L'actualité du
droit
Etat d’urgence : 3,8 millions de
personnes mal-logées
Gilles Devers
Vendredi 18 décembre 2015
La République, les valeurs, le
vivre ensemble… Tout le monde va être
sur le pont pour le « pacte de
solidarité », qui va remplacer le
« pacte de sécurité », lequel remplaçait
le « pacte de stabilité » et autre
gadgets médiatiques. C’est en effet
l’état d’urgence après
le rapport de La Fondation Abbé Pierre
: 3,8 millions de personnes souffrent de
mal-logement ou d’absence de logement
personnel. Pas de doute que notre
gouvernement expert pour l’état
d’urgence – qu’il veut
constitutionnaliser – va prendre cette
urgence sociale à bras le corps.
Les 3,8 millions de personnes
identifiées par la fondation regroupent
les personnes sans domicile, celles
hébergées chez des tiers, celles
subissant un effort financier excessif
pour se loger et celles souffrant du
froid à domicile.
Pas de
logement personnel
Près d’un million de personnes,
en fait 907 500 personnes, n’ont pas de
logement personnel. La situation la plus
préoccupante est celle de 141 500
personnes sans domicile, donc
vivant en abri de fortune, à l’hôtel ou
à la rue. Ca équivaut à des villes comme
Dijon, Angers ou Grenoble. Un peu
urgent, non ?
Parmi les personnes privées de
logement personnel apparaissent 643 000
personnes hébergées chez des tiers de
manière très contrainte :
- 69 000 personnes de 17 à 59
ans hébergées par des personnes sans
lien de parenté direct,
- 83 000 personnes de plus de
60 ans hébergées chez un tiers sans lien
de parenté direct,
- 339 000 personnes de plus de
25 ans contraintes, après une période de
logement autonome, de revenir habiter
chez leurs parents ou grands-parents
faute de logement autonome,
- 153 000 personnes de plus de
25 ans vivant chez leurs parents,
incapables de décohabiter pour raisons
financières.
Conditions de logement très difficiles
Selon la Fondation Abbé Pierre,
2 879 000 personnes vivent dans des
conditions de logement très difficiles.
2 113 000 sont privées de
confort, car leur logement ne possède
pas d’eau courante, de WC intérieurs, de
douche, de moyen de chauffage ou de coin
cuisine, ou leur façade est très
dégradée avec des fissures profondes.
Ces différents critères constituent un
manque de confort certain et sont bien
souvent par ailleurs des indices
laissant supposer que d’autres problèmes
de confort affectent ces logements,
souvent petits, anciens et dégradés :
humidité, moisissures, mauvaise
isolation, installation électrique
dangereuse, infiltrations d’eau…
De même, 934 000 personnes
vivent en surpeuplement dit « accentué
», c’est-à-dire qu’il leur manque deux
pièces par rapport à la norme de
peuplement. Il faut ajouter à ces
chiffres 40 921 résidents de foyers de
travailleurs migrants en attente de
rénovation, dans des conditions de
vétusté parfois dramatiques.
- Bon, alors François, tu fais
quoi face à cet état d’urgence sociale…
3,8 millions de personnes pas ou mal
logées ? Tu continues de nous amuser
avec tes simagrées sécuritaires, ou tu
t’occupes des problèmes du pays ?
- Ecoute, j’ai bien réfléchi et
voilà : le mieux, c’est que je ne fasse
rien, et que je garde ça pour le
programme de ma réélection de 2017.
Comme ça, je prendrai un magnifique
engagement : « moi, président, il n’y
aura plus de personnes à la rue ou très
mal logées ». Un truc comme ça, ça fera
bien de gauche, non, tu crois pas ?
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