
brutalité. Mais il est à noter que nous
ne comprenons pas qu’on ne peut
maintenir un tel groupe ensemble sans un
leader strict et fort. Ainsi, lorsqu’on
retire ce contrôle, on a le chaos, de
nouvelles forces apparaissent pour
combler le vide. Auparavant, on avait
quelque chose qui marchait, mais une
fois les règles, les barrières et les
limitations disparaissent, on se
retrouve dans le chaos.
RT : Cependant, le même
rapport dit qu’«Aujourd’hui les Libyens
ont fait de véritables progrès dans les
négociations vers la formation d’un
gouvernement national unifié. Qu’est-ce
qui a fait dire une chose pareille à
Jonathan Winer ?
Lionel: Quand j’ai
lu ça, j’étais presque mort de rire, je
me suis même demandé «de quel pays
s’agit-il ?». Cela sonne comme une
version hollywoodienne de la réalité.
Je me souviens avoir évoqué le cas de
Benghazi durant un de mes programmes, un
endroit dont personne n’avait jamais
entendu parler. Et quand ils ont montré
une image du tribunal des rebelles,
c’est le drapeau d’Al-Qaïda qui
flottait à son sommet ! Les rebelles,
les combattants de la liberté sont en
fait des combattants d’Al-Qaïda
!
Sur place tout le monde le savait,
mais nos grands médias occidentaux nous
ont donné une toute autre image, ne
sélectionnant qu’une partie de
l’information en omettant tout le reste.
Ils ont ainsi créé une fiction, un conte
de fées pour nous montrer à quel point
la situation en Libye est similaire à
notre révolution américaine. Et ces
courageux patriotes qui se battent pour
leur pays afin de vivre librement, sans
les contraintes de leur dirigeant devenu
fou. Cette idée a été propagée sans être
vérifiée, et tout le monde a cru cette
histoire sans y réfléchir. Et je me pose
la question pourquoi est-ce que tout le
monde est surpris maintenant ? Où
avez-vous été ces quatre dernières
années ?
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