Actualités du
droit
Aquilino Laplume, petit marquis de
la Hollanderie
Gilles Devers
Vendredi 18 avril 2014
Vous ne connaissez pas Aquilino Morelle,
le Guaino du PS ? Une plume génétique :
plume de Jospin à Matignon, plume de
Montebourpif lors de primaire, et
désormais plume de la nouille casquée.
Hier,
Mediapart nous en a raconté
de bien belles sur ce lascar.
Coté rigolo, la séance de cirage à
l’Elysée
On va commencer par le côté rigolo, avec
l’interview
au Point de David Ysebaert,
auto-entrepreneur, qui exerce la noble
profession de cireur de chaussures :
« Je cire les chaussures d'Aquilino
Morelle en effet depuis un an et demi.
Je l'ai connu au Bon Marché,
comme 80 % de ma clientèle. C'est 10
euros pour un cirage et 25 euros pour un
glaçage. Mais cela dépend du travail à
faire. Je me déplace pour minimum cinq
paires ». C’était donc une bonne
affaire, car Aquilino Morelle a « trente
paires de souliers de luxe faits sur
mesure, pour son pied qui a une forme
particulière ».
Au sein du gouvernement de combat contre
les puissances de l’argent, la loi est
rude, et l’ami David a été viré
illico presto par le sublime
Aquilino, pour avoir répondu au Point
et s’être aventuré sur le nombre des
chaussures : « Il m'a précisé qu'il
n'avait pas trente paires de
Weston,
mais une dizaine ». Erreur historique,
ou coquetterie d’un minet emplumé ? En
attendant, David a été viré.
Mais il se susurre que l’ami David
cirait d’autres chaussures au Palais de
l’Elysée… L’enquête progresse…
Mediapart nous raconte aussi des
histoires distrayantes sur
l’organisation à l’Elysée de séances de
gommage pour le chouchou à plumes, sur
son goût pour les bonnes bouteilles de
la République et sur les voitures de
service qui trimbalent les lardons de
Laplume aux activités péri-scolaires. Ah
la vertu…
Comme David Ysebaert a perdu une bonne
affaire, voici ses coordonnées pour lui
confier du job :
06 22 42 44 42 ;
david.ysebaert@sfr.fr"
Mais aussi, soyons justes, celles d'un
concurrent.
Coté frauduleux, les marchés contre
nature du petit marquis
Dans la légende socialiste, Aquilino est
un austère écrivant les discours de
Jospin, celui qui en équipe avec le
repris de justice
Camba, amena Le Pen au deuxième tour
en 2002.
Après ces exploits politiques,
l’excellent Aquilino est allé se refaire
une santé à l'Inspection générale des
affaires sanitaires (IGAS),
qui est l’Union européenne pour les
éclopés politiques de second rôle (comme
notre excellente
Voynet).
Et là, Aquilino Laplume s’est déchaîné
en signant un rapport médiatisé –
merci, Monsieur Fouks ! – sur le
Mediator. Notre lascar avait de bonnes
infos car il avait pour job de contrôler
les labos.
Petit problème : dans le même temps,
Aquilino Laplume travaillait pour un
laboratoire danois,
Lundbeck. Il était alors payé a
rédiger un rapport
sur «l’encadrement des programmes
d’accompagnement des patients associés à
un traitement médicamenteux, financés
par les entreprises pharmaceutiques»,
mais il avait proposé ses services à
Lundbeck, qui le confirme : « Il m’a
dit qu’il cherchait à travailler pour
l’industrie pharmaceutique, qu’il avait
du temps libre, que son travail à l’IGAS
ne lui prenait que deux jours sur cinq
». Un cirque bien rémunérateur,
avec des pépètes versées à une EURL…
gérée par son frère. La blague courante
des receleurs.
En réponse, la défense d’Aquilino
Laplume parait bien asthmatique : « En
tant que fonctionnaire, un certain
nombre d'activités annexes sont
autorisées, dont l'enseignement et le
conseil ».
Certes. Mais, petit problème, André
Nutte qui était son chef de service de
l'IGAS, réfute lui avoir donné
l'autorisation d'exercer cette activité,
et il explique que si Aquilino Laplume
en avait fait la demande, celle-ci lui
aurait été refusée : « Ça n'a pas de
sens. C'est comme si on accordait le
droit à un inspecteur d'hôpital entré à
l'IGAS d'aller travailler parallèlement
dans une clinique privée. Ou à un
inspecteur du travail de conseiller une
entreprise ».
Interrogé par Mediapart, Aquilino
Laplume explique ne pas avoir retrouvé
la trace de sa déclaration… ce qui est
fâcheux, mais n’est pas un problème, car
la police va bientôt l’aider à retrouver
la mémoire
Selon l’article 432-12 du Code pénal,
« Le fait, par une personne dépositaire
de l'autorité publique ou chargée d'une
mission de service public ou par une
personne investie d'un mandat électif
public, de prendre, recevoir ou
conserver, directement ou indirectement,
un intérêt quelconque dans une
entreprise ou dans une opération dont
elle a, au moment de l'acte, en tout ou
partie, la charge d'assurer la
surveillance, l'administration, la
liquidation ou le paiement, est puni de
cinq ans d'emprisonnement et d'une
amende de 500 000 €, dont le montant
peut être porté au double du produit
tiré de l'infraction ».
C’est pénible ce Code pénal, car ça
casse l’esprit d’entreprise… Il faudrait
demander à l’ami
Fouks de le réécrire, parce que,
franchement, respecter la loi, c’est un
frein aux affaires morales.
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