Actualité
Gilets Jaunes. Violences
Policières. L’ultra sensible dossier du
policier-boxeur de Toulon
Frédéric HELBERT

Samedi 12 janvier 2019
Le « dossier » du commandant
Andrieux est suivi de très près, en très
haut-lieu, tant à Beauvau qu’à l’Elysée.Car
Didier Andrieux est loin d’être « Pinot
simple flic ». C’est un superflic,
(ancien du EAID, et du GIPN de Marseille
qu’il a commandé 12 ans !) ayant
longtemps évolué auparavant dans le
corps des motards de la Police
Nationale. Bref un super-flic élevé
cette année au grade de chevalier de la
légion d’honneur, sur demande du DDPS de
Toulon, demande relayée par le Ministère
de l’intérieur et validée par l’Elysée.
. Certes le commandant Andrieux a le
sang chaud. Il l’avait déjà démontré
par le passé, cassant le nez d’un de ses
collègues d’un coup de
coude.. « Involontaire » avait alors
déclaré l’officier, expert en excuses
bidon. Celui qui avait alors reçu le
coup du « flic boxeur » de manifestants
s’en souvient encore et a dénoncé une
« honte » , sur RTL. A l’époque de ce
« différent interne », le commandant
Andrieux n’a écopé que d’un simple
avertissement. Aujourd’hui, le cas est
plus épineux… Les images (j’y
reviendrai) ne plaident pas en faveur
d’un homme qui avait pour mission de
diriger le dispositif de 400 policiers à
Toulon samedi dernier, mais qui
bizarrement s’est retrouvé au cœur de
plusieurs mêlées. « Quand tu
commandes un dispositif, s’étonne un
policier de haute volée, tu reste en
retrait, tu va pas te mettre en position
de distribuer ou recevoir des bourre-pifs ». Mais
le commandant Andrieux a la passion du
terrain apparemment chevillée au corps.
Avant qu’on le retrouve entrain de
boxer, il est selon son avocat pris à
partie et tabassé par des manifestants,
qu’il a auparavant tenté de disperser
sans ménagement.
La séquence (de
violences) dure 5 secondes, et l’homme
en uniforme de motard porte un casque
blanc Qu’il enlève après avoir été
récupéré par ses hommes. La scène est
filmée de loin. C’est un
document-amateur. Difficile de confirmer
qu’il s’agit bien d’Andrieux , (ce
qu’il affirme) mais quoiqu’il en soit,
il n’a pas été le moins du monde blessé
ou marqué, et cela ne peut en rien
justifier ce qui va se passer 2 h plus
tard, et ces accès de rage, d’un homme
identifiable et identifié. Les images
sont implacables. Voilà d’après une
vidéo qui a fait le tour du web,
Andrieux se ruant sur un homme déjà
neutralisé, et immobile contre un mur.
Pas d’échange
verbal, mais une pluie de coups
immédiate au visage pour le
manifestant. « Qui avait un tesson de
bouteille entre les mains »jure le
Commandant. Rien sur les images ne le
confirme. « Il y a là un truc qui ne
va pas, dit un inspecteur général de
la Police Nationale ayant lui aussi
commencé sa carrière en unité de
sécurité publique. Soyons sérieux. Si
le type avait un tesson de bouteille, la
technique aurait du être de le
« menacer » à distance respectable, avec
tous les moyens dont on dispose, pas de
se ruer en solo, pour faire des
enchainements de crochets courts au
risque de se prendre un coup de tesson !
La justification d’Andrieux ne tient
pas. Aucun expert ne serait intervenu de
la sorte en pareil cas. Et puis le
tesson, s’il existe, aurait du être
récupéré comme élément à charge. On y
aurait prélevé l’ADN du suspect, et là
il était fait aux pattes. Or rien de tel
ne s’est produit. On voit juste un CRS
intervenir rapidement pour écarter
Andrieux de sa cible. Quand à la
« cible » d’Andrieux, elle a été mise en
examen simplement pour outrages ».
Mais la troublante
et spectaculaire équipée du
« commandant-boxeur » n’a pas commencé
là! « Il était surexcité» confie
anonymement un de ses collègues. On
l’a vu avant son face à face avec le
blak se ruer avec d’autre CRS et
policier de base, sur un type, présenté
comme un meneur, et qui aurait appelé à
balancer des projectiles en tout genre
sur les « flics ». Puis sur son
frère. La présence du Commandant
Andrieux était-elle nécessaire pour
« neutraliser » l’individu ? « Cela
ne me paraît absolument pas évident, dit
notre très haut-gradé de la Police, à
qui je présente les images. On voit
bien qu’en quelques secondes, l’homme
est coincé par 4 ou 5 policiers contre
un capot de voiture. Là encore, les
coups que portent Didier Andrieux ne
sont d’aucune utilité. Vraiment je ne
comprends pas comme je ne comprends pas
qu’il s’en prenne à un vieil homme en
gilet jaune ; (le père) présent devant
la voiture et recevant un crochet en
pleine face. Ce n’est pas glorieux ».
Le dossier
semble alors lourd, mais pas assez
aux yeux du Procureur de Toulon, qui
déclare sans rire, estimer que le
Commandant a agi en apportant « une
réplique proportionnelle ». Et ce dans « une
atmosphère insurrectionnelle » Et
qu’il n’est pas matière à enquêter plus
avant.« Une réplique proportionnelle
à quoi ? se demande l’observateur de
haut-niveau que j’ai sollicité.. « Andrieux
sur les séquences vidéos frappe, sans
recevoir aucun coup des hommes déjà
maitrisés. Est-ce là l’exemple que doit
donner celui qui commandait tout le
dispositif ? Surtout par les temps
qui courent ?». La polémique ayant
très vite pris des proportions
incontrôlables (d’autant que certains ne
manquaient d’évoquer un « deux poids/
deux mesures » après les « exploits » à
Paris de l’ex-boxeur Cristophe Dettinger),que
finalement le préfet du Var décidera de
saisir l’IGPN pour « suspicion de
violences policières. Et l’affaire est
venue s’alourdir avec cette femme
ambulancière, qui a porté plainte contre
X, mais affirme avoir parfaitement
reconnu (après avoir vu son visage à la
TV, le Commandant Andrieux, comme étant
le policier lui ayant « filé un coup de
tête », après qu’elle se soit indigné
devant un autre tabassage auquel aurait
participé l’officier supérieur. Sur une
autre vidéo, il raille des personnes qui
le prennent verbalement à partie âpre
les « évènements : « Allez-y, portez
plainte, je suis commandant ! »
Andrieux
est-t-il protégé? Pourquoi le
policier bénéfice à priori d’une
indulgence rare, alors que les images
l’accablent ? « Parce que c’est un
type au profil super-flic, et que voir
un super-flic « péter une durite » est
très emmerdant pour le Ministère de
L’Intérieur. A Beauveau, ils font,
contrairement à ce qui est di
publiquement le service minimum vis à
vis des violences policières souvent
filmées et signalées. Mais quel choix
ont-ils ? Ils se reposent à 100% sur la
Police qu’ils doivent soutenir à 100%.
Déjà ca grogne dans les rangs, car on a
marre d’être en première ligne tous les
week-ends, avec des stratégies
fluctuantes, on en a marre de rouler sur
les jantes, on en a marre parce qu’a
défaut de trouver des solutions
politiques viables, le gouvernement joue
la carte de la fermeté et nous envoie au
charbon » dit un patron d’une
compagnie de CRS. Alors l’IGPN fait le
minimum, pour éviter que la maison
Police ne brule… Quand aux femmes et
hommes placées sous les ordres d’Andrieux, ils
ont écrit une lettre ouverte pour
défendre le professionnalisme
irréprochable d’une homme dynamique et
respecté de tous, et injustement
« lynché » selon eux sur les réseaux
sociaux, mais sans prendre partie sur
les évènements qui font débat…
L’officier
supérieur n’a pas été relevé de ses
fonctions, ni déchargé de la mission
d’organiser la sécurité de l’acte IV des
Gilets Jaunes à Toulon. « Il sera là
dit un de ses proches, mais se sait
désormais « dans le viseur ». Il devrait
rester en retrait cette fois et se
limiter à ses taches de commandement ».
Ou mènera
l’enquête sur les agissements violents,
dont il est accusé ? Les pronostics sont
difficiles à faire… Mais le dossier est
surveillé de près. Car le Commandant
Andrieux avait exprimé le souhait de
recevoir sa légion d’honneur le 14
juillet prochain, pour son dernier jour
d’active, et alors qu’il est déjà prévu
qu’il commande lors du défilé le
détachement de motards de la Police
Nationale sur les Champs-Elysées. De
quoi mieux comprendre l’embarras des
plus hautes autorités…
Frédéric HELBERT
©2012 Frédéric HELBERT
Publié le 12 janvier 2019 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
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