L'actualité du
droit
Nouveau gouvernement : On ne va
pas s’ennuyer !
Gilles Devers
Samedi 13 février 2016
Comme le gouvernement ne gouverne
plus, ayant perdu tout contact avec la
société réelle, il faut au moins
souhaiter qu’il nous offre un bon
spectacle, et de ce point de vue, la
nouvelle équipe ne devrait pas nous
décevoir.
D’abord, la place des femmes.
Ils nous ont gavé pendant quatre ans
avec le « principe
d’égalité » pour vanter le mariage
pour tous et
stigmatiser les musulmans avec leur
soi-disante arriération (ce alors que
les
autres religions et
écoles de pensée sont carrément à la
ramasse). Et quel bilan après quatre ans
de « principe d’égalité » ? Tous les
postes importants sont tenus par des
mecs : président de la République,
secrétaire général de l’Élysée, les cinq
ministères importants – affaires
étrangères, défense, justice, police,
économie –, président de l’Assemblée
nationale, président du Sénat, président
du Conseil constitutionnel, président de
la Cour de cassation et président du
Conseil d’État. Pour les
questions sérieuses, ça ne rigole pas.
Royal et Guigou se voyaient aux Affaires
étrangères, mais c’est réservé à un mec,
donc Ayrault. La méritoire Lebranchu a
été dégagée en une minute, parce qu’elle
avait osé critiquer le
cumul de fonctions de Le Drian. Et
comme il fallait faire une place pour
l’extrêmement important président des
Radicaux de Gauche et du groupe de
presse La
Dépêche du Midi, Lebranchu
saute. Pour ce qui est du droit des
femmes (50% de la population, et des
retards endémiques, à commencer par
la rémunération), il n’est plus
question d’un ministère autonome. Les
droits des femmes retrouvent le
rayon couche-culotte, dans un
ministère d’abord dédié à la famille et
aux enfants. Et comme il faut parvenir à
l’égalité arithmétique, on bombarde les
secrétaires d’État ésotériques :
droit des victimes (auprès du
premier ministre et non pas du ministre
de la Justice),
biodiversité et « égalité
réelle »… Celui-là, il fallait le
trouver !
- Mais mince, il nous faut une
autre black pour compenser le départ de
l’icône !
- Oh purée, heureusement que tu
t’en es aperçu. Mais qui trouver? On n'a
personne.
- Si, tu vas voir. On va
demander à la puissante
Geoffroy et elle va accepter.
Dis, Geoffroy, tu as un
budget ? Et l’autorité sur des
personnes, des services ? Tu as un
projet de loi ? Un plan d'action? Allez,
fais nous rire…
Ensuite, les combines du
premier secrétaire du Parti socialiste.
Comme
Hulot et
Aubry n’avaient pas voulu monter sur
le Titanic, on s’est rabattu
sur le second choix, Cosse et Ayrault.
Cosse reprend le ministère délaissé par
Duflot, après que Pinel et El Blanco
aient dézingué la loi Duflot sur le
logement. Et comme le calendrier
législatif est saturé, Cosse ne fera
rien d’autre que d’appliquer la loi
Pinel. Tout ceci pour faire exploser ce
qui reste d’EELV et bloquer la
candidature de Duflot. Duflot veut être
candidate, mais à moins de 5 %, il n’y a
pas de remboursement… De quoi calmer les
grands destins nationaux ! Les amis
d’EELV sont fumaces, et d’ici quelques
jours, on va voir ressortir les tweets
incendiaires de Cosse sur Hollande… Et
notre Ayrault, dégagé du gouvernement
par le travail de sape d’El Blanco, qui
revient se placer sous les ordres d’El
Blanco deux ans plus tard. Une force de
caractère et un tempérament de guerrier
qui vont impressionner sur le plan
international…
A suivre (1), le dossier COP21
que trois personnes revendiquent, alors
que cet accord mité, conclu au
conditionnel,
déjà torpillé aux États-Unis, est
une authentique plaisanterie. Fabius
veut garder un bureau Quai d’Orsay et le
contrôle du dossier, parce qu’il vise
rien de moins que le prix
Nobel de la paix ! Royal, qui rêvait
du Quai d’Orsay, s’est vu refiler en lot
de consolation la compétence sur
le climat international. Et Ayrault
va bien sûr revendiquer d’exercer
pleinement ses fonctions diplomatiques.
Un petit match à trois qui à coup sûr
sera distrayant.
À suivre (2), la géniale
déchéance de nationalité. Le projet de
Hollande est passé de justesse à
l’Assemblée nationale, mais il va se
fracasser au Sénat qui ne veut pas
entendre parler d’apatridie, et le texte
repartira l’Assemblée. A venir, des mois
de débats englués, pour une réforme de
la Constitution qui ne se fera pas, ce
qui sera un échec cuisant pour Hollande.
Ce alors que Cosse et Ayrault se sont
mis en avant pour s’opposer à ce projet…
il y a quelques semaines de ça,
ignorant qu’ils seraient appelés
ministres. Non, on ne va pas
s’ennuyer...
Et à suivre (3), le nouveau gag
de Hollande, à savoir le
référendum local pour l’aéroport de
Notre-Dame-des-Landes, le projet
chouchou de Ayrault. Pour que la
puissance intellectuelle Cosse –
ingérable – entre au gouvernement,
Hollande a inventé de remettre l’avenir
de l’aéroport un référendum local.
Excellente idée,… à ceci près qu’il
n’existe
aucun cadre juridique pour soumettre
un programme d’État, qui a déjà été
décidé, un référendum local… Et comment
définir le territoire de ce « local » ?
Pour tenir ce référendum, il faudrait
donc voter une loi en urgence… Mais le
délai est très court avant les
présidentielles, alors on parled’une
ordonnance… Mais en quoi cette
ordonnance serait-elle crédible si elle
ne concerne que l’aéroport de Notre-Dame
des Landes, alors que tant d’autres
projets inutiles heurtent les
populations locales ? Bref, le
référendum, c’est pas pour demain ! Les
occupants vont pouvoir reprendre leurs
actions protestataires, et les partisans
vont engager des recours contre l’État
qui n’assume pas ses décisions… avec la
Région, à Droite, qui va faire monter la
pression. Bien des tracas, mais il était
tellement important que Madame Cosse
devienne ministre du logement…
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